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Chroniques de Lombardie et de Schwyz


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52 replies to this topic

#21 Kyeran

Kyeran

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Posted 18 January 2015 - 09:32 PM

Un soir, au camp Lombard, près de la frontière

 

https://www.youtube....h?v=K7VmOZ4Ppj8

 

Servan se tenait debout près du brasero et faisait les cent pas le long de l'étroite tente de général. Voila plusieurs semaines qu'il était partit en catimini, il détestait fuir devant son peuple mais il avait fait de la situation une affaire personnelle. Derog l'Exclu méritait l'enfer et mille autres supplices qu'il avait lui même infligé à son père. Servan avait apprit le décès de son grand oncle Breval, le simple et invisible conseiller qui tenait néanmoins la Lombardie d'une main de fer. Cela l'avait attristé mais pas dévié de son but premier. Biella n'avait que trop attendu, elle devait tomber.

 

Soudain, le pan de toile servant de porte se souleva brusquement et le Duc tourna la tête d'un geste tout aussi vif. C'était Jegu, le fils de Talwin, devenu général puis intendant en chef des armées et dont son début de carrière avait enflammé le Duc de l'époque et son frère. Il s'avança au centre et inclina légèrement la tête en guise de salut, le respect de l'âge contre celui des titres pouvait lui permettre quelques familiarités.

 

-Le Phénix du trébuchet est arrivé il y a une heure et est opérationnel. Le Phénix de l'Archer prépare ses flèches tandis que celui du Fantassin n'attend que votre signal. Nous aimerions connaitre votre stratégie votre Grâce. annonça t-il de sa voix calme et précise.

 

-Bien, approchez vous je vous l'exposerais pendant que j'enfile mon armure. répondit Servan.

 

Quelques heures après

 

Le Duc contemplait les étoiles en tentant de deviner leurs secrets. On lui avait dit autrefois qu'elles étaient l'âme des disparus et qu'elles guidaient leurs enfants toujours sur terre. Coupant court à la nostalgie, le chef Lombard rajusta son regard et monta sur son cheval apprêté de son armure lui aussi. Il s'avança sur le petit talus faisant aussi d'estrade et parcourut du regard ses hommes d'armes prêt à se battre pour lui.

Son regard continua de balayer la foule alors qu'il prenait la parole en haussant volontairement la voix.

 

-L'Exclu n'a que trop attendu. Par ses actes il a insulté son père notre vassal et par la même la Lombardie, voici la raison de cette bataille. Ainsi vous savez pourquoi vous vous battez. Certains pensent que je suis fou, que ma colère dépasse ma raison ou encore que je ne suis pas fait pour être Duc. Ceux là ont peut-être raison, je n'en sais rien à vrai dire. Cependant, je sais mener des troupes et je suis avisé dans l'art du combat, cela n'est pas une hypothèse, c'est la vérité.

 

Ce soir je suis votre frère d'arme, non votre Duc ou votre général. Nous combattons la cause la plus juste qui soit, le respect des parents. Chacun pensera à son enfant ou à son père lorsqu'il prendra d'assaut cette cité, j'en ferais de même. Nul doute que les paysans enrolés par ce fanatique y penseront aussi, je vous demande donc de ne pas tuer ces pauvres hommes sans raison valable. En revanche, les soldats gagnés à sa cause sont à vous, tachez de faire la différence.

 

A présent, qu'on sonne l'attaque dans les règles. demanda Servan en dégainant son épée. Lorsqu'il entendit le cor résonner il la leva bien haut en criant. Pour la Lombardie!!

 

La suite en fut confuse. Les armées avançaient avec en tête les généraux et le Duc lui même protégé par un bouclier et armé de son épée. Les archers en arrière garde tiraient vers les remparts pour tuer les sentinelles tandis que le trébuchet s'orientait vers la porte principale. En un, deux et trois blocs de pierre envoyés, la porte céda et ce fut la bataille dont on se souvint le plus longtemps.

Pour ce récit formidable je n'ai pas de mots, je ne peux le décrire. Mais il est à noté la détermination des Lombards qui assaillirent une armée importante malgré le peu de ressource adverse. Les archers qui, après s'être aperçut que leurs flèches ne servaient plus à rien sinon à blesser les leurs, tirèrent leurs haches et leurs lames pour rejoindre leurs camarades.

 

Un certain Melio de Cremona tira une flèche perçant directement le coeur d'un soldat là ou la maille était brisée. Un autre, Fragan de Alessandria libéra un chemin presque vide tant il assommait, tranchait, fracassait et tuait. On apprendra plus tard que son frère faisait partie de l'escorte probablement étripée de Feu Paol.

Un dernier héro nommé Brieg et venant de Bellinzina mis hors de portée les fermiers réquisitionnés de force par Derog par un astucieux stratagème. Ses loups à demie apprivoisés dégageant une aura de mort eurent raison de la volonté des gens de la terre.

 

Enfin, chacun se souviendra de l'ardeur de Servan de Como, soldat d'un soir et de son duel de choc face à l'Exclu lui même. On n'en connait pas le déroulement précis, il se dit que Derog fut même en meilleure forme et en position de force par rapport à notre Chef. Mais ce dernier ne voulait pas tuer au contraire de son adversaire, voila d'ou résidait cette différence.

C'est durant ce soir fatidique que Servan reçut le coup qui aurait put le faire passer de vie à trépas. Le fourbe Derog néanmoins bien habile a finit par planter son épée dans le ventre du Duc qui la vola ainsi à l'Exclu.

 

Le fils indigne sans arme et sans son armée décimée dû faire face aux forces Lombardes alors que Servan se tenait droit devant lui, l'épée encore plantée dans son corps avant de s’effondrer. Chacun connait la suite, notre Duc survécu mais en payant un bon prix en jours de rétablissement et en sermons de la part de la Duchesse.

 

Résumé de la Bataille de Biella - An 1221, par Jegu De Como



#22 Kyeran

Kyeran

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Posted 21 January 2015 - 09:56 PM

A l'inchangeable Castel de Como, ah? je me répète?

 

 

Les voix se faisaient grosses et fortes comme pour mieux accompagner les mots. On en avait l'habitude, ici les nobles se querellaient à partir de sujets banals, les enfants jouaient leurs jeux dans des cris stridents et les chef domestiques beuglaient leur ordres aux sous-fifres. Bref, les murs étaient pleins de décibel, mais les voix du couple ducal ne s’élevaient que rarement l'une contre l'autre.

Tout le monde se faisait petit en entendant les propos échangés car Servan et Nevenez ne retenaient leurs mots devant quiquonque. Une telle franchise était appréciée pour certains, d'autres disaient que ce n'était pas décent. Toujours est-il que cela chauffait ce jour là.

 

-Il est en âge de se marier et la maison d'Aosta est réputée dans l'Europe entière! argumenta le duc debout contre la bibliothèque, appuyé sur sa canne.

 

Sa femme la Duchesse, ne faisait plus cas de cette dernière, après le savon mémorable qu'elle lui avait passé, duc ou pas il en gardait un souvenirs intemporel. Elle était assise à la table au centre de la pièce mais n'en demeurait pas moi redoutable dans son allure. On ne la lui faisait pas, la ruse était son atout mais elle vouait à son duc un amour inépuisable.

 

-C'est impossible, ma mère est la reine de France et tu voudrais que son petit-fils se marie avec une parente de Duc? Et que dira t-on du prestige de la Lombardie, tu y as pensé? Sans compter sur les nobles et les seigneurs , encore moins du Roy italien. Je doute que leurs avis soient très favorable.

 

-Qu'en est-il du petit? Doit-on laisser les titres gérer sa vie, son avenir? Dans ce cas je suis le Duc, c'est à moi que reviens la décision non? tempêta Servan

 

Un sourire parcourut les lèvres de Nevenez tandis qu'elle ramenait ses bras contre sa poitrine. Elle n'en démordrait pas, la décision n'en était que trop importante, mais pourtant elle pensait à son fils. La lutte entre les intérêts personnels et ceux du pouvoir faisait rage en elle en détruisant tous les acquis de son expérience.

Elle n'était pas un tyran, du moins ne voulait pas l'être mais selon elle la nation devait passer avant le reste, c'est ce qu'on lui avait apprit depuis son plus jeune âge.

 

-Dans ce cas en tant que Comtesse de Milan et Duchesse consort j'ai autant de poids dans la décision que toi. Je te rappelle également que la maison Aosta est notre alliée depuis des générations et ne semble pas changer de camp, quels bénéfices en aurions nous?

 

-Simplement un fils épanoui, ayant une épouse le soutenant et qui saura mener sa vie comme il l'entend sans que ses parents aient à choisir. Nous parlons du futur Duc, il est primordial qu'il ai les bases dans sa manière de faire ses choix.

 

-Pas quand ceux ci le dépassent! argumenta encore la Duchesse.

 

Soudain Servan en eut assez, dans un moment pareil il en aurait été quitté d'une bonne colère mais il avait plusieurs raisons de ne pas s’énerver. Tout d'abord, il s'agissait de son épouse qu'il aimait, respectait et craignait un peu, en second il savait la discussion vaine et stérile et enfin, il ne s'était pas encore remis de sa blessure de guerre. C'est donc d'un pas lourd mais décidé qu'il quitta la salle sans rien dire d'autre.

Il eut néanmoins assez d'énergie pour rejoindre Roparz en haut de la vieille tour de guet. Son fils regardait par delà l'horizon et se perdait dans ses contemplations, Servan le tira de ses réflexion par son arrivée et lui annonça le résultat de ses négociations.

 

-Ta mère est aussi inflexible que ce que l'on dit de Louarn le Nordique. Je craint que ce ne soit pas aisé de te marier à cette fille. fit-il en s'asseyant par terre, près du mannequin si souvent brutalisé.

 

-Alis père, elle se nomme ainsi... Et je connaissais les risques en soumettant ma demande, maintenant je ne sais que faire de plus et je me morfond. soupira Roparz.

 

-Rejoint là avant que ta mère ne te cloître sans le vouloir, voila ce qui est à faire. Nevenoe est de mon âge, explique lui l'affaire calmement et tu auras peut-être son appui.

 

-Mais... commença le fils.

 

-Va, ou tu le regretteras tôt ou tard. Talwin et Goulven sont sans doute déjà à conseiller notre Duchesse et à la faire réfléchir, ils sont bon parleur quand ils le veulent. Et puis profites en tant que tu n'es pas Duc, la liberté s'échappe vite.

 

Tandis que son fils s'en allait quérir son cheval et préparer son nécessaire de voyage, Servan resta dans la tour à admirer à son tour le ciel et l'horizon. Il n'avait pas connut son père ou très peu, son grand-père avait tout fait pour combler ce vide mais rien n'avait remplacé Ferrier. Il ne voulait pas faire la même bêtise avec ses enfants, il les soutiendrait jusqu'au bout à l'encontre de n'importe qui dans le raisonnable.

Alors qu'il voyait un cavalier sortir en trombe de l'enceinte de castel, il se mit à répéter ses mimiques de surprise qu'il servirait à sa femme au moment de l'annonce de la disparition du gamin.



#23 Volkmar

Volkmar

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Posted 22 January 2015 - 09:56 AM

Les rois d'Italie n'avaient jamais été de grands baroudeurs. En dehors des campagnes militaires et des champs de batailles, ils résidaient entre Calvi, leur terre d'origine où se trouvait le castel familial, et Udine, la capitale du royaume, où se trouvait la nécropole familiale, depuis Vio l'ancien et son fils qui n'avaient jamais été couronnés.

Mais cette fois ci, d'Udine à Calvi, le roi avait décidé de faire un détour.

Et c'est ainsi qu'entre chien et loup, Kadou de Corse se trouvait à la porte du castel de Como, accompagné d'une mince escorte de ses plus proches.

Le reste de la troupe royale avait continué la route vers la Toscane, autour de la reine.

L'un des compagnons du roi mit pied à terre, et s'en alla frapper à la porte, énergiquement.

