Un soir, au camp Lombard, près de la frontière
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Servan se tenait debout près du brasero et faisait les cent pas le long de l'étroite tente de général. Voila plusieurs semaines qu'il était partit en catimini, il détestait fuir devant son peuple mais il avait fait de la situation une affaire personnelle. Derog l'Exclu méritait l'enfer et mille autres supplices qu'il avait lui même infligé à son père. Servan avait apprit le décès de son grand oncle Breval, le simple et invisible conseiller qui tenait néanmoins la Lombardie d'une main de fer. Cela l'avait attristé mais pas dévié de son but premier. Biella n'avait que trop attendu, elle devait tomber.
Soudain, le pan de toile servant de porte se souleva brusquement et le Duc tourna la tête d'un geste tout aussi vif. C'était Jegu, le fils de Talwin, devenu général puis intendant en chef des armées et dont son début de carrière avait enflammé le Duc de l'époque et son frère. Il s'avança au centre et inclina légèrement la tête en guise de salut, le respect de l'âge contre celui des titres pouvait lui permettre quelques familiarités.
-Le Phénix du trébuchet est arrivé il y a une heure et est opérationnel. Le Phénix de l'Archer prépare ses flèches tandis que celui du Fantassin n'attend que votre signal. Nous aimerions connaitre votre stratégie votre Grâce. annonça t-il de sa voix calme et précise.
-Bien, approchez vous je vous l'exposerais pendant que j'enfile mon armure. répondit Servan.
Quelques heures après
Le Duc contemplait les étoiles en tentant de deviner leurs secrets. On lui avait dit autrefois qu'elles étaient l'âme des disparus et qu'elles guidaient leurs enfants toujours sur terre. Coupant court à la nostalgie, le chef Lombard rajusta son regard et monta sur son cheval apprêté de son armure lui aussi. Il s'avança sur le petit talus faisant aussi d'estrade et parcourut du regard ses hommes d'armes prêt à se battre pour lui.
Son regard continua de balayer la foule alors qu'il prenait la parole en haussant volontairement la voix.
-L'Exclu n'a que trop attendu. Par ses actes il a insulté son père notre vassal et par la même la Lombardie, voici la raison de cette bataille. Ainsi vous savez pourquoi vous vous battez. Certains pensent que je suis fou, que ma colère dépasse ma raison ou encore que je ne suis pas fait pour être Duc. Ceux là ont peut-être raison, je n'en sais rien à vrai dire. Cependant, je sais mener des troupes et je suis avisé dans l'art du combat, cela n'est pas une hypothèse, c'est la vérité.
Ce soir je suis votre frère d'arme, non votre Duc ou votre général. Nous combattons la cause la plus juste qui soit, le respect des parents. Chacun pensera à son enfant ou à son père lorsqu'il prendra d'assaut cette cité, j'en ferais de même. Nul doute que les paysans enrolés par ce fanatique y penseront aussi, je vous demande donc de ne pas tuer ces pauvres hommes sans raison valable. En revanche, les soldats gagnés à sa cause sont à vous, tachez de faire la différence.
A présent, qu'on sonne l'attaque dans les règles. demanda Servan en dégainant son épée. Lorsqu'il entendit le cor résonner il la leva bien haut en criant. Pour la Lombardie!!
La suite en fut confuse. Les armées avançaient avec en tête les généraux et le Duc lui même protégé par un bouclier et armé de son épée. Les archers en arrière garde tiraient vers les remparts pour tuer les sentinelles tandis que le trébuchet s'orientait vers la porte principale. En un, deux et trois blocs de pierre envoyés, la porte céda et ce fut la bataille dont on se souvint le plus longtemps.
Pour ce récit formidable je n'ai pas de mots, je ne peux le décrire. Mais il est à noté la détermination des Lombards qui assaillirent une armée importante malgré le peu de ressource adverse. Les archers qui, après s'être aperçut que leurs flèches ne servaient plus à rien sinon à blesser les leurs, tirèrent leurs haches et leurs lames pour rejoindre leurs camarades.
Un certain Melio de Cremona tira une flèche perçant directement le coeur d'un soldat là ou la maille était brisée. Un autre, Fragan de Alessandria libéra un chemin presque vide tant il assommait, tranchait, fracassait et tuait. On apprendra plus tard que son frère faisait partie de l'escorte probablement étripée de Feu Paol.
Un dernier héro nommé Brieg et venant de Bellinzina mis hors de portée les fermiers réquisitionnés de force par Derog par un astucieux stratagème. Ses loups à demie apprivoisés dégageant une aura de mort eurent raison de la volonté des gens de la terre.
Enfin, chacun se souviendra de l'ardeur de Servan de Como, soldat d'un soir et de son duel de choc face à l'Exclu lui même. On n'en connait pas le déroulement précis, il se dit que Derog fut même en meilleure forme et en position de force par rapport à notre Chef. Mais ce dernier ne voulait pas tuer au contraire de son adversaire, voila d'ou résidait cette différence.
C'est durant ce soir fatidique que Servan reçut le coup qui aurait put le faire passer de vie à trépas. Le fourbe Derog néanmoins bien habile a finit par planter son épée dans le ventre du Duc qui la vola ainsi à l'Exclu.
Le fils indigne sans arme et sans son armée décimée dû faire face aux forces Lombardes alors que Servan se tenait droit devant lui, l'épée encore plantée dans son corps avant de s’effondrer. Chacun connait la suite, notre Duc survécu mais en payant un bon prix en jours de rétablissement et en sermons de la part de la Duchesse.
Résumé de la Bataille de Biella - An 1221, par Jegu De Como