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Chroniques de Lombardie et de Schwyz


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#1 Aloys

Aloys

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Posted 29 November 2014 - 04:59 PM

An de Grâce Mil Cent Soixante et Onze, Castel de Schwyz, Chambre de Louarn, Duc de Schwyz.

 

C'était un régnant morose, amaigri et quelque peu affaibli qui était assis sur son siège en bois massif (car, même amaigrin il fallait bien supporter les quelques dizaines de livres de Louarn), contemplant un perroquet aux couleurs vives, qui sussurait quelque chose comme "Ciel mes bijoux" à intervalles réguliers.

 

Il y a peu, le pétulant Duc n'aurait pas supporté les jacassements du volatile plus de quelques minutes et l'aurait occis sans sourciller. Mais à ce moment, il se contentait de le regarder, en poussant de temps à autre quelque soupir....l'ultime pied de nez de son frère, parti trop tôt, et le laissant seul, désemparé.

 

Souvenirs....quelques mois plus tôt, décembre 1170

 

Le bruit du vent d'hiver qui harcèle le castel se mêle au souffle rauque de Jungomarch, frère cadet du Duc de Schwyz, diplomate, confident, régulateur de l'humeur ducale. La face terreuse du malade, allongé en son lit ne laisse aucun doute. Avant que l'aube ne vienne, Jungo sera passé de l'Autre Côté. Un peu en retrait, son épouse, tête baissé, récitant une prière en son doux dialecte italien.

 

Le mourant prend la parole.

 

Louarn, peux tu me promettre une chose ? 

 

Tout ce que tu veux, mon frère

 

La dernière volonté d'un mourant, c'est sacré 

 

Prends soin de mon épouse. Ramène là saine et sauve à sa famille si elle le souhaite. Et puis....

 

Sa voix faiblit, et Louarn doit se pencher pour entendre ce que dit son frère

 

...je te demande de prendre soin de ce que j'ai de plus précieux après mon épouse. C'est un de ses présents, et je veux qu'il te revienne quand je ne serai plus. Me le promets tu ? 

 

Je te le promets, répondit Louarn, sans trop savoir de quoi Jungo parlait 

 

Merci, mon frère. N'oublie pas...n'oublies pas....des graines...et des fruits....deux fois par jour....

 

Le duc ouvrit grand les yeux et fixa son frère. Mais il était trop tard. Jungomarch de Belfort avait rejoint l'au delà sur ces dernières paroles, et Louarn se retrouvait l'infortuné propriétaire d'un perroquet, qui était devenu un être sacré, puisqu'incarnation d'une promesse faite à un mourant.

 

 

 

Retour en 1171

 

Faites mander mon fils Malo.

 

Quelques instants plus tard, Malo de Belfort, héritier du Duc de Schwyz fit son entrée, saluant silencieusement son père.

 

Mon fils, j'ai grande nouvelle à vous dire. Je suis vieux, je suis usé, les guerres, les cavalcades, la mort de mon frère, tout cela m'a fort affaibli. 

 

Il regarde son fils 

 

Il est temps à présent que je vous laisse le pouvoir. Malgré nos différends, malgré nos querelles et nos caractères opposés, je vous sais assez intelligent et assez fort pour pouvoir mener le duché. La vieille baderne que je suis, privé des précieux conseils de son frère risque maintenant d'être un poids pour nos terres et nos gens. Il faut savoir se retirer quand il est encore temps, et ne pas s'accrocher au pouvoir comme une vieille moule sur un récif. A ce titre, permettez, mon fils, que je vous félicite de votre patience. Nombreux sont les enfants ingrats qui, voyant leurs parents s'attarder en ce monde, n'hésitent pas à user du poison ou du coutel pour hâter la transmission de l"heritage....ce que vous n'avez point fait, en bon fils que vous êtes.

 

Adoncques, je puis encore vous aider pour les affaires militaires et diriger l'armée, sous votre commandement, évidemment. Je termine en vous donnant dernier conseil. La première chose que vous devriez faire est de contacter la famille de Como, et particulièrement la fille d'Ewen. Vous savez les liens que nos deux lignées entretiennent. Cette famille est plus qu'une alliée, c'est une amie fidèle de Belfort, et nous devons entretenir cette amitié. Envoyez sans tarder missive à Como pour les informer de votre nouvelle situation, et leur proposer de nous rencontrer à nouveau.

 

Il me tarde quant à moi de revoir mon vieil ami Ewen. Je pense qu'il a du s'améliorer en lancer de table basse....

 

 

Malo ne sourcilla pas à la dernière phrase de son père. Il en avait vu et entendu d'autres. Et il avait beau posséder un cuir épais, une carapace qui le protégeait de toute émotion superflue, il n'en éprouvait pas moins un petit picotement au coin de l'oeil à ouir les paroles du vieux paternel insupportable, certes, mais usé et qui avait fait progresser le Duché de Schwyz comme pas un depuis le fondateur de la lignée....

 

Ce sera fait, Père...



#2 Kyeran

Kyeran

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Posted 29 November 2014 - 11:18 PM

An de Grâce Mil Cent Soixante et Onze, Castel de Como, tout nouveau terrain de LMTG   (pensez à Lancé de Meuble de tout genre).

 

 

Notre Duc de Lombardie était assez vieux lui aussi et selon la façon de penser de son ami Louarn on l'appellerait une "moule". Il se tenait là, sur son terrain tout nouvellement aplani et placé pile sous l'une des plus grandes fenêtres de la grand'salle. Il commençait à s'échauffer, par ce petit hiver, ce serait bête de se fouler la main, comment boire son vin après? Quelques menus branchages s’amoncelaient à son côté et n'attendaient plus qu'à être lancés. Il avait un record à battre pour voir sur la figure de son cher Louarn l'image de la défaite lors de leurs concours.

Il était à son troisième tronc, posé bien comme il faut sur le coin de son épaule alors que Denoela, héritière de son état se posta à son côté la mine furieuse.

 

Qu'y a t-il ma fille? Pourquoi cet air si morose? demanda t-il dans un soupir en se concentrant sur le petit arbre qu'il allait lancer.

 

Elle ne répondit pas tout de suite, emmitouflée dans un manteau elle le regardait avec des armes dans les yeux qui voulaient tout dire sauf qu'il ne savait aucunement quel était le sujet de discorde.

Au bout d'un moment, elle lâcha tout d'un coup comme un régiment entier de chevalier chargeant sur deux pauvres miliciens des campagnes.

 

Père! Vos lubies incessantes doivent cesser immédiatement! Du vin en tonneaux de bois de tout genre, des aménagements comme ce terrain de... de... de rien du tout! Et les meubles qui disparaissent et finissent on ne sait ou gonflés d'humidité et mangés aux mites! Les pièces sont vides maintenant!

 

Vous coûtez au duché, au Castel et cela donne mauvais exemple aux enfants et aux gens! Que penseront vos sujets en voyant leur duc lancer des meubles et boire du vin vieillit en fût de bois sucrés et autres?

 

Elle aurait put parler ainsi longtemps encore si son père ne s'en était pas désintéressé pour lancer son objet à une distance raisonnable. Sans un mot, il se frotta nonchalamment les mains avant de regagner le Castel, avec les reproches de sa fille en arrière plan. Il attrapa la missive d'un héraut d'arme au vol tout en continuant son chemin jusqu'à son antre personnelle, Denoela toujours sur ses talons. Il lisait difficilement en marchant avec ses vieux yeux mais put déchiffrer le gros du message avant d'atteindre la porte.

 

...  que beaucoup de Lombards pensent que leur Duc doit se reposer après tant d'efforts pour ses terres durant toutes ces années.

 

C'est je crois le moment ou il eut le déclic. La missive nordique, sa fille le fatiguant sur ses responsabilités alors qu'elle les avaient fuit toute son existence et son ami qui il le savait se dépérissait sans qu'il ne put y faire quelque chose en l'état même de la situation. C'est ainsi que le vieux Duc bien qu'en forme autant qu'il le put, se redressa encore plus et se retourna vivement pour affronter sa fille. Laquelle surprise car depuis bien longtemps il ne l'avait plus dominée de ce regard ne disait plus rien et attendait ses réponses. On avait beau dire, l'autorité vint parfois mêlée aux émotions et personne ne pouvait y résister.

 

Très bien ma fille, te voici Duchesse et à la tête de toute mes terres. C'est ce dont tu voulait non? lui dit-il de but en blanc.

 

Je suis las, vieux et sénile comme tu le dis si bien, et j'ai autre chose à faire que ces simagrées du pouvoir auquel tu t’intéresse! Tu désires des responsabilités alors que tu les refusais étant plus jeune? Grand bien te fasse! Voici un événement plus qu'inattendu, nous partons sur le champ pour le nord et tu es désormais tenue de venir avec moi!

 

Louarn a besoin de son ami, en tant que nouvelle duchesse tu as besoin de connaitre le nouveau Duc de Schwyz qu'est son fils. Pas d'objection possible ma fille, tu viens un point c'est tout! Délègue la gestion du duché à Jestin il en sera plus qu'honoré je pense! annonça t-il tout en tendant lui tendant la missive d'un geste brusque.

 

C'est ainsi que moins d'une heure et demie après, une délégation composée de quelques gens d'armes, de certains tonneaux, d'Ewen et de la Duchesse de Lombardie faisaient route vers le nord. Tandis qu'un héraut d'arme volait déjà sur les routes avec sa monture rapide, annoncer leur venue et leurs vœux de courage. Sur son cheval gris, Ewen au maintient aussi droit que dans sa jeunesse ne pensait qu'au désespoir de son ami. 



#3 Aloys

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Posted 01 December 2014 - 07:24 PM

Castel de Schwyz, en attente de la mesnie lombarde.

 

Le vieux Louarn avait repris du poil de la bête et quelques livres de chair en ayant appris l'arrivée de son vieil ami Ewen. Méprisant la froidure et le vent, il faisait les cent pas sur les remparts de Schwyz, un magnifique perroquet sur l'épaule, regardant au loin la campagne suisse.