Le roi, à cheval encore, regardait la campagne Lombarde autour de lui, paisible et riche, encore bruissante des insectes et bêtes qui la peuplaient, malgré l'heure tardive.

Sur la route qu'il avait prise, il avait vu des blés riches, des villages populeux, des fermes bien entretenues et des auberges de campagne ouvertes sans crainte des pillards ou de la soldatesque désoeuvrée. La paix avait enrichi son royaume, et cela faisait plus d'un siècle qu'un vrai conflit n'avait pas touché le sol Italien. Il espérait que cette guerre qui serait la sienne, comme son père et son grand père avant lui avaient eu les leurs, ne viendrait pas perturber la sérénité de l'Italie.



#24 Kyeran

Kyeran

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Posted 22 January 2015 - 08:59 PM

Quelques jours après le départ de leur fils, le couple Lombard s'était installé dans une morne routine. La dispute avait prit fin mais venait la guerre froide, d'un côté Nevenez savait ce que son époux avait fait et se maudissait de ne pas avoir retenu Roparz tout en s'en sentant soulagée. Les émotions des mères sont souvent complexes, mais Servan lui se sentait juste indifférent. Il savait sa cause juste et n'avait cure de la colère de son épouse, voila pourquoi chacun se parlait gentiment mais restait campés sur ses positions.

 

Ce jour ci, elle se trouvait sur son trône à répondre aux doléances des loyaux gens Lombards, c'était son tour car d'ordinaire ils se partageaient la tâche, aussi Servan s'affairait dans la bibliothèque avec kyeran, le Cavaliere et chef des écuries. Le Duc avait pour projet d'élever les meilleurs chevaux de combat pour les futurs conflits ce qui pourraient donner aux italiens un gros avantage.

 

-Il est très possible votre Grâce d'arriver à un dressage optimal de cette manière. Un cheval dévoué sa vie entière à une seule et même personne... nous avons de bonnes bêtes en nos écuries qui une fois sélectionnés deviendront les fondateurs de la lignée. expliquait l'homme expert en la matière.

 

-Bien, vous avez carte blanche sire, demandez ce dont vous avez besoin à l'intendant, il doit bien être dans un coin frais du Castel, il craint assez la chaleur. Néanmoins je veux connaitre chacune des avancées que vous ferez et....

 

Il se tut soudain car les cors résonnaient dans chaque pierre de l'édifice. Il prit congé du Cavaliere et se dirigea avec hâte et en prenant encore appuis sur sa canne vers les portes du Castel. Il sortit par une porte dérobée dans la cours intérieure alors que son épouse arrivait par le hall. Se plaçant à ses côtés pour recevoir leur visiteur, il lui prit la main en guise de paix et d'amour, elle ne la refusa point mais ne fit rien pour lui faciliter la tâche.

 

-Et bien ouvrez donc la porte andouille! Ce pauvre type va se casser le poignet à force de frapper! lança la duchesse.

 

ils s'empressèrent d’obéir mais personne ne put penser à la réalité en voyant l'identité de leur invité. Ce fut Servan qui se reprit en premier et qui s'avança le plus aisément possible vers son suzerain à cheval. Il ne disait encore rien tandis qu'il prenait la bride et faisait avancer l'animal vers son Castel, indiquant ainsi clairement à chacun qu'il se trouvait en dessous de cet homme.

Là, il planta son genoux en terre et baissa la tête en parlant tandis que tous les lombards s'inclinaient de la même manière.

 

-La Lombardie vous accueille mon Roy, et ce Castel et ce qu'il contient est votre.

 

Si je peux me permettre, pour quel honneur avons-nous le Chef Italien en nos murs mon seigneur?

 

Ainsi le protocole était remplis. Servan ne s'inclinait que très rarement, à dire vrai, uniquement devant son Roy et cela se voyait à la tête des gens présents. Mais chacun voyait le prestige de l'homme à cheval ainsi que son aura redoutable.



#25 Thael

Thael

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Posted 23 January 2015 - 11:55 PM

[Castello Torinese, Ducato di Piemonte]
 
 
La famille d'Aosta séjournait depuis plusieurs semaine dans son palais des plaines, en la cité fortifiée de Turin. Nevenoe, avait succédé à sa grand mère Trestana, morte à 76 ans. Sa mère, Andrea avait été emportée quelques années auparavant par une mauvaise toux et Nevenoe avait donc endossé le poids de la couronne ducale.
Sa politique s'orientait sur la refonte de l'armée d'Aosta, investissant notamment dans de nouvelles pièces d'artillerie, mais également, sur le développement urbains des cités dont il avait la charge. Ses aïeux avaient œuvré à la grandeur et à la défense du Royaume d'Italie, permettant l'établissement d'une paix que le Duc avait mise à profit.
Comme tous ses ancêtres, Nevenoe mettait l'honneur et le respect des règles vassaliques avant toute chose, mais contrairement à ses aïeux masculins, il était loin d'être expansif et démonstratif, préférant les longues périodes de silence aux grandes agitations.
 
Ce jour là, alors que le Duc était en pleine discussion muette avec son épouse Pacifique, issue d'une des nombreuses branches de la famille d'Aquilla, un valet vint les déranger.
 
Sa Grâce Roparz de Como, héritier de la famille Como et du Duché de Lombardie, demande audience auprès du Duc du Piémont, Monseigneur.
 
Nevenoe sortit de ses silencieuses pensées.
 
Qu'il entre, Un de Como est et sera toujours le bienvenu en mes demeures.
 
Le domestique s'exécuta et Servan fut introduit quelques instants plus tard dans la pièce.
 
Cher Duc, ami de mon père, je suis venu vers vous sur ses propres conseils.
Il marqua une pause en regardant le couple Ducal.
J'aime votre cousine, Alis d'Aosta qui m'aime en retour et je souhaiterais votre bénédiction pour aller demander sa main à ses parents. Cependant, ma mère qui est Princesse de France ne voit pas ce mariage d'un bon œil, mais je me refuse à laisser parler les raisons d’État face aux raisons du coeur, aussi, je vous demande hospitalité, le temps que je puisse me marier, si vous y consentez, bien entendu.
 
Nevenoe, qui avait attentivement écouté le jeune Como, le toisa longuement, sans laisser paraître d'émotion laissant à penser qu'il était favorable ou non à la demande.

 

Etant donné que la famille Como est alliée et amie de la Famille d'Aosta depuis de nombreuses générations, et puisque l'un comme l'autre vous aimez, je vous donne ma bénédiction pour ce mariage. Nous publierons les bans et celui-ci se fera en la Cathédrale Nostra Signora dell'Assunzione à Aosta. A partir de là, je vous laisserai le Castel de Susa comme nouvelle demeure pour votre couple, le temps que vous jugerez nécessaire.

D'ici là, vous serez mon hôte, ici à Turin.



#26 Kyeran

Kyeran

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Posted 25 January 2015 - 10:05 PM

Au Castel des Ducs de Turin, pour changer un peu de Como

 

 

Roparz avait chevauché à une allure effrénée jusqu'à sa belle, ne laissant que quelques heures de répit à chaque arrêt pour sa monture. Il s'était présenté au Duc sans grande cérémonie, ses doigts faisant office de peigne et un dépoussiérage vite expédié et le tour était joué.

Là, il avait vécu les minutes les plus éprouvantes de sa vie, dans un Castel différent de celui ou il vivait, avec un autre que son père sur le trône de la grand'salle il s'était figé pour entendre la sentence. Comment un cœur pouvait-il se rétrécir d'un coup et continuer de battre? Il avait eut l'impression que ce dernier voulait sortir de sa poitrine en donnant des coups furieux de l’intérieur.

Il en oublia presque de répondre lorsqu'on le Duc exauça ses vœux les plus fous.

 

-Je... Je vous remercie de toute mon âme votre Grâce et je suis sur que mon père même à des lieues d'ici le fait aussi. Si vous le permettez, je m'en vais de ce pas retrouver Alis et lui faire part de la nouvelle...

 

Il se redressa pour sortir le sourire sur les lèvres, mais il se figea de nouveau en perdant sa joie un moment. Il se retourna et se plaça de nouveau devant le couple ducal.

 

-Je doit vous dire une dernière chose votre Grâce, ma mère n'est pas personne à laisser ses cartes s'envoler. Ses raisons d'Etat priment et elle sait sans doute que je suis ici ou dans les environs. Elle enverra certainement me chercher, j'en suis à l'avance désolé... pour toute ces manigances...

 

S'en retournant à pas lent et mesurés, il quitta les salles officielles pour les appartements de sa douce. Une fois annoncé et introduit dans son salon, il la prit dans ses bras en la faisant tournoyer tout en riant. Lorsqu'il la déposa enfin sur le sol, il n'avait plus besoin de lui parler, leurs yeux se disaient déjà tout et leurs cœurs il en était sûr, battaient à l'unisson.

 

-Tu y es parvenu! Tu l'avais promis et tu es là! dit-elle en lui prenant le visage dans les mains.

 

-Je respecte toujours ma parole et j'ai la chance d'avoir un père pensant à ses enfants avant le duché... Devine ou nous passerons les prochaines semaines mon aimée?

 

Pour la suite, ce ne serait que trop guimauve. Qui a envie de savoir toutes les conversations futiles de deux amoureux? Aussi je laisse votre imagination faire le reste... Qui a osé dire que j'était un fainéant? Le boulot de narrateur n'est pas de tout repos, j'ai même une prime de risque si jamais l'un de mes personnages n'est pas content du tableau que je fais de lui, non mais!



#27 Kyeran

Kyeran

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Posted 28 January 2015 - 09:36 PM

Quelques mois plus tard à quelques distances de Como.

 

https://www.youtube....h?v=fdawCGMGgto

 

 

Roparz se trouvait dans un état de déchéance extrême comparé à la dernière fois. Ses joues s'étaient creusées, ses yeux ternis et le blond brun de ses cheveux avait laissé place à une couleur si claire qu'elle paraissait blanche. La vie semblait l'avoir déserte et l'enthousiaste qu'il mettait jadis dans ses actions était partit avec elle.

Soudain la gamine, qui ne devait pas avoir plus de trois ans de moins que lui, lui apporta la chope suivant les nombreuses autres qu'il avait commandées plus tôt dans la soirée. Il pouvait se permettre de ne pas se cacher, son visage n'était pas connut dans ce village ni dans la grande majeur partie du Duché... pas encore.

 

-Vous ne devriez pas boire à vous rendre triste ainsi par les temps qui courent! le réprimanda gentiment la fille. Puis après le regard qu'il lui lança elle ajouta:

 

Les temps sont au changement, un nouveau Duc trônera bientôt à Como et les gens sont près à faire des folies lorsque le changement donne espoir d'un avenir plus riche.

 

Il ne répondit rien une nouvelle fois, exaspérée et sans doute vexée qu'en tant qu'homme il ne s’intéresse pas à elle, elle partit en lançant avec dédain.

 

Les voyageurs comme vous devraient investir, qui sait si un jour ils pourront avoir un chez soi?

 

Laissé là à écouter les conversations il replongea dans ses affaires, le regard droit mais vague. Servan était mort, par sa faute et il n'avait même pas été là à son chevet idiot qu'il était! Trop occupé à l'amour et à son bonheur personnel il en avait perdu son père! Il avait rompu son exil suivant son mariage mais n'était arrivé que trop tard et avait même manqué les funérailles.

C'est ainsi qu'il était repartit, laissant les affaires ducales à sa famille et se renfermant de plus en plus sur soi. Son épouse Alis s'occupait de l'interrègne avec les conseillers de son père ainsi que sa mère qui bon gré mal gré respectait l'autorité du nouveau Duc.

 

-Alors mon gars? Ne boit pas tout seul, tu vas t'ennuyer hein? s'exclama d'un air narquois un jeune de son âge accompagné de sa bande.

Tu as perdu ta langue? Ou tu es muet c'est ça?

 

Les moqueries continuèrent ainsi quelques minutes jusqu'à ce que Roparz prenne enfin la parole d'une voix dangereusement calme en regardant le chef. Un regard froid et meurtrier qui eut une réponse du même acabit.

