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Chroniques De Plauen


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#21 Kiklan

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Posted 18 September 2015 - 08:28 PM

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Suhl, milieu de 1148

 

 

Cette année là tout comme les trois dernières années avaient été bénéfiques en tout points. Le vent n'ayant pas soufflé trop fort avait favorisé le commerce, les récoltes et les relations diplomatiques. Le temps avait eut raison de l'ambition de Jestin, celle donnée par son père s'était éteinte alors qu'un nouveau projet avait vu le jour doucement mais surement.

Ce jour là marquait donc l'aboutissement de ce projet, celui d'une vie et qui durerait tout autant et certainement plus, du moins l’espérait-il. La capitale était en émoi, jamais autant de dirigeants s'étaient trouvés en même temps au même endroit.

 

Jestin était là en bon chef de maison, tentant de parler à tous sans négliger un seul de ses invités. Parmi ces derniers se trouvaient le jeune Judikael De Gotha, Melaer De Fulda, Gourgon De Chemnitz, Stefan De Sonneberg, Kado De Meissen, Morgan De Dresden et Ael De Havelberg. Tous venus signer le traité minutieusement étudié à chaque modification ces dernières années.

La Grand'Salle ressemblait à une forêt en automne tant les différentes bannières aux armes des familles présentes faisaient jaillir leurs couleurs.

 

-Si les différentes parties veulent bien s'avancer pour lecture du document. annonça le collège composé des différents héraut préposés à la diplomatie.

 

Elouan, du haut de ses dix se tenait aussi droit qu'il le pouvait pour l'instant solennel comme le disait le vieux. "C'est important jeune homme, il en va de l'avenir du Pays, de ton avenir!". Le garçonnet avait passé des nuits à analyser, lire et tenter de comprendre ledit traité pour finalement décider d'assister à la cérémonie comme le désirait ses aïeuls.

Envoyé dans le Castel de Plauen à moitié désaffecté, habité par une vieille qui fait peur et qui serait prête à tuer si l'on parlait de son âge, il s'était débrouillé pour survivre de lui même et suivre une éducation à peu prêt normale.

 

Se remémorant un de ces jours ou la vieille lui courait après avec une hache en lui promettant d'avoir sa peau, il sursauta brièvement. Jestin prit cela pour de l'indécision et raffermit sa poigne, la main posée sur l'épaule du gamin, il le plaçait évidement comme son héritier et le dépositaire de son pouvoir avant même de mourir.

Ne se sentant pas encore prêt pour exercer le pouvoir, il priait pour ne pas se retrouver subitement à la tête de la Misnie sans personne pour l'y guider...



#22 Kiklan

Kiklan

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Posted 25 September 2015 - 08:53 PM

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Forêt dense, Novembre 1455

 

 

Une main devenue experte au maniement de la machette s'abattit sur les tiges de végétation. La verdure tomba à terre et le gaillard à qui appartenait la main s'avança dans l'ouverture ainsi créée. Voila des semaines que le blond homme marchait dans la nature verdoyante, un sac sur l'épaule, vivant en voyageur émérite, fier représentant de l'éducation des trois frères de Horn.

Ayant profité du décès de son grand-père un peu trop insistant sur ses devoirs, Arzhur, aventurier dans l'âme, était parti directement après les funérailles. Si les renseignements qu'il avait tiré d'un vieux pillier de taverne étaient exacts, il toucherait bientôt au but.

 

-Imagine un peu la culture de cette citée perdue! Si l'on pouvait ramener ce trésor? Ces objets.... se disait-il à lui même, impatient de trouver ladite cité.

 

 

Suhl, à quelques jours près...

 

 

Depuis la mort du second Duc de Misnie, le Castel avait perdu la notion du temps. Tant de changements sur une si courte durée avaient mis les nobles et la cour sans dessus-dessous. Les ambassades ne cessaient de remplir le Castel, logeant quelques jours voir quelques semaines, toutes venaient féliciter le nouveau Grand-Duc Elouan et son épouse, apportant présents et promesses de la part des voisins.

Les affaires prospéraient également dans les bourgs alentours car chaque ambassade désirait trouver les tapisseries ou les poteries originales déposées là par d'autres caravanes quelques mois plus tôt.

 

Dans une arrière cuisine reconvertie en garde manger pour l'occasion, deux personnes plus toutes jeunes mais assez susceptibles profitaient du calme relatif autour des jambons et des divers fromages destinés aux grands banquets. L'une de ces personnes était le vieux, celui qui avait suivit de prêt les assassinats perpétrés par le fou dévot. L'autre était une grande femme aux cheveux blonds si clairs qu'ils tiraient sur le blanc.

 

-Le gamin s'en sort plutôt bien maintenant qu'il a l'âge qu'il faut... annonçait la vieille avec sa voix grinçante.

 

Assis sur une caisse, l'un en face de l'autre, le vieux mangeait un fromage avec son pain tandis que la femme buvait au goulot d'une bouteille au verre foncé. Les longues jambes de cette dernière était pliées en tailleur, paraissant démesurées par rapport à la taille totale du vieux en face.

 

-Permet moi de penser qu'il ne doit pas avoir envie de te voir particulièrement... A force d'essayer de le tuer quotidiennement, ça laisse des marques dans l'esprit d'un jeune garçon de 6 ans.

 

Un ricanement s'échappa doucement de la gorge de la vieille alors qu'elle s'essuyait la bouche de sa manche. Posant la bouteille sur le bord de la caisse, elle pointa un doigt accusateur sur le vieux.

 

-Il n'avait pas à me tancer sur mon âge... Sale morveux!!! Quelle idée de me le laisser hein? J'était bien tranquille à Plauen et crois moi, je m'en irais dès ce barouf finit! répliqua t-elle.

 

Calme toi, tu n'es pas si viei..... Tu es dans la fleur de l'âge. Toujours est-il, notre cher Grand-Duc reprend le flambeau d'une belle mannière. Une Irlandaise comme épouse, ce n'est pas banal quand on connais le père de la promise et sa politique envers ses enfants.

 

-Ce bon vieux Douglas!!! Je ne sais ce qu'il devient... L'autre fois c'était son père qui ne m'en disait que du bien, Ronan par ci... Ronan par là et patata... A force, je commençait à me dire que le gamin avait un problème tant son père l'idéalisait... Je me demande ce qu'il est devenu...

 

Ne notant même pas la remarque de sa compagne démentant l'âge que donnait son apparence, le vieux terminait son frometon et se levait avec l'agilité due aux octogénaires. Lui au moins assumait son âge même s'il ne permettait pas qu'on le dise en public. Il saisissait la poignée mais se retourna vivement.

 

-Je vais voir comment se passent les festivités, revoir quelques contacts et me rincer le gosier... Elouan sera sans doute occupé à autre chose mais ne fais pas de vague... mamie! finit-il par ajouter dans un sourire magique à voir.

 

-Quoi? Comment oses-tu espère de momie ambulante! Regarde toi un peu l’ancêtre!!! répliqua t-elle en bondissant sur lui rapidement.

 

Mais déjà il était sortit et se trouvait déjà loin. Reprenant sa bouteille, la vieille en but ce qui restait, récupéra son souffle puis s'en allat également. Le Castel de Plauen presque abandonné des nobles et courtisant lui manquait comme le pays manquait aux voyageurs. Son refuge, son antre... elle les retrouverait très bientôt et c'est avec hâte qu'elle pensait à son retour.



#23 lokyanes

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Posted 27 September 2015 - 06:16 PM

               Juin 1157, Lausanne.
 
  Fracan écoutait au loin les tintements des marteaux sur les enclumes. Forgerons et armuriers travaillaient d'arrache-pied sous ses ordres. Tous avaient reçu leurs consignes et il savait qu'était venu le temps d'entreprendre son dernier voyage en dehors des terres lausannoises. L'enterrement de son ami Jestin, l'intronisation du nouvel Archiduc, le mariage de ce dernier avec une jeune beauté irlandaise, ... Il était plus que temps d'aller célébrer toutes ces choses et présenter ses condoléances à la famille Plauen.
 
  Depuis la nouvelle du mariage, il avait appelé ses meilleurs artisans pour la confection de trois cadeaux. Pour le jeune archiduc, une dague. Certes pas original, mais une lame solide pouvait sauver la vie d'un jeune homme. Sa garde était de plus pourvue de petites piques qui pouvaient blesser un homme aussi sûrement que la lame et dont les pointes étaient en rubis taillé pour l'occasion. Pour sa dame, une paire de bague d'argent. L'une ornée d'un grenat rouge sang, telle le champ du blason des seigneurs de Plauen ; l'autre ornée d'une pierre de lune bleue rappelant le champ du blason irlandais. Pour l'enfant qui naîtrait avant son arrivée propre, un lion rampant au corps d'argent et à la crinière d'or, emblème de la Misnie, dont l'équilibre reposait sur des griffes d'Onyx et dont les yeux étaient deux péridots enchâssés solidement.
 
  Fracan fit appeler le capitaine de sa garde et celui-ci à peine arrivé donna ses ordres.
 
          - Capitaine, demain aux aurores vous, vos neuf meilleurs soldats et moi partirons droit vers la Misnie.
 
  Celui-ci passa par diverses couleurs fort intéressantes, rouge, blanc, une jolie nuance de violet. Le comte compatissait un peu avec son brave capitaine, celui-ci tenait à accomplir son devoir à la perfection. Il commença à parler en bégayant d'effroi.
 
          - Monsieur, nous devons être plus nombreux. Votre sécurité, celle de madame la Comtesse.
 
  Fracan ne voulant pas passer du temps à convaincre son capitaine arrêta ses protestations en levant doucement la main.
 
          - Capitaine, neuf hommes. Madame la Comtesse ne sera pas du voyage, elle restera ici même. Nous prendrons la route vers Plauen et tout homme superflus me fera un rapport détaillé sur l'état des cachots de Lausanne.
 
  Le capitaine savait qu'il était inutile d'argumenter lorsque le Comte avait pris une décision, aussi se le tint-il pour dit, s'inclina avec une tristesse visible sur tout les traits de son visage et parti sélectionner ses hommes.
 
  Restant à sa fenêtre à écouter la musique des marteaux, il laissa le manteau de la nuit couvrir ses terres et partit se coucher prêt à chevaucher le lendemain vers Suhl. Devant passer par Strasbourg et Frankfurt peut-être pourrait-il goûter quelque chose de typique.
 
  Au réveil de Fracan, les ordres avaient été respectés. Et tout était prêt pour les trois semaines de voyages séparant Lausanne de Suhl. Certes tout le monde se retournait sur la passage de ces dix cavaliers luxueusement équipés, mais aucun incident ne fut à déplorer jusqu'à la ville de Frankfurt, deux semaines plus tard. Là, le vieux Comte reçu une nouvelle qu'il attendait depuis des lustres, Aouregon de Lausanne morte. Il fit mettre le petit groupe au galop jusqu'à Suhl à travers bois, ruisseaux, ravine, faisant prendre au groupe des risques inconsidérés et alors qu'ils arrivaient en vue de la demeure des Plauen, effrayant quelque peu les gardes à cause de la charge dont ils se croyaient victime, il se mit à hurler, à s'époumoner
 
          - PLACE, PLACE ET OUVREZ LES PORTES BANDES DE LARBINS DECEREBRES.
 
  Fracan se doutait que l'Archiduc ne l'attendait pas de sitôt, vu qu'ils auraient du arriver plusieurs jours plus tard. Mais le rythme imposé aux chevaux depuis Frankfurt et la lettre du Comte les avait fait parcourir le reste de la route bien plus vite. Tout à sa joie, le Comte oubliait totalement qu'ils venaient de faire le reste du voyage en deux jours plutôt que sept et tous pouvaient le deviner rien qu'à l'état dans lequel il était. Tout échevelé, les vêtements poussiéreux, quelques traces de boues sur ses bottes. Continuant sur le même ton enjoué et gueulard il continua.
 
          - ARCHIDUC, UNE FETE. LES CADEAUX PUIS UNE FETE.
 
  Sur ces entre mots, le jeune archiduc attiré par le bruit accouru et ...



#24 Kiklan

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Posted 27 September 2015 - 08:56 PM

Ete 1157, Suhl

 

 

Le mariage s'était bien passé, les ambassades étaient parties peu à peu laissant un Castel bien vide très soudainement. Bon, il y avait toujours la horde d'enfant menée d'une main de maître par le plus vieux de la bande, cette meute qui ne faisait que courir dans toutes les pièces de l'édifice en criant et en chargeant des monstres imaginaires.

Toutes les pièces? Non... Une seule enfilade composant les appartements Ducaux résistait encore et toujours aux mômes envahisseurs. Là, sous ordre incontestable du Duc, personne n'entrait sans une très très bonne raison. La Duchesse Irlandaise restait la plupart du temps alitée au lit du fait de sa grossesse tant attendue et Elouan ne voulait pour rien au monde la faire souffrir plus que ce qu'elle subissait déjà.