 

Un peu en retrait, ses deux fils ainés. Malo, qui avait pris la relève de son père comme régnant, et Andrev. Des animaux à sang froid, qui avaient le sang de leur mère, une Kempten, en leurs veines. Calmes et obstinés, aussi polaire que leur père Louarn était excentrique et volcanique.

 

- Je crois que notre père a bien fait de vous céder la gestion de nos terres. A le voir ainsi, il semble avoir perdu le peu de raison qu'il avait, jugea Andrev, le cadet.

 

L'aîné sourit en coin 

 

- Mon frère, vous serez en état de juger cet excentrique quand vous aurez fait jeu égal avec lui. Rappelez vous ce qu'il a apporté au Duché, et rappeler vous ses prouesses militaires. Je regrette d'ailleurs que vous n'ayez pas davantage profité de ses leçons tactiques.N'étiez vous pas au commandement de notre armée quand celle ci fut anéantie, il y a peu, par les mercenaires de Nuremberg le Souabe ? 

 

Prends toi ça dans les dents, frérot. Ce n'est pas parce que tu es monté en grade et que le padre est maintenant hors jeu que je vais te laisser une once de pouvoir en plus, incapable que tu es.

 

La brusque rougeur au visage d'Andrev signifia que le message avait été reçu cinq sur cinq. Mais l'aîné avait de la compassion, et enchaîna aussitôt sur un autre sujet, pour que le cadet reprenne un tantinet contenance.

 

- Je suis curieux de faire réellement connaissance avec Denoela. Bien sûr, nous nous connaissons déjà, mais nous ne sommes point de la même génération. Je connais bien mieux Aelig, en fait. Il m'a dit que son caractère était...hum....trempé. Une maîtresse femme en quelque sorte.

 

- Croyez vous  que cela affectera les bonnes relations que nous entretenons avec la Lombardie ? 

 

Malo secoua la tête 

 

- En aucun cas. Si les relations entre Como et Belfort devaient être altéré à chaque fois qu'un acariatre, un colérique, un sanguin arrivait au pouvoir, il y a bien longtemps que nous nous serions entretués.

 

OUVREZ LES PORTES !!!!!! ET DU NERF !!!!!! OUVREZ LES PORTES AVANT QUE JE NE VOUS ECORCHE, TAS DE LARBINS !!!!!!!!!!!

 

CIEL MES BIJOUX !!!!

 

Les imprécations conjointes de Louarn et de son compagnon ailé interrompirent la discussion des deux frères.

 

- Les voilà qui arrivent. Allons de ce pas les accueillir 



#4 Kyeran

Kyeran

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Posted 01 December 2014 - 09:02 PM

Campagne Suisse, à vue du Castel après quelques jours de voyage.

 

Avec une ambiance que l'on pourrait décrire avec ceci: https://www.youtube....h?v=mBjwMSIC7ik; Ewen se tenait droit sur sa selle, l'allure était rapide mais pas assez pour épuiser les chevaux et puis ils n'avaient pas besoin de presser l'allure si près du Castel, les chevaux étaient assez fatigués de ce voyage presque sans interruption. Denoela la nouvelle Duchesse se tenait sur le devant de la troupe, méprisant par sa colère son père et son fils progressant derrière elle. Plus tôt, Aelig s'était joint à la compagnie avec son fidèle chien de Loup ce qui n'avait pas plut à sa mère du premier abord. Le chef de famille avait modéré les échanges tant qu'il l'avait put mais ne pouvait réprimer la fureur de sa fille. Avec un soupir, il scruta le dos de cette dernière, pensif, puis riva son regard sur son petit-fils à son côté.

 

-Même si je n'en reste pas moins heureux de te voir, j'imagine que tu ne pouvais éviter de t'afficher avec autant de détermination en nous rejoignant?

 

-Tu le sais bien Nonnino*, je venait passer visite à mon ami Malo et son frère. Tu n'es pas le seul à avoir un ami chez les Schwyz, d'autant plus que rien ne me l'interdit je n'ai aucunes terres à gérer. Quant à sa colère, tu sais aussi bien que moi qu'elle est vaine et qu'elle le sait. Elle tente de faire bonne figure mais jamais elle n'a put en vouloir à un membre de sa famille. expliqua Aelig comme s'il le rappelait à Ewen qui ne disait plus rien.

 

Bien sur, notre vénérable chef de famille connaissait ses descendants et en avait une part de fierté. Sa fille quoi qu’autoritaire savait faire la part des choses et s'exprimait avec brusquerie et répliques acides. Son petit-fils était plus modéré, ayant hérité de son père certainement, il cultivait cependant un besoin de liberté constant au mépris de son devoir d'héritier en s'absentant régulièrement du Castel, tel sa mère autrefois. C'était un garçon sur de ce qu'il voulait, libre et savait mener les discussions avec diplomatie.

 

Ses réflexions furent laissées là par leur arrivée devant les murs de l'édifice impressionnant de son ami tandis qu'on entendait ce dernier s'époumoner au dessus de leurs têtes. Un petit moment plus tard et on les retrouve dans la cour intérieure en compagnie de Louarn, Malo et ce qui devait être l'un de ses frères aux vues de ses traits partagés avec les deux premiers.

 

-Louarn! Qu'est ce donc que ce fichu perroquet sur ton épaule? Tu sais le supporter? Mon Dieux mais tu as du courage mon ami, je l'aurait fait rôtir il y a longtemps crois moi! s'annonça gaiement Ewen en sautant de son cheval. Il prenait cependant garde à ne point manifester tant de joie, il se rappelait bien la raison première de sa venue, aussi il ajouta tout bas: T'es-tu enfin amélioré dans nos loisirs mobiliers?

 

Denoela elle, ne s’embarrassait pas de mondanités et comme à son habitude vint directement se planter en face de l'homme portant les insignes correspondant à ses titres. Mais soudain, elle rangea sa colère destinée à son fils pour sortir un visage un peu plus avenant tout en se présentant comme de coutume.

 

-Cher Duc Malo De Schwyz, c'est un plaisir pour moi d'officialiser nos rencontres en fonction de nos récents attributions respectives...

 

Alors que Aelig lui aussi à terre conversait déjà avec Andrev de son expédition dans les forêts et sa rencontre fortuite avec ses parents compromettant les projets des deux aînés Belfort et lui même, sa mère tourna vers lui un regard voulant tout dire.

 

-Aelig, va bien vérifier que les dispositions sont prises concernant nos présents et nos montures. Loin de moi l'idée de douter de vos capacités Malo, mais il me peinerait de devoir vous remettre des tonneaux abîmés par le voyage. Ajouta t-elle sur la fin de sa phrase.

 

Le futur héritier de Como se retourna donc, pris la tête des quelques hommes d'armes et se dirigea vers les écuries en invitant à grand bras Andrev qui semblait hésiter. Simple pensa Ewen, voila ce qu'était son petit-fils, simple dans ses manières. Il ne lui coûtait pas de mener sa monture lui même là ou d'autres auraient délégué.

 

*Nonnino signifie Grand-Père



#5 Aloys

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Posted 03 December 2014 - 02:44 PM

AOUT 1175, CASTEL DE COMO

 

En ce bel été du nord de l'Italie, plein de lumière, de couleurs et de parfums propices au repos et à la rêverie, certains étaient à la guerre, tel Ronan de Belfort, impétueux jeune homme, à la bravoure naissante, devenu chef des Armées du Duché de Schwyz par la volonté de son frère aîné, le Duc Malo. D'autres se morfondaient à l'écart du pouvoir, tel le cadet Andrev, chargé d'une mission d'inspection des seigneuries qui ressemblait fort à une mise au placard. Quant au Duc, il devisait politique, entre autres, avec son ami Aelig le Lombard. Enfin certains se reposaient...

 

Il y a un lieu, au Castel de Como, qui ressemble à un jardin sauvage. On y voit des restes de meuble en vieux chêne, ici une table basse, là les restes d'une imposante armoire, disparaissant presque sous l'abondante végétation. Spectacle propice aux méditations, et fantastique terrain de jeux pour les enfants de la noblesse lombarde...

 

En ce jardin, un vieil homme trônait sur une chaise à dossier haut qui servait de support à des herbes aux senteurs sauvages. Ce vieil homme imposant, avec un perroquet d'un autre âge sur l'épaule, n'était autre que Louarn de Belfort, ancien Duc de Schwyz. Celui qui n'aurait jamais du régner, étant simple cadet, et qui avait pourtant marqué par son règne le Duche, tant il l'avait étendu et développé.

 

Face à lui, deux enfants assis dans l'herbe, le regardant de leurs grands yeux sérieux, l'écoutant comme un romain écoute le Saint Père, le harcelant de questions, et se goinfrant de sucreries dérobées dans les cuisines du château. Il s'agit de Goulven et Riou, enfants et héritiers d'Aelig, à peine 10 ans à eux deux, 

 

Dans leurs discussions se mêlent les accents éraillés du vieux Duc, les intonations rauques et gutturales des parlers de Schwyz et de Lotharingie, et les envolées chantantes de l'italien, accompagnées de moultes zézaiements. Un mot d'allemand par ci, un mot de françoys par là, et les trois discutailleurs s'entendaient comme larrons en foire.

 

- Louarn tu nous dis encore comment Nonnino t'as battu avec la table basse ? 

 

- Ach, Goulven, je veux bien te dire encore, mais je dois te dire que ton arrière grand père Ewen, sur ce coup là avait triché !

 

- C'pas vrai, Nonnino il ne trichait pas, il ne trichait jamais !

 

- Comment ça ? il avait mis de la cire d'abeille sur ma table, elle m'a échappé des mains ! Alors, forcément il pouvait me battre ! De toutes façons, vous les italiens vous trichez tout le temps !

 

- Pas vrai ! Pas vrai ! On triche jamais on est juste les plus forts ! C'est vous les Suisses que vous êtes très mauvais et moins forts que nous ! 

 

- Comment comment ? Moi les petits italiens comme vous j'en mange deux à mon petit déjeuner !

 

- Pas vrai ! les italiani on va te battre, vieux crouton, tu vas voir ! Avanti Riou, avanti, fratello, à l'attaque du gros Louarn ! 

 

- Venez donc vous battre bandes de petits cafards du Sud !