 

-Rendez moi ma bourse. Je parle de celle dont vous venez à peine de trancher le cordon.

 

-Ah ah ah! On parle enfin? Mais je n'ai pas de bourse, vois plutôt! répondit l'autre en lui envoyant un coup dans la figure.

 

Après l'avoir ramassé, on le souleva de terre et d'autres coups tombèrent un par un, entrecoupés d'insultes mais le fils de Servan n'en avait cure. Il se fichait de tout et même de la vie. Tout le monde regardait le spectacle sans rien faire, la taverne n'était pas réputée pour son calme. Énervé par le manque de réaction de sa victime, le voleur fit certainement l'erreur de sa vie.

 

-Ton abrutis de père aurait dû t'apprendre à te battre non? J'imagine qu'en te voyant à la naissance la déception a été rude et qu'il n'a même pas essayé hein?

 

Tel un volcan, la rage explosa en Roparz. Comme son père, la colère le submergea et son visage se durcit, ses poings se serrèrent et un hurlement à glacer les sangs s’échappa de son gosier. Personne ne put l’empêcher de ruer de coup l'intégralité de la bande du voleur à coup de tables et de tabourets fracassés sur la tête.

La garde municipale fit irruption et séparèrent les protagonistes à grand mal, Roparz monopolisant à lui seul une demie douzaine de gardes. On envoya les turbulents aux cachots en attendant leur jugement tandis que la taverne retrouvait son calme.

 

-Qui aurait crut que ce va-nu-pied de voyageur serait aussi fort? s'exclama la fille serveuse.

 

-Dans tous les cas, il n'est pas très malin ce p'tit gars! Se faire faucher ainsi sa bourse tssss... répliqua un paysan quarantenaire.

 

-Détrompez vous... Les jeunot comme vous n'ont pas connu la jeunesse de l'ancien Duc. Jadis lorsqu'il se battait, Sa Grâce Servan avait la même rage au ventre, le pauvre.... paix à son âme...

 

Melio originaire de Cremona se leva après avoir prononcé ces paroles et laissé les bavards sans mots à dire. Son âge assez avancé ne lui permettait plus de tenir assis des heures durant et il n'avait pas envie de végéter dans des tavernes. Il y avait plus important à voir ailleurs...



#28 Kyeran

Kyeran

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Posted 02 February 2015 - 09:53 PM

Cour Suprême de Justice Lombarde, Como

 

https://www.youtube....h?v=4J7K3yacig4

 

 

Le Duc Jaoven se tenait droit, sur le trône de la grand'salle réaménagée pour l'occasion. Celle ci comportait maintenant des bancs et des chaises tout autour du centre de la pièce ainsi que deux tables de part et d'autres du siège Ducal. Il n'y aura pas à dire que chaque place était prise et que l'on se tenait même debout sur la moindre parcelle de pavé de libre. L'instant était inédit et probablement unique pour les siècles à venir, c'était du moins le but de notre nouveau Duc. Euphénie ne siègeait pas à son côté, il y avait tenu tandis qu'aux deux tables de maître se tenaient respectivement Goulven en tant que Juge de son vicomté, Gestin le greffier, Ke le Seigneur du Lieux du méfait et Soaig le doyen de la famille. Ceux ci soigneusement choisit formaient le conseil de Justice exceptionnelle.

 

Le jeune Chef Lombard expira fortement en se passant une main sur le visage avant d'hocher de la tête et de commencer le procès.

 

-Que l'on fasse entrer l'accusé!! demanda t-il d'une voix forte et claire. Puis lorsque l'homme fut placé entre deux gardes, les fers aux poignets, Jaoven continua.

 

Albyo Massino, fils de Paol et de Trestana, originaire de la Seigneurie de Piacenza. Vous êtes ce jour et icelieu placé en accusation pour meurtre prémédité sur personne de noble rang. La victime n'est autre que Roparz De Como, Duc Lombard jusque dans la mort.

 

Aussitôt le prévenu se mit à protester et Jaoven ne put continuer. Son frère n'était plus et il réalisait ce que c'était qu'être Duc! Il comprenait aussi son besoin de s’échapper. Ce fut Gestin qui reprit l’énoncé des faits, la bagarre dans la taverne qui n'était pas sans rappeler celle d'un ancêtre Talwin, la mise en geôle des protagonistes pour la nuit et l'amende pour les frais occasionnés. C'est de cette amende que partit l'affaire, une vengeance personnelle et un bleu dans l'amour propre c'est ainsi que la vie de Roparz avait été prise.

 

-Ainsi vous avez rassemblé plusieurs de vos comparses et avez tendu un guet-apens à sa Grâce la nuit suivante alors qu'il se rendait dans le village voisin. Reconnaissez vous les faits Sire? interrogea Gestin.

 

Devant le mutisme du malfaiteur, le Duc fulminait et même s'il savait jouer le jeu du meurtrier, ses doigts s'enfoncèrent dans les accoudoirs du fauteuil et ses yeux lancèrent des éclairs. Mais c'est sa soeur Eozenez qui lança la pierre, sans doute pour lui sauver la mise et dire ce qu'elle avait sur le cœur elle aussi.

 

-Vos acolytes ont d'après le crieur public été interrogés et ont été reconnu coupables de ce crime! Pour une banale amende vous l'avez percé d'une trentaine de coup de couteau? Alors qu'il voyageait en défendant sa bourse? s'exclama t'elle en sortant de la foule et en se plaçant devant le regard fuyant du prévenu. Vous avez des manières de réparer un affront vous! 

 

Soit! Je demande réparation pour le tort causé à mon frère. Qu'on lui inflige les mêmes sévices selon la loi du Talion, œil pour œil... dent pour dent... et les dents de Como sont aiguisées!

 

Sous l'oeil scrutateur du vénérable doyen et du greffier qui ne perdaient pas une miette de la séance, on calma la sœur éplorée et on la ramena à sa place. Personne ne parlait, les chaines de Albyo tintaient, ses gardes étaient impassibles et le quatuor de jurés chuchotait à voix basse. Le Duc n'était pas aussi serein, son esprit était tourmenté par les souvenirs d'enfances, des jeux et des disputes assaisonnées d'une image d'un grand frère protecteur et bienveillant toujours prêt à prendre partit pour sa famille, coupable ou non. Enfin les jurés prirent la parole solennellement.

 

https://www.youtube....h?v=xUeaLmNDpG8

 

-Après les différentes audiences précédent celle ci, les condamnations et les aveux des amis de cet homme, le témoignage des gens de tavernes et des pisteurs du village... commença Goulven immédiatement repris par Gestin.

-Il a été décidé qu'aux vues du manque d'occupations à l'heure supposée du meurtre du sire et de ses implications dans la rixe de taverne...

-Est reconnu comme coupable du meurtre de sa Grâce Roparz le prévenu comparu par devant nous... continua Ke

-Nous conseillons la sentence adéquat et capitale concernant cette affaire. Sa Grâce Jaoven sera à même de confirmer ou infirmer notre jugement et la sentence. termina le doyen Soaig.

 

Ce fut au Duc de se lever devant le tumulte provoqué chez les spectateurs du procès à l'annonce de la condamnation. Il contempla la salle et ses sujets en refermant la porte "nostalgie' de son esprit. Il était Duc désormais, et le serais de la plus juste possible.

Aussi il s'adressa à la foule en premier lieu malgré le désir brûlant d'atteindre le malfrat et de resserrer ses mains sur son cou.

 

-Par soucis de Justice et pour preuve que pas même les affaires ducales ne sont exemptes de loyaux procès, nous avons organisé celui ci. Qu'il soit sut de tous en ce Duché Lombard que tuer est un crime odieux pour lequel nos juges n'auront aucune pitié. Nous sommes en paix, la mort ne doit pas être donnée autrement que par Dieu.

 

Le prévenu est condamné à passer sa jeunesse ainsi que le restant de sa vie dans les geôles de Cremona afin qu'il paie de la longueur de sa vie, la brièveté de celle de Roparz. Qu'il en soit ainsi!

 

Jaoven s'en retourna sur ces paroles et n'accorda plus un regard à l'homme qui l'avait propulsé Duc d'un coup de lame bien placé. Il allait payer, au centuple même si ce ne serait jamais assez. Il savait que cela lui coûtait mais ne voulait se l'admettre, jamais il ne reconnaîtrait vouloir une corde simple autour du cou de l'homme, c'était mieux ainsi.

La vie continuait et des interrogations survenaient. quand aurait-il un héritier? Et comment redresser le duché après toutes ces histoires? Il pensait de plus en plus à se tourner vers les alliés biens connus des Lombards. Mais les gens de Schwyz semblaient eux aussi occupés à leurs affaires ces derniers temps, tout comme chacun...



#29 Kyeran

Kyeran

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Posted 06 February 2015 - 04:49 PM

Dans un vieux reliquaire des archives de la bibliothèque de San Iael en Lombardie se trouve un passage intéressant. Bien sûr, le temps a fait son oeuvre et l'écriture penchée devient illisible à certains moments mais ces écrit relatent d'une grande précision les faits et gestes des seigneurs lombards et de leurs voisins. Nous pensons que les auteurs successifs de ces lignes étaient les descendants du dernier fils de Iael le fondateur, un certain Servan.

 

https://www.youtube....h?v=nOr0na6mKJQ

 

 

[...] Jaoven fut l'un des Ducs les plus actifs de Lombardie, la raison tiens sans doute du fait de l'état du duché au début de son règne. Son père n'ayant pas vécu assez longtemps pour instaurer une paix durable, quant à son frère Roparz, il vécu encore mois longtemps que son père. Les gens du peuple ne savaient plus ou aller ni s'ils étaient en sécurité dans leur propre chaumine. Si l'on arrivait à assassiner un Duc, pourquoi reculerait-on devant un simple paysan?

Et pourtant, lors du couronnement de Jaoven et de son épouse la Duchesse consort Euphénie de Corse, un événement sembla rétablir le cours des choses. Le soleil donna de ses rayons sur le vitrail semblant apprécier ses représentants lombards mais ce fut le rapace sauvage entrant dans [... illisible ...] symbole de force, de sagesse et de rapidité selon certains.

 

Puis il y eut la guerre, contre les duchés de Toscane et Verone dirigés par la maison Venise. Belliqueuse au point de refuser tout contact avec les autres maisons, elle a finit par froisser les puissances. La mobilisation a [... illisible ...] Aosta, Sulmone et Aquilla furent aux côtés des Lombards pour ce qui fut une guerre sans merci mais sans adversaire potable, ayant préféré la fuite en laissant ses hommes défendre les pierres.

C'est à partir de là que l'idée d'expansion germa dans l'esprit du Duc...

 

-Arrête donc de prendre systématiquement des notes Ioun, et donne plutôt ton avis sur la question. sermonna Jaoven allongé dans l'herbe sous le soleil pesant de l'été 1240.

 

Le Duc se trouvait avec son frère Lomig et Ioun, un cousin éloigné mais qu'il considérait comme son frère depuis sa naissance. Un peu près du même âge, ils étaient partis à la chasse sans domestiques munis uniquement d'un cheval et de leur matériel. Parfois cela faisait du bien de sortir du cadre protocolaire et Jaoven en profitait pour demander conseil à ces deux ci sur certaines affaires.

Le dénommé Ioun soupira, rangea le parchemin dans la sacoche de selle et revint s'installer avec un brin de blé entre ses dents. Lorsqu'il fut confortablement posé, il reprit la conversation là ou ils l'avaient laissé.

 

-Annexer Verone est une bonne idée tant sur le plan politique que géographique. Niveau économie cela ne rapportera pas grand chose, cependant les relations commerciales seront améliorées. Et il ne faut pas oublier que cela fera une frontière de plus avec la germanie et la Schyz. Même si nos familles ne se sont pas vues depuis longtemps, nous restons alliés au cas ou.

 

Lomig et Jaoven se regardèrent puis examinèrent leur cousin d'un air ébahi. Continuant de regarder le ciel et les cîmes des arbres, il ne comprit pas tout de suite ce qu'ils lui trouvaient, il leur sortit un juron en leur demandant ce qui n'allait pas.