 

Pour restaurer un peu l'ambiance festive retombée d'un coup, le jeune Grand-Duc avait invité son ami de longue date, le Comte Lausannois, non pas à la noix faites attention hem. Mais en attendant, il n'était présent que pour sa femme adorée, si durement éprouvée par la nature. Elle lui tenait la main, la broyant parfois de sa poigne tant le bébé capricieux lui donnait de coup de pieds. En souriant intérieurement pour ne pas vexer sa dame, il félicitait la pugnacité du futur descendant de Misnie.

 

Mais soudain, les trompes d'alarme sonnèrent... Pas celles d'une arrivée mais bel et bien celles d'une attaque armée! Délaissant exceptionnellement son aimée, il se dirigea calmement vers la porte sans faire de bruit. Ayant refermé le battant derrière lui, il se retrouva dans le couloir et piqua le plus beau sprint de sa vie. Attrapant une hache accrochée au mur dans son élan, il faillit se rompre le cou dans les escaliers. Il ralentit instantannément en comprenant le malentendu et résolu d'améliorer la vision de ses gardes la prochaine fois en entendant au loin:

 

 - ARCHIDUC, UNE FETE. LES CADEAUX PUIS UNE FETE.

 

Cependant, il stoppa net quelques secondes plus tard en entendant une autre voix, surgir tout droit de son enfance... Figé, il ne put qu'écouter la scène se déroulant devant lui. D'une réplique acerbe comme elle en avait l'habitude, elle avait stoppé les chevaux pourtant au grand gallop et rugissant comme les lions. Ses longues et fines jambes, son corps mince et ses cheveux si blonds qu'ils en paraissaient blancs... La vieille dans toute sa splendeur mais aussi dans toute sa puissance. Aussitôt, Elouan commençait à frissonner et à craindre le pire.

 

-Hey là! Oui vous sur ce grand canasson tout maigre! Seriez gentils de faire moins de bruit! La Grande-Duchesse est souffrante! Franchement c'est pas malin de venir ici en trombe en criant à tue-tête à se faire péter les tympans hein!

 

Marquant un temps d'arrêt, elle zieuta les blasons affiché sur les tuniques et les écus de ces messieurs avant de reprendre d'un ton encore plus puissamment répulsif, caustique et décapant qui vous nettoyait un four rien qu'en murmurant.

 

-On vous apprend pas les bonnes manières à Lausanne? On se présente pas devant une dame? Et descendre de son âne on sait faire? Qu'est ce donc que ces bras cassés je vous le dis! Si je me trouve un jour devant Mehen, ce brave seigneur de Lausanne, vous entendrez parler de moi je vous le garantis! Tssss.... ces jeunes j'vous jure!

 

Elle en avait finit avec le chef brun ténébreux comme la mode l'exigeait. Manquerais plus que la barbiche et les tresses dans les cheveux tiens! Elle s'occupa des hommes ricanant derrière, elle allait les laisser à leur jérémiades lorsqu'elle surpris un mot, un seul, celui de trop dans la bouche de l'un d'eux. Aussitôt, il le regretta tant elle ouvrit grand les yeux avant de se jeter sur lui.

D'une main experte, elle agrippa l’oreille du rustre et le fit descendre fissa de son cheval ce qui le fit chuter assez rudement. Puis, de sa poigne de fer, tout en beuglant, elle lui fit prendre de l'élan d'un coup de botte derrière les fesses.

 

-Comment oses-tu parler de l'âge d'une dame que tu ne connais pas insolent va! Tu as de la chance, puisque tu appartient à Mehen de Lausanne, je te laisse six secondes d'avance! annonça t-elle devant les regards hébétés. D'un geste rapide, elle tira six dagues des poches cachées de sa tenue et commença à compter.

 

Un... Deux... trois........ Disait-elle en faisant tourner les couteaux. L'homme commença à comprendre et fila droit tandis que le décompte continuait. Quatre...Cinq... Six!!!!! Cria t-elle en laissant filer la première lame puis en s'élançant à sa poursuite dans un hurlement sauvage.

 

Lorsque les deux coureurs le frôlèrent, Elouan sursauta et put à nouveau bouger. Les images refluant vers le donjon de sa mémoire fermé à double tour, il se reprit facilement et s'avança d'un air un peu précipité vers la cohorte encore surprise de l'apparition et de la disparition de la vieille et d'un Lausannois.

 

-Fracan!!! Comment vas-tu donc? A voir ta tête avant ce... cette... bref, tu avais une mine réjouie!

Je crois que le ciel nous béni en nos terres Misniennes... Je suis marié hé hé, et un enfant va bientôt voir le jour...

 

Un sourire large jusqu'aux oreilles alors qu'il se retournait vivement comme pour s'assurer que personne n'était derrière lui. Puis il reprit tout aussi joyeux.

 

-Mais je manque à tous mes devoirs, venez donc! Entrez dans la modeste demeure des Plauen. Il se trouve qu'on possède quelques tonneaux rafraîchissants et des poulets qui seront savamment rôtis dans quelques heures... Et tu dois surement avoir envie de te laver un peu je présume...

 

Conscient de trop parler, Elouan se tut, laissant aux gens de Lausanne le loisir d'apprécier le paysage alentour, le bourg et les murs hauts et forts constituant le Castel. En compagnie du Duc, le convoi laissa les montures aux écuries et fut conduit dans les entrailles des pierres Misniennes. Seul une phrase dénotta dans tout cela, prononcée évidement par Elouan:

 

-Mais au fait... Vous n'étiez pas sensés arriver dans une sixaine?



#25 Kiklan

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Posted 04 October 2015 - 03:01 PM

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Par un été torride de 1164 à Suhl.

 

Assise sur son trône, dans la Grand'Salle la Grande-Duchesse Aouregen dirigeait les opérations d'une main de maître comme toujours. Celle qu'on appelait La Dame de Misnie rendait la justice, écoutait les doléances et participait de façon active aux divers conseils et instances concernant la Misnie. En conversation avec l'intendant du Castel, elle semblait penser à tout sans rien oublier ce qui la rendait encore plus importante.

 

-Ma Dame, la.... heu, l'intendante de Plauen a été convaincue de ne pas bouger de son Castel comme vous nous l'avez demandé. Cependant, cela n'a pas été facile, vous connaissez son caractère et sa susceptibilité sur son âge hem.

 

-Bien... c'est une bonne chose Rio. Il ne faudrait pas que les derniers événements se répètent. Elouan n'est jamais le même lorsqu'elle rôde dans les parages et cela serait ennuyeux si les Lausannois croisaient encore une fois sa route...

 

-Pardonnez ma curiosité honorable Dame, mais sa Grâce ne devrait-elle pas se préparer pour l'arrivée de ses amis? osa demander l'homme en charge de l'intendance.

 

A cela, la Duchesse consort fit son expression habituelle mêlant un petit sourire, un roulement d'yeux et l'apparition d'une fossette ainsi que d'une petite ride sur le front, cela voulait tout dire. Cela faisait longtemps qu'elle avait renoncé à tenir son mari tout aussi enfant que les jeunes héritiers.

Mais oui tiens? Ou était le Chef de famille, le maître des lieux, l'autorité suprême de toute la Misnie? Celui qui avait un jour tenu tête au Grand Roy irlandais Ronan de Douglas et qui lui avait arraché sa fille à coup de traité sans cesse envoyés?

 

En contre bas du Castel, bourg de Suhl.

 

https://www.youtube....h?v=V6_b3ZcU9TY

 

Avec l’énergie qui le caractérisait, Elouan plongea sa main dans le mortier et le remua distraitement tout en parlant avec Goulven, l'artisan maçon. Kadog à son côté choisissait les pierres posées en tas un peu plus loin. En quelques minutes, les mains s'affairèrent et chacun avait apporté une pierre sur la rangée déjà posée, y avait fait un joint et l'avait finalement scellé avec la pierre d'à côté.

Ayant reculé de quelques pas pour observer leur oeuvre, le Grand-Duc songeait aux défenses bientôt rehaussées par ces murs. Les tours iraient flanquer les murailles renforcées tandis que des postes de garde augmenterait l'imperméabilité militaire de la cité.

 

-Non petit messire... Vous devez mettre moins de mortier, sinon lorsqu'il séchera il se craquellera et il y aura une faille par la suite... expliquait Goulven à Kadog.

 

La chaleur cognant littéralement les ouvriers, de nombreuses boissons étaient proposées afin de mieux travailler. Un verre à la main, Elouan observait discrètement, faisant mine d'admirer les pierres. La tradition instaurée depuis Jestin voulait que les nobles et les grands dirigeants se devaient de participer aux travaux dont ils profitaient par la suite. Ainsi, chaque année, chacun devait à ses gens une période durant laquelle il travaillait les moissons aux côtés du peuple et selon les besoins de celui ci.

 

Les plans des travaux avaient été validés et le Grand-Duc y avait vu l'occasion d'apprendre cette tradition à ses enfants. Avide de savoirs, Kadog ne semblait pas y voir de mal et concernant son père, tout ce qui le tirait de son Castel était bon. Cela avait amené les deux hommes à se proposer devant un Goulven désappointé.

Posant un tas de question au début de l'exercice, le petit de 7 ans était vite devenu un fardeau pour les ouvriers qui ne voulaient pas l'obliger à travailler. Mais ils changèrent vite d'avis en avisant le chef de Misnie qui déplaçait les pierres sous les yeux des rares courtisans habitués à le suivre dans ses idées folles.

 

-Bien... Nous avançons rapidement, vous avez de bons ouvriers Goulven. constatait Elouan.

 

-Ce sont aussi les vôtres Sire. répondait le vieil artisan.

 

Cela aurait put déboucher sur une conversation technique sur les types de pierres utilisées pour tel type de siège mais il ne se passa rien comme prévu. Un cri retenti, strident et présageant quelque chose d'horrible. La corde de l'engin servant à monter les gros blocs de pierre venait de lâcher, projetant par mouvement de balancier sa charge. Impuissant, chacun observa le bloc minéral voler en une parabole parfaite et atterrir... à l'endroit exact ou se trouvait le fier animal monté par Fracan de Lausanne quelques secondes plus tôt.

 

Le visage défait, couvert de poussière et sans doute recouvert de mortier, habillé avec une chemise déchirée par endroit et une vieille paire de braies trouées aux genoux, le Grand-Duc fut le premier à se reprendre. S'avançant après avoir attrapé Kadog, il fit un grand sourire histoire de détendre un peu l'atmosphère après cet attentat. Le Capitaine de la garde Lausannoise hurlant ses ordres aux soldats déjà en cercle autour du cheval du Duc, Elouan sourit encore plus en constatant que l'homme semblait un peu remis de sa dernière visite.

 

-Le bonjour vous va Fracan! Oh... désolé pour le désordre, nous sommes en plein travaux, il ne faudra pas regarder les murs hem... 

 

-P'pa tu as vu le bloc? Il aurait fait de la bouillie du cheval ah ah! s'écria kadog enthousiaste à toute heure. Puis il ajouta d'une voix plus sérieuse, une main tenant son menton. Je me demande quelle forme aurait un cheval à plat...

 

-Hem.... Hé hé, je vous présente mon fils, le premier né Kadog... vaillant et vif d'esprit comme vous le voyez. repris Elouan la mine un peu embarrassé.

Et si vous rentriez au Castel? Je vous suis, la chaleur se fait écrasante et je n'ose imaginez ce que vous subissez après cette route mon cher.

 

Invitant la cohorte à avancer par un grand geste de bras, le Chef de Misnie dût quitter le chantier devant les visages déconfits des ouvriers. Leur Grand-Duc si proche d'eux, rieur, plaisantant et travaillant à leurs côtés menait un protocole impeccable. Qui arrivait-il à duper ainsi? Pas grand monde apparemment.

Mais les apparences devant être sauvées, le peuple comprenait et l'aimait c'était le principal. En revanche, Elouan connaissait une autre personne qui l'attendait au Castel et avec qui il aurait plus de mal à expliquer la situation...



#26 lokyanes

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Posted 06 October 2015 - 08:02 PM

  Un claquement strident, son cheval qui faisait un écart et un nuage de poussière levé par un bloc de pierre ... L’accueil d'Elouan ne manquait jamais d'étonner le vieux Duc, sa dernière venue avait tellement traumatisé son capitaine qu'il avait du l'attacher sur sa monture au départ du Castel de Lausanne. Il pensait que ce nouveau voyage tranquilliserait son capitaine, mais ce n'était pas cet événement qui allait y contribuer ...

 

  Alors que ses hommes se plaçaient prêt à intercepter un ennemi, Fracan brisa la formation et le vieux duc cria donc, à moitié assourdi par le fracas de ce trébuchet improvisé

 

          - ELOUAN, PLUTOT QUE D'ESSAYER DE ME TUER OFFREZ MOI A BOIRE QUE DIABLE ET LAISSER VOS MACHINES A VOS OUVRIERS, ILS S'Y ENTENDRONT MIEUX QUE VOUS POUR LES FAIRE FONCTIONNER !!!!!