 

Et les deux frères de se précipiter sur Louarn et de le bourrer avec grande fureur de coups de pieds, poings en braillant que Come vaincra, avec l'aide de Dieu, contre ces vils Germains qui ne font qu'à envahir tout le monde.

 

- Achhhhh j'ai perdu ! Pitié Seigneurs ! Je me soumets, entendez vous ? Je déclare bien haut que je suis battu, je me fais votre vassal, nobles Seigneurs !

 

- Pas de pitié pour les gros comme toi ! Ou alors tu nous racontes encore des histoires avec Nonnino !

 

- Et des histoires de bataille !

 

- Oui, des batailles, comme celle ou tu as cassé en deux un Capitaine croate rien qu'avec tes mains !

 

- Et la fois où tu as mangé un cochon et bu un tonneau de vin en entier avec Nonnino !!!!

 

 

A quelques pas de là, Malo et Aelig se promènent en devisant paisiblement, regardant parfois à la dérobée les trois discutailleurs. Entre eux, point de courbettes, de titres. Ils se connaissent depuis l'enfance, et ont presque l'impression de faire partie de la même famille. A dire la vérité, le duc de Schwyz ferait davantage confiance à Aelig qu'à son propre frère.

 

J'ai envoyé mon frère Ronan rejoindre nos alliés du Reich à Nuremberg. J'ai tout lieu d'espérer que les troubles intérieurs en Germanie sont derrière nous et qu'une nouvelle ère commence. Nous allons pouvoir développer nos villes et connaître enfin la prospérité, si Dieu le veut. Ronan a de vrais talents militaires, mais j'espère avoir à les utiliser le moins possible...



#6 Kyeran

Kyeran

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Posted 03 December 2014 - 09:31 PM

Dehors par ce bel été, au Castel

 

 

La journée promettait d'être chaude tandis que toute la maisonnée et leurs invités profitaient du soleil. Les enfants s'inventaient des ennemis nordiques dans les jardins libres, les oiseaux chantaient et comme le dit mieux que moi mon ami Nordique l’atmosphère était au repos et à l'oubli des soucis de la vie. Bref, l'entièreté du monde semblait chanter https://www.youtube....h?v=hwbqHmph0PU. Parmi tout ce petit monde, Aelig ne détonait pas et conversait tout en se baladant avec Malo, son ami de toujours.

 

Alors qu'ils passaient devant la tante Flamenig et sa horde de protégés animaux, Aelig aperçut son épouse et ne put qu’esquisser un sourire incertain. Sklaerder semblait beaucoup s'attacher à la vieille femme et partageait apparemment sa lubie sur les animaux. Le jeune Lombard ne doutait pas d'avoir bientôt une seconde meute de tout genre d'être aussi insolites les uns que les autres. Peut-être aurait-il un jour un perroquet comme l'ancien Duc nordique... A l'image qu'il s'en faisait il faillit rire tout seul mais se retint à temps pour entraîner son ami dans les sous bois près de la rivière.

 

-J'espère autant que toi de la réussite de ton frère. Autrefois c'était mon père qui était Général en chef, depuis son départ il n'y a guère plus d'armée offensive à Como, la garde de protection suffit et les gens sont rassurés... Crois-tu pouvoir le faire avec les querelles nordiques incessantes?

 

Léon le chien de loup arriva sur ces entrefaites et passa directement devant eux pour se jeter dans le ruisseau plus loin. Là on pouvait apercevoir la campagne par une trouée dans le feuillage qui ne stoppait que très difficilement la chaleur. Léon était un animal fidèle et très intelligent, d'autant plus qu'à la mort consécutive de sa mère et de son grand-père, Aelig n'était plus beaucoup lui même. Malo était venu tout comme Ewen était venu pour Louarn jadis.

 

-Malo, me fratello non de sang mais de coeur sais-tu que j'ai de la chance de t'avoir comme ami? Bon, nous sommes moins excentriques que nos aïeuls, d'ailleurs je préfère le terrain de LTMG comme il est maintenant. dit-il dans un rire tout en frappant amicalement l'épaule de Malo du poing. Qu'as-tu fais du tiens au fa....

 

Ses paroles furent tout à coup coupées par des cris et un grand bruit de course. Ils se retournèrent en même temps pour apercevoir que la menace qu'il imaginaient n'était en fait qu'un héraut d'arme qui eut tôt fait de les rejoindre non sans trébucher sur des racines et manquer de se vautrer de tout son long à leur pieds. Cela aurait été un tantinet fâcheux que la personnification du bon ordre du duché tombe aux pieds du Duc.

 

-Mon Duc! Sire Aelig! Venez je vous en conjure! Il s'agit d'une urgence! déclara t-il d'une voix entrecoupée d'une respiration haletante. 

 

-Et bien? Que ce passe t-il de si urgent? Mais même devant la surprise du jeune homme, le héraut ne put dire d'autres mots que:

 

-Une rixe....... dans une taverne de la ville... cela dégénère et c'en est venu jusqu'au marché...

 

-Et bien sur, il n'y a pas de garde pour départager les belligérants? soupira Aelig en continuant sa marche mais un dernier mot le fit se retourner vivement et ses traits se durcirent. Il prit la manche de Malo et se mit à courir vers les écuries en ne donnant pour seul réponde à Malo qu'un:

 

-Je t'expliquerais en route!

 

C'est ainsi que la joyeuse journée fut transformée en chevauchée spectaculaire. Ils avaient atteint leurs chevaux et Aelig avait préféré ne pas attendre et chevaucher à cru en omettant pas d'établir un concours entre eux pour celui qui monterait le mieux sans selle. Les deux chevaux lancé à l'allure la plus rapide que leur permettait l'absence d'équipement fonçaient vers la ville en contre-bas du Castel. Tout en se maintenant bon gré malgré, le Lombard déliait sa langue sans rien cacher à son ami d'enfance.

 

-Il a parlé de Talwin, mon très jeune frère. Il vient de fêter ses 15 printemps et pour tout t'avouer je ne sais qu'en faire. Depuis la mort de notre mère puis de Nonnino, chacun a surmonté l'épreuve comme il le pouvait. C'était plus dur pour lui, mais je n'ai pas sut comment partager sa peine.

 

Il est devenu distant et ne parle presque plus à personne. Seul ma fille Ronana arrive à le faire sourire parfois. Pour tout te dire, il s'attire pas mal d'ennuis mais comment faire? Le réprimander sèchement? Le punir? Ou ne rien faire? Je ne vais tout de même pas le récompenser non?

 

Puis, après un grand soupir, le Lombard s'affaissa d'une façon imperceptible que le cahos de leur moyen de transport effaça vivement et riva un regard perdu à Malo. En quête d'un conseil ou d'un reproche il aurait tout accepté pour mener son frère sur le droit chemin.



#7 Aloys

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Posted 04 December 2014 - 05:24 PM

On était allé jusqu'au marché de la ville. On avait calmé avec peine l'esclandre du bouillant Talwin, dont la hardiesse et le regard enflammé auraient presque pu impressionner un Louarn au sommet de sa forme. Mais Malo, précisément, n'était pas Louarn. Ce qui explique peut être pourquoi le calme et la fermeté des deux Ducs avaient réussi à faire recouvrer au jeune home un peu de calme et de raison.  Mais le pauvre garçon était en souffrance, et l'observateur Malo voyait bien, à un soupir, à un mordillement de lèvres, que cela affectait Aelig.

 

Le retour au Castel avait été silencieux. Les deux régnants avaient échangé quelques propos, mais Malo ne répondait plus que de façon distraite, semblant absorbé dans ses pensées. Il tâchait de rassembler ses souvenirs à propos de Talwin, qu'il avait peu fréquenté, n'étant pas de la même génération. Mais....il avait une fille qui était du même âge, la douce mais têtue Plezota, qu'il chérissait tendrement. Il lui avait semblé par le passé que...simple amitié d'enfance peut être ? Pourtant....quand le héraut avait surgi, racontant les mésaventures de Talwin en ville, ne l'avait il pas aperçue, se levant d'un air inquiet, le visage tendu et préoccupé ? 

 

Le feu italien et la neige des montagnes germaniques....un mélange qui méritait peut-être....Mais la voilà qui attend, devant la porte même, et ses yeux clairs s'agrandissent d'inquiétude en voyant le visage quelque peu  tuméfié de Talwin....il faut dire que le bougre ne manquait pas de témérité, s'en étant pris à quelques soudards bien charpentés...un coup à y rester, ça !

 

Malo n'a pas même posé le pied à terre qu'il s'adresse à sa fille.

 

Plezota, ma Doulce, veux tu bien t'occuper de Talwin, et lui prodiguer quelques soins ? Talwin, pas de protestations, s'il vous plait. Laissez vous faire, et soyez raisonnable une fois dans cette journée...

 

Plezota acquiesce en une gracieuse révérence, et les deux jeunes gens s'éloignent, pendant que Malo regarde Aelig, un petit sourire aux lèvres. Inutile de trop se parler, les deux compères se comprennent à demi.

 

Mon ami, il me semble que nous pouvons trouver une sentence pour ton jeune frère qui pourrait être à la fois punition et récompense, selon son attitude... En toute chose il faut trouver l'équilibre, savoir marier le feu et la neige, la force et la douceur, l'impulsivité et la constance, n'est ce pas ? 

 

Le soir au repas...

 

Ils sont réunis assez joyeusement, tous, les Lombards et les Suisses. Malo tient discussion avec l'épouse d'Aelig, les autres écoutant et participant par moments. Un regard à Aelig, et Malo reprend la parole, d'une voix suffisamment forte et claire pour que tous puissent en profiter.

 

Et vous, chère Sklaerder, pensez-vous que des mariages.....des mariages d'amour puissent exister ? 

 

Regard perplexe de Sklaerder vers son époux Aelig, qui sourit finement.

 

La Kempten, mère de Malo, épouse de Louarn, au caractère de glacier suisse, ne peut réprimer un petit hoquet d'indignation, pendant que Louarn manque de s'étouffer. Il regarde son fils ébahi, vous savez, son fils, futur Duc de Schwyz qui a épousé contre l'avis de tous et par amour une sublime créature issue de la petite noblesse locale. Il regarde son fils et se met à éclater d'un rire tonitruant, ce qui accentue encore la consternation de son glaçon d'épouse, qui se demande si elle ne préférait pas finalement le temps où son épouse brisait le mobilier de ses colères....tout se perd.