 

-Tu n'es jamais si sérieux d'habitude. Demande une place au conseil hein, cela te siéra très bien! plaisanta Lomig en éclatant d'un rire bruyant.

 

L’intéressé ne répondit rien et son visage se renfrogna. Il croisa les bras en signe de contestation, son refus de siéger chez les hauts conseillers était légendaire, il tenait à conserver sa liberté. Une fausse expression de colère passa sur ses traits alors que Jaoven riait à son tour en donnant un coup de coude à chacun.

 

-Moi je pense que c'est très bien comme cela. Lomig en bouc émissaire de la cour, Ioun qui ne dit rien mais n'en pense pas moins et garde son oreille là ou il faut... Plus tard peut-être, mais le moment est à la chasse et au plaisir. Les affaires d'Etat viendront bien assez tôt!

 

Les chevaux étaient déjà chargés de gibier prit le matin même histoire de ne pas revenir bredouille. Ils avaient l'après midi devant eux, ils en profitèrent pour se baigner dans la rivière et roupiller tout leur saoul. Jaoven voulait restaurer l'ère de bon vivant et de la joie de vivre d'autrefois.



#30 Kyeran

Kyeran

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Posted 15 February 2015 - 11:26 AM

Dois-je encore le dire? A l’inébranlable Castel de Como.

 

 

Mais cette fois ci, une ambiance différente animait les pierres, une de ces atmosphères qu'on avait pas connue depuis une cinquantaine d'années, précisément depuis la guerre Germano-Italienne. Aujourd'hui, les hordes de serviteur en tous genres couraient orner les murs de tentures et guirlandes tandis que d'autres préparaient les appartements et encore d'autres s'activaient en cuisine.

Le Duc avait réussit à ramener un semblant de joie de vivre, et le tour de force consistant à renouer les liens perdus. La famille de Belfort arrivait dans son entier sans exception comme l'avait stipulé Jaoven à Enor.

 

Le Duc se trouvait dans la grande salle, debout à observer les préparatifs et à proposer son aide pataude sous le regard insistant de sa femme. C'est qu'elle avait un sens inné de l'honneur et du travail, assez extraordinaire pour la fille d'un Roy...

 

-Allez donc aider Maria à placer les tables mon aimé, vous voyez bien qu'elle n'a assez de sa force pour cela. lançait-elle par exemple.

 

Alors le Duc se dirigeait vers la femme et soulevait les tables et les plaçait avec elle. Les nobles autours d'eux étaient consternés et perdus. Ils ne savaient plus s'il fallait aider ou rester voir. Certains donnaient un coup de main et cela donnait un tableau original. Les nobles et leur Duc aux côtés des serviteurs à organiser la salle et le castel.

 

-La Grand'Salle tiendra nos deux familles c'est certain, mais les chambres seront-elles assez nombreuses ma Duchesse? demanda Jaoven tout en continuant sa tache.

 

Elle lui répondit de la même façon, occupée à placer les chaises et bancs sur le pavage de marbre. Elle sembla réfléchir un instant puis sourit avant de parler.

 

-Je pense que oui, et s'il n'y a pas assez de place, les nobles des alentours de Como pourront bien héberger le reste de nos deux familles. Prennez Sire Boréal ou Sire Grumman qui attendent là bas, je suis sure qu'ils seront enchantés...

 

Sous les bégaiements des deux protagonistes, le couple ducal éclata d'un rire doux qui montrait à quel point le pari de Jaoven commençait à se réaliser. Les Lombards seraient eux aussi à leur table pour fêter la réunion des familles et les bonnes choses tout simplement.



#31 Aloys

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Posted 15 February 2015 - 06:54 PM

Dans l'impressionnant convoi qui traverse laborieusement les montagnes du sud de Schwyz, un carosse, avec deux femmes à l'intérieur. Deux femmes qui se ressemblent trait pour trait, malgré la petite dizaine d'années qui les sépare. Deux femmes au même tempérament. Douces et effacées d'apparence, comme il sied aux Dames à cette époque, mais d'une intelligence acérée, et d'une détermination tout ce qu'il y a de plus germanique.

 

La plus jeune n'est autre que Mikaela, épouse du Duc de Schwyz et mère du petit héritier de la Maiosn. L'autre, sa cousine Briagell, qui règne en maîtresse sur les finances plutôt prospères du Duché.

 

C'est cette dernière qui parle, de sa voix douce

 

- Pensez vous, chère cousine, qu'il soit bon que le Duc cavale ainsi, avec son fils en croupe ? Le temps n'est pas bon, et votre petit Perig n'a pas l'air robuste.....sans compter une embuscade possible, sur ces routes de montagne.

 

Un léger soupir de la Duchesse consort, qui répond avec un petit sourire

 

- Mon amie, vous avez raison, mais vous connaissez Enor. Sans cesse en mouvement, allant de ci de là , d'une affaire politique à un grimoire d'alchimie, tout en discutant rouages avec un artisan...et je crains que notre fils ne possède le même caractère. A vrai dire, j'en suis heureuse, mais il est vrai que leurs gardes du corps le sont moins...

 

Briagell hocha la tête. Elle connaissait fort bien les excentricités du Duc, étant donné que c'était son époux, Rieg de Leipzig qui était chargé de la sécurité personnelle d'Enor. Les vitupérations de Rieg faisaient souvent trembler les murs de leur chambre, notamment une fois où le Duc avait tenté une malheureuse expérience d'alchimie qui avait dévasté le laboratoire ducal et mis le feu aux habits d'Enor. Il avait fallu toute la vivacité de Rieg, qui avait roulé le Duc dans une tapisserie épaisse pour éviter que le Régnant de Schwyz ne finisse en poulet rôti, et que Perig ne devienne Duc plus tôt que prévu.

 

Le carosse s'arrêta, et, comme on parlait du Loup de Leipzig, celui ci frappa à la portière.

 

- Rieg, mon Ami, que se passe-t-il ? Pourquoi nous arrêtons nous ?

 

- Nous nous arrêtons, Votre Grâce, parce que votre mulet de mari a trouvé dans un champ une fleur extrêmement rare et qu'il serait impensable de n'en pas cueillir un sac ou deux afin de faire un herbier ! Un herbier !

 

Rieg appréciait les qualités d'Enor, mais, allez savoir pourquoi, l'idée qu'un des hommes les plus puissants du Reich puisse faire collection de fleurs séchées l'irritait quelque peu.

 

A ce train là , ce sera assez bon si nous arrivons au Castel de Como avant le prochain hiver ! A Dieu ne plaise! Nous souperons en broutant des fleurs !

 

Sans plus attendre, il éperonna furieusement son cheval pour aller passer ses nerfs sur l'arrière garde en les houspillant.

 

Les deux femmes échangèrent un regard de complicité, où pouvaient se lire à la fois la résignation et une pointe d'amusement, avant de tourner la tête au son d'une voix d'enfant pleine d'excitation.

 

- Mère ! Bria ! Père et moi avons trouvé une variété de renoncules extrêmement rares !

 

Perig de Belfort, les joues rouges, essouflé, venait de bondir dans le carosse avec une brassée de fleurs dorées qu'il tendit aux deux femmes.

 

- Mon Fils, vous êtes un Amour, elles sont magnifiques !

 

- Savez vous que la renoncule possède une substance très toxique, et que cette variété possède une concentration de poison extrêmement importante ? Imaginez, si nous en mangions, nous connaitrions une longue et douloureuse agonie ! C'est merveilleux n'est-ce-pas ? Mais....pourquoi riez vous toutes les deux ? Vous vous moquez, c'est fort méchant de votre part !

 

- Mon Fils, ne le prenez pas mal. Venez vous reposer près de nous pour le reste du voyage, pour vous faire pardonner, je vous conterai la Geste de Rolland.

 

Perig les yeux brillants, s'installa près de sa Mère. Bercé par le cahot du carosse, et la voix de sa Mère, il s'endormit très vite pour ouvrir les yeux auprès d'un Castel aux murailles imposantes.

 

La Mesnie belfortaine était arrivée aux Portes de Como.



#32 Kyeran

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Posted 16 February 2015 - 07:33 PM

Le convoi passerait par cette route c'était certain, l'embuscade serait parfaite. Les portes du Castel n'étaient pas ouvertes pour le moment, les germains devraient s'arrêter et lui tapis dans le bosquet proche de la route au pied des remparts ne devrais pas faiblir. Son épée à la main, il repassa toutes les étapes de son plan le plus génial ayant jamais germé dans sa caboche.

Ses cheveux blonds volaient au vent et lui indiquèrent qu'il ne serait pas repéré par les chiens des gardes, il consulta le soleil d'un oeil expert comme le lui avait apprit son Duc de père et en déduisit que l'action ne devrait pas tarder.

 

Le premier accroc dans son plan fut le guetteur posté en haut des remparts sonnant bruyamment le cor. en quelques instants le début du convoi se rapprochait dangereusement de sa cachette et les grandes portes s'ouvrirent sous les trompettes Ducales. S'il voulait agir, il devait le faire vite aussi il serra son arme, se prépara à bondir et gonfla sa gorge pour sortir un hurlement digne des plus grands héros... A l'assa!!!!

 

-Brieg De Como! Veux-tu sortir comme il sied de ces arbres! prononça la voix calme mais d'un ton plus élevé et autoritaire mêlée à une once de peur.

 

Aussitôt l'enfant sursauta et trembla violemment tout en tombant de la branche basse lui servant d'appuis. A quatre pattes il se releva penaud, ramassa son arme de bois et leva la tête pour faire face au Vicomte de Vercelli sur son cheval. Matilin, conseiller proche du Duc et de son entourage lui adressa un regard faisant office de sermon avant de se retourner vers ses interlocuteurs.

 

Puis il compris à juste titre la crainte du Vicomte. Le rejeton héritier Lombard ne pensait pas être si proche des germains, il faut dire que la mesnie s'étalait à perte de vue sur toute la largeur de la route. Tous les hommes de tête portaient une arme et la majorité d'entres elles était pointée vers lui. Son cœur cogna plus fort dans sa poitrine car il savait déjà comment était considérée son action, incident diplomatique diront certains, attentat diront d'autres. 

Un court moment de répit fut accordé à Brieg lorsque Matilin se plaça toujours sur sa monture, entre lui et ces hommes en parlant assez vite une langue inconnue du jeune frondeur.

 

Bien qu'elle soit incompréhensible pour lui, nos technologies nous permettent de la traduire pour la bonne compréhension de tous ou presque.

 

-Sire Rieg, n'y voyez pas signe de défiance envers vous, il s'agit simplement du jeune fils de sa Grâce Lombarde. Pourriez vous s'il vous parait juste, ranger ces armes. Nous vous réitérons la promesse de sécurité en notre Castel et mis à part les petits italiens dans nos jambes, rien ne pourra vous nuire.

 

Matilin se permit un petit soupir, tout d'abord parce qu'il avait parlé vite dans une langue qui n'était pas celle de sa naissance et enfin car il s'en était fallut d'un cheveux que la Lombardie perde son héritier. Son visage pâle comme un linge repris peu à peu des couleurs et il repris à l'intention du Duc et de son commandant en chef. Après avoir accompagné la maison germanique le long de la campagne lombarde, sans incident majeurs, voila que le propre fils de Jaoven faisait le malin...

 

-Je vous invite à continuer la route au delà de ces portes, sa Grâce le Duc vous attend. Je vous fais la promesse que cet enfant ne vous importunera plus et... pour vous en assurez, je peux placer le seul héritier mâle de la Lombardie entre vos mains en gage de bonne foi.

 

En joignant le geste à la parole, il descendit brusquement de cheval pour prendre Brieg par l'épaule en le mettant devant lui en évidence. Rouge jusqu'aux oreilles, le fauteur de trouble ne levait pas le regard, trop intimidé par les gens en arme même avec son épée de bois.



#33 Aloys

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Posted 17 February 2015 - 07:14 PM

- C'est ça Como ? 

 

- Ja

 

- Joli Castel, ma foi....doit pas être facile à assiéger...