 

  Ensuite il grommela dans sa barbe qu'il était décidément trop vieux et qu'il avait hâte que son jeune fils puisse le décharger de ses responsabilités. Il aurait du monter dans la calèche avec sa femme, sa jeune fille et son fils ... Mais pour les apparences il devait chevaucher.

 

          - Hem.... Hé hé, je vous présente mon fils, le premier né Kadog... vaillant et vif d'esprit comme vous le voyez. Et si vous rentriez au Castel? Je vous suis, la chaleur se fait écrasante et je n'ose imaginez ce que vous subissez après cette route mon cher.

 

          - Haaa, voici donc le jeune Kadog dont vous m'avez tant parlé, dit en souriant le vieux Duc. He bien, ma fille est venue tout exprès pour faire sa connaissance. Et c'est avec une véritable joie que nous nous mettrions enfin à l'ombre, cet été donne l'air de ne plus finir, mais avant d'arriver sous vos murs il ne m'était rien arrivé, raille Fracan.

 

  Passant près de son jeune ami, il lui murmure bien bas qu'il ne dira rien à l'Archiduchesse et qu'il fera tenir le secret à ses hommes.

 

  Marchant aux cotés de son hote, il s'étonna que l'Archiduc fit réhausser ses fortifications.

 

          - He bien cher ami, vous vous attendez à des problèmes dans les années qui arrivent ?? Et l'amie de mon capitaine n'est pas présente pour l'acceuillir ? Je pensais qu'elle se ferait une joie de jouer avec lui pour lui apprendre encore deux trois choses utiles à sa profession ... Après tout, la dernière fois, elle lui a appris à esquiver les armes de lancer, il a pu me protéger d'un attentat grace à cela !!! Et comment se porte l'Archiduchesse, votre dame ? Et vos autres enfants ??

 

  Le vieillard somme toute encore assez vif continua de poser à Elouan des questions sur son entourage le long du chemin jusqu'à la porte du Castel de Suhl, là il s'arrêta un moment et se mit à rire joyeusement aux souvenirs de sa dernière visite.



#27 Kiklan

Kiklan

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Posted 08 October 2015 - 08:33 PM

Quelques heures après, une fois les présentations faites en bonne et due forme, la cohorte de Lausanne s'était retirée dans ses appartements pour se rafraîchir, prendre un bain et enlever la poussière du voyage.  Elouan avait répondu à toutes les questions de son ami et avait été reconnaissant quant à la décision de ce dernier de ne pas relater le coup du bloc de pierre.

De son côté, l'Archiduchesse avait fait part de sa grande joie de recevoir habituelle, c'était certain, il y avait du bon à avoir une femme qui dirigeait les opérations concernant les banquets, rien ne manquait sur la table et son mari passait son temps à la féliciter.

 

C'est ainsi que les couples grand-Ducal et Lausannois s'étaient retrouvés pour un dîner bien chargé en compagnie de leur cour respective et de leur famille. Car c'était connu, chacun mettait un point d'honneur à valoriser sa famille et il n'était pas rare de voir de longues tablées disposées en vrai casse tête pour l'intendant qui organisait la salle et son plan de table.

L'irlandaise était en grande conversation avec Bredig tandis qu'Elouan écartait tout protocole sans se soucier des mines horrifiées des convives et donnait de grandes tapes dans le dos de Fracan qui ne cessait de lever son verre avec lui.

 

-Je pense ma chère, que nous sommes les plus disposées à parler sérieusement... Nos hommes sont plus affairés à la bonne entente qu'aux mariages même si les festivités qui en découleront les ravissent. disait Aouregen.

 

Elle aimait bien la charmante demoiselle vive et intelligente se trouvant en face d'elle. L'irlandaise savait repérer les entourloupes comme les magouilles à des lieux à la ronde. Elle se doutait bien qu'il s'était déroulé quelque chose de pas net à l'entrée, rien qu'en avisant son Duc si vite partit dans la fête. Mais qu'à cela ne tienne, elle avait de quoi discuter avec Bredig et cela ne lui déplaisait pas.

Soupirant à une énième plaisanterie de son mari, elle sourit puis se replongea dans ses négociations agrémentés de débats sur les pertes militaires ou encore sur l'attitude des puissances extérieures.

 

-Par la barbe manquante de Jikel lui même! Il ne fait pourtant pas si froid et je frissonne comme sous la pluie et le vent! s'écria Elouan en stoppant son geste et reposant la bouteille sur la table.

 

Aouregen avait elle aussi sentit cette impression, un peu plus discrète frôler son échine et s'insinuer dans ses os. Aussitôt, ses enfants vinrent à son esprit et elle dû se persuader qu'en ce Castel ils étaient en sécurité. La question de son ainé sur la forme d'un cheval "à plat" l'avait intriguée mais rien d’inquiétant fondamentalement. Se promettant de tirer cela au clair et de réduire le temps libre de son enfant qui le consacrait exclusivement à l'étude, elle rassura ses invités et son mari.

 

-Il s'agit sans doute d'un signe annonçant le célèbre vent de Plauen mon aimé. Il est sans doute en avance cette année voila tout. minauda t-elle.

 

 

Quelques instants plus tôt, dans l'un des nombreux couloirs du Castel.

 

 

-Tu es sûr de toi? Parce qu'on a l'air un peu perdu là tu ne crois pas Kadog? demandait Gweltazen à son frère ainé.

 

-J'ai l'impression d'être déjà passé ici... annonçait Ninog de Lausanne.

 

La troupe d'enfants s'était bien vite éclipsée du repas afin de parcourir des étendues plus intéressantes que des bla-bla d'alliances par ci ou de paix par là. Ils voulaient retrouver la tour nord, celle que l'on disait hantée par l'esprit de Gourmelon l'héritier malheureux. C'est de là qu'il aurait été assassiné et de là également qu’apparaissait un vieux qui savait tout et qui exauçait trois des vœux de celui qui le surprenait.

 

-Vous me faites confiance oui ou non? Parce que sinon, je laisse volontiers ma place hein! répliquait l'héritier Plauenois.

 

Mais pour l'heure, c'était la débandade, la catastrophe, la rupture de l'arbre ou encore la crevaison de la cornemuse d'un irlandais. Ils étaient perdus et Kadog n'était pas reconnu pour son sens inné de l'orientation. La seule personne qui aurait put leur venir en aide était attablé au repas et échangeait des joyeuseté avec le chef Lausannois.

Néanmoins piqué au vif par les réflexions de ses pairs, Kadog rougissait à vue d'oeil mais avait bon espoir que cela ne se voit pas dans la pénombre des lieux. Seule la lampe que tenait Budogan aurait put le trahir mais ce dernier était occupé à tout autre chose, dos à la meute de gosses, il contemplait le mur.

 

-Dis Kadog..... Vous avez perdu vos décorations, ou alors on vous a cambriolé de la plus brillante des manières....

 

https://www.youtube....h?v=8kg0nCfjH6o

 

Alors qu'il allait répondre par une pique bien placée sur la sécurité Lausannoise, le jeune de Misnie avisa les différentes chevilles enfoncées dans la pierre sensées soutenir les différentes armes ancestrales de la famille. Elles sortaient telles des excroissances, se recourbant sur le vide et non sur une quelconque matière aiguisée.

Une situation similaire lui avait été contée par son père et un frisson le parcourut de la tête aux pieds. Mais le sang irlandais dans ses veines ne fit qu'un tour et il se mit à regarder autour de lui, essayant de voir si quelqu'un les suivait.

Ce fut le jeune Briend De Plauen, 3 ans avancés qui fit l'erreur la plus monumentale de la soirée.

 

-Ah ah! cela ressemble à ce que nous racontait papa pour nous faire peur! Les armes sur les murs et la vieille qui courait! tu t'en rappelles Kadog? s'écria t-il joyeusement.

 

-Oh... Par les ancêtres! murmura doucement Budogan en se rapprochant de ses amis.

 

Il venait d’apercevoir un pied assez long, mais en rien comparable à la jambe qui y était rattachée. Levant un peu la torche dans ce noir devenu complet, l’horreur fut complété. Pendant longtemps, les rêves de ces enfants seraient hantés par cette vision semblant si irréelle.

Devant eux se tenait une vieille femme aux cheveux si blonds qu'ils en étaient blancs, au corps entièrement couvert d'armes hétéroclites. Elle ressemblait à un gros hérisson avec toutes ces piques et ces tranchants autour d'elle. Dans le noir, elle semblait flotter dans un halo d'obscurité...

 

-Je crois qu'il y a un truc que votre mioche de père ne vous a pas apprit..... débita t-elle de sa voix ricanante écorchant jusqu'aux pierres du Castel. Une nouvelle importante à annoncer et voila que je tombe sur des mômes tout juste sortis de leur mère et qui sont bigleux encore en plus! cria t-elle.

 

Une bonne fois pour toute! Je suis dans la fleur de l'âge espèces de chiards décérébrés!!!! Je vais vous apprendre le respect morveux! Et par les Dieux, j'aurais votre peau!! dit-elle avant de s'élancer dans un sprint parfait.

 

Mais les enfants n'avaient pas attendu la fin de sa tirade. A peine dégelés de leurs peurs respectives, chacun s'était retourné dans l'autre sens pour courir et sauver sa vie. Sang d'Irlandais ou non, Kadog, sa fratrie et leurs invités courraient dos à ennemis, poussaient les hurlements les plus convaincants de leurs vies.

Les projectiles les loupant à quelques cheveux parfois, ils durent ruser pour prendre un peu d'avance, c'est qu'elle avait un souffle du tonnerre la Dame! Freinant des deux pieds brièvement pour éviter une hache de guerre devant le décapiter et qui allât finalement fendre le mur sur sa hauteur, Kadog repris sa course de plus belle.

 

-Je..... c'est trop...... rheu.... rheu..... Mais qu'est ce que c'est que ce pays de fous!!!!!! rugit Budogan essoufflé comme tout ce petit monde.

 

N'y prêtant pas attention, Kadog prit les choses en main et ne se perdit pas, pour une fois, dans le labyrinthe composant le Castel.

 

-On ne...erf.....va pas mourir!....pfiou....Continuez de courir!...ouf....pouf..... Après cette grande porte,......rhaaaaa..... on sera en sécurité!



#28 lokyanes

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Posted 10 October 2015 - 05:32 PM

                              Budogan de Lausanne, ou les jeux enfantins peuvent avoir des conséquences désastreuses.

 

     Nous courrions comme des dératés, une vieille fantomatique à nos trousses. Les armes pleuvaient comme les grêles d'hiver en Lausanne, et leurs vies étaient sans doutes aucuns sur le point de s'achever dans d'atroces souffrances. Tous haletant comme des cerfs poursuivis par un chien de chasse à l'instinct infaillible.

 

               - On ne...erf.....va pas mourir!....pfiou....Continuez de courir!...ouf....pouf..... Après cette grande porte,......rhaaaaa..... on sera en sécurité!

 

    Sur ces mots de son ami Kadog, nous redoublâmes tous d'efforts et atteignîmes enfin les portes de la grande salle, où se déroulait la fin du banquet avec les intimes des deux maisons. Déboulant dans la pièce, notre père Fracan, quoique peu respectueux de l'étiquette habituelle se leva tout de même pour corriger nos manière, à ma sœur et moi, quand la vieille qui nous poursuivait depuis l'autre bout du castel, ou cela semblait tout du moins, lança une énième arme qui tomba à ses pieds.

 

               - HAHAHA, ton intendante a toujours le feu vif à ce que je vois Elouan, s'écria-t'il amusé. Il se tourna vers cette folle furieuse et lui dit, Dame intendante, je déplorais justement votre absence, me feriez-vous l'honneur d'apprendre encore deux, trois choses à mon capitaine ? Après tout, même s'il ne veut pas le reconnaître, grâce à notre dernière visite il en a appris des choses ... Il se tourna ensuite vers moi, Budogan va avec eux et vois ce que tu peux apprendre sur l'art du combat, cela te sera toujours utile, puis sans attendre se tourna vers ma sœur, Et toi Ninog, tu devrais prendre exemple sur cette dame et être toujours capable d'imposer ta volonté à ceux qui t’entourent si cette volonté est juste. Messeigneurs, si vous pouviez veiller à ce que ces conseils soient appliqués, dit-il enfin au peu de gens encore attablés avec les représentants des deux duchés.

 

    Ainsi nous congédia notre père, adultes et enfants en même temps, ce qui n'était pas commun ... Ce qui se passa ensuite, je ne l'appris pas de suite ...

 

                             Fracan de Lausanne, ou ce qu'il se dit entre quatre paires d'oreilles reste mieux gardé que si c'était dit devant tout le monde.

 

    Après qu'il eut cavalièrement donné congé à tout ce beau monde sans concertation avec les dirigeants de la Misnie et une fois les portes convenablement refermées il retourna s'asseoir près de ses deux hôtes.