 

Mais le spectacle le plus intéressant se situe au bout de la table. Le visage de Plezota, d'habitude si pâle, prend une teinte pourpre, quand à la figure de Talwin, elle marie le violacé des coups reçus dans l'après midi et le rouge le plus éclatant. Les deux jeunes gens regardent furtivement les deux régnants qui sont tout près de pousser des gloussements de vieilles entremetteuses, se regardent et rougissent de plus belle....



#8 Kyeran

Kyeran

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Posted 04 December 2014 - 10:18 PM

La rixe avait été apparemment monumentale et Aelig n'y avait put que constater les dégâts occasionnés. Il avait recommandé le calme à ses gens sans pour autant être crédible, son frère n'avait-il pas donné l'exemple? Aussi, il avait décroché sa bourse personnelle puis l'avait donnée à l'officier désemparé se trouvant le plus près de lui en lui ordonnant de distribuer la somme aux propriétaires des débris éparpillés tout le long de la rue. Tout ce que l'on pouvait dire, était que Talwin avait manifestement hérité d'Ewen son gout pour les destructions d'objets en bois.

 

De retour au Castel sans avoir de solutions, il avait écouté avec un effarement non feint les paroles de Malo. Puis il s'était ravisé en apercevant les deux jeunes gens et surtout le regard de satisfaction dans les yeux du Duc Nordique. D'un coup tout lui parut clair et il se maudit de ne pas y avoir pensé plus tôt, voici des années que les Lombards désiraient graver dans la pierre leurs amitiés et peut s'en fallait mais chaque essais n'avait survécu qu'une ou deux années.

 

-Tu es d'un génie rare! Comment ais-je put être aussi aveugle à ce point? Je te le demande bien... Mais assez supposé, nous avons à traité de Duc à Duc. Mon ami, que dirais-tu de goûter aux vins d’expérimentation de Nonnino? Je ne sais ce qu'ils valent mais il ne faut pas mourir bête dit-on, pour ma part je ne le serais pas plus qu'aujourd'hui je le craint.

 

C'est ainsi que le reste de la journée fut consacrée à leur projet commun. Ce n'était pas un événement banal, ah non! Ils s'était enfermés dans l'antre favorite des anciens vénérables chef de famille et les négociations s'étaient enchaînées au fil des verres de vins vieillis en tonneau d'acacia.

Il avait été décidé qu'il fallait pousser les jeunes gens à se déclarer, ce n'était pas aux deux régnants de décider pour eux et de la bouche même d'Aelig, il fallait qu'ils se comportent dorénavant comme des adultes en assumant leur décision face à tous.

 

Au repas, le soir...

 

Le repas battait son plein et notre Duc Lombard s'amusait des efforts de Malo afin d'orienter les deux jeunes sur le sujet propice. Les conversations sur la saison propice aux Cyclamen, petites fleurs italiennes montagnardes, ou encore les méthodes de courtisanerie à une époque révolue depuis bien des temps ne semblaient pas beaucoup intéresser nos feu et neige. Ce fut pourtant la question posée à sa douce épouse qui amena le plus clairement le sujet et bien qu'elle en sache long, Sklaerder semblait transie, comme si elle n'y avait pas réfléchit.

 

Aelig s'en souvenait mieux, c'était Denoela sa mère qui avait décidé et ils ne s'étaient pas aimés à leur mariage. Mais le temps aidant et la découverte réciproque de l'autre avait fait quelques miracles et ils avaient finit tout deux par s'accorder, se compléter pour former un tout. Il ne pouvait que sourire à la décision de ses parents et au destin ayant bien voulut que cela se passe ainsi entre eux deux.

Mais avant qu'il puisse aller plus loin dans ses pensées, Louarn éclata d'un rire à décrocher un lustre. Par pur reflexe, Aelig scruta le plafond puis en riant de connivence avec le vénérable père, il but sa coupe et s'adressa aux deux jeunes gens côtes à côtes rougissant autant que leur permettait la surface de leur visage.

 

-Eh bien vous deux! Qu'avez vous donc à rougir ainsi? Fait-il trop chaud en mon Castel? Malo je craint que ta fille ait attrapé les vents tant elle semble sur le point de s'effondrer... Puis après quelques secondes de silence ou il simula un examen visuel complet des prétendus malades il demanda d'une voix haute et claire.

Qu'on apporte de l'eau fraîche! Et de quoi leur envoyer de l'air, que diable restez avec nous jeunes que vous êtes! Profitez de la vie et de ce banquet hein!

 

De son ton exagérément préoccupé, ainsi que de la complicité de Malo, les deux hommes contribuèrent au spectacle suivant. Décidément, le Castel de Como était source de grands divertissements ces temps ci! Mais passons et arrivons pile au moment décisif. Plezota se leva doucement et donna un coup de coude à Talwin pour qu'il en fasse de même. Si elle s'inclina devant le duo Ducal, lui les regarda dans les yeux, affrontant son avenir sans les défier pour autant, la fierté et l'égo ne changent que lentement...

 

-Mes Sires... nous avons.... une annonce à faire.... commença courageusement la petite.

 

Elle allait continuer sur l'invitation de Schwyz et Lombardie réunis mais Talwin l’arrêta en posant sa main tendrement sur son épaule. Leurs regards se croisèrent et à la plus grande joie d'Aelig, l'homme qu'était devenu son frère prenait ses responsabilités. Il s'avança et se planta face à Malo en plantant un genou sur la pierre. Il releva la tête et d'un ton normal sans aucune rébellion décelable il parla.

 

-Sire Malo de Schwyz, Duc de ce nom, fils de Louarn le combattant je me présente à vous et avec l'autorisation tacite de mon Sire et frère Aelig, Duc De Lombardie, je demande humblement la main de vostre fille Plezota ici présente.

 

Le Lombard aux côtés de Malo exultait, enfin! Son frère avait semble t-il compris le sens de sa vie et devenait homme. Mais il s'obligeait à rester un tantinet sérieux tant que son ami n'eut pas rendu sa réponse. L'instant était trop solennel. Il jeta néanmoins un regard vers l'épouse de Louarn qui pinçait les lèvres, peut-être pensait-elle que les traditions n'étaient pas respectées. Mais le temps était au changement et la jeunesse créait d'autres traditions au fur et à mesure du temps.



#9 Aloys

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Posted 05 December 2014 - 08:03 PM

Nouveau hoquet de la Kempten, qui ouvre la bouche comme pour protester...Malo, son fils, le fruit de ses entrailles, en qui elle avait fondé tant d'espoirs tellement il résistait bien à son Père, ne se contentait pas de l'avoir cruellement déçue en ayant épousé par le passé une demi traînée de la noblesse locale, voici qu'il récidivait en public, en parlant et en organisant des mariages d'amour. Et le tout en public, au vu et au su d'une famille étrangère, des italiens mangeurs de pâtes. C'était charmant, dans quelques minutes, on s'embrasserait tous sur la bouche on se mordillerait les oreilles en se bavant des serments d'amour...à vomir. C'en était trop.

 

Elle allait parler quand elle sentit la poigne pesante de son Sanglier de mari s'abattre avec....amour....sur la sienne. Un amour tout louarnien, qui avait une signification fort précise, et qu'on pouvait traduire à peu près par ces mots "Ma Doulce Epouse, prenez bien garde par des propos mal avisés de gâcher l'ambiance et de réveiller l'Ours qui est en moi....usez de cette sagesse qui vous a, pour l'instant sauvé la vie, ne dites pas un mot".

 

La Kempten regarda son mari. Un instant, elle cru revoir le pétulant Louarn, celui des années de jeunesse, celui qui lui avait causé une jaunisse de frayeur lors de leur première dispute de couple, le lendemain du mariage, alors qu'elle avait - la téméraire - osé le contredire. Elle se souvint de ce coffre en chêne massif qui avait volé à travers la pièce et l'avait frôlée de peu....

 

Alors, elle ravala ses paroles et sa rancoeur et se tut. 

 

Quant à Louarn, allez savoir pourquoi, ce mariage d'amour qu'il aurait vomi il y a encore peu de temps, l'amusait à présent. Surtout, les excentricités et le visage tuméfié de Talwin prouvait que ce dernier avait du répondant, et cela lui plaisait. Il ferait bien dans la famille !

 

Face à Talwin, Malo contemplait gravement son futur gendre. L'instant était solennel.

 

Sire Talwin, vous êtes un jeune homme aux grandes qualités. Puissiez vous les utiliser, non pour détruire vos gens, mais pour les défendre, ainsi que votre nom, votre famille et l'être que vous chérissez. Relevez-vous, à présent, mon fils, puisque je peux vous appeler ainsi, et prenez soin de ce trésor que je vous lègue.

 

L'italien se relève et, en une accolade virile prodiguée par le duc Germain , se retrouve propulsé sous les acclamations de la majorité des convives dans la famille de Schwiz.

 

Cachés derrière un rideau, deux pitchounes lombards s'agitent.

 

- Ils font quoi ? Tu me laisses voir ? 

 

- Non t'es trop petit, je te raconte si tu veux !

 

- Ils font quoi alors ? 

 

- Ils vont prendre la main de Plezota ! Et ils vont la donner à Talwin !

 

- Quoi ? Mais je veux pas ! Elle est gentille Plezota ! Et il va faire quoi avec sa main ? Il en a déjà deux !

 

- Même que le Duc il va donner un trésor à Talwin !

 

- Hein ? Et nous alors on a rien ? 

 

Vous allez avoir une semaine au pain et à l'eau si vous n'allez pas vous coucher tout de suite !

 

Effrayés par la voix de leur nourrice, les deux lombards de poche filent sans demander leur reste...



#10 Kyeran

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Posted 07 December 2014 - 11:38 AM

Aelig regardait calmement son frère passer du bon côté de la force. Ainsi, la famille de Belfort et celle de Como serait unie pour une union qui affronterais les générations et à mesure qu'il observait les deux tourtereaux il se prit à penser que Plezota aimerait vivre en italie. Mais son frère même s'il était calmé par l'équilibre que lui faisait sa future femme restait tempétueux et devait obtenir de quoi occuper ses journées.