 

- Affirmatif, heureusement qu'on est là en invités....pas mécontent d'être arrivé, j'en ai plein les....

 

- Quoi ? 

 

- Ca bouge, là...

 

- Où ça ? 

 

- Dans le taillis, là, en face du carosse de la Duchesse, je te dis que ça bouge !

 

- Ach, cheisse....

 

Les soldats de Schwyz sont braves et disciplinés. Obéisssant donc aux recommandations préconisées dans le célèbre fascicule "Comment devenir un guerrier helvète et mourir glorieusement pour son Duc en 10 leçons", fascicule gracieusement distribué dans toutes les bonnes casernes de Belfort à Eppenstein, les hommes tirent leurs armes illico, pendant qu'un cavalier galope chercher Rieg de Leipzig, dont la voix tonnante se faisait entendre de l'arrière garde. Celui surgit comme un diable, donnant imédiatement ses ordres.

 

- Donnerwetter ! La Garde ducale autour du carrosse ! Ma garde personnelle, cernez le taillis ! Et trouvez moi le Duc qui doit encore être fourré au milieu de ses renoncules !!!!!!

 

Les hommes commencent à peine à se mettre en position que le mouvement s'intensifie

 

Un cri aigu, interrompu par une voix plus grave. Craquement de branches, mouvement confus. Puis un homme surgit sur sa monture. Derrière lui, un blondinet armé d'un sabre de bois.

 

Première surprise, premier moment de flottement.

 

L'homme salue courtoisement Brieg et explique dans un allemand impeccable, qui est l'assaillant. L'héritier de Como en personne.

 

Deuxième moment de flottement parmi les soldats, qui se regardent, baissent à moitié les armes, ce qui leur vaut une volée de bois vert de la part de leur chef

 

Qui vous a dit de baisser la garde, bande d'ahuris ???

 

L 'hommme descend de cheval et fait avancer l'enfant devant lui. Les gardes suisses se reprennent et lèvent à nouveau leurs armes, pendant que Leipzig, éperonnant son cheval, tourne autour de l'homme et du blondinet farceur, sans mot dire, scrutant les parages, à la recherche du moindre mouvement suspect. Il faut dire que question sécurité, le Brieg en question n'appréciait guère le second degré et les calembours. L'ambiance devenait franchement pesante. Un grand silence radio, en quelque sorte...

 

Que se passe-t-il ici ?

 

Celui qui venait de parler n'était autre que le Duc himself, Enor Von Belfort. Juché gracieusement sur son destrier, en costume de voyage, il tenait à la main une brassée de fleurs jaunes, en clignant des yeux vers les deux italiens.

 

Mon Duc, répondit Rieg, nous venons de surprendre deux individus aux intentions peu claires. Je connais l'homme, il s'agit de Matilin, homme de confiance du Duc Lombard. Peut-être devrions nous....

 

- Matliin  ? A la bonne heure ! Tenez moi ça, Rieg.

 

Et de fourrer la brassée de boutons d'or entre les pattes de Leipzig.

 

Le Duc approche son cheval, plissant les yeux, fouillant dans sa cape, marmonnant d'une voix indistincte....

 

Où les ai je fourrées ? Ha ! Voilà

 

Et de sortir une paire de binocles en fer forgé, pour les placer sur son nez, avant de poursuivre en souriant

 

- Veuillez me pardonner, Matlin mais j'ai la vue fort mauvaise, et cette petite invention optique me permet de voir plus nettement les choses et les hommes. Je suis ravi que vous ayez pris la peine de nous accueillir, et encore plus ravi de faire votre connaissance. J'ai oui dire beaucoup de bien de vous, et il me plait de vous voir en chair et en os, si je puis dire, vous et....

 

se penchant vers le blondinet pour mieux l'observer

 

- Que je sois damné si nous n'avons pas ici l'héritier de la Maison de Lombardie, l'intrépide Rieg de Como, armé jusqu'aux dents !

 

Une voix aigue se fait entendre derrière le Duc de Schwyz

 

- Père, ils ont voulu nous attaquer. Il faut le capturer et l'empoisonner à coups de renoncules !

 

- L'empoisonner ? En voilà une sotte idée mon fils ! L'héritier en personne vient nous accueillir, et tu veux lui faire brouter des fleurs toxiques, en espérant qu'il en broutera d'autres par la racine ? Matilin, veuillez pardonner la fougue de mon héritier. Vous savez comment ils sont à cet âge.

 

 

Sourire amical puis Enor reprend

 

- Nous vous suivons, Matilin !

 

Puis après avoir rangé ses binocles et attendu que l'italien enfourche son cheval

 

- Vous semblez bien pâle....seriez vous malade ? Savez vous qu'il existe dans votre belle région un crucifère qui, séché et infusé, donne une boisson tout à fait tonifiante ? Ha, et sans vouloir vous flatter, vous avez aussi des variétés de renoncules tout à fait étonnantes !



#34 Kyeran

Kyeran

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Posted 17 February 2015 - 09:15 PM

Matilin remonté à cheval et le mioche ducal en croupe derrière lui, le convoi effectua les derniers mètres le séparant du Castel tandis qu'un sourire s'étira sur les lèvres du Vicomte avant qu'il ne réponde au Duc.

 

-Il est vrai qu'on se demande parfois comment ils font et si nous étions pareils à leur âge...

Je vais bien votre Grâce merci... Mais que sont ces renon...

 

Là les trompettes sonnèrent encore une fois les honneurs alors que chaque Germain passait les portes. La Grande Cour qui portait bien son nom ce jour là, fourmillait de monde entre les domestiques, palefreniers en tout genre et servantes tous impeccablement vêtu de leur livrée par ordre de la Duchesse, ou les villageois et les nobles venus accueillir les Allemands ainsi qu'assouvir leur curiosité.

Parmi tout ce monde, les résidents du Castel étaient au centre, Jaoven jetant des coups d’œils anxieux un peu partout aux côtés de son épouse calme et tranquille. Les conseillers Ke et Patry étaient aussi présents de même que les deux Lombards fiancés à leurs homologues de Belfort car en théorie, ces réjouissances étaient en leur honneur.

 

Un brouhaha monta lors des rencontres officielles entres les Ducs, le protocole d'usage fut servit à la sauce italienne par l'invitation à se désaltérer autour d'un bon verre une fois que chacun trouve ses appartements et fasse un brin de toilette. Jaoven plus détendu qu'au début conduisit son hôte à l’intérieur et personne ne remarqua Brieg qui se dirigeait vers les gardes germains occupés à desseller leurs bêtes. Personne sauf Perig qui ne perdait pas le lombard des yeux mais ce dernier, ne s’apercevait de rien, trop obnubilé par sa quête.

 

-Vous avez bien amené autre chose que du vin non? demandait-il de sa voix aigu et italienne en plus. Des coffres?! Vous n'avez pas de coffres? Fermés à double tour ou une malle banale de voyage?

 

L'homme n'ayant surement pas envie de se faire réprimander pour un retard dans son travail ne disait pas plus qu'il ne comprenait, c'est à dire rien. Ce qui énerva grandement l’héritier qui partit les mains dans les poches en grommelant tout haut, pour la discrétion c'était raté.

 

-Un trésor qu'il disait! Un trésor qui redresserait éternellement la Lombardie, et ce sont les Belfort qui l'ont! Je suis sur que c'est un joyau, un de ceux dont la culasse fait la taille de mon poing... Avec cela Brieg, la confiance et la joie reviendraient pour toujours en nos terres! râla encore une fois le môme en imitant gauchement la voix de son père.

 

Pendant ce temps là, la brève visite continuait dans les couloirs, Jaoven avait sut en un instant que cela collerait malgré le temps passé chacun de son côté. Aussi, il se lâchait et faisait montre d'une grande franchise même si la familiarité n'était pas encore coutumière, cela viendrait surement avec le temps...

 

-Ah! Voici enfin nos caves! disait-il dans un élan de fierté mêlé à un essoufflement avant de continuer. Décidément je ne doit plus faire visiter la cave après la volière de la tour Est...

 

S'en suivait un éclat de rire et ils repartaient dans un escalier au mépris de leurs suivants et courtisans qui arrivaient tout juste par un autre. Comme un jeu de cache cache en somme, mais en plus adulte, quoique. Le Chef Lombard présenta de la même manière la récente Grande Bibliothèque de San Iael recelant de nombreux écrits qu'il était fier de prêter à son érudit de Belfort. Ce dernier examinait les livres mais Jaoven ne lui laissa pas le temps d'en savoir plus, les bruits de pas dans les escaliers se faisaient entendre. Il prit le bras d'Enor brusquement en jetant un oeil derrière lui pour la dernière fois.

 

-Ne tirez point sur cet ouvrage ci, il déclenche la chute d'un bocal remplis d'insectes fort peu agréables.... Les livres renferment certains pièges, d'autres ouvrent des portes et les autres... bah! ils sont là pour faire la décoration ou à la rigueur pour être lut c'est selon.

 

Tenant toujours le bras du Duc, il compta soigneusement les reliures et tira sur un ouvrage vieux comme le monde avant de s'engouffrer dans l'ouverture ménagée par le mécanisme. Ce dernier se referma juste après le passage d'Enor dans un grincement discret tandis qu'on entendait les voix déconcertées des nobles de l'autre côté du meuble.

 

-Je vous conseille de marcher doucement et sans bruit, il y a un escalier au bout et comme vous le constatez c'est étroit et sombre. expliqua Jaoven en chuchotant.

 

Ils mirent une dizaine de minutes à arpenter les passages secrets, faute au sens de l'orientation déplorable du Lombard, mais ils émergèrent finalement en hauteur dans une pièce sans fenêtre mais fortement éclairée. Un chaudron se dorait sur les flammes et une énorme table centrale était encombrée de manuscrits en tout genre, d'objets fondus et en pièces ou de plantes vertes, rouges et bleues selon la lubie de l'occupant des lieux.

 

Soudain, l'une des plantes d'un orange vif bougea et se releva de toute sa hauteur, touchant presque les poutres basses. Sous les regards médusés des deux hommes, elle perdit entièrement ses feuilles d'un seul coup en se craquelant et se pelant. Il en émergea un homme si petit qu'il faisait presque la taille d'un enfant avec une barbe accrochée à sa ceinture.

 

-Arghhhhhh!!!!!! hurla le petit devant les Duc en plaquant une main sur son dos, les larmes aux yeux et la morve au nez. Mes lombaires tudieu!

 

N'osant pas rire cette fois ci, le Lombard présenta d'un grand geste de la main le nabot à sa Grâce.

 

-Voici Sire Turbo, l'homme médecine, l'alchimiste, le chercheur et le trouveur, le botaniste et bien d'autres choses de Lombardie. Pour tout vous dire, je ne sais ce qu'il fiche là ni depuis quand. D'après lui, il était déjà là avant mon père Servan c'est dire...

 

L’intéressé semblait se ficher royalement de ses deux invités et remuait telle ou telle mixture, remettait un peu de bois sur le feu et tâtonnait les feuilles d'une longue et grande plante à feuilles composées d'aiguilles.



#35 Aloys

Aloys

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Posted 21 February 2015 - 10:05 AM

Enor avait été pris dans le tourbillon du Lombard, et ne savait plus où donner de la tête. Il contemplait à présent l'étrange alchimiste qui s'agitait devant ses mixtures

 

- Par Dieu, Messire, etes vous donc homme plante , ou homme poisson de par votre nom, ou un peut des trois ? De quelle féerie sortez vous donc ? 

 

Il se tourna à demi vers Jaoven

 

- Duc, votre Castel regorge de mille trésors, et c'est grande pitié que nos deux maisons se soient éloignés depuis si longtemps. Imaginez vous qu'en regroupant nos grimoires et instruments de connaissance, nous pourrions presque faire concurrence à la légendaire bibliothèque d'Alexandrie ? 