 

               - Elouan, Aouregen pardonnez ma conduite quelque peu cavalière mais nous avions à parler. Vous n'êtes pas sans ignorer que je me fais bien vieux et que Dieu m'en soit témoin, sans ma douce femme ici présente et mes enfants, je n'aurais sans doute pas tenu aussi longtemps. Il est quelques temps, vous m'aviez demandé d'unir nos maisons par le mariage et j'en suis fort heureux, cependant je commence à craindre de ne pas pouvoir voir ce beau jour arriver car voilà déjà quelques temps que je sens mes forces me manquer peu à peu. Se tourne vers sa femme qui commence à verser des larmes et lui sourit tendrement, Allons ma douce, nous savions dès notre mariage que je partirai avant toi et qu'il te faudrait alors refaire ta vie. Ainsi mes amis, non seulement j'aimerais que ces mariages aient lieux, mais aussi que vous appreniez à mes enfants les arcanes du pouvoir lorsque je ne pourrai plus le faire ... Ce que j'espère pouvoir faire encore quelques temps tout de même ... finit-il sur un sourire.

 

    Détestant la solennité de ce discours, il leur servit un dernier verre de vin pour terminer cette réunion sur une note joyeuse.

 

 

                             Budogan, ou lorsque l'on parle de la mort, elle frappe

 

    Aux aurores, un cri désespéré déchira le silence du petit matin. Je me levais en hâte et accouru à la chambre de mes parents d'où venait la plainte semblable à celle d'une banshee et où tout le monde accourait. Mère tenait dans son giron le buste de Père qui semblait bien trop docile, jamais je n'avais vu mon père se laisser aller comme ça, pas même sous l'effet de la boisson. Ainsi, celui qui avait mené la famille Lausanne du rang de simple seigneur à celui de duc respecté s'était éteint sans douleurs et sans un bruit, bercé par la musique des vents Misniens. Mère se jeta presque dans nos bras à ma sœur et de moi-même, versant toutes les larmes de son corps. Ma sœur fit de même, mais, jeune nouveau Duc je devais m'en abstenir, car mon père m'avait toujours dit qu'une émotion montrée à qui voulait la voir devenait une faiblesse. J'étais sonné et triste, mais je pleurerai mon père dans son refuge personnel, qu'il m'avait montré avant le voyage.

 

    Je me tournais vers l'Archiduc et son épouse qui arrivaient alors et dis

 

               - Vous étiez les amis de mon père, permettez moi de vous appeler également amis.

 

    Je fis envoyer des lettres vers les terres de la famille pour décréter le deuil sur ce qui était désormais mes terres et non plus celles de mon père. Il fallait de plus que nous retournions mettre notre père en terre dans la nécropole de la famille, que je prenne compte de son testament et de ses mille autres papiers sur lesquels il se rongeait la vue certains soirs où il ne trouvait pas le sommeil.



#29 Kiklan

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Posted 10 October 2015 - 10:05 PM

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Suhl, Novembre 1170

 

 

Le décès tragique de Fracan de Lausanne avait entraîné pas mal de chamboulements dans la vie même du Castel de Suhl. Tout d'abord l’entièreté de la maison Misnienne s'était déplacée lors des funérailles, ce qui avait entraîné les autres événements.

Fort des dernières paroles de son père, le jeune Budogan s'était placé aux côtés de Elouan pour annoncer ses choix concernant ses terres ainsi que son déménagement provisoire à Suhl. Cela n'avait pas plut à une majorité de Bourguignons mais les dernières paroles d'un mort étant sacrée et puisque le Duc avait parlé, les nobles s'y étaient pliés.

 

-Cette maudite bonne femme n'a donc pas encore tué nos enfant Elouan? Et tu crois sincèrement que ça me rend heureuse de les savoir courir un tel danger? répliquait une nouvelle fois Aouregen.

 

-Mais ma mie... Je pensais qu'il s'agissait d'une bonne idée, le p'tit a besoin de savoir sa maison protégée tout autant que lui ici. Et je dois dire qu'Elle vaut toute une armée dans certains moments. argumentait le Grand-Duc tout penaud devant sa femme.

 

Les deux maîtres de la Misnie se rendaient aux appartements réservés à Budogan, ce dernier très humble comme son père, avait refusé d'occuper sa propre aile et avait préféré une suite simple auprès de celles de la famille Ducale. Le couple se querellait sans cesse depuis quelques mois, depuis que la "Dame" eut apprit la raison de l'absence inexpliquée de l'intendante de Plauen.

Malgré leurs efforts, le couple Ducal n'arrivait jamais à enrayer les bruits de couloirs sur leurs conflits et avait finit par se désintéresser de ces affaires, que les nobles discutent, cela leur évitait de parler d'autres choses.

 

Toquant brièvement à la porte, et toujours dans leur bataille verbale, ils n'attendirent exceptionnellement pas l'autorisation d'entée et tombèrent sur une scène assez inattendue. Goulwena leur fille cadette se tenait dos à ses parents, tenant un long manche de bois, s'apprêtant à donner un coup d'estoc à un Budogan en bien mauvaise posture, s'étant fait désarmé.

Le Duc des Burgondes ouvrit de grand yeux et fit signe par tous les moyens à la Misnienne de stopper leur bataille amicale mais elle croyant à une ruse pour gagner, elle n'en fit rien. Ce fut son père qui bloqua le manche de sa main juste après l’esquisse de son mouvement d'attaque.

 

-C'est donc ainsi que l'on traite un invité de marque? Qui plus est un Duc alors que tu n'es point de son rang? demanda Elouan

 

-Nous nous entraînions vos Grâces... et je dois dire que votre fille est des plus adroites avec une telle arme. expliquait Budogan aussi repris par son amie. Oui! Il voulait prouver ses progrès dans les techniques de Misnie...

 

-Ah! et bien si cela n'est que de l'entrainement je suppose que.....

 

Il n'eut pas le temps de terminer sa phrase que Aouregen posait son veto dans une réplique toujours sans appel, tout en finesse, sans crier et sans perdre une octave de sa voix.

 

-Il est bien sûr hors de question que vous recommenciez. Budogan, votre meistre d'arme Arzhur vous attend dans la cour, il souhaite vous entraîner au lancer de couteau d'après ce qu'il m'en a dit. Ce serait de bon gout de vous y rendre au plus vite.

Quant à toi ma fille, sache que les armes ne sont pas faites pour les femmes! Irlandaises, nobles ou non. Nous sommes là pour assister nos maris et diriger les affaires lorsqu'ils ne sont pas à même de le faire, apprends le!

 

Après quelques secondes de silence, Elouan et Aouregen s'en allèrent continuer leurs joyeuses querelles attisées par la réaction trop autoritaire de l'une quand l'autre trouvait le laxisme de son mari et son immaturité trop déconcertante pour quelqu'un à un poste aussi important que le sien.

Restés dans la pièce, les deux jeunes gens se regardèrent brièvement avant que la jeune Misnienne eut prit la tenue d'entrainement de Budogan et les lui ait lancés avec force.

 

-Tiens! N'oublie surtout pas cela, ce serait dommage! grinça t-elle en se vengeant quelque peu de sa réprimande. Puisque je ne suis née que pour penser à ce que les hommes oublient!!!

 

 

Lausanne, quelques jours plus tard.

 

 

-Auriez vous le courage ou la folie de tenir tête à une dame de haut rang possédant dix fois votre expérience Olier? Un avare tel que vous ne devrait pas avoir de mal à comprendre cela n'est ce pas? Les pauvres ères n'ont plus de quoi manger aussi ils ne font plus de morveux et votre populace va baisser dans les années à venir tout en vous rapportant moins d'impots!

 

Ah mais après tout, débrouillez vous! Je ne suis pas d'ici et je me demande encore pourquoi je suis là à materner de grands marmots comme vous tsssss! ricanait la vieille dans son allure habituelle.

 

Accolée contre le grand trône, s'asseyant presque sur le rebord exterieur de l'accoudoir, une bouteille à la main et l'autre posée sur le siège, elle dévisageait le trio d’économe mis en place par le Duc. Une bande d'incapables qui n'avait jamais mis le nez dehors lors d'une moisson ou réparé les dégats causés par une tempête. Bien sûr ils ne savaient pas ménager le peuple et l'aider à se reconstruire en y mettant de sa personne, ils ignoraient que la popularité du Grand-Duc Misnien venait en réalité de son idée strictement personnelle.

 

Sans elle, le chiard de Jikel, feu Jestin n'aurait jamais eut l'idée de se mêler aux paysans afin de resserrer les liens entres hommes égaux le temps d'un moment. Poussant un grand soupir, elle avala une nouvelle gorgée de sa bouteille avant de s'avancer d'un pas assuré vers la porte, prenant congé comme à son habitude du conseil ducal en marmonnant dans sa barbe.

 

-J'en ai ma claque de ce bled sans aucune force, même pas une bise qui ferait claquer une fenêtre de ce tas de pierre... Que Plauen semble loin maintenant tiens! Un de ces jours, il faudrait que je dise à ces Ducs de pacotille.... je ne suis pas une nourrice, les gosses je les détestes! Ils sont puants, fragiles, affreux, gueulards et en plus ils réclament tout le temps quelque chose tssss!

 

Alors qu'elle passait la porte, Kadog et Ninog l'observait d'un œil méfiant. Ils savaient qu'elle les avait vu mais apparemment, elle n'avait pas le loisir de les prendre en chasse, ce qui était plutôt un bon point. L'héritier n'avait jamais repris la route depuis le jour des funérailles de Fracan, il y avait trouvé le carrefour le plus important de sa vie.

Sous le regard même embué de larme de Ninog, il avait serré les poings et affronté son père et ses peurs. Pour son père cela avait été facile, Elouan cédait presque toujours aux volontés de ses enfants, les suivant même dans leurs aventure lorsque cela était possible, il avait obtenu son séjour après quelques discussions mais le vrai problème avait été la condition sine-quoi-none imposée par le Grand-Duc.

 

De la même manière qu'il vivait à Lausanne, la vieille n'était jamais repartie non plus. Il avait dû faire appel à chaque parcelle de son sang Irlandais et des facultés reçues d'Elouan, d'Arzhur et même d'Aouregen pour affronter chaque jour la présence de celle qui le terrorisait encore, même âgé de 13 ans.

Mais rien ne pouvait renforcer plus encore sa motivation que la présence de Ninog à ses côtés, pour elle il affronterait le ciel, il avait même presque abandonné ses livres et leurs savoirs c'était dire pour un érudit comme lui.

 

-D'après ce que l'on a entendu, Budogan va bien tout comme le reste de ma famille... c'est déjà cela. annonçait le jeune Misnien.

 

-Oui, mais ta mère veut te ramener auprès d'elle! Il faudra peut-être fuir ou même se faire passer pour mort tout en évitant la vi... heu "tu sais qui" et....

 

-Du calme, jamais je ne te laisserais seule ici avec Elle! Même Aouregen la "Dame" ne pourra rien contre cela, je te le promet!

 

Ceci prononcé, les deux jeunes gens repartirent à leur occupations ou plutôt leurs explorations. Car même si Kadog préférait le coin du feu, un bon livre et du calme, son amie arrivait toujours à l’entraîner dans des bois pour en finir couvert de boue et en ayant échappé à un sanglier ou à étouffement dans les marécages...



#30 lokyanes

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Posted 12 October 2015 - 06:18 PM

                    Budogan de Lausanne et le dernier entraînement

 

     Je souris face à la saillie de ma promise, qu'elle se mettrait à regretter à peine la porte fermée, et plutôt que nous de quitter fâché, je l’enlaçais et lui chuchotais avec amusement qu'heureusement je n'oubliais pas grand chose, de sorte qu'elle pourrait ne penser à rien, sachant que ce dernier commentaire lui ferais sortir les griffes je déposais un léger baiser sur ses lèvres et partit en courant au terrain d’entraînement, dans ma précipitation je me rendis compte que j'avais fini par laisser le pourpoint de cuir aux cotés de ma belle et j'éclatais de rire me demandant si elle viendrait me l'apporter en tapant du pieds.

 

     J'arrivais à l’entraînement avec Arzhur qui fronça le sourcil devant ma tenue mais il décida que comme l’entraînement devait porter sur le lancer de couteaux, je pourrais somme toute le faire sans protection.

 

     Alors que l’entraînement avait commencé depuis près de vingt minutes, je vis approcher ma fiancée, les traits durcis par un air peu commode pour avoir oublier le pourpoint après ma saillie selon laquelle je n'oubliais rien. Je lui souris et continuai l’entraînement lorsque que je sentis un choc dans le dos et qu'un voile noir se posa sur mes yeux. Pendant un moment, je pensais que c'était Goulwena qui venait de se jeter sur moi et qui me couvrait les yeux, mais à la place de sa douce chaleur, se fut un immense froid qui s'empara de moi. Je tombais à genoux, vis le maître d'armes hurler à l'assassin plus que je ne l'entendis, et enfin le visage de mon ange, déformé par l'horreur et la détresse.

 

     Je mourrais assassiné avant d'avoir pu poser ma contribution à l'édifice qu'avait bâti mon père ...