 

Tandis que tous acclamaient la nouvelle union, Aelig attendit et observa les réactions diverses. Louarn semblait y être favorable au contraire de son épouse qui restait de marbre bien plantée dans sa chaise. Les autres membres menaient de grande conversations sur l'avenir des jeunes tandis que les dis jeunes semblaient perdus dans ce brouhaha ininterrompu.  Ce fut à cet instant que notre Duc Lombard demanda le silence d'un petit geste, celui du maitre de maison qui annonce une nouvelle importante.

 

Un tel honneur de nos amis nordiques se doit d'être équilibré tout comme le feu se calme avec la neige. En tant que souverain de ce duché, je vous demande de féliciter la Dame et le Seigneur de Piacenza. Le château demande quelques réparations mais il y fait bon vivre et je ne doute pas qu'ils y seront à leur aise pour élever leurs enfants.

 

Puis avec un sourire, il leva son verre à demi vide et donna le signal de la fête qui attendait patiemment son heure.

 

Quelle joie! Qu'on apporte des tonneaux! Du cidre! Du vin et autres liqueurs! Qu'on envoie également les meilleurs fromages et douceurs de ce château j'y tiens! Qu'il soit sut que l'on sait recevoir à Como hé hé!

 

Alors qu'il trinquais avec son épouse à sa droite et Malo à sa gauche, du coin de l'oeil, un mouvement attira son attention mais il n'y prit pas garde tant la joie régnait dans la Grand'Salle.

La petite Alara se glissait derrière les tentures et filait à la Schwyz pour rattraper les deux Lombards de poche. Elle eut un peu de mal mais aux détours des couloirs et divers escaliers elle finit par les retrouver dans une étrange salle dont les murs étaient habillés de grandes étagères contenant d'innombrables papiers.

Devant ses grands yeux, les deux frères se retournèrent et la regardèrent d'un air méfiant.

 

-Tu viens d'ou?

 

-Pis d'abord qui tu es?

 

-Pourquoi tu nous suis? Tu nous espionnes?

 

Alors qu'elle répondait laborieusement à toutes ces questions qui pleuvaient comme en Bretagne, ils finirent par retrouver la confiance et l'embarquèrent dans leurs aventures par un -Viens! tout en la tirant vers une des étagères. Un passage se trouvait dissimulé par un mécanisme ingénieux et laissait apercevoir de longues galeries souterraines.

 

-Ce sont des passages secrets! Ils vont dans tout le château et il n'y a que nous qui savons qu'ils existent. On compte sur toi pour ne rien dire hein! Sinon tu seras maudite.

 

-Oui maudite! Mais Avanti! On peut rejoindre la grande salle par ici!

 

Excités comme des puces, ils s’engouffrèrent dans les sombres passages laissant la petite fille derrière. Elle fit vite son choix et courut pour les rattraper en leur criant de l'attendre.



#11 Kyeran

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Posted 25 December 2014 - 10:28 PM

Novembre 1197, Castel de Mantova

 

 

La nuit avait déjà étendu son influence, les arbres devenaient les remparts de la forêt, les talus de petits murs infranchissables et les animaux tous semblables les uns aux autres. Et puis, on entendait les bruits cent fois décuplés par l'obscurité... sauf que c'était tout sauf les bruits normaux de la nature.

Debout sur la terrasse, bien campé sur ses jambes et les bras croisés, Talwin regardait les troupes défilant en contre bas de la tour du Castel. L'armée se constituait, tel le Phénix se relevant de ses cendres, chacun reprenait sa place comme avant la démobilisation générale. Assez ironique, la guerre faisait se retrouver des compagnons d'armes pour un ultime combat et peut-être le dernier.

 

Ce sera bientôt le temps de combattre... As-tu donc si peur que cela Talwin? lança Breval son frère cadet assis à la table militaire dans la pièce percée par la terrasse.

 

Sans répondre, le plus jeune des fils poursuivait le fil de ses pensées alors que les hommes marchaient avec des bruits caractéristiques de marche militaire. La plus fantastique et meurtrière des choses. Ses yeux aperçurent deux cavaliers mais son esprit ne les ramena pas à sa raison et ce n'est que quelques dizaines de minutes plus tard qu'il entendit la porte s'ouvrir.

Là, sur le seuil de la porte se tenaient le Duc Aelig et son jeune petit-fils Servan. Ce dernier la mine grave faisait son possible pour ne pas s'écrouler de sommeil alors que son aïeul avait sa main sur son épaule.

 

-Buona sera me fratello, j'espère que vous avez fait bon voyage tous les deux. annonçait Breval

 

-Pas de difficultés merci. répondit brièvement le Chef Lombard avant de s'adresser au jeune garcon. Servan mon petit, salue tes grands-oncles et va te reposer, tu tombes de fatigue et rien d'important ne se passera durant la nuit.

 

Alors que le gamin de 8 ans filait sans demander son reste, Aelig prit un siège qui passait par là et soupira d'aise en s'y posant. Il porta son regard sur ses deux frères et se félicita de les introduire dans les événements à venir tant ils étaient soudés tels la lame, la garde et le pommeau de l'épée.

Talwin sortit depuis peu de sa léthargie vint prendre place à la table tout en faisant étalage de sa diplomatie inexistante ou de son franc parlé, appelez cela comme vous l'entendrez.

 

-Sommes nous donc si vieux que cela pour nous appeler "Grand-Oncle"? Pourquoi pas vénérable tant qu'on y est? alors que Breval le plus sérieux des trois se scandalisait.

 

-Vive remarque qui ne paie pas de mine et pourtant si importante... répliqua l’aîné. Servan est l'héritier depuis le départ regretté de Ferrier, je me doit de lui montrer ce qu'est la guerre et les charges d'un Duché. Dans la mesure de son âge et de mes capacités bien entendu. La prochaine génération devra sans doute faire face à autant de problèmes que la notre, je pense donc la préparer au mieux.

 

Alors que Breval pensant à tout faisait apporter à manger et à boire, ils examinèrent les rapports sur les troupes et l'intendance prévue pour la campagne. Les cartes se superposaient tandis que nos trois hommes listaient les techniques, la géographie, le moral des troupes et toutes ces choses insignifiantes mais qui font tomber des places fortes. Le vacarme avait cessé au dehors, la nuit se poursuivait et ce fut Breval qui amena le sujet facheux.

 

-Avons-nous des ennemis indésirables aux côtés des Autrichiens? dit-il après une gorgée de vin.

 

Le silence du Duc valait plus qu'une réponde, il était sans équivoque pourtant Talwin ne put s’empêcher comme s'il pensait que son frère puisse mal comprendre. Il soupira longuement avant de lâcher:

 

-Oui, Belfort... Malo est Germain et dévoué à son Roy tout comme nous au notre. Si le souverain du Nord déclame le levé de ban, nous risquerons fortement de.....

 

-Silence Talwin! Nous avons compris! lança Aelig d'un ton dangereusement calme et bas. S'en suivit quelques instant on l'ou n'osait même pas respirer et je doute que Aelig en soit conscient, il n'abusait jamais de son autorité sur ses frères, c'était juste que le sujet déclenchait chez lui de grosses colères contre lui même.

 

-Cette décision me répugne. Mais il faut éviter que je ne choisisse le plus mal de ma loyauté à mon coeur... Nous serons les trois généraux de l'armée Lombarde. Aucunes décision ne pourra être prise sans le consentement d'au moins deux de nous, quel que soient les raisons.

 

Les deux autres hochèrent la tête gravement et affirmèrent leur soutien à leur frère tiraillé entre l'amitié et le devoir d'un duc. Ils le laissèrent s'en aller sans d'autres forme de congé.

Le Duc se rendit à ses appartements et entrouvrit la porte de la chambre de son petit-fils. Un jour il prendrait le Duché sur ses épaules comme il l'avait fait jadis avec Ewen. Son Vénérable Grand-Père l'avait-il contemplé alors qu'il dormait comme il le faisait avec le p'tit? Il ne le saurait jamais. C'est à ses pensées du temps passé ou la paix règnait qu'il ferma la porte et laissa le jeune garçon blond à ses rêves tant qu'il le pouvait encore.



#12 Aloys

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Posted 26 December 2014 - 09:01 PM

Ils étaient quatre autour de la table, regardant un homme, debout, aiguiser un couteau. Le silence presque étouffant rendait plus net encore le bruit de la lame, comme si l'air était tranché à chaque mouvement.

 

L'homme était maigre, presque émacié, les cheveux longs encore noirs, les yeux plus noirs encore. Personne n'aurait pu deviner ce qui se tramait derrière ce regard, derrière le regard de Malo, duc de Schwyz. Songeait il que chaque régnant devait écrire une page de l'Histoire de son Peuple, et que c'était à lui qu'était échu d'écrire la page la plus sombre peut-être ? 

 

- Beuzegig

 

- Mon Oncle ? 

 

- Tu partiras pour Brixen à l'aube, avec ton épouse Avela. Je vous confie le commandemant des premières troupes, que vous mettrez à disposition du Kaiser, sans condition aucune.

 

Il appuya à peine sur les derniers mots. Il était inutile d'insister davantage. Chacun savait ce que cela signifiait.

 

Un bref regard à sa femme, et Beuzegig hocha la tête. Une réincarnation physique de Louarn, cet homme. Petit, trapu, le poil abondant et frisé, une masse d'os, de chairs, de muscles, et une voix à faire trembler les remparts. Un caractère plus avenant que le glorieux ancêtre, cependant, ce qui ne l'empêchait pas d'être respecté et craint par ses hommes.

 

A ses côtés, Taran, fils et héritier du Duc, se mordilla nerveusement la lèvre. Ce geste n'échappa pas au regard du régnant qui le fixa un instant avant de poser ses prunelles sur son petit fils, Rivelen, qui  n'avait pas 20 ans, mais qui avait la sagesse d'un homme mûr.

 

Rivelen, je veux que tu accompagnes Beuzegig et que tu fasses tes premières armes. Tu as les qualités d'un régnant, il te manque encore l'expérience de la guerre.Laissez moi, maintenant.