 

Pris dans son enthousiasme, Enor heurta malencontreusement une fiole qui vint choir en se brisant dans un chaudron contenant une mixture jaunâtre, ce qui fit glapir l'alchimiste

 

- Par Belial , ne touchez à rien ! Surtout pas à ça ! Haaaaaaaa ! Trop tard !

 

- Peste, aurais je commis quelque maladresse.....

 

- Sortez de cette pièce, sortez tous !

 

Le chaudron se mit en effet à bouillir de manière inquiétante, projettant par moments des nuages de vapeur verdâtre qui ne disaient rien de bon.

 

Enor, insoucieux du danger, se pencha vers la mixture 

 

- Il y a indubitablement un élément sulfuré dans votre composition, Turbo, comme en témoigne l'odeur âcre et piquante, et il ne m'étonnerait point que cette mixture ait quelque popriété explosive.....adoncques, votre raisonnement est fort juste, et je suggère que nous.....

 

Jaoven était davantage porté sur l'action, surtout quand la sureté de deux régnants était en jeu. Il attrapa Enor par le col en murmurant 

 

- sauf votre respect l'ami

 

Et le traina hors de la pièce, juste à temps 

 

Un éclair, un grand bruit confirmèrent les prédictions d'Enor quant au caractère explosif du mélange.

 

Les  deux Duc virent surgir Turbo, la figure noircie, foudroyant du regard les deux régnants.

 

- Savez vous que vous venez de détruire en un instant près de trois mois de recherches ? 

 

- Allons, Messire, vous plaisantez  ? Vous rendez vous compte que nous venons de dévcouvrir un explosif très puissant qui pourrait nous être utile en de nombreuses occasions ? Certes, le produit doit encore être stabilisé, mais ne suis sûr que dans quelque temps....

 

Jaoven partit d'un éclat de rire et prit le Suisse par l'épaule

 

Toutes ces émotions m'ont creusé ! Je vous propose de nous attabler auprès de quelques mixtures dont les vertus revigorantes et réjouissantes ont été maintes fois prouvées par l'expérience !

 

 

 

Dehors

 

- Moi je sais où il est le trésor

 

Brieg leva le nez, tourna la tête, considérant l'héritier de Schwyz qui venait de parler en un savant mélange germano italien . La méfiance le disputait à la curiosité. Cette dernière finit par l'emporter, aussi répondit il en une savante composition d'italico germanique

 

- Comment tu peux le savoir ? 

 

- C'est Aloys notre intendant qui m'a tout dit . "En Como tu trouveras le trésor de Belfort. En Belfort celui de Como. En Como, Il est un jardin où les dieux de nos familles s'affrontent en se jetant des meubles. Ici se trouve le trésor.

 

Brieg fit des yeux comme des soucoupes, puis après un silence....

 

- Le Jardin des Ancêtres ! Je sais où il se trouve ! Suis moi, Belfort !

 

Et voilà les deux braves qui se dirigent vers un endroit, jadis fort bien fréquenté, mais à présent laissé quelque peu à l'abandon. 

 

Le lieu était bien mystérieux, surtout à ce moment de la journée ou le soleil déclinait, allongeant les ombres des arbres et des bosquets de manière fantastique.

 

Des arbres aux essences précieuses, des fleurs aux couleurs vives, tout cela se mêlait à des touffes de ronces et de mauvaises herbes, parfois de la taille des deux aventuriers. Au milieu de cet océan végétal émergeait, comme des restes d'épaves, des morceaux de bois comme plantés en terre, ruines de bois, ou l'on pouvait reconnaître un ancien buffet, une chaise massive, une table aux planches encore cirées.....

 

- On devrait peut être revenir quand il fait plus jour ?

 

- Peuh, tu as peur, le Suisse ? 

 

- Ahemmmm....hé bien oui ! Aloys m'a raconté tout de même de drôle de trucs sur nos ancêtres, et franchement 

 

Ils furent interrompus par une voix parlant en italien , mais avec un accent d'un autre âge. La voix sépulcrale  s'était découpée dans le silence et glaça leur coeur 

 

- Louarn, mon ami, vous avez triché ! Vous avez mordu ! Le lancer de votre chaise n'est donc pas valable

 

A quoi une voix tonitruante, une voix de montagne suisse répondit 

 

- Ewen, vieux chicaneur ! j'ai à peine dépassé d'une demi chausse ! Que le diable t'emporte ! L'esprit italien, ça, on conteste, on se plaint, mais quand il s'agit de faire, il n' y a plus personne

 

- Louarn, vieux bouc belfortain, tu vas te prendre un buffet sur le pied, et tu verras ce qu'est l'esprit italien !

 

 

 

........des.....des fantômes ????????

 

 

 

Les arbres se mirent à bouger, les feuilles se mirent à bruire, quand il entendirent à nouveau une voix tonnante

 

Par la Peste et la Carogne ! Qui vient nous troubler ici ? Je suis Louarn, Duc de Schwyz, et m'en vais vous botter le derrière si vous ne filez pas !

 

En moins de temps qu'il n'en faut pour l'écrire, les deux braves s'enfuirent en hurlant en direction du Castel.

 

Le silence se fit un moment sur le Jardin des Ancêtres. Puis, brusquement, émergèrent des arbres moultes perroquets colorés. Si quelqu'un avait été présent, il aurait juré que les caquètements des oiseaux étaient des ricanements pour la bonne farce qu'ils venaient de jouer.



#36 Kyeran

Kyeran

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Posted 22 February 2015 - 02:15 PM

Un long soupir joyeux s'échappa de la bouche du Lombard, en un semblant de: "mais qu'est ce qu'on va faire de toi?". Il était amusé par les attitudes d'Enor et les réactions en chaîne qu'il provoquait. Turbo allait avoir bien du mal à travailler avec le Belfortain dans les parages, mais une fois de plus cela amusait Jaoven. Après tout, son invité était ici chez lui et s'il avait envie d'observer les expériences du petit homme bien lui en faisait.
 
-Toutes ces émotions m'ont creusé! Je vous propose de nous attabler auprès de quelques mixtures dont les vertus revigorantes et réjouissantes ont été maintes fois prouvées par l'expérience.
 
C'est ainsi que nos deux hommes refirent à l'envers le chemin de l'allé, très exactement car Jaoven se perdit une nouvelle fois dans les passages. Les cheveux pleins de toiles d’araignée, de poussière et de suie, il poussèrent le panneau remplis de livres et tombèrent sur les deux seuls à être restés veiller sur le dernier endroit ou on avait vu les Ducs.
 
-Si le Duc ne reparaît pas d'ici peu, je vous garanti que je ferais démonter ce Castel pierre par pierre quoiqu'il en coûte! rugissait Lepzig en faisant de grands gestes.
 
Face à lui, le Lombard Matilin levait les mains en signe de paix et grinçait des dents, qu'avait fait l'âne qui servait de Duc aux Lombards?
 
-Ce ne sera pas nécessaire sire, je suis sur qu'ils tenaient à visiter l’entièreté de notre Castel, et d'ailleurs vous n'arriverez point à détacher ne serait-ce que la plus petite caillasse.
 
-Trahison! C'est une trahison! Vilenies, comment vous faire confiance maintenant?!! rugissait-il de plus belle.
 
Voici donc la scène qui se déroulait devant les yeux des deux Ducs, ils surprirent tout le monde en apparaissant ainsi car personne n'avait vu le panneau de bois se refermer sur le passage. Jaoven, la main sur l'épaule d'Enor stoppa net les querelles en parlant de sa voix calme sans pour autant lever la voix.
 
-Le voila votre Duc, et il a bien failli faire exploser le Castel comme vous le disiez Sire Rieg. Mais calmez vous tous les deux, l'idée est de profiter et de manger ce que l'on peut non?
Il commence à faire nuit, et il faut prendre des forces pour la journée de demain... On vous a préparé quelques animations sympathiques. Des courses en cariole, des tournois de levé de coude et des concours de coupe de bois.... De quoi bien s'amuser!
 
 
Dans les appartements Ducaux, chambre de Brieg
 
 
Ils avaient surgit dans la pièce les jambes en coton et le souffle court. A force de courir, de grimper les escaliers quatre à quatre et de déraper dans les couloirs le lombard s'était instinctivement dirigé vers l'endroit ou il se sentait le plus en sécurité.
La pièce était éclairée et chauffée grâce à l'imposante cheminée au centre du mur opposé à la porte. Un lit, deux ou trois coffre et une armoire étaient les seuls meubles présents, le planché poli était couvert de tapis laineux par endroit.
 
-Ton intendant t'a dit que le trésor était là, il faut y retourner pour le trouver! disait Brieg à Perig, tous deux appréhendaient encore la première excursion et tremblaient à l'idée même d'y retourner, mais il le fallait.
 
-Mais... il y a les fantômes! Ils ne nous laisseront pas... répondait le Germain.
 
-Surtout ton ancêtre, Louarn, c'était un grincheux d'après ce que j'ai entendu. Mais cette fois ci nous serons préparés pour la bataille! s'exclama Brieg en posant un casque fait de cuir sur la tête de l'héritier de Belfort.
 
Farfouillant dans ses coffres en sachant exactement ou se trouvait ses affaires dans tout ce bazar, ils en sortirent un second casque, deux plastrons, des jambières également en cuir et deux épées de bois. Partageant l'équipement en deux Brieg regarda le Suisse et réfléchit à voix haute.
 
-Il faudra aussi trouver quelques croix... Toi qui connait des choses que j'ignore, que craignent les fantômes? Tu as sans doute un remède miracle ou quelque chose comme ça non?
 
Soudain des pas se firent entendre et en moins de temps qu'il ne faut pour le dire ou le penser, tout ce que les garcons avaient rassemblé pour leur excursion se trouvait sous le lit. La porte s'ouvrit et la Duchesse en personne ou du moins sa tête apparut dans l’entrebâillement de la pièce, son regard se porta sur eux et les examina avant de parler.
 
-Brieg, toi et sa Grâce Perig Von Belfort êtes attendus dans la grand'salle pour le dîner. dit-elle en soupirant, leurs habits étaient loin d'être convenable mais elle savait que son fils ne se sentait nullement l'obligation de paraître convenablement en public.
 
Alors que la porte se refermait, Brieg réfléchissait à toute allure et échafauda un plan encore plus fou que le dernier et l'exposa rapidement à son complice d'un soir.
 
-Perig, nous allons devoir jouer fin... On va cacher nos armures dans une cachette sure près de la bibliothèque, on s'arrangera pour prendre quelques oignons dans les cuisines et dès que l'on pourra s’éclipser du repas, on repartira à l'assaut du terrain des ancêtres. Et..... il s’interrompit brièvement avant de poursuivre aussi énergiquement. On va aussi passer par le chenil, on trouvera sans aucuns mal une ou deux braves bêtes pour nous avertir du danger au cas ou...
 
-Mais... il fera encore plus noir et on ne verra rien de plus... répliqua Perig avec une petite voix qui se voulait rassurée par le plan du Lombard.
 
-C'est vrai, mais on apportera des torches, et j'ai bien envie de me mesurer à ton ancêtre le Grincheux pas toi?
 
C'est dans un sourire qu'ils partirent les bras chargés de leur équipement vers la bibliothèque en complétant de détails leurs projets si jamais ils trouvaient le trésor.
 


#37 Aloys

Aloys

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Posted 24 February 2015 - 03:58 PM

Pendant le repas en la salle d'honneur du Castel de Como

 

Un fort bon repas au demeurant. Les italiens, fidèles à leur réputation de maestri del'arte de la grande Bouffe, s'étaient surpassés. Et la boisson s'accordait parfaiteent aves les victuailles. On frôla même l'exploit, car on vit Leipzig sourire, rire, et n'apostropher (presque) personne (excepté un loufiat, mais cet être méprisable avait osé lui demander s'il voulait des légumes)

 

Les deux régnants discutaient familièrement, après le dessert, savourant quelques liqueurs, quand Enor fit un signe à l'un de ses serviteurs.

 

- Mon ami Jaoven, je voulais te dire à quel point ces retrouvailles entre nos deux familles sont émouvantes et me font grand plaisir. Or, pour célébrer l'événement, nous autres germains n'avont pas de mets digne de rivaliser avec les italiens. Permets moi de t'offrir en revanche un objet qui a mobilisé l'art et la sapience de nos plus grand artisans et constructeurs suisses.