 

                   Ninog de Lausanne et la tentative d'assassinat

 

     Au moment où son frère recevait la flèche fatale, Ninog se baladait par monts et par vaux, montrant la face de Lausanne que la vieille n'avait pu voir. Même si cet ancêtre lui faisait peur, elle avait reçu la demande de la part du conseil des économes de lui montrer les pâtures que les fermiers Lausannois utilisaient pour nourrir le peuple de toute la région. Elle profita également pour montrer l'industrie que son père avait commencé à développer, faisant de Lausanne la première des villes du duché de Burgondes en termes de population et d'infrastructures. Tout à coup, elle frissonna violemment sur sa monture au point de s'évanouir.

 

     Kadog qui les accompagnait réussi à maîtriser sa monture lorsqu'un groupe de cavaliers chargea droit vers la petite troupe. La vieille intendante ne se posa pas une question et alla au devant de ces cavaliers. Kadog se voyait déjà mort ici aux cotes de sa fiancée, quelques flèches sifflèrent à ses oreilles, mais pas une ne les toucha, lorsqu'il finit par oser regarder vers le groupe, tout les soldats avaient une arme plantée dans les défauts des cuirasses et la vieille revenait vers eux au galop.

 

     Décidément, se dit Kadog, cette vieille folle est une arme de destruction, une armée à elle seule ...

 

     Alors que les trois augustes personnes revenaient vers le château, l'évanouie repris vie et éclata en sanglots, elle dit qu'elle était certaine que son frère était mort. Alors qu'ils arrivaient en vue du château, ils virent un autre groupe de chevaliers qui eux portaient les armes de la famille Lausannoise. Le faucon porteur de la nouvelle de cette tragique mort était déjà arrivée et une escorte se préparait lorsqu'un fermier des alentours avait cru bon de préciser à la garde qu'il avait vu un groupe d'hommes en armes se diriger vers la région où devait chevaucher la jeune dauphine et son groupe.

 

     Ses tentatives d'assassinats ne resteraient pas impunie et ceux qui voulaient s'arroger le pouvoir en Lausanne n'avaient pas finit de trembler, car Ninog avait repris ses esprits et sa mine clamait à quiconque voulait la regarder qu'elle vengerait son frère même si elle devait partir en guerre pour cela.



#31 Kiklan

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Posted 12 October 2015 - 09:19 PM

Castel de Lausanne, quelques heures après l'attaque.

 

 

Kadog avait sut qu'il aurait quelque chose à accomplir dès le réveil de Ninog. Ils étaient rentrés tout deux, escorté par un grand nombre de gardes et tout deux montraient un calme des plus olympiens. Cependant, ce calme était faux aussi bien pour l'un que pour l'autre.

Le jeune Misnien avait eut du mal à congédier les divers gardes qui ne s'écartaient pas du périmètre de dix mètres exigé par le capitaine de la garde. Il avait finalement obtenu d'être seul avec la nouvelle Duchesse à la condition ultime d'une surveillance à la porte des appartements. Kadog s'en fichait, son attention entière était dévouée à sa fiancée.

 

Ninog ne se contrôlait plus, errait ci et là, criait, hurlait, brisait des objets et frappait les murs comme si elle voulait réduire le Castel en cendre de fureur mêlée au chagrin. N’écoutant que son instinct, il se rua vers elle et l'enveloppa de son corps, la serrant au plus près de lui en l'immobilisant.

Debout au centre des débris, il tachait de ne pas desserrer son étreinte et lui parlait. D'abord d'une voix calme puis de plus en plus vite et de plus en plus fort pour couvrir les sanglots déchirants.

 

-Ninog... ninog... Hey! Regarde moi!!! Je... Je serais toujours là pour toi, à tes côtés et pour toujours! Budo est mort oui, il faut le venger encore oui! Mais la priorité est de penser à toi, à nous! Ecoute bien! Ton père ne voulait surement pas te voir ainsi à t'arracher la chair des poings, ton frère non plus! Sois digne, garde ta colère pour les ennemis, il y en aura à débusquer crois moi! Mais pour le moment... Pour le moment... il faut... se calmer. conclu t-il à court de mots et de souffle.

 

Lentement et doucement, il se laissa glisser et avec lui le corps parcourut de sanglots de son aimée. Là, Kadog fut le pilier de marbre soutenant la Duchesse, la tenant toujours contre lui, il lui parla avec plus de douceur et d'amour. Point de cris, juste des paroles réconfortantes et apaisantes sur le moment.

 

-J'ai toujours sut que je ne régnerais pas sur la Misnie. Ma place est près de toi et qu'en disent les nobles ou pire encore ma mère, je resterais à jamais à tes côtés, je te renouvelle la promesse de mon enfance.

 

 

Campagne Lausannoise, au même moment.

 

 

-Allez! Dépêchez vous, vous traînez bande de tortues à deux pattes! Si c'est cela tout ce que vous fait un drame pareil, je n'imagine même pas votre réaction face à l’apocalypse hein!

 

Rugissant telle une bête sortie de sa montagne natale en quête de sang, la vieille entraînait avec elle la cohorte chargée de poursuivre les prétendus traîtres. Lors de la réplique du fermier, elle l'avait attrapée par le col puis hissé sur son cheval avant de partir sur la piste en un galop effréné.

Seul le capitaine en chef de la garde, un homme sage qui lui disait vaguement quelque chose arrivait à tenir son rythme et alpaguait ses hommes de la même façon qu'elle.

 

La piste se terminait à vue et aussi inquiétant qu'inhabituel, il n'y avait pas une once de poussière soulevée devant eux. Rien n'y personne n'avait semblé poser le pied ou le sabot sur ce chemin depuis au moins quatre heures. Selon la vieille et ce qu'elle avait daigné partagé avec le capitaine, si une embuscade s'était tenue et que le cerveau était fin stratège, il s'était laissé une porte de sortie et quelques hommes de secours. Sur cette logique, elle avait donc entreprit de suivre les traces des assaillants dans l'espoir de trouver leur planque et leurs camarades dans cette dernière.

 

-Dame... Par ici... annonça brièvement le Capitaine sachant que trop parler ne plaisait pas à l'intendante Plauenoise.

 

De son doigt, il désignait une entrée savamment dissimulée dans les taillis. L'ombre très fugace d'un sourire s'esquissa sur la figure de la vieille qui descendit aussitôt de cheval, laissant le pauvre laboureur perdu et tremblant sur la selle. Accompagnée du désormais familier Capitaine et des rares hommes tout juste arrivés sur leur monture essoufflée, elle entreprit une exploration de front et s’engouffra dans la minuscule interstice creusée dans la pierre et qui débouchait sur une caverne aménagée. Ce qu'ils y trouvèrent les surpris plus que ce à quoi ils s'attendaient.

 

 

Deux semaines plus tard, au Castel de Lausanne.

 

 

Réunion de crise comme on dit dans le jargon. Et quelle réunion! Le couple Grand-Ducal Misnien ainsi que sa maisonnée habituelle avait fait le déplacement, déléguant les affaires du Duché aux bons et loyaux Gotha et Chemnitz.

Dans la Grand'Salle fermée exceptionnellement au public, avaient été installées de longues tables disposées en rond assez étroitement d'ailleurs, faute aux dimensions petites de l'édifice. L'ambiance était on ne peut plus tendue, les affaires étaient importantes et même Elouan ne disait mot.

 

Trois jours auparavant, l'arrivée des "étrangers", des "tueurs" et des "incapables" avait suscité beaucoup de rumeurs et de critiques de la part du peuple. Elouan ne pouvait blâmer personne, le p'tit était mort en ses murs sans qu'il ne puisse y faire grand chose. Néanmoins, lors des funérailles personne ne manqua de retenue, le drame touchait chacun et les Lausannois perdaient leur dirigeant pourtant prometteur. Goulwena n'était sortie que ce jour précis et se cloîtrait depuis la mort de son aimé.

Trois jours après, la tête plus reposée et ayant estimé que la politesse dûe au deuil s'estompait, Aouregen voulait passer dans le vif du sujet. Ce fut la vieille qui brisa la glace, prenant grand soin d'appuyer son regard face à l'irlandaise.

 

-Notre rapport est le suivant, ces hommes ont été dupés, voués à la mort, sacrifiés si l'on peut dire ainsi. La caverne ne contenait que les cadavres empoissonnés de ceux qui restaient. Si l'on veut mon avis, la personne qui a pensé tout cela s'est jouée d'eux leur promettant mont et merveille et pour finir les a trahis pour ne pas se révéler elle même. annonça t-elle en jetant un oeil au Capitaine siégeant à sa droite.

 

-Il serait probable que ce soit une personne hautement placée, peut-être même dans vos familles. ajouta t-il.

 

Un long silence semblait s'établir à nouveau mais Elouan n'était pas du genre à faire durer les choses, caractère qu'il avait en commun avec son aimée mais il possédait tout de même un peu plus de tact semblait-il. Aussi, il se tourna vers Ninog et Kadog, qu'il savait très proches et plus encore avant de parler à son tour.

 

-Une enquête a été menée à Suhl, elle n'a pas encore porté ses fruits. Jusqu'à nouvel ordre de votre part Demoiselle, la présente Intendante De Plauen restera ici, puisse t-elle confondre ce chien! finit-il par rugir en réussissant à ne pas trop crier.

 

Deux grognements lui parvint, de chacun de ses côtés. L'un il le savait, provenait de la vieille qui rechignait à passer encore un peu plus de temps en ces terres. Elle se tenait les bras croisés et faisait grise mine pour montrer sa contestation évidente. L'autre témoignage de mécontentement le surpris plus, et il n'eut le temps que de l'identifier, elle prit la parole.

 

-Quand arrêteras-tu une bonne fois pour toute de jouer son jeu Elouan? demanda t-elle sans le regarder. La tension montant, d'un cran encore, elle braqua son regard sur son fils, celui qui avait renié sa famille. Et toi? Renierais-tu l'héritage si chèrement acquis par tes ancêtres? Te crois-tu au dessus des lois et des coutumes de notre pays pour te décharger aussi lâchement de tout tes devoirs? Pour qui te prends-tu enfant que tu es!

 

Un regard plein de colère brûlait dans les prunelles de l'irlandaise mais Kadog n'en avait cure. La glace qui se trouvait dans son regard ébranla la confiance aveugle de Aouregen, allât jusqu'à la faire vaciller. Les paroles qui suivirent achevèrent de convaincre la mère que son petit enfant avait bel et bien prit le chemin de la sagesse et s'éloignait d'elle à grand pas avide d’expériences nouvelles.

 

-Mère, fille de sa majesté Ronan de Douglas, Grand-Duchesse Consort de Misnie, c'est sans aucuns plaisirs que je renonce publiquement à tout mes droits d'héritages quels qu'ils soient. Jamais je ne saurais abandonner celle pour laquelle vous m'avez si brillamment promis voici de cela nombre d'années.

Vous ne pouvez savoir combien je vous remercie pour votre choix. Mais ma place est tout comme vous celle du pilier d'une personne dirigeante.



#32 Kiklan

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Posted 25 October 2015 - 04:49 PM

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Janvier 1185, Suhl

 

 

A l'aube des 47 ans d'Elouan, le Grand-Duché Misnien se réveillait une nouvelle journée dans la quiétude et la paix. Au grand plaisir de Aouregen, le Duc s'était un tantinet assagit et ne créait plus de situations trop embarrassantes ou trop voyantes pour être facilement étouffées dans l'oeuf. La cause était simple, le temps était passé par là et leurs enfants étaient devenus adultes sans pour autant suivre leur paternel dans ses délires.

Le couple grand-Ducal avait également retrouvé sa stabilité et l'amour de leur jeunesse, tout deux assis sur leur trône respectifs, côtes à côtes ils venaient de terminer les audiences de doléances. Carl le menuisier sortait satisfait et sûr d'avoir de bons bois pour son échoppe lorsqu'il croisa le héraut d'arme et les missives du jour.

 

-Vos Grâces, voici l'objets des messagers venus ce jour. Je me dois d'ajouter que l'un de ces papiers fut apporté tout à l'heure par un drôle d'oiseau. annonça l'homme au service du Castel.

 

Un regard joyeux fut échangé entre les époux, ils savaient exactement l'identité de l'expéditrice, mais pour faire bonne mesure, le courrier fut partagé en deux, la lettre réservée pour la fin.

En résumé, Kadog donnait des nouvelles de sa petite fille Nezig et se réjouissait de la paix retrouvée en ces temps troublés pour les Burgondes. Le Roy d'Irlande Ronan lui même écrivait à sa fille, demandant à son tour ce qui se tramait de bon en Misnie et enfin, quelques pays voisins proposaient divers mariages, alliances et droits de passages.

Lorsque Aouregen déplia la dernière missive, elle ne la lut pas tout de suite à voix haute, préférant décrire ce qu'il s'y trouvait avec ses propres mots.

 

-Elouan... elle semble être en Dalmatie... ah non, elle a prit le navire reliant le Duché de Bari, elle espère y trouver quelques légendes à raconter. Oh, elle a rencontré sa majesté De Pescara et il nous transmet ses salutations.