 

Les quatre se levèrent et firent révérence, avant de quitter la pièce, quand le Duc reprit.

 

Pas toi, Taran.

 

 

 

 

 



#13 Kyeran

Kyeran

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Posted 27 December 2014 - 01:53 PM

Camp des armées Lombardes, dans la campagne.

 

Servan avait grandi, du moins mentalement. La guerre était implacable lorsqu'il fallait former des guerriers, et le gamin n'était pas n'importe qui tout comme son éducation. Aelig l'avait prit sous son aile lorsque son père était mort, sa mère retournant dans sa famille l'avait laissé aux bons soins des Lombards sans se préoccuper de l'état de son fils. A leur départ de Como, le petit était encore un enfant, désormais quelques semaines plus tard il était déjà en pleine conscience de son environnement.

Le plat d'une épée vint interrompre les pensées du duc et il fit une grimace surprise au choc conséquent sur son tibia. Un regard malicieux persistait encore sur le visage de l'héritier alors qu'il se remettait en garde. Relevant son épée, notre Duc du haut de ses 60 décennies décrivit un rapide moulinet suivit d'une feinte astucieuse et d'un petit saut. La seconde d'après, Servan se tenait dos au sol, l'épée plantée dans le sol à la merci de la lame ducale.

 

-Relève davantage ta garde, prend un peu moins d'appui dans tes touches et cesse de croire que la lame est lourde ou elle le deviendra vraiment! jeta Aelig tout en reprenant son souffle. Néanmoins il y a du mieux. ajouta t-il afin de ne pas continuellement rabaisser son petit-fils.

 

Ambiance tendue. De l'autre côté du camp, Talwin traversait les allées en rageant et en demandant d'un air furieux "Ou est le Duc?" alternant entre "Répondez!" ou "Je vous ferais cuire si vous ne réfléchissez pas plus vite!". Son visage malgré le froid ne rougissait pas, il avait la pâleur de l'extrême colère, celle qui attend un meurtre pour se rendormir. Notre homme usa de son autorité de son mieux et peu de temps plus tard il se trouvait sur le chemin de la clairière choisie pour les entraînements. Lorsqu'il fut en vue du duc et de Servan, il se mit à crier à pleins poumons:

 

AELIG!!! Attend que j'arrive!!! AELIG!!!

 

Surpris pour la seconde fois de la matinée, le Chef des Lombards se retourna et attendit que son plus jeune frère soit près de lui afin de lui éviter de perdre de sa voix avant la bataille. Les poings sur les hanches tandis que Servan tenait les armes et les rangeait dans leurs fourreaux respectifs, son coeur se serra à une pensée fugitive.

 

-Qu'as-tu pour ainsi crier mio fratello? Un problème au camp? demanda t-il calmement.

 

-Epargne moi les banalités cher Duc, je viens réclamer justice! lança Talwin aussi vite que le permettait sa colère. Je viens d'apprendre que Jegu est ici! Et qu'il sert le duché en tant que Capitaine de la seconde unité! N'y a t-il pas d'erreur?

 

-Ton fils doit d'abord faire ses preuves s'il veut monter en grade en dehors de son rang. répondit l'autre, le petit se tenant derrière un tantinet effrayé par son grand-oncle.

 

-Je ne parle pas de cela! Il a 15 ans! Ce n'est pas un âge pour partir à la guerre, sans mon accord ni même mon avis! Voila que tu l’enrôle dans ton armée et qu'il courre à sa perte! Il n'est pas un guerrier tu le sais bien autant que moi!

 

-N'est ce pas l'âge légal de la majorité chez les Lombards? De plus, ton fils est venu de lui même s'engager en m'expliquant ses rais....... Non Talwin, je ne désire pas me battre avec toi! annonça Aelig alors que son frère tirait son épée au clair et faisait tomber son manteau au sol.

 

Il eut juste le temps de demander la sienne à Servan et les deux hommes se tenaient l'un en face de l'autre. D'un geste, le Duc désigna l'enfant comme arbitre officiel et garantissait ainsi sa sécurité. Les quelques soldats qui s'étaient attroupés autours en appelaient d'autre mais il les fit attendre le dénouement d'un regard. Revenant au blond furieux, le Chef Lombard réfléchissait activement tout en évaluant sa future stratégie. Ainsi, le moment était finalement arrivé, les frères se séparaient mais il ne s'imaginait pas que ce serait pour un motif aussi petit. Pourtant il aurait du le savoir, la famille chez les Lombards était plus importante que la loyauté.

 

-Si je ne peux avoir justice par les paroles, je la réclame par les armes tel nos ancêtres. Crois bien que j'en sois désolé, mais mon fils va à la mort.

 

Sous les bavardages excités des soldats le silence était pesant et l'air semblait brûler les poumons de chacun. Puis, d'un coup d'un seul, les deux hommes chargèrent en un cri uni l'un contre l'autre. Il y a des guerres qui ne sont pas loin de chez soi mais qui font plus de ravage qu'aucunes autres. Les épées s'entrechoquèrent et on ne peut dire que l'un ou l'autre retenait ses coups et il eut comme un souffle jaillissant du premier coup.

La suite n'en fut que plus brutale...



#14 Batonnoir

Batonnoir

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Posted 27 December 2014 - 02:11 PM

Kristo'ch avait déplacé sa cour dans une forteresse Bavaroise afin d'y établir le poste avancé des opérations. Deux ans auparavant, en Octobre 1197, l'Italie avait déclaré la guerre à la maison d'Autriche afin de récupérer les terres détenues par ladite maison sur sol italien.

 

Le Kaiser avait tout de suite humé l'imposture et la supercherie. Il décida d'écrire à Malo Von Belfort afin de lui faire part de son ressentiment.

 

 

Cher Malo,

 

Ce roi d'Italie, ou dirais-je plutôt, ce chef de la mafia corse? a déclaré la guerre à notre illustre Empire sous des raisons fallacieuses. Si tu venais à recevoir des diplomates, ton territoire étant plus proche de la frontière, je vais te faire part des informations qui te seront utiles.

 

Un an auparavant, j'avais proposé à la duchesse d'Aquila la restitution des terres qu'autriche a acquises en Italie, en échange de quoi, on nous restituait les villes de carinthie occupées par des Italiens. Pourquoi est-ce qu'Autriche a eu des terres en Italie? Les raisons en sont toutes simples. Le mafieux se comporte avec son peuple tel un dictateur fou furieux et a poussé nombre de seigneurs qui n'étaient pas de son avis, à l'exil. L'un des derniers exemples est l'éradication du royaume de Saint Pierre, le pape doit en être ravi, pour sûr. Or de ces seigneurs partis en exil, certains ont vendu leurs terres. Autriche n'a été qu'un acquéreur, ça aurait pu être une autre maison.

 

Bref, sachez que cette guerre a été finement préparée et nous visait directement. L'incursion sur Pflaum était préméditée. De fait, ils ont trouvé le premier prétexte venu pour envahir l'Empire, comme ils l'ont fait en Provence et en Croatie avant ça. Leur but n'est pas de "reprendre les villes italiennes détenues par autriche" car ce faisant, ils n'avaient qu'à accepter mon offre. Non, leur souhait est de conquérir par la force le duché de Carinthie!

 

Si le Diable permet à cette mafia une telle forfaiture, leur hégémonie sur l'Europe sera en place. De fait, ils tiendront la bourgogne sous leur coupe grâce à la provence, de même pour la hongrie avec la colonisation de la Croatie. Ce "roi d'Italie" a souvent ouvert la bouche pour médire sur la Germanie, mais n'a-t-on jamais vu les Allemands se comporter comme les Mahométans au pays d'Israel, en Egypte et en Afrique proconsulaire?

 

Loin de l'image d'épinal que la mafia au pouvoir en Italie veut propager, image de libérateurs et de sauveurs, c'est en réalité un pouvoir subversif et injuste qui veut soumettre ses voisins et ne s'arrêtera surement pas à la Carinthie. Car un tel pouvoir ne peut être défait que par la force et tant que résistent des nations indépendantes, ils n'auront de cesse que de vouloir les soumettre.

 

Amicalement

 

Kristo'ch Von Helmstedt

Kaiser

 



#15 Kyeran

Kyeran

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Posted 04 January 2015 - 02:07 PM

Salle du trone ducal, Castel de Como, 1207

 

    Le Duc, dans la fleur de l'âge se tenait collé dans le dossier du trône, contemplant la grand'salle se déroulant devant lui. Ses mains se crispaient sur les accoudoirs en faisant saillir ses veines. Pâle comme une bière Germanique pas très fraîche, il serrait les dents pour ne pas montrer la souffrance et l'inconscience qui perçait perfidement son esprit telle une aiguille dans une chemise à raccommoder. Son docteur, son conseiller et son frère se tenaient à ses côtés et insistaient pour l'arracher de ce siège et le faire se reposer. Mais lui, savait ce qui allait arriver, et têtu jusqu'à la dernière heure refusait chaque demande.

 

-Je t'en prit Aelig! Nous allons prendre soin de toi, va dans ton lit, ton corps doit se remettre! Je te l'ordonne, tu doit t'allonger! lui disait Talwin.

 

-Chhhhh..... Dee....de...depuis quand me donnes-tu..... au...autre chose.... que d....des ordres Talwin? répliqua le chef Lombard en essayant vainement de rire.

 

    Ailleurs, la ville semblait en ordre d'après les rapports que Servan avait eut en main, il déambulait sur son cheval dans les rues en saluant les artisans et passants. Notre jeune héritier aimait prendre le pouls de la seigneurie dont il était le seigneur, il bavardait en taverne avec les marchands autant que les paysans ou les voyageurs. Cela ne seyait pas à son rang il le savait, et nombre des résidents du Castel lui en faisait part, mais il les envoyait promener avec l'autorité du Seigneur et s'en allait dans sa ville.

 

A ce moment, il se promenait avec Nevenez sa femme tandis que leur fille trop petite pour sortir, était gardée par la gouvernante. Les chevaux avançaient lentement lorsqu'un héraut d'arme assez âgé et connut pour sa profonde affection pour l'actuel Duc, juché sur un autre cheval semblait flotter dans les airs tant la monture galopait vite. Aussitôt, Servan se raidit et se rapprocha discrètement de sa femme. cette dernière sembla comprendre car elle lui prit la main en attendant.

