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Chroniques de Lombardie et de Schwyz


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#41 Kyeran

Kyeran

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Posted 22 March 2015 - 11:53 PM

Nuit du 19 au 20 Novembre 1284, centre-bourg de Como

 

http://www.youtube.c...h?v=KMTRqAgLw04

 

Nevenoe terminait d'inspecter sa taverne tout en parlant avec son dernier client du temps et des récoltes. Il faisait froid, la nuit était déjà bien avancée et il lui tardait de retrouver son lit, son épouse et ses enfants. Vérifiant qu'aucuns poivrot ne squattait le sol dans un coin, il éclairait l'ensemble de sa lampe et finit par être convaincu que sa petite entreprise ne connaîtrait pas de crise durant son absence. En poussant un bâillement à s'en décocher la mâchoire, il posa sa lampe sur le crochet derrière la porte à l’intérieur et souffla dessus sans regarder, première erreur. Puis il sortit avec l'autre homme, ferma la porte d'un coup sec accentué par la fatigue et tourna la clef avant de partir d'un bon pas sans attendre, seconde erreur...

 

-Dis Nev', rentre bien vite chez toi, la nuit sera terrible, je le sens dans tout mon être! annonça l'homme qui l'accompagnait en le saluant.

 

-Ne t'inquiète pas, je suis pas loin, il n'y a pas de quoi s’inquiéter!

 

La lampe qui n'était pas plus éteinte que la Méditerranée n'était asséchée, avait été projetée au sol pas très propre et jonché de toutes sortes de choses. S'en suivit un rapide mur de flamme avide et affamé qui commençait déjà à lécher les murs et les poutres. Les fenêtres crasseuses ne laissant passer qu'un léger miroitement et complices des flammes, cachaient un peu ce qui se passait à l’intérieur.

 

Au Castel, dans un tout autre contexte, chacun était dans ses appartements depuis quelques heures déjà et même si certains insomniaques ne voyageaient pas chez Morphée, la grande majorité dormait paisiblement. Brieg faisait partie de ces insomniaques et pour ne pas énerver son épouse, il s'était retiré dans la grand'salle plongée dans la pénombre. Lisant un livre à la lueur du feu de cheminée, il fut surpris et sursauta violemment à l'arrivée tonitruante du Héraut d'arme, à la fois gesticulant et hurlant à la mort.

 

-Mon seigneur!!! Oh mon Dieu!!! Vennez! Venez! Il faut sonner le Toscin d'urgence!!! Argh!!! rugit-il ne savant plus quoi dire... Puis devant l'air décontenancé du futur Duc, il ajouta faiblement d'une voix aiguë et éraillée. Un incendie Sire, il ravage Como en ce moment même...

 

Réaction immédiate de Brieg qui bondit de sa place en un "-QUOI???!!!". En un temps record, il évalua la tournure de l’événement plus bas par la fenêtre et fut dans le hall ou chacun se rassemblait à peine réveillé par les cris du Héraut et le murmure de ceux plus lointains de la population. Il prit un mantel et l'enfila tout en donnant ses ordres et ses instructions aux présents, réflexe typique de l'aventurier, prendre la tête de l'opération tout bêtement.

 

-Qu'on rassemble la garde, que chaque homme ou femme s'en sentant capable nous accompagne et vite! Il ne faut surtout pas perdre de temps. Les blessé seront emmenés dans la grand'salle pour y être soignés, les autres seront dispersés dans les pièces du Castel, Mevena, ma douce, je te laisse le soin d'en organiser les détails. dit-il à tous et à son épouse qu'il apercevait en haut de l'escalier.

 

Il nous faut des contenants et de l'eau en quantité, la rivière sera assez grande mais il nous faudra faire un acheminement. Qu'on appelle donc les gardes nom de Zeus! Je ne veux pas avoir à me répéter!!! beugla t-il une nouvelle fois, reconnaissant son père parmi toutes les têtes il décida de prendre les devants.

Père, je veux que vous restiez ici pour soigner et gèrer le tout avec Mevena, sauf votre respect, vous avez plus votre place ici que dehors.

 

Après un rapide hochement de tête du Duc toujours droit comme un I sans canne ni maitiens, Brieg fit un tour sur lui même, vit le chef de la garde et en inspirant à fond, lança sa dernière phrase la rage d'agir au ventre:

 

-On y va! Seules les charrettes et le matériel ont besoin de chevaux, allons y à pied et vite!!!

 

On vit alors le plus grand et le plus impressionnant mouvement de toute la Lombardie. Durant cette catastrophe, les nobles et la famille Ducale dévalèrent la légère pente reliant le Castel à la ville et en moins de temps qu'il n'en faut pour le dire, ils furent sur les lieux. Ils furent paralysés par la visions et eurent du mal à se rapeller ou ils étaient et dans quelles circonstances tant ce qu'ils voyaient relevaient de l'impossible.