 

Le serviteur revint, porteur d'une horloge ouvragée, de la taille de deux coudées environ. On y voyait plusieurs cadrans, moultes signes désignant les astres, et quelques automates qui chapeutaient le tout.

 

- Cette horloge indique non seulement les heures, sur ce cadran, là, mais aussi le jour, le mois......Enor désignait successivement les cadrans....l'année, bien sûr. Elle indique aussi la position des astres, et permet par conséquent de prévoir les éclipses, entre autres....

 

En effet, on voyait les petits morceaux de métal représentant la Lune et les planètes se déplacer imperceptiblement.

 

- Enfin, à chaque heure, un petit automate....ha justement

 

Une heure sonna, ding. Une paroi s'ouvrit sur le devant de la machine, laissant un perroquet miniature s'avancer, se dandiner, taper du bec en un bruit métallique, puis entrer en son logis tout en engrenages.

 

Enor sourit. 

 

- Je ne sais pourquoi, nos artisans préfèrent installer un automate en forme de coucou. Mais j'ai oui dire qu'un certain perroquet avait eu une importance considérable dans l'histoire de nos deux familles, alors j'ai insisté pour y loger cet animal.....j'espère que tu apprécieras à sa juste valeur ce petit amusement suisse....

 

Il prit Jaoven par l'épaule, et lui murmura d'un ton qui n'avait plus rien de badin

 

- Cette machine a d'autres fonctions, mais il vaut mieux que  nous en parlions en privé.

 

Le ton employé était celui d'un Duc, parlant à un autre Duc d'une histoire qui ne regardait pas les non ducs. Enor était devenu, brièvement, et pour la première fois, un régnant, ce qu'il ne cessait d'être derrière son apparence de taupe sympathique et lunaire. 

 

 

 

Après le repas.

 

 

Les deux braves avaient rongé leur frein durant tout le repas, et s'étaient précipité, sitôt le dessert terminé pour "aller se coucher". Le truc suspect, le truc qui vous grille immédiatement, surtout aux yeux des deux Duchesses, qui regardant leur progéniture, puis se regardant, avaient immédiatement traduit le "nous allons nous reposer à présent, nous sommes bien las" en "on vous laisse on a une connerie à faire qui ne regarde surtout pas les adultes". Alors, on se penche avec une grâce tout ducale vers un serviteur, on lui murmure trois mots à l'oreille, et celui s'en va, avec une obséquiosité toute professionnelle, murmurer quelques mots aux infortunés en charge de la protection rapprochée des héritiers, à savoir Matilin et Leipzig.

 

 

Quant aux dits héritiers, ils filaient dans les couloirs de Como.

 

- Pas si vite, Como, j'ai le casque qui me tombe sur les yeux !

 

- Tais toi, Belfort, j'entends du bruit. Tu as bien le crucifix ? 

 

- Oui mais c'est dommage que  nous n'ayons point trouvé d'eau bénite, tout de même.

 

En fait, Perig doutait fort qu'on pût lutter contre un fantôme avec des épées, si tranchantes soient elles. Pour tout dire, il avait la pétoche. Mais il aurait préféré se faire écorcher vif, plutôt que passer pour un pétochard auprès de Brieg. Un futur Duc, quoi. Et italien en plus. Donc il suivait.

 

Ils se postèrent à la lisière du jardin, aplatis sur un petit monticule de pierre, d'où ils pouvaient observer le Jardin des Ancêtres éclairé par la lumière magique d'une Pleine Lune italienne.

 

- Pas besoin de torche pour l'instant. J'ai tout ce qu'il faut pour en faire une, au cas où. Par contre.....

 

- Par contre quoi ? 

 

- Par contre je crois que c'est pas des oignons qu'il faut pour éloigner les fantômes. C'est de l'ail .

 

- De l'ail ? Ho Belfort, on ne discute pas de la recette de la soupe au pesto, là ! 

 

- De l'ail je te dis, c'est Brandebourg, un Duc terrible en Germanie, un ami de mon Père, qui me l'a dit une fois. Il m'a parlé d'histoire de fantômes buveurs de sang, loin, dans les montagnes de l'Est, et qu'il faut chasser avec de l'ail.

 

 

Des fantômes buveurs de sang. Génial. Le lombard réprima un frisson et reprit.

 

 

 

- Il dit des cagades ton Brattbourg, là, et puis des oignons ça suffira bien.

 

- Como, je sais pas s'il dit des cagades, mais je peux te dire qu'il faut pas trop parler comme ça de lui.....moi j'ai bien plus la trouille de lui que des fantômes. Tu sais comment on l'appelle ? L'empaleur !

 

- L'emp......tu veux dire ? Il embroche ses ennemis ? 

 

- Oué si tu veux, mais avec une très grosse broche alors, et c'est pas de la volaille, et elle est pas vraiment morte quand on l'embroche si tu vois ce que je veux dire...

 

 

Un autre  silence.

 

- D'accord. Mettons que ton Brottbourg ne dise pas de cagade, alors. Mais tu crois pas que ça marcherait pas avec des oignons quand même ? 

 

- Tu ferais une sauce pesto avec des oignons au lieu d'ail toi ? 

 

Le sang du Lombard ne fit qu'un tour 

 

- Ha sacrilège, non !

 

Le lombard se signa rapidement, puis reprit après un temps

 

- On fait quoi alors ? 

 

- Chut, ça bouge dans l'arbre là 

 

 

Le feuillage noir d'un antique chêne s'agita en effet. Et l'on entendit se découper dans la nuit une voix ancestrale

 

Soldats de Schwyz ! Nous sommes envahis ! Défendez vos terres, et ne faites point de quartier. Mort à l'envahisseur ! Que la Murie les crève ! Mort ! Mort !

 

Un rugissement sauvage et l'arbre sembla trembler de partout, sous les yeux effarés des deux enfants.



#38 Kyeran

Kyeran

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Posted 25 February 2015 - 09:05 PM

Le repas avait été parfaitement orchestré et il n'y avait plus aucuns doute quant à la réunion des deux familles après les longues années d'après guerre. L'alcool rassemblant les peuples, chacun riait, chantait dansait et s'amusait comme il se devait rappelant les monstrueuses fêtes du passé. Tout allait pour le mieux lorsque Enor annonça son présent. Faisant les yeux ronds car mis à part son hospitalité et ses caves, le Lombard n'avait rien à offrir de son côté, Jaoven se pencha pour mieux voir l'objet.

 

Il n'y avait pas de mots, et le maître des lieux ne put en prononcer aucuns. Les nobles se dévissaient le cou pour apercevoir la merveille mais même tout près, on ne pouvait imaginer ingénierie et le savoir faire renfermés dans la petite machine. Un grand sourire se peignit néanmoins sur son visage à mesure que l'oiseau frappait les coups du temps et rappelait ainsi la légende du dépositaire des paroles ancestrales.

Mais le sourire s'effaça à demie tandis que le sérieux reprenait le dessus à l'écoute du Germain prenant un ton grave pour la première fois de la journée.

 

-Naturellement Belfort. lui répondit-il tout aussi sérieusement. Mes amis, ce Castel doit respirer la joie et la fête, même si je doit me retirer pour parlementer, la nuit vous appartient jusqu'à l'aube! lança t-il à l'assemblée.

 

Emportant le cadeau d'Enor dans ses bras, il conduisit du regard son ami par une porte dérobée puis emprunta un escalier sans hésiter. Le seul itinéraire qu'il pouvait effectuer dans le noir complet se dressait devant eux. Ils finirent peu après dans l'antre Ducale, lieu plongé dans la pénombre et éclairé par une ou deux uniques bougies mais ou personne n'osait s'aventurer même sous l'urgence sous peine de foudre ducale.

 

Poussant une pile de parchemins manifestement arrivés récemment, Jaoven déposa à la place la somptueuse horloge et invita Enor à prendre ce qu'il trouvait pour s'asseoir dans ce fouillis. Après avoir trouvé la bonne bouteille, le Lombard fit de même en réquisitionnant un vieux tabouret qu'il s'empressa de placer en équilibre sur un pied, son postérieur fixé sur le séant.

 

-Voici en quelque sorte mon refuge dans la tempête, j'espère qu'il sera assez confortable pour nous deux hé hé.

Explique moi donc. Que contient donc d'encore plus spécial cette merveille? demanda t-il en débouchant et en servant le liquide d'une couleur indistincte par la pénombre environnante.

 

Ce n'est qu'en prenant son verre et en voyant enfin les parchemins qu'une pensée vint subitement à son esprit qu'il s'empressa d'en faire part à son homologue de Duc.

 

Ah! Je voulais te demander conseil sur une chose. On m'a avertit récemment qu'une ambiance de piraterie flottait sur le lac Leman entre nos deux Duchés. Mon fils est en âge de faire ses armes et il a manifestement à en revendre, j'aimerais l'envoyer avec une petite cohorte sur le San Salvador pour mâter ces flibustiers osant perturber notre commerce. Qu'en dis-tu?

 

 

Dehors, près du jardin des ancètres

 

 

Les deux hommes chargés de la sécurité des héritiers examinaient chaque bâtiments allant de l'écurie ou Riog se fit presque ruer par la jument et son poulain jusqu'au poulailler dont les habitantes firent la misère aux bras et à la tête de Matilin. Durant leurs recherches, ils faisaient connaissance à leur manière, à grand coup de cris et de piques.

 

-Ach! Par où un petit monstre italien pourrait bien faire ses bêtises? Demandait Leipzig à Matilin d'un air blazé. Comme si c'était de son âge en plus!

 

-Je dirais que votre Germain n'a pas tenté de dissuader Brieg non plus Riog. répondait l'italien. En plus, Perig est plus âgé que notre héritier, n'est pas à lui d'être le plus responsable des deux?

 

De leur côté, les enfants donnait l'impression d'être effrayés, et ils l'étaient! un frisson glacé passait dans tout leur corps de bas en haut alors que leurs jambes se raidissaient et collaient au sol. Les arbres semblaient vivant et les buissons à leurs pieds aussi mais ce n'est pas pour autant qu'ils bougèrent car la peur les coulait au sol. Même crier leur était impossible et surtout lorsque la voix du Germain rugit dans la nuit, sonnant l'attaque.

 

Resserrant leurs mains sur les épées puisqu'ils n'avaient plus que cela à faire, ils imaginèrent les hordes de soldats et de cavaliers déboulant sur eux à toute allure sans les voir. Au lieu de cela, les buissons s'ouvrirent sur deux hommes à l'air furieux, ces derniers se dirigèrent directement vers les jeunes et la voix allemande quoiqu'un chouilla plus moderne rugit de plus belle.

 

-Je demande aux deux mécréant servant d'héritiers respectifs à leur Duché de rester dans leur chambre précisément s'ils disent y être!!!

 

-Nom de Zeus! Soyez dignes de vos naissances! Le peuple tout entier vous regarde et prend exemple sur vous! Qu'avez vous en tête bougres d'ânes sans cervelle ni pasta! renchérissait une voix italienne fleurie que quiconque pouvait comprendre.

 

Aussitôt le mauvais sort de la peur se leva et les deux gosses se tinrent droit devant les réprimandes tels deux frères d'armes se soutenant mutuellement. Il firent front ensemble et ne lâchèrent pas leurs armes. D'un bref regard ils tombèrent d'accord sur un fait, les fantômes et ce brandebourg réunis ne valaient rien face à l'alliance des pires précepteurs du monde. Et il fallait que cela tombe sur la Lombardie et le Schwyz, qui plus est sur Perig et Brieg!

 

-C'est moi qui ai décidé de tout cela. disait Brieg avec foi, aussitôt reprit par son compère. Non, c'est moi qui ai tout pensé, il n'aurait jamais prit l'eau bénite ni le crucifix quand même!

 

-Mais qu'avez vous donc en tête? Et la nuit qui plus est! demanda Matilin qui ne s'étonnait plus de rien.