 

-Monseigneur Servan! Vous êtes demandé par sa grâce au château, immédiatement et cela ne peut souffrir d'attente. annonça l'homme aux cheveux blancs.

 

S'en suivit un galop effréné, l'héritier en tête suivit de peu par sa douce et le vieux héraut, ils ne s'occupèrent même pas de leurs chevaux, les abandonnant dans la cours aux bons soins des palefreniers. Tandis que le couple héritier se dirigeait vers la grande Salle, on leur expliqua la chute du haut des escaliers de la tour jusqu'en bas des quatre étages, que le Duc avait subie. L'homme leur annonça aussi le refus de se faire soigner et l'obsession de les voir sans délai et sans autre forme de procès. Tout cela contribuait à serrer le coeur de Servan qui semblait se tendre à chaque instant, tel une corde d'arc prêt à rompre. Nevenez passa un bras dans son dos et l'accompagna, cette femme avait toujours le don de le calmer quelle que soit la situation.

 

Finalement, ils arrivèrent devant le trône unique, depuis la mort de la duchesse et ce qu'ils virent leur donna un coup monumental. Aelig tremblait violemment mais pensait le dissimuler, un bandeau de tissus était serré étroitement sur son front et se teintait d'une substance marron. Lentement, Servan et Nevenez s'avancèrent en face du Piètre Duc et s'agenouillèrent la tête basse, sans rien dire.

 

-Servan... bien aimé...fils de mon fils... Aujourd'hui je vais... mal. annonça Aelig d'une voix entrecoupée d’essoufflements.

 

-Nonnino! Tu ne va pas bien, il faut te reposer!

 

-Silence!!! Argh... Je ne suis... plus le Duc... digne de... Iael et de la Lombardie. explosa de toute son énergie le mourant. Aussi, ainsi que je l'ai dé......cidé par ma parole et devant..... la majorité du conseil..... Lombard....

 

Une quinte de toux le laissa alité pendant quelques minutes tandis que personne n'osait bouger ni suggérer autre chose qui pourrait mettre le duc en colère. Impuissants, chacun avaient conscience d'assister à la fin d'Aelig mais d'aucun n'avaient la puissance de faire quelque chose. Finalement, Aelig repris la parole une dernière fois devant ses nobles locaux.

 

-Saluez tous Servan et Nevenez, nos Duc et Duchesse de Lombardie!

 

Voulant sans doute incliner la tête, son corps entier pencha en avant et tomba lourdement sur le bois de l'estrade devant les regards affolés des témoins. Servan se releva avec sa femme et lança un regard contenant colère, rage, tristesse et chagrin en même temps. Il se rua vers son grand-père et hurla de toute la puissance de ses jeunes poumons.

 

-Qu'on amène une litière! Qu'on le transporte dans sa chambre et vous Médicastre! Je veux vous voir à son chevet jusqu'à nouvel ordre! Aelig ne doit pas partir, pas ainsi!

 

Tandis qu'on se massait à ses côté, le mourant fut transporté et l'héritier désormais duc ne tenant presque plus debout fut emmené par sa femme bienveillante dans leurs appartements. Il réalisa enfin ce qui allait se passer et pleura des heures durant sur l'épaule de Nevenez avant d'aller au chevet du maître des lieux. Celui qui avait été comme son père à la mort de Ferrier et un père pour la Lombardie s’éteignit dans la nuit de mars 1207.

Le nouveau Duc se tenait, droit et impassible à côté de sa dépouille lorsque les cloches du duché entier retentirent solennellement.



#16 Aloys

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Posted 06 January 2015 - 10:20 PM

Le diplomate était assis pensivement à une table de la cuisine du castel de Schwyz. La pièce était sombre, uniquement éclairé par un feu de cheminée mourant doucement dans l'âtre, colorant les choses d'une faible lumière rougeâtre.

 

- Quelle nouvelles, Votre Excellence ? 

 

Le diplomate tressaillit et se tourna d'un bloc en direction de la voix, une voix faible, presque un souffle, mais distincte pourtant. Il n'eut aucune peine à reconnaître Aloys, Grand Intendant de la maison de Belfort, mais n'en fut pas rassuré pour autant. Cet être sans âge, qu'on ne voyait presque jamais, était au service de la maison depuis toujours, semblait il....personne ne savait au juste quand il était arrivé à Schwyz....certains prétendaient qu'il avait même servi avant Louarn, et que le mot "servir" était même inexact, tant les moindres conseils qu'il formulait étaient écoutés des dirigeants....on allait même jusqu'à dire qu'il y avait quelque diablerie en cet homme qui défiait les ans et savait si bien se faire écouter des Ducs.

 

- Intendant, mes salutations.....j'ai apporté a Sa grace Malo des nouvelles importantes de Lombardie. Sa Grace Aelig est mort, le nouveau régnant est sa Grace Servan....

 

Un silence suivit les paroles du diplomate.

 

- Une triste nouvelle, assurément....qu'il repose en paix auprès de son Père Ewen, il auront accompli de grandes choses pour leur Duché.

 

- Intendant.... la réaction de notre Duc m'a troublé. Je sais qu'il considérait Aelig comme son frère. Or....quand je lui ai annoncé la nouvelle, il n' a eu aucune réaction, comme si je lui annonçais une nouvelle sans importance. Il m'a dicté une lettre de condoléances pour le nouveau Duc d'une froideur toute formelle....

 

- Cela vous étonne-t-il, Excellence ? 

 

- Je....pensais qu'il allait exprimer un sentiment quelconque, mais j'avais l'impression d'avoir affaire à un être sans émotions, une machine...

 

- Notre Duc Malo est mort, Excellence. Il est mort depuis bien longtemps. Depuis cette guerre contre l'Italie. Plus exactement, Malo le régnant a tué en lui Malo l'homme, celui qui pouvait encore éprouver des sentiments de haine ou d'amour. Il n'a plus qu'une raison de vivre, actuellement, la Raison d'Etat. Pour lui, la Lombardie est devenue une province italienne, c'est à dire potentiellement menaçante, rien de plus, rien de moins.

 

N'avez vous pas remarqué l'air qui règne en ce Castel, Excellence ? Notre Duché n'a jamais été aussi puissante, aussi prospère, aussi étendue. La maison Belfort compte maintenant de petits rejetons....et pourtant....ce silence entre nos murs. Nul cri d'enfant, nulle joie, une atmosphère de deuil. 

 

Notre Duc ne tiendra plus longtemps, et son fils est différent. Plus humain, en quelque sorte. Mais Malo sait que l'humanité est un défaut pour un régnant, aussi a-t-il pris soin de l'entourer de personnes....sûres.... pour assurer la continuité du Duché.

 

Allez vous reposer, Excellence, et priez pour l'âme de notre Duc. Il ne sied pas de souhaiter le trépas de quiconque, mais j'espère que la miséricorde divine s'appliquera bientôt à notre cher Duc afin qu'il puisse trouver le repos de l'âme. Je vous souhaite la bonne nuit.

 

Et l'intendant disparut on ne sait trop comment, laissant le diplomate à ses ruminations et ses rêveries. 



#17 Andrew_Largs

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Posted 08 January 2015 - 03:40 AM

An de Grâce Mil Deux Cent Onze, Seigneurie de Biella, dans la Grande salle du château

 

    Derog d'Allessandria fulminait. Tout ce qui pouvait être lancé pour être fracassé l'avait été. Il c'était même essayé avec la lourde table sur laquelle figurait encore les quatres seigneuries sur lesquelles sa famille régnait si peu de temps auparavant. Mais c'était le passé. Son grand père, Paol, avait perdu la tête et avait livré les terres et les châteaux au Duc de Lombardie, le privant ainsi de son héritage. Il n'avait pu sauver que Biella.

 

Il s'y était réfugié après s'être violemment querellé avec son grand-père au sujet des "dons" que ce dernier avait fait. D'ailleurs il s'en était fallu de peu puisqu'il avait réussi à s'échapper de justesse de sa chambre dans laquelle son grand-père l'avait fait enfermé. Lui, Derog d'Allessandria ! Enfermé comme un enfant ! Mais il n'avait pas dit son dernier mot. La Lombardie pouvait masser ses hommes devant ses remparts, il résisterait et lui rendrait la monnaie de sa pièce.

 

Rouge comme une tomate, faisant les cents pas sans trouver le moyen de se calmer, Derog, alla jusqu'à la fenêtre et cria à s'époumoner :

 

Le Lombard, tu peux venir. Je t'attends. J'ai même un carreau d'arbalète spécialement pour toi !

 

  Il se retourna vers ses conseillers et leur aboya des ordres.

 

Faites rentrer les paysans et doublez la garde. Je veux être averti si le Lombard fait le moindre mouvement.

Je veux que tout soit prêt pour défendre le château avant la nuit.



#18 Kyeran

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Posted 08 January 2015 - 08:32 PM

Chambrearrow-10x10.png ducale, à l'inchangeable Castel de Como

 

 

Assis dans leurs fauteuils devant la cheminée, le couple ducal occupait la fin de la soirée et s'apprêtait à aller se coucher. Servan relisait un traité ancien sur les herbes des medicastres tandis que Nevenez jouait avecarrow-10x10.png leur fils en bas âge. Leur aînée quant à elle s'amusait avec l'un des nombreux animaux du château, c'était semble t-il son préféré et le maistre des écuries le lui avait donné de bon cœur.

Un parfait tableau de famille, le premier depuis quelques années, depuis la mort de l'ancien Duc. Tout aurait put être parfait si la porte n'avait pas émis trois coup brefs mais insistants.

 

Devant les regards étonnés et en se demandant quelles affaires requéraient son attention si tard, Servan alla ouvrir les panneaux de bois. Lorsqu'il aperçut Breval son grand-oncle et l'un de ses hérauts d'armes il sut qu'il ne serait pas couché avant longtemps. Il resta les dévisager quelques secondes en hésitant sur l'endroit ou les recevoir puis lâcha la porte pour les faire entrer. Il se dirigea droit vers le buffet et sortit une carafe et des verres tout en demandant à son épouse:

 

-Nev', peux-tu coucher les enfants s'il te plait? Mais reviens ensuite, j'aurais sans doute besoin de la présence de tes conseils. fit-il de la voix douce d'époux et de père.