Ah! Elle fait route vers... Nom d'un Irlandais en kilt! Mais qui donc lui a mis cette idée dans la tête!!! finit par rugir la Dame De Misnie.

 

Elouan put lire à son tour les lignes que sa chère et tendre avait laissé choir. Il n'y vit rien de bien inquiétant, sa fille allait chercher une autre légende voila tout, quelle était donc son nom déjà? Ah oui, elle se mettait en quête d'une Kelpie.

 

 

Près de Conwy, Duché de Galle en Angleterre, février 1185

 

 

La rousse marchait depuis trois jours déjà, la ville n'était plus qu'un lointain souvenir alors qu'elle s'enfonçait dans les bois en direction de la côte. D'après les dires des habitants, il y avait une falaise dont personne n'en était revenu et qui était évitée pour tout voyage. C'était une piste intéressante et elle voulait la vérifier par elle même. Depuis la mort de Budogan, et sur un conseil du maître d'arme Arzhur, elle s'était mise à arpenter les contrées pour se changer les idées, ce qu'elle y avait découvert l'avait tellement stupéfaite qu'elle s'était fixé un objectif, un parmi tant d'autres.

 

Ses cheveux roux volant au vent, elle se mouvait avec la souplesse due à l'habitude, dans son armure trouvée dans une malle à Suhl et apparement forgée par un petit artisan Breton venu en voyage à Plauen. Quelques liens de cuirs entouraient ses poignets en guise de protection tandis que dans son dos était fixé un grand fourreau contenant l'arme ultime, l'épée reçue en cadeau par le même Arzhur qui l'avait lui même reçue du grand Goulven de Horn.

 

C'était pour cette dernière que Goulwena voulait rencontrer les Kelpie. Il s'agissait de petits êtres excellant dans le travail des métaux et possédant une connaissance illimitée dans ce domaine. L'arme de la jeune femme était certes conventionnelle mais elle l'avait remarquée très tôt, douée de puissances surnaturelles.

Jamais la Misnienne n'avait eut à aiguiser la lame qui tranchait toute matière comme du beurre. La guerrière n'avait reçut aucunes blessures tant qu'elle portait l'arme, même lorsque Karadoc le Fourbe lui avait tiré une volée de flèche dans le dos ou que Ganfor le renégat eut profité de son sommeil contre un arbre pour tenter de lui trancher la gorge.

 

Soudain, elle se sentir flotter et son pied plongea dans l'eau salée, du moins le crut-elle. Sans s'en rendre compte, elle était arrivée sur la côte et d'étranges petits êtres se regroupaient autour d'elle en lui demandant de récupérer un objet tombé juste à ses pieds. Elle était en passe de le faire... et de tomber dans le vide de la falaise sur laquelle elle se trouvait, les vagues noires en contre bas s'écrasant violemment contre la roche à nu et les rochers affleurants.

 

Le poids sur son dos se fit plus lourd, elle sentit la pointe du pommeau contre sa nuque et elle sortit de sa torpeur. Par un effort suprême de volonté, elle s'arque bouta et réussit à se retourner sans tomber. Les petites créatures pestaient et rageaient tout leur soul, c'est alors que la rousse sortit son épée et la planta au tiers dans la roche. S'agenouillant pour être à la hauteur de ceux qui voulaient sa mort, elle parla peu mais avec des mots précis, court et compréhensibles qui ne souffraient d'aucun silences.

 

-L'épée. Elle n'est pas normale. Pourquoi?

 

Telle un rêve, Goulweena vit les contours des choses autour d'elle se déformer, s'étirer lentement puis reprendre leur forme initiales dans une explosion tonitruante. Elle se réveilla en sursaut, lovée en boule au bord de la falaise, contre le plat de sa lame plantée en terre. Autour d'elle, il n'y avait aucunes traces de féérie, rien que ses propres pas quittant la lisière des bois pour se diriger vers le gouffre.

Gravée dans sa mémoire, comme un air apprit depuis la petite enfance, quelques mots fusaient dans sa mémoire d'une douceur incroyable. "Quand un Gremlin s'attache à vous et qu'on aime sa vie, on ne va pas voir le Leprechaun..."

 

Remise quelques peu de ses émotions, la jeune femme rousse reprit son épée et la rangea tout en reprenant sa marche, la chanson toujours en tête. Un air déterminé se peignait sur son visage, à nouveau sa quête prenait un virage inattendu mais elle savait que chercher dans les mois voir les années à venir. N'ayant aucunes idées sur la nature ou l'apparence d'un Gremlin, elle se donnait un objectif: trouver un Leprechaun.



#33 Kiklan

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Posted 09 November 2015 - 08:32 PM

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En Misnie, août 1200

 

Le temps des moissons était venu, les blonds champs de blé dardaient leurs couleurs sur la campagne gorgée de chaleur. Chaque hommes et chaque femme ayant les capacités adéquat se trouvait dans les plaines, fauchant les épis, les rassemblant en meules pour le séchage. Chacun en Misnie participait aux Moissons, et sur les terres du Grand-Duc, les nobles n'y faisaient pas exception.

Alors que ses parents et grand-parents y vaquaient près du Castel de Suhl, Andrev arrivé à un âge décent pour travailler avait préféré s'éloigner jusqu'au nord de Weimar, à la frontière de Leipzig.

 

Dans une petite vallée abritée par une des légendaires montagnes volantes se trouvait un charmant petit village. Le jeune gamin, après de longues heures de négociations avait obtenu de ses parents et surtout de sa grand-mère paternelle, l'autorisation de s'exclure du cercle familial. Les conditions étaient sévères mais Andrev s'en fichait, l'escorte qui lui était allouée était occupée à surveiller les barriques de vin. La seconde condition était la pire, bien pire qu'une surveillance armée: sa sœur.

 

-Andrev!!! Regarde toutes les fleurs des champs qu'on a trouvé!! Oh, et puis on a vu un daim apeuré qui s'est enfui!! criait presque Iuna en courant entre les travailleurs.

 

Faisant mine de ne pas la voir, il s’essuya le front de son bras et reprit sa faux et continua son travail avec la concentration d'un novice. Joran, l'homme qui lui avait brièvement montré la manière de faire jetait de temps à autres un coup d’œil sur son lui ce qui ajoutait encore un peu de pression à Andrev. Mais le vieux au Castel l'avait incité à venir et puisque ça ne lui arrivait pas souvent, il persévérait.

Néanmoins, Iuna avait décidé d'obtenir une réponse et l'avait rejoint en peu de temps. Maodana, sa cousine de cinq ans son aînée était chargée de la surveiller tout comme Andrev mais ce dernier n'avait pas que cela à faire.

 

-Hum... Andrev, tu crois que le type costaud là bas te regarde parce qu'il veut protéger sa fille? demanda l'enfant d'un air inoffensif.

 

Le jeune homme rougit presque aussitôt et tourna vivement la tête vers sa soeur en lui faisant les gros yeux. Maodana juste à leurs côtés pouffait de rire devant cette scène comique.

 

-Ben oui, ça crève les yeux tu sais! Tu n'arrête pas de la regarder et de lui parler le soir au dîner. Alors c'est normal qu'un papa craigne pour sa fille j'ai pas raison? Hein Maoda?

 

-De toute manière, Père n'acceptera jamais... Et Joran non plus d'ailleurs... soupira le blond.

 

L’aînée ne répondait rien, elle préférait laisser ses cousins réfléchir par eux même. Amusée, elle souriait et tenait à les tenir en paix comme elle l'avait promis à la Dame de Misnie. La jeune femme posa juste sa main sur l'épaule du garçon et l'embrassa sur le front en l'encourageant gentiment.

D'une exclamation, elle réussit à détourner l'attention de la fillette et laissa son cousin travailler pour les beaux yeux de sa douce à l'amour impossible. Elle croisa sans la reconnaître, une guerrière à l'épée rayonnante enchâssée dans un fourreau simple se dirigeant vers l'endroit qu'elle venait de quitter.

 

Goulwena se tenait devant le chef du petit village, Joran lui faisait face pas le moins du monde impressionné. Il émanait de lui une aura exigeant le respect sans qu'il n'ai à le demander. La femme n'en avait cure, elle n'y était pas sensible et sur l'instant, dans ce champ un peu à l'écart choisit pour parler sans craintes des oreilles indiscrètes, se déroulait un duel imperceptible.

L'indépendance, la puissance et la force d'une femme libre de son destin et de ses actes rivalisait avec l'homme forgé par la vie qui trimait chaque jour pour assurer sa survie et celle des siens.

 

-Pourquoi lui donner vot' couteau là? Elle n'en a pas besoin je vous assure! disait-il avec une pointe d'agacement devant l'insistance de la rousse.

 

-Votre fille a des dons. Les gens des alentours font circuler des rumeurs, des bruits selon lesquels elle aurait soigné nombre de gens de labeurs et défendu bec et ongles des enfants contre des jeunes de cinq ans leur ainés. Je peux vous dire Sire, qu'un courage comme le sien est rare et mérite qu'on y prête attention.

 

De plus... cette lame n'est pas ordinaire... ajouta t-elle en parlant de moins en moins fort si bien que Joran dû s'avancer un peu plus pour entendre.



#34 Kiklan

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Posted 10 November 2015 - 05:18 PM

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Mars 1201, Plauen

 

https://www.youtube....h?v=BR-csWS1bcM

 

La journée avait été clémente, la pluie avait cessé et le ciel s'était délesté des sombres nuages en prenant une teinte gris clair. A ce moment, l'ancienne capitale du Duché retrouvait son activité d'antan, d'immenses cohortes d'hommes armés protégeaient les différents membres des maisons venu assisté à la cérémonie. On pouvait y apercevoir les gens de Besançon, de Dôle et de Split, principaux petits enfants d'Elouan ainsi que les Gotha, les Chemnitz et les Dresden ses grands amis et vassaux. La famille de Aouregen, soeur du Roy d'irlande était là également, pour celui qui avait réussit à l'enlever dès son plus jeune âge pour régner sur le Grand-Duché.

 

Tout ce petit monde sortait de l'église centrale et se dirigeait lentement vers le cimetière, le mausolée ducal plus précisément. Le Grand-Duc s'était éteint doucement, sans un bruit afin de ne pas réveiller sa douce ni faire de vagues à la face du monde. Malade depuis les dernières années de sa vie, il avait restreint au plus proche cercle familial, même ses enfants n'en savaient pas grand chose.

Lorsque chacun eut bénit le corps, une réception fut donnée en l'honneur du défunt au Castel Plauenois, l'occasion pour le nouveau régnant de rassembler sa fratrie dans un conseil de famille fermé. C'est ainsi que Kadog, Gweltazen, Goulwena, Jestin, Mahé et Arzhuren se réunirent autour de Briend, dans la pièce servant autrefois d'étude à l'illustre Jikel, Père de tout Plauen se respectant.

 

-Te voila Grand-Duc dorénavant Briend! s'exclama Arzhuren qui, assise au fond de son siège, n'était pas encore très en phase avec les récents événements.

 

Allant toujours droit au but, la guerrière Goulwena appuyée contre le mur tapissé de bois, les bras croisés, l'épée à son côté, posa la question tournée et retournée dans l'esprit des personnes présentes.

 

-Que comptes-tu faire de concret maintenant? J'imagine que cela nous concerne, nous n'en serions pas là autrement...

 

-La famille est un don, un bonheur et un enseignement selon nos ancêtres vous ne l'ignorez pas, nous avons étés élevés ainsi. Aussi, je veux vous voir tous les trois mois ici, un rassemblement aura lieu, j'y tiens, nos enfants doivent se connaitre comme des frères. Kadog, Mahé et Arzhuren, j'aimerais négocier avec vos conjoints afin de former une confédération, une alliance. Vous en serez les ambassadeurs.

 

Un petit silence s'installa alors que les trois concernés ne répondaient pas. Briend ne le remarqua pas, il comprenait aisément que la mort de leur père les perturbes quelques peu, aussi il continua son annonce maintes fois préparée depuis le jour fatidique.

Les écrits d'Elouan étaient clairs, concis et précis et il ne voulait pas dérogé à la promesse secrète faites au mourant, quelques heures avant la fin.

 

-Jestin, toi et ta fille m'avez l'air à l'aise avec les chiffres, vous serez en charge des finances et des réserves d'or du Grand-Duché. Gweltazen, tu seras en charge des relations diplomatiques concernant d'autres maisons que nos alliés actuels. Pour ma part, je m'occuperais du reste avec mon épouse tout comme père le faisait. C'est ainsi qu'il voulait nous unir et je respecte ses désirs. termina t-il en tendant le parchemin rédigé de la main d'Elouan.

 

Chacun en prit connaissance puis s'en allât en hochant la tête, signe d'acceptation de ses responsabilités, le nouveau Grand-Duc posa sa main sur l'épaule de Kadog en lui demandant tout bas: Je suis désolé que tu sois écarté de la succession mais saches que Père t'estimait énormément malgré cela.

Briend ferma la porte puis s'affaissa dans son fauteuil en soupirant d'un air las, maintenant seul dans la pièce, du moins le croyait-il. Sa rousse de soeur, toute en tenue de combat mobile et légère se tenait toujours collée au mur.