 

A cela, les mots "Trésors", "Aloys", "Culasse", Fantôme" et "Ancêtres" englobés dans les grands gestes et les phrases prononcées en même temps par les mômes, qui en allemand qui en italien ne suffirent pas à clarifier les choses.

Et ni Riog ni Matilin ne s'attendait à cela, le regard qu'ils s'échangèrent en disait long sur leur incompréhension de la situation, tout soldat vétéran entraînés qu'ils étaient.



#39 Kyeran

Kyeran

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Posted 08 March 2015 - 10:18 PM

A Como.

 

Jaoven se tenait dans la grand'salle, sur son trône accompagné de sa duchesse de Corse et du peuple cherchant doléances. C'était au tour d'Euphénie de répondre aux affaires de leurs sujets aussi il écoutait d'une oreille distraite lisant les missives reçues le matin même. L'une apportait les bons sentiments et les diplomaties d'une maison d'extrême ouest du monde, il la laissa vite de côté. La seconde venait de Belfort, le brave Enor s’inquiétait de ne plus avoir de nouvelles de son héritier depuis la visite impromptue de Brieg le Lombard. Suivait ensuite quelques plaisanteries et anecdotes des jeunes Como-Belfortains, à ces lignes, Jaoven sourit et s'autorisa même un petit rire qui fut assez mal perçu dans la pièce.

 

Son attention attirée par le silence suivant sa réaction, il aperçut son épouse et la majorité des personnes présentes le regardant avec insistance sans comprendre. C'est ainsi qu'il se rendit compte qu'il venait de rire à l'histoire de la pauvre fermière ayant perdu sa chaumine, ses bêtes et ses récoltes dans un gigantesque incendie. Aussitôt, il se reprit et bredouilla quelques excuses honteuses.

 

-Hum.... Désolé, c'est affreux comme situation... Qu'on... offre donc l'hospitalité de ce Castel à cette famille le temps qu'elle jugera bon.

 

La manœuvre fut bien exécutée puisque chacun reprit ses occupations comme si de rien n'était. Mais on ne pouvait aucunement préparer Jaoven à ce qui allait suivre. La troisième et dernière lettre provenait de son fils, porté disparu depuis quelques semaines et là il ne se mit pas à rire... Mais pas du tout.

 

-Au nom de la Pasta, qu'a t-il donc en tête ce gosse!! s'écria t-il dans toute la salle, faisant sursauter l'ensemble de ses occupants. Il ajouta presque aussitôt et sans ambage, lisant la lettre par moment.

Nous avons décidé de partir à la recherche d'un ancien artefact permettant de trouver une légendaire cité... Non mais, n'est-il pas héritier de ce duché? Et Môsieur va jouer aux aventuriers?

Mevena, j'ai bien peur qu'il ne soit encore partit dans ses manies, voila qu'il se met en tête de trouver des objets poussiéreux! Ne pouvait-il donc pas se contenter des archives de ce castel?? demanda t-il à l'épouse de son turbulent fils puis en revenant à tout le monde dans un mélodrame assez bon.

 

Le pire dans tout cela, c'est qu'il allait devoir expliquer le pourquoi du comment à son ami de Belfort, car ce n'était pas mentionné dans la lettre, mais Perig avait très surement suivit Brieg...

 

 

Quelque part à l'est de l'Italie.

 

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Le "gosse" qui avait néanmoins plus que l'age d'un jeune adulte se tenait sur le mat, entres les cordages et les voiles. Le vent sifflant dans ses oreilles, il dû les déboucher à grand bâillements sans vraiment réussir. Il finit par contempler l'horizon tout en faisant son travail, le "San Ewen Von Louarn" avançait bien et vite, l'équipage était très bon et le capitaine savait ce qu'il faisait. Rien n'était venu contrarier leur voyage et il souriait en pensant aux réactions de ses parents en lisant la missive envoyée depuis le port juste avant le départ.

 

Les voiles affalées correctement, il descendit par l'échelle de corde en sautant sur les derniers mètres. Il atterit près de Perig qui se demandait encore ce qu'il faisait, et comment il en était arrivé à partir. Certes, il tenait à explorer la légende mais Brieg allait du projet simple à la réalisation avec une très grande facilité et ce qui fut une banale fin de repas alcoolisée à Belfort devint vite une vraie expédition.

Que dire de leurs familles? Leurs enfants et leurs épouses? Sans compter les devoirs qu'ils avaient tout deux sur les épaules...

 

-Hey! Viens voir Perig, il y a un espèce de rocher qui bouge et qui ouvre une énorme gueule!!!! cria le lombard par dessus le vent, il était déjà repartit observer le fond de la mer, penché dangereusement sur le bastingage.

 

-Intéressant Como, je crois qu'il s'agit d'une espèce commune de mammifère... Il remonte à la surface, ce doit être une sorte de marsouin... expliqua Perig après s'être rapproché pour étudier la bête.

 

Mais Brieg ne l'écoutait plus, trop absorbé par la navire et ses environs. Tel un enfant, car lorsqu'il montait à bord d'un navire quel qu'il soit, il redevenait l'explorateur de toutes les mers. Son expérience des pirates sur le lac Leman l'avait intégré au monde marin et il s'en était trouvé passionné. Débordant d'energie, le très respectueux capitaine l'avait déjà plusieurs fois menacé de rentrer au port, faisant fi du rang de Brieg, c'était dire! A chaque fois, Perig l'avait tiré d'affaire mais c'était plus fort que lui. Bon marin et aventurier avisé mais trop enjoué dans ses actions, voila tel qu'était Brieg, et ce n'était que le début du voyage.



#40 Kyeran

Kyeran

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Posted 19 March 2015 - 09:40 PM

Je vous laisse deviner ou se passe l'action, depuis le temps...

 

http://www.youtube.c...h?v=yX3wxeS_7bg

 

Marchant au pas rapide, martial et sans expression, la douzaine de soldats lombards traversait l'artère principale de Como en direction du Castel et ses hautes tours. Au centre des gens d'armes, se trouvait un homme blond au regard droit et la barbe naissante qui calquait son pas sur celui des militaires tout en regardant ci et là les changements opérés durant son absence. On peut d'ailleurs se faire une idée de la durée de cette dernière en prenant connaissance desdits changements.

La muraille entourant la résidence ducale avait été démolie pour être reconstruite en englobant la ville entière qui s'était étendue de manière spectaculaire. Les commerces abondaient et les rues fourmillaient de lombards de tout âges et tout genres. Enfin, le port avait plus que doublé de volume et les rues avaient été pavées, raison pour laquelle ils ne se déplaçaient pas à cheval au risque de briser une des pattes de l'animal.

 

Le "groupe d'accompagnement" du sire arriva enfin aux larges portes de bois massif et là aussi, il ne put que constater les améliorations. On se contentera de dire qu'un second Castel semblait avoir poussé sur l'ancien tandis qu'il donnait l'impression d'avoir étendu ses bras. Les badauds jetaient un œil sur leur passage en se demandant qui pouvait être escorté ainsi sans cheval ni suite de ce nom. La réponse vint bien vite à ceux qui décidèrent de les suivre jusque dans la Grand'Salle du trône, une des seules pièces presque inchangée.

Les soldats brisèrent leur formation pour se placer contre les murs en position de garde tandis que l'Héritier Brieg De Como plantait un genou en terre devant son Duc de père.

 

-Brieg originaire de cette cité, en tant que capitaine du San Servan je vous salue votre Grâce. Je me présente devant vous puisque tel est votre volonté.

 

Jaoven ne disait rien et se contentait de se tenir droit, devant son trône, du haut de ses 70 ans et sans aucune canne ou maintien quelconque. Son attente fut de courte durée puisque la Duchesse apparut tout aussi vive qu'avant, son époux vint vers elle et l'accompagna galamment devant son siège. Enfin, le couple Ducal se tourna vers Brieg qui n'avait pas bougé devant ce manège.

 

-Assez de convenances mon fils! Tu n'es pas ici en qualité de marin ni de capitaine et tu le sais très bien. répondit sa Grâce Euphénie.

 

-J'y compte bien mère, mais ces officiers étaient-il nécessaire dès mon arrivée à Padoue? Et l'implication personnelle de notre Roy également? esquiva le futur Duc.

 

-Nous estimons que tu as assez courut de par le monde même si cela se révélait être une erreur. Il est temps de remplir ta part du marché, et dès maintenant. Et puis nous prends-tu pour des enfants? Serais-tu vraiment revenu si vite sans tes compagnons de route? demanda à son tour Jaoven en cachant un demi sourire sur la dernière partie de phrase.

 

Ainsi en fut-il de la vie d'aventurier de Brieg. Après avoir reçut une sérieuse réprimande de son épouse pour n'avoir daigner envoyer uniquement des lettres en dix-huit années d'absence et une autre encore plus sérieuse de sa fille pour les mêmes raisons, il se retira dans la tour déserte, celle ou le plus sanguin des Duc retrouvait le pauvre mannequin de paille et de bois. Au bout de quelques minutes, un craquement suivit d'un grincement puis d'un autre craquement retentirent mais avant que Brieg ne se retourne pour en découvrir l'origine, le vieux Turbo se tenait devant lui, les mains sur les hanches. En le voyant, le jeune retourna à sa contemplation de l'horizon en soupirant.

 

-Alors vous aussi allez y mettre de votre pierre? Allez y, lancez là moi, mon évasion est avortée de toute manière... Je ne part plus, les voyages sont loin et je resterait dans ce Castel jusqu'à ma mort.

Perig est Duc et Petrok de Ravenne pourrait être l'héritier de l'année par son comportement. Grands Dieux! Ma femme ne m'aime plus, ma fille ne me connait pas plus que mon peuple ou que la noblesse. Je ne sais rien des affaires politiques de la Lombardie et encore moins de Vérone et pour compléter le tout, j'ignore l'identité de plus de la moitié des gens vivant dans ce Castel! Tout a changé tellement vite!

 

-Un simple bonsoir aurait suffit garçon! rétorqua le savant avant d'ajouter. Mais je doit dire que tu as raison, les choses changent et évoluent en 18 ans, c'est une l'évidence même.

Maintenant tu vas m'écouter au lieu de ressasser ce qui appartient au passé et au présent car le tout est de changer l'avenir!

 

-Des énigmes! Comme si j'avais besoin de cela maintenant! râla une nouvelle fois Brieg aussitôt rabroué par une frappe puissante derrière la tête. HEY!!!! Je suis l'hé...

 

-Oh oui tu es l'héritier garçon! Et pas n'importe lequel, tu es le fils de Jaoven Le Restaurateur! L'homme le plus grand de Lombardie après Iael lui même! Tu as put constater les modifications apportées à Como en une vingtaine d'année à peine. Et bien dis toi que c'est uniforme dans les deux duchés et que ce sera difficile de l'égaler. Ton père est le symbole même de la paix et de la prospérité Lombarde aussi tu as grand intérêt à grandir dans l'estime et à te préparer à prendre sa suite le jour venu.

 

Devant l’abattement de l'homme après ses propos, Turbo autrefois appelé le Cabaliere baissa un peu la voix et posa une main, en grimaçant de la douleur de ses articulations, sur l'épaule de Brieg pour continuer sa tirade.

 

-Cependant, tu as un avantage, tu connais le monde. Ton expérience peut permettre un essor des Lombards dans une nouvelle facette de la puissance. Les navires ne sont pas encore synonyme de puissance et on ne mesure jamais combien ils sont utiles... Après je te dit cela sans rien dire hem... finit-il en chuchotant avant de reprendre d'une voix plus forte.

Je serais toi, j'irais rejoindre mon lit, demain tu seras levé à l'aube quoiqu'il arrive garçon!

 

Le silence qui s'en suivit fut mortel, comme si la conversation avait été un rêve car lorsque Brieg se retourna, il ne vit aucunes traces de Turbo, ce gardien du savoir. Se redressant sur ses grandes jambes, l'héritier suivit le conseil du vieux et rejoignit sa chambre et son épouse trop délaissée ces dernières années.






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