 

Cela ne l’empêcha pas plus tard en s'asseyant face à ses visiteurs de parler fermement. Une des milles choses qu'il avait apprise suite à son avènement, ne pas montrer ses sentiments avant de prendre partie définitivement. Cela obligeait l'interlocuteur à s'avancer et parfois à glisser.

 

-Qu'y a t-il par cette heure si tardive Messires?

 

-La famille Alessandria... Paol nous a légué les trois-quarts de ses terres pour des raisons que lui et nous seuls connaissons. Or, son descendant Derog n'est pas de cet avis et réclame ce qui lui revient légitimement. déclara de but en blanc Breval, le vénérable grand-oncle.

 

-Et bien? Paol est encore le chef que je sache. Il arrive bientôt à Como semble t-il comme il l'a indiqué dans sa dernière missive.

 

-Nous n'avons aucunes nouvelles de ce dernier votre Grâce, de plus je suis chargé de l'intendance de vos armées et je me suis rendu à leur lieu de stationnement près de Biella. On y raconte que Derog dit l'Exclu s'y est réfugié et nous attend de pied ferme. Les terres semblent mortes Sire, comme après l'apocalypse! exposa l'autre homme.

 

-Nos armées resterons là bas. Envoyez quelques éclaireurs à la recherche de Paol et assurez vous qu'il arrive bien au Castel, on ne sait ce qu'ourdirait ce Derog. Biella attendra...

 

-Mais, sire et les villageois? Ils sont aux prises de cet homme prêt à tout pour vous tuer! s'exclama de nouveau le Héraut.

 

-Biella attendra j'ai dit! lança Servan en détachant bien ses mots. Paol est la priorité. L'homme ne sera pas bête au point de négliger sa population, sans elle il ne peut se nourrir! Quant à vous...

 

Il baissa soudain d'une gamme en voyant arriver la duchesse consort à son côté, elle avait sans doute réussit à endormir les enfants et il ne voulait pour rien au monde les réveiller. Pleins d'une détermination froid et implacable, il reprit avec un calme dangereux.

 

-Quant à vous, vous rejoindrez nos armées pour continuer vos collectes d'informations. Vous transmettrez à Jegu, fils de Talwin et grand Commandant en chef mes salutations et mes instructions que je rédigerais.

 

Pressentant quelque chose de plus dangereux encore, Nevenez posa discrètement sa main sur celle de son duc pour l'intimer au calme et à la douceur tandis qu'elle ajoutait après lui.

 

-Il va sans dire que l'heure est plutôt grave d'après ce que j'en ai entendu. Vous ferez ce que vous a dit Servan Sire, et en tant qu'officier nouvellement diplomatique vous transmettrez une lettre de contact à cet homme sous couvert de l’honorable drapeau blanc.

Et vous Breval, vous devriez vous reposez, les affaires du duché ne vous réussissent plus à votre âge. Je veux vous voir aller consulter le medicastre.

 

Ainsi en fut fait de ce différent nocturne. La Duchesse consort parvenait miraculeusement à calmer son époux le Duc et avait la tête et les épaules robustes pour porter avec lui le duché entier. Les deux hommes repartirent avec des instructions mais ce ne fut pas totalement terminé pour Servan.

Il passa la majeure partie de la nuit en haut de la grande tour à manier l'épée face à un mannequin de bois et de paille. Il ne se doutait pas que sa petite Eozenez l'observait du haut de ses quatre ans derrière la porte dans le froid du couloir.

 

Loin d'avoir peur de la rage qu'il extériorisait sur le pauvre morceau de bois, elle semblait inquiète qu'il retienne autant la rage qui le tenaillait sans cesse depuis la disparition d'Aelig et la lettre sans âme du Nordique comme il l’appelait jadis.



#19 Andrew_Largs

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Posted 12 January 2015 - 01:46 AM

Seigneurie de Biella, dans la Grande salle du château

 

Ca avait été long mais enfin la bonne nouvelle lui était parvenue : le vieux Paol avait enfin passé l'arme à gauche, quelque peu aidé en cela par les hommes que lui Dérog, Seigneur de Biella et légitime Vicomte de Biella et de Vercelli avait envoyé à ses trousses. Il se délectait tant du récit de ses derniers instants qu'il fit répéter quatre fois de suite. Aucun châtiment n'avait été épargné à son ancêtre qui l'avait presque entièrement dépossédé. Il serait un jour à nouveau Vicomte mais il lui faudrait attendre. Entre ce moment et ce qu'il vivait dans le présent il y avait quelques inconvénients...

 

Le premier et non le moindre était les armées du Duc de Lombardie qui c'était installé à quelques jets de flèches du château. Aucunes n'était pour le moment menaçante et il semblait même il y avoir une sorte d'accord non écrit qui faisait que chacun ignorait l'autre. Pourtant, pour Derog, le résultat était bien là : il était comme prisonnier sur ses propres terres. Il avait bien sur pensé écrire au roi mais il savait par avance que le Duc, qui avait son oreille, lui avait déjà parlé et que feu Paol avait aussi dû faire de même. Pour sur, cette solution n'en était pas une mais il était patient. Un jour une opportunité se présenterai et alors il aurait sa revanche.



#20 Kyeran

Kyeran

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Posted 14 January 2015 - 10:29 PM

L'ambiance était morose au Castel et cela se voyaitarrow-10x10.png dans chaque pierre de l'imposant édifice. Même si la pluie ne déchirait pas le ciel, qu'aucuns éclairs ne zébraient les cieux, les habitants savaient qu'un malheur allait frapper. Les enfants jouaientarrow-10x10.png comme à leur habitude mais semblaient moins enjoués alors que les nobles un peu plus conscient des choses se tendaient à en exploser de nervosité.

C'est dans cette ambiance que le Cavaliere Kyeran observait les alentours, adossé les bras croisés à un olivier centenaire. L'homme n'était ni maigre ni musclé, il savait juste manier l'épée et ne savait rien des stratégies de guerres.

 

-Le bonjour Cavaliere. J'aimeraismarcher un moment si vous avez un moment. demanda une voix grave appartenant au doyen des hérauts d'armes.

 

Réagissant aussitôt, le plus jeune acquiesça et comme le voulait la bienséance, suivit le vénérable en marchant à ses côtés et attendit qu'il débute la conversation. Du coin de l’œil, il put reconnaître celui qui contait les histoires anciennes, celui qui semblait intemporel et celui pourtant dont l'âge n'avait pas épargné. Le héraut ne quittait jamais sa canne, ses cheveux aussi blanc qu'une chemise propre se dressaient aussi rebelles que son caractère était placide. Il parut prendre plusieurs respirations avant de parler.

 

-Notre Vicomte de Alessandria va manquer cruellement je le craint. Je recommande le repos de son âme après toutes ces souffrances. lança t-il doucement.

 

Le Cavaliere ne voulait pas s'en souvenir. En tant que Maîstre des écuries il avait personnellement pris la tête des éclaireurs chargés de retrouver le Vicomte égaré. Ils avaient trouvé sa dépouille au milieu d'un bosquet, sans cheval ni équipement ou escorte. Les membres atrocement mutilés et des traces de supplice sur l'ensemble du corps et du visage. L'un de ses hommes en avait rendu son repas tandis que les autres prenaient les précautions du transport jusqu'au Castel.

 

-Je m'inquiète plus pour le Duc, vénérable. Personne ne sait ce qu'il a en ce moment en tête et chacun sait ce que donne le fruit de ses colères, je ne crois pas que les circonstances de son intronisation aient été bénéfiques pour lui... avança le jeune en réfléchissant tout haut.

 

-Je me rend compte que vous êtes aussi rusé que moi en prétendant ne rien savoir. Et bien je peux vous dire que le Duc ne va pas bien, notre brave Duchesse est là pour le canaliser et arrive de mieux en mieux à le calmer. Mais lorsque des événements comme ceux que nous traversons surviennent, ce n'est pas la colère qui assomme mais la détresse.

 

Je vous ai vu observer les enfants, l'âme même de tout château. Qu'entend-on dans leurs mondes imaginaires?

 

Le vénérable savait bien manier les mots et le Cavaliere en saisissait le sens. On sous estime les enfants par la petitesse de leur âge, mais ils sont le miroir des parents et du monde.

 

-On murmure qu'il est bon d'avoir un Duc actif mais qu'il s'emporte facilement par sa colère. Il est aimé évidement, par les petits autant par les nobles dont j'ai put tendre l’oreille adaptée. On s'inquiète de ses prochaines actions contre l'Exclu, cela fait quatre jours qu'il ne s'est pas montré en public. Seuls son grand oncle et la Duchesse gèrent les affaires du Duché.

 

Arrivé à ce point de la "balade", ils se trouvaient dans la crypte d'ou émanait la fraicheur caractéristique de la mort. Ici gisaient les Honorables, les Vénérables, les Grands de ce Duché. De Iael à Aelig en passant par les guerriers ou les érudits notables, chaque personne ayant apporté sa vie aux Lombards reposaient icelieu. Les deux passants contemplaient la stèle récente et ne marchaient plus. On pouvait y lire "Paol De Alessandria, Seigneur et Maître des Lombards jusqu'à la fin", témoin de l'affection portée au défunt par le Duc en fonction. C'est ce moment que choisit le vénérable pour ajouter le mot de la fin.

 

-Il y a une bonne raison à cela. Servan ne peut être à ses fonctions alors qu'il se rend à la frontière pour y lever ses armées. Nous craignons le pire, et le pire pourrait arriver, néanmoins nous n'y pouvons rien. Même sa Grâce Eozenez ne l'a pas convaincu. annonça t-il d'une voix plus basse en partant soudain seul, laissant le Cavaliere.

 

Ce dernier resta un moment la mâchoire pendante avant de se ressaisir et de montrer le respect dû aux morts. Il se signa et se rua vers ses appartements à l'étage des écuries pour préparer ses affaires et réfléchir plus longuement à la situation.






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