 

-Tu ne m'as pas donné de fonction Briend, j'imagine que c'est intentionnel? Je l'espère bien parce que Kamille n'est pas encore prête et je dois terminer sa formation aux armes.

 

Ne disant rien, le frère se tenait toujours dans le siège, les yeux rivés sur un panneau de bois derrière elle. La femme crut à la fatigue, jamais il ne l'aurait ignorée ainsi sinon. Il devait être submergé par les charges lui incombant, les conseillers le harcelant et l'émotion qu'il n'avait pas encore eut le temps d'évacuer.

Mais à sa grande surprise, il en était tout autrement. Lentement, elle prit conscience d'une présence à ses côtés, derrière elle précisément. Une barbe taillée, courte, d'un blanc aussi éclatant que ses cheveux ras. De longs vêtements et un sourire bas selon les circonstances, le vieux s'anima brusquement, comme une statue revenue à la vie, il prit un siège aux côtés de Briend et la fixa sans dire un mot.

 

-Nous avons une faveur à te demander Wena, et pas des moindres... ce sera dangereux et je doute que ce soit bien perçut par tout le monde mais tant pis. Garde cela aussi secret que ta lame et ça devrait le faire.

 

Le regard aussi surpris que méfiant, elle détailla le vieux devant elle, avec exactement le même regard que tous les membres de la famille ducale l'ayant rencontré par le passé. L'homme âgé avait l'air amusé, la vieille n'était pas là pour le moment, occupée avec sa mauvaise humeur habituelle à rassembler quelques informations pour lui il assurait l'intendance du Castel Plauenois avec bonhomie.



#35 Kiklan

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Posted 15 November 2015 - 08:42 PM

Castel Sonneberg, 1206

 

https://www.youtube....h?v=BR-csWS1bcM

 

Les deux femmes faisaient les cents pas dans la minuscule salle de travail réservée pour leurs activités. La première nommée Bleuzen, régnant avec son époux Briend sur le Grand-Duché avait une mine soucieuse, craignant pour la vie de ce dernier. Quand à Aouregen, la Duchesse-mère, et bien elle s’inquiétait pour l'avenir de la nation, son fils elle le savait, saurait mettre de l'ordre dans tout cela mais le peuple aurait lui un peu plus de mal.

 

Voila deux ans que Elouan avait quitté ce monde, léguant ainsi sa sagesse, ses titres et ses terres à ses enfants. Kadog l’aîné des enfants s'étant marié avec la fille de Besançon avait renié cet héritage. Cependant après le deuil, des renégats estimant Kadog comme le digne successeur de son père, prirent la tête de Plauen, Suhl et Weimar et firent sécession avant de s'offrir à lui et la famille Besançon. Seule Sonneberg était restée fidèle ainsi que les Comtes Chemnitz et Gotha ce qui mettait à mal l'intégrité du Grand-Duché.

Le Duc, son fils et ses armées avait finalement pris la route de la guerre pour récupérer ce qui leur revenait selon le testament du défunt Grand-Duc. Et c'est ici que cela se corsait.

 

 

Campagne de Plauen, à quelques jours près

 

 

-Ou est-il passé encore? Qu'on me trouve Andrev de Plauen immédiatement!!! hurlait un homme à la carrure impressionnante.

 

Kenneth, homme irlandais de son état était au service de Aouregen comme beaucoup d'autres hommes venus en Misnie il y avait de cela des dizaines d'années. Au fur et à mesure, il avait réussit à grimper les échelons jusqu'au poste ultime: la confiance de la Dame de Misnie. Capitaine de la garde Grande-Ducale, il se trouvait près de Plauen avec l'héritier et un petit régiment afin de débusquer les renégats et les enfermer tout en reprenant le contrôle de la cité.

Ils étaient tous arrivés quelques heures plus tôt et allaient directement engager le combat afin de ne pas traîner et de rétablir la confiance avec le peuple. Mais voila, un problème subsistait, l'héritier n'était pas là! En règle générale, il écrivait à son épouse, étudiait n'importe quelle chose en ce monde et s'égarait presque toujours au grand dam de Kenneth.

 

-Vous me mandez Capitaine? annonça le jeune homme aux cheveux en épis de blé. Kenneth savait vain la réprimande qu'il avait dans la gorge et se tût sur ce sujet. Il optât plutôt pour des renseignements tactiques.

 

-Sa Grâce le Grand-Duc est aux portes de Suhl et s'apprête à rétablir l'ordre avec l'aide du Comte Gotha. Le Comte Chemnitz est de son côté sur Weimar avec les mêmes intentions, accompagné de notre Phénix d'Elouan. Apparemment, personne ne s'attend à ce que nous allons faire, ce qui est une bonne chose.

 

J'ai... hem, j'ai le regret de vous annoncez également une bien triste nouvelle. Votre oncle Kadog a trouvé la mort, un émissaire est arrivé à Sonneberg la semaine dernière, il semblerait que son épouse Mael des Burgondes soit séquestrée par le clergé.

 

L'annonce créa un grand vide dans le coeur de Andrev. Il pensait à son père, comment prendrait-il la nouvelle? Lui avait-on dit au moins? Ou l'en avait-on préservé le temps de la bataille? Serrant les doigts autour des rênes de sa monture, il afficha une mine déterminer en tachant de ne rien montrer des émotions l'habitant.

Le Capitaine l'observait en biais et notait pour la première fois, la voix de la sagesse, celle que l'on voyait quotidiennement dans le regard d'Elouan autrefois.

 

-Capitaine Kenneth, allons y, sonnons l'entrée de notre troupe en ville. Je veux que l'on en finisse au plus vite. Ensuite, nous irons botter les fesses de ces nonnes et délivrer l'épouse de feu mon oncle.

 

Songeant aux ennuis causés par la religion en ce petit pays qu'était la Misnie, le Capitaine leva une main baignée par le pouvoir et le respect et s'apprêta à la baisser en signal à ses troupes. Cependant, il ne le fit jamais et pour une bonne raison. Un cavalier avait scindé l'unité impeccable en deux, sans s’arrêter ni regarder ou encore s’inquiéter de son passage. De longs cheveux blancs, des vêtements exotiques collés à la peau et une voix grinçante que l'on entendait même après quelques pas mis entres eux. L'identité de la cavalière ne faisait plus aucuns doutes, et malgré la surprise Andrev lui emboîta le pas, suivit des dizaines d'hommes armés. Sur son cheval lancé dans un galop effréné, la vieille hurlait, une épée à la main et ses dagues accrochées tout autour de son corps.

 

-Bande de scélérats!!!! M’éjecter de mon Castel non mais! Vous allez goûter à ma colère je vous le dis haut et fort! Je suis ici chez moi et personne ne viendra me dire le contraire longtemps, je finirais par le tuer!!!!! Qu'il soit Comte, Duc ou même Roy!!!!



#36 Kiklan

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Posted 22 November 2015 - 05:40 PM

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Novembre 1213, camp fantôme des Misniens

 

https://www.youtube....u_Uqbgs&index=4

 

L'endroit était plutôt confortable malgré les terribles conditions climatiques qui sévissaient dehors. Bien différent du Castel, le camp planté deux semaines auparavant accueillait la cour réduite du Grand-Duc ainsi que les chefs respectifs des armées mobilisées et toute la logistique qui s'en suivait.

Aux allures d'une ville, il se composait d'un assemblage de tentes plus ou moins grandes recouvertes pour la plupart d'une couche épaisse de neige. De longs morceaux de toile cirée avaient étés suspendus au dessus des allées entres les tentes afin de ne pas avoir à les dégager au matin et pour se protéger des tempêtes de neiges récurrentes en cette période de l'année.

 

N'ayant pas voulut être séparée de son époux, Aourel d'Aberdeen la Grande-Duchesse consort se trouvait sous sa tente, une unique pièce meublée, décorée et chauffée presque comme au Castel. Participant à l'effort de guerre, elle se rendait utile et réparait les cottes de mailles ou aiguisait les épées avec Goulwena à ses côtés. Les deux femmes parlaient avec l'aisance de deux amies de longue date sans masquer leur inquiétude pour les temps à venir, c'est que les décisions de Andrev étaient difficile à prendre au sérieux par sa jeunesse extrême. Les soldats avaient confiance en lui mais parfois, le doute s'insinuait en eux et il fallait constamment leur assurer la réussite des missions organisées.

 

Soudain, le vent souffla brièvement plus fort et un galop se fit entendre au loin. Par delà les flocons tombant dru, trois cavaliers arrivaient. Après s'être fait identifié par les sentinelles, déposé leur monture dans la tente tenant lieu d'écurie et quelques mots échangés, Andrev poussa le pan de toile faisant office de porte et entra, bientôt suivit par le Capitaine Kenneth et un officier aux couleurs de Saxe.

Le Grand-Duc s'avança directement vers son épouse et déposa un baiser glacé sur ses lèvres avant d'épousseter toute la neige collant à ses vêtements. Quelques temps plus tard, ils étaient tous autour de la petite table, un verre devant chacun.

 

-Le Duc de Saxe est à quelques lieues d'ici, il a installé son camp voila trois jours. Jestin ici présent nous est délégué en échange du lieutenant Reiks. annonça Andrev aux femmes qui en raison des circonstances s'étaient révélées de bon conseil.

 

Il laissa par la suite le Capitaine Kenneth exposer les divers données militaires. Montmédy était beaucoup plus loin, leur camp était une bonne position de repli tout comme stratégique. Saxe serait en étroite collaboration avec eux comme en prouvait les échanges d'officier et enfin, Metz n'avait pas l'air de s'alarmer des batailles faisant rage sur son territoire.

L'homme terminait par des nouvelles du camp. Les hommes étaient satisfaits des décisions prises et des moyens engagés, ils touchaient leur solde comme il se devait et ne manquaient de rien, pas même de vin.

 

-Cette guerre est rondement menée mon Duc, vous pouvez aisément repartir pour Suhl et diriger les opérations de là bas. disait Kenneth.

 

A cela, un silence doublé d'un regard s'en suivit. Le Grand-Duc allait répondre mais c'est la guerrière à l'épée que l'on ne nommera plus qui prit la parole à sa place.

 

-Loin de moi l'idée de vous contredire Capitaine, mais il se trouve que mon neveu est jeune et désire se rapprocher de son ost. Lui et son épouse ont le sang des combattants dans les veines et il serait vain malgré toutes les bonnes raisons que vous possédez de lui demander cela.

 

-Oui mon cher, il se trouve que mes oncles et tantes s'en sortent très bien dans la régence à Suhl, je ne voudrais pas leur retirer ce plaisir. De plus, j'ai hâte de voir l'intendante en action... disait-il dans un sourire.

 

-Non...

 

Un hochement de tête répondit à l'homme en arme, même l'officier de Saxe ouvrit de grands yeux. L'intendante de Plauen était connue jusqu'en Irlande, par delà les mers. La vieille comme il ne fallait pas l'appeler avait la puissance de dix armées et la robustesse d'une muraille de sept pas épaisseur. Par ailleurs elle était sans âge et était sans nul doute capable d'attraper le plus rapide des hommes par la peau du cou. Rien ni personne ne pouvait rivaliser et lorsqu'elle était arrachée de son Castel par un ordre Ducal, elle n'était pas sur de bons sentiments. Plaignant les adversaires, chacun se demandait dans quelles situations elle allait agir...



#37 Werner

Werner

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Posted 23 November 2015 - 11:33 AM

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(Musique d'Ambiance)

 

L'aube se faisait attendre dans les 2 camps.  Les combats avaient été calmes même si les échauffourées s'étaient étendues depuis la veille au soir. Les assiégeants voulaient briser le siège imposé par Chemnitz qui maintenant celui-ci corps et âme. Les uns comme les autres ne pouvaient se permettre trop de largesses dans les pertes. Chaque goutte de sang versée avait valeur d'or. Les hommes étaient rares en effet. Chemnitz bien que très bien organisé était faiblement pourvu en hommes. Ses troupes étaient peu populeuses mais néanmoins suffisantes pour assiéger la Cité délaissée. Délaissée ? Pas exactement. Oubliée, sans doute. Désorganisée, jamais. Une solide garnison tenait les remparts depuis des jours et ne montrait pas le moindre signe de faiblesse. Gwilherm de Chemnitz, Comte de Misnie, enrageait. Chaque jour il tançait ses hommes pour leur incapacité. Son Ost faisait pourtant de son mieux. Le Comte n'était pas dans sa prime jeunesse mais c'était son inexpérience des combats qui le trahissait. Jusqu'alors c'était dans l'administration de ses terres et la gestion de tout le patrimoine annexe qu'il excellait. La guerre ne pouvait se résumer à venir avec de solides et nombreux gaillards bien nourris et bien équipés. L'aspect psychologique lui échappait totalement. Quotidiennement la mort soufflait les chandelles de part et d'autre des murs. A ce train-là, ce conflit lui coûterait trop que pour être soutenable. Peu d'issues s'offraient à lui et moins encore parmi les favorables.

 

Qu'importe ! , enrageait-il une fois de plus. Gwilherm, toujours poing serré, leva sa main de la carte. Nous n'avons le loisir de choisir et le luxe d'abandonner. Que dira-t-on de nous en Misnie ? Que nous ne sommes que des maraîchers ? Des inaptes à vivre de nous-mêmes ? Nous devons rappuyer le siège.

 

Votre Grandeur, répliqua respectueusement l'un de ses proches hommes d'armes. Nous avons déjà essayé maintes et maintes fois. Une fois de plus et ce seront des pertes supplémentaires à craindre ... une fois de plus.

 

Peste soit de ces gueux !, coupa le Comte.

 

On lui apporta alors une singulière missive. Un étrange rouleau de parchemin froissé. Comme s'il avait traîné au fond de la besace d'un cavalier qui aurait parcouru des milliers de lieues. Triste allure mais ô combien riche contenu puisque'à peine avait-il parcouru les premières lignes qu'un large sourire coupa son visage de part en part.

 

Ah ! Un semblant d'espoir !

 

La lettre était grande ouverte lorsqu'il la jeta négligemment sur la grande tablée escamotable jonchée de petites pièces et de diverses cartes. 

 

Messieurs, nous avons ici une information de premier rang à savoir que la dernière livraison de grain à la Cité date d'il y a plusieurs mois déjà. 

 

Cela sonnait comme le début d'une pauvre histoire de paysan aux oreilles des militaires. À celles du Comte un tout autre son résonnait.

 

Plusieurs mois entendez vous. Cela veut dire qu'au vu de nos estimations du nombre des défenseurs et de la durée du siège, ces gueux sont affamés ou du moins poussés à bout par un rationnement trop radical. Leur avoir mis la pression jusqu'à présent a pu les éreinter sans jamais les vaincre il est vrai. Mais comme une bouteille de clairet dont on peine à ôter le bouchon, essayons à nouveau avec une autre prise et ce soir nous boirons tous ensemble.

 

Nourris par cette nouvelle ferveur, tous quittèrent la tente. L'on distribua quelques ordres et l'on se mit d'accord sur la tactique à adopter. Les murs se brisent. Si ce n'est par la chair,  la pierre y répondra également. L'on procéda à de nouveaux réglages sur les trébuchets et l'on prépara les hommes à monter à nouveau à l'assaut. Il fallait à tout frapper fort mais aussi bien frapper. Quelques minutes plus tard, de solides parpaings de pierres ramassés près des quelques riches cahutes alors en ruines glissaient sur les âmes en bois des armes de sièges. Elles sifflaient les uns après les autres, filant à toutes allures sur les murs de la Cité prétendument exsangue. Quelques projectiles rataient leur objectif et s'écrasaient sur les constructions par derrière les remparts causant également des pertes mais n'affaiblissement nullement la bouclier de la ville. La nuit n'aidait pas du tout à corriger les tirs et à les ajuster au mieux. Pourtant durant ceux-ci, les assiégeants n'étaient pas mis à mal par les quelques traits trop courts des défenseurs. Les heures s'ensuivirent. Plus silencieuses les unes que les autres. Silencieuses seulement entre chaque tirs qui faisait exploser ses projectiles de pierres contre les larges murs de défenses. Parfois même l'on distinguait un trait d'étincelle comme si la matière même se livrait à un combat que Dieu lui-même portait aux devants. Ce triste et funeste théâtre se poursuivit jusqu'à l'aube où un amas de pierrailles diverses et éparses s'égraina mollement au sol où se tenait la veille encore une solide muraille. Les hommes, galvanisés par l'issue favorable que chacun d'eux pressentait, coururent vers la brèche ainsi ouverte. Bouclier devant, épée au flanc. Arc tendu, trait précis. Les flèches et autres carreaux fusèrent en tous sens. Le sang coula une fois de plus. Néanmoins, la ville fut prise pour de faibles pertes misnienne. Les objectifs étaient remplis. Gwilherm prit néanmoins la peine s'assurer une pleine occupation de la Cité nouvellement acquise. Et par dessus tout pleurer les morts et honorer la mémoire des défunts. 

 

La Souabe ainsi reprise en main ne serait pas une bête facile à apprivoiser. Forbach était ce jour tombée mais restaient encore des pans entiers de terres délaissées où l'ambition de Chemnitz ne demandait qu'à faire fleurir à nouveau l'identité souabe. Cette même terre qui pouvaient sur un claquement de doigts de ses anciens dirigeants, s'ériger comme d'un seul homme face à lui. Cette possibilité leur soufflait froid dans les dos misniens qui plaçaient tous leurs espoirs sur la vivacité de leurs attaques et leur réactivité. Les larmes étaient à peine sèches que déjà l'on organisait la route plus loin vers le sud. Plus loin vers Offenburg.



#38 Kiklan

Kiklan

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Posted 02 December 2015 - 09:38 PM

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Camp Fantôme Des Misniens, janvier 1223

 

Depuis quelques mois maintenant et environ toutes les trois semaines, le camp bougeait. Non pas comme ces montagnes poussées par les vents furieux mais presque. Afin de ne pas dévoiler leur position et se rapprocher le plus possible des différents fronts, les soldats de Misnie plantaient leur tente, sortaient leur affaires, vaquaient à leurs occupations puis rangeaient leur affaires, démontaient le camp et repartaient. Toute la belle saison y passa, l'année était propice aux voyages et cela ne gênait pas tant que cela les hommes qui faisaient leur exercice quotidien.

 

Mais l'hivers était venu et avec lui les tempêtes de neige rendant les marches difficiles. Le vent n'était pas non plus un allié dans ces cas là et ordre avait été donné d'optimiser au mieux l'organisation de ce camp, devenant permanent. C'est durant une accalmie, profitant de cet air frais et vivifiant que le Grand-Duc Andrev annonça le début d'une chasse divertissante. La viande rapportée serait grillée et la fête régnerais jusqu'au petit matin. Rien ne se passa comme prévu ce jour ci, et le sanglier sortant de son terrier au même moment ne fut pas un début mais plutôt une fin... tragique.

 

Deux semaines plus tard, quelque part

 

Selaven semblait amorphe sur le grand cheval tout en armure de son père. La bête, bâtie pour supporter les dizaines de livres de muscles du Grand-Duc n'en portait plus que le tiers de sa progéniture. Le cortège avançait à allure modérée mais soutenue, lui en tête avec le vieux qui le collait depuis que tous avaient apprit la funeste nouvelle à Suhl, au Castel. Andrev de Plauen, le cavalier émérite n'était plus, tué par un banal accident de chasse... Cela avait fait l'effet d'une bombe à la cour mais le devoir l'exigeant et selon les volontés de son père, le jeune homme de 8 années à peine et son vieux tuteur avaient chevauché des jours durant pour enfin trouver le camp militaire.

 

Le regard perdu dans le vide, il n'avait pas l'air d'un dirigeant et encore moins d'un chef de guerre. Les flocons tombant ci et là s'accrochaient à ses sourcils et dans ses cheveux sans qu'il n’esquisse le moindre geste pour les en retirer. Le cheval avançait, son cavalier subissait et se morfondait dans sa peine. C'est à ce moment que le lieutenant Reiks, l'officier échangé avec Saxe s'avança vivement afin de chevauché à son côté. Le soldat, la trentaine bien avancée désormais s'était remarquablement bien accommodé des habitudes Misniennes et semblait s'épanouir dans ses nouvelles fonctions, preuve en était de sa musculature plus imposante et d'une fine cicatrice à la joue. L'entrainement était le moment le plus important pour ce guerrier même s'il adorait plaisanter avec les hommes dont il avait la charge.

 

-Sors toi de cette misère petit-homme, tu vaut bien mieux que cela... dit-il en esquissant un demi sourire.

 

-Il est bien agile de dire cela, un homme d'arme ne pense à rien d'autre qu'à sa survie... Bien souvent sa famille ne le voit plus et finit par l'oublier. répliqua le Duc.

 

Sur sa vieille monture, le vieux qu'on avait pas vu depuis des lustres et des règnes ne disait rien, laissant la sagesse s'installer par elle même.

 

-Si ça n'avait été que cela, j'aurais payé le prix de l'oubli mon garcon... Maintenant je prie pour ne jamais oublier ceux que j'ai aimé.

 

Un long silence passa, durant lequel chacun regardait sa route, cette étendue de neige glacée tombée la veille. Le cortège avançait bien, mais il faudrait encore quelques jours avant d'atteindre Toul et les armées de la Comtesse de Misnie. Cela avait été la première décision de Selaven... Celle de son père également...

 

-Je... J'aurais aimé assister à ses funérailles. Lui adresser un simple au revoir lorsqu'on a croisé le convoi n'était pas assez. dit-il en parlant tout haut sans en avoir conscience.

 

L'aveu de ce jeune torturé par l'esprit d'un père qu'il n'avait presque jamais vu atteint le soldat au cœur. Jadis lui aussi avait souffert de cet amour perdu, brisé. Reiks posa sa main aussi grosse qu'une pelle sur la frèle épaule du Grand-Duc. C'était là tout ce qu'il pouvait faire, lui indiquer qu'il serait toujours présent pour le servir, pour l'aider ou le conseiller malgré les troubles, les guerres et les peines, telle était la promesse résidant dans ce simple contact.

 

Ce soir là, à une heure très avancée, Reiks s'en allait dormir et sortait de la tente commune pour retrouver son lit sommaire mais si attirant. Il continuait machinalement son chemin, son corps connaissant la route et son esprit déjà dans le sommeil, lorsqu'une ombre le fit revenir dans un mode combattant. Il se rassura aussitôt en reconnaissant la silhouette du Duc, assis à contempler les étoiles.

Ne pouvant décidément pas rester à leur conversation de la veille, le soldat décida de rejoindre le jeune. Époussetant la neige, il s'assit à son côté sur la terre gelée après y avoir déposé sa cape.

 

-La neige et les étoiles sont des trésors... mais comme tous les butins il ne faut pas en abuser, cela pourrait se révéler mortel jeune Duc... annonça Reiks en montrant les bouts des doigts du gamin qui commençaient déjà à prendre un tour bleu.

 

-Lieutenant, j'ai bien réfléchit. Je n'ai pas l'âge de me marier donc je n'ai pas de famille à retrouver ni à rassurer de ma présence. Entraînez moi, faites de moi un guerrier comme vous. Je veux bouter ces nobles plongés dans leur sommeil, relever le royaume et en finir une bonne fois pour toute! annonça t-il plein de détermination. Il dût cependant ajouter après un petit silence. Je vous le demande et vous en conjure, prenez en charge mon éducation militaire, donnez moi des coups mais apprenez moi.

 

Sans se faire remarquer, une autre ombre s'en allât. Le vieux retournait dormir, un air satisfait sur le visage mais aussi et surtout une grosse fringale! Il n'avait plus l'âge de faire ce genre de chevauchée contrairement à sa collègue. Mais malheureusement, il allait devoir se contenter d'une ration de pain et de viande séchée depuis 1150 tssss!

Il esperait que ce que disait le petit était vrai, bientôt un retour au Castel et un bon repas chaud près de la cheminée dans sa tour hum! Mais il fallait voir moins loin, beaucoup moins. Peut-être que le camp de Chemnitz avait un cuisinier et pourquoi pas une réserve qui sait?

 

Camp de Chemnitz, plus tard

 

https://www.youtube....A39207&index=23

 

Le voyage prenait fin, comme il avait débuté, avec une pluie fine de flocon qui prenait une part certaine sur le moral des hommes. Au début il s'agissait d'un divertissement, d'une joie et d'un calme imposé par la nature. Mais au fil de la chevauchée, elle s'était transformée en obstacle, obstruction de vision, vecteur de maux et faiseuse d’engelures.

Le convoi arrivait et protocoles obligeaient, les représentants des hôtes accueillaient les voyageurs éreintés dans cet assemblement de tentes plantées autour des remparts de la cité de Toul. Le jeune Duc prit ses devoirs à deux mains et descendit de la hauteur du cheval afin de saluer celle qui se tenait devant lui.

 

-Salutations Dame. Me voici accompagné de 750 personnes faisant le voeux de vous aider au mieux sur ce siège. Ah, j'ai également apporté une machine de guerre, cependant il nous faudra un peu de temps pour la monter... une technique révolutionnaire vous dis-je, inventée par ce vieux monsieur là.

Le trébuchet Akéa.

 

A peine les salutations effectuées, que les Misniens se retrouvaient. Un frère d'un camp retrouvait l'autre du camp allié et ensemble, les nouvelles tentes furent montées, les provisions partagées et les armes graissées de la même façon.

Selaven n'avait désormais plus qu'une chose en tête, en finir avec cette guerre et devenir un homme par les apprentissages de Reiks. Rien n'avait plus d'importance que cela, ses frères et soeurs étaient en sécurité à Suhl avec leur mère et les affaires internes du duché étaient gérées par des conseillers compétents. Lui n'avait plus que cela comme objectif...






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