 

684211incendie.jpg

 

La voix tonitruante de Brieg les ramena à la raison et leur donna à chacun quelque chose à faire. Une précision militaire qui fut la bienvenue dans ce désastre et elle permit sans aucuns doute de sauver des milliers de vies. Les cris des habitants étaient à se percer le cœur, les enfants pleuraient et les adultes paniquaient, la foule poussait quiconque se trouvait sur son passage, pour éviter de se roussir la peau.

 

-Budig, Pleury et Riwalon, allez à l'Est avec une dizaine de gardes, évacuez tout ce que vous pouvez! Aourel, Maelys, Maze et Killian, à l'ouest! C'est ainsi que chacun en groupes évoluèrent dans les flammes, les gaz et les cris, tentant de sauver ce qui pouvait l'être.

 

De son côté, Mahé, gendre de Brieg faisait équipe avec celui ci et d'autres gardes. Chaque maison était inspectée de l’extérieur et les bruits écoutés autant qu'ils pouvaient l'être pour essayer de déterminer s'il y avait encore de la vie dans le brasier. Respirant difficilement, la main sur leur bouche et leur nez, il avançaient infatigablement quand soudain, l'imposante structure devant eux s'écroula à moitié dans un déluge de pleurs.

La façade de la maison s'était couchée au sol, dévoilant trois jeunes enfants à l'étage, entourés des flammes. Réaction bête et troisième erreur de cette histoire, Brieg n'écouta que son instinct et bondit vers la demeure, suivit de près par son gendre qui lui criait dessus.

 

-Il faut qu'ils sautent, nous allons périr si nous entrons par le bas!

 

Mais la voix de la raison n'arriva jamais à l'esprit de l'héritier. C'est donc nos deux hommes qui bravèrent le feu puisque Mahé ne pouvait se résigner à abandonner son beau-père. Ils se retrouvèrent ainsi bientôt aux côtés des enfants qui n'avaient même pas la dizaine d'âge. Sans se préoccuper du reste, Brieg en prit un sous son bras et un sur son épaule tandis que Mahé prenait l'autre. Mais il n'en eut pas le temps car une poutre céda dans un craquement horrible, se divisa en une multitude de pieux acérés et enflammés, fonçant tout droit sur eux. Un coup de pied puissant leur évita à Mahé et au gamin de finir en brochette, cependant, la jambe de Brieg eut moins de chance et c'est horrifié que l'Ecossais regardait les quatre pieux plantés dans la chair.

 

Un grognement de douleur simple et courtois monta de Brieg qui voulait tout dire "Grouillons nous de sortir avant de mourir ici!!!" Et les voici à chercher une issue possible avec les enfants sur le dos. Soudain, ils n'en eurent plus besoin puisqu'un bruit assourdissant leur parvint derrière eux et ils furent projetés avec les enfants de l'étage jusque dans la rue, inconscients, aux pieds des soldats qui s'empressèrent de les relever et de les évacuer.

 

De cette catastrophe, on retiendra le dramatique puisque sur les 7700 habitants de la capitale, 537 perdirent la vie dans les flammes, renforts inclus. On retiendra la tristesse infinie de Jaoven face à la perte de son peuple, la peur irrationnelle d'Euphénie son épouse et la réaction mémorable de Mevenen qui vit arriver son père à la jambe de gruyère et son époux sérieusement brulé sur la partie droite de son visage et de son torse.

Personne ne dormit cette nuit là, ni la nuit d'après tant les décombres de la ville étaient fumants. Presque la moitié fut rasée avant de pouvoir maîtriser le feu et une bonne partie dû être démoli pour des raisons de sécurité. Durant les trois mois suivant l’événement, on rendit hommage aux victimes tandis que les rescapés étaient logés sans exception par le Duc et les seigneuries voisines.



#42 Kyeran

Kyeran

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Posted 27 March 2015 - 03:17 PM

Capitale de la Lombardie, 1289

 

https://www.youtube....h?v=kIwmrk7LoDk

 

Brieg montait chaque soir dans la tour nord, depuis son retour fracassant dans la vie du Duché, à travers les larges vitres il ne cessait d'y observer l'horizon baigné par les derniers rayons de soleil. Malgré les paroles et les grands gestes de son épouse attentionnée, il gravissait la volée d'escalier et s'apaisait en laissant ses pensées vagabonder. Perig devait sans doute être en train de traiter des affaires urgentes, une période troublée secouait les germains ces temps derniers. Brieg pensa à sa soeur, aux côtés de son ami d'enfance, puis à son autre soeur, régnant sur le Duché de Ravenne près de Petrok.

 

Puis il plongea dans la nostalgie en songeant à ce qu'était devenu tel ou tel matelot ou officier ou encore adversaire de l'une de leurs folles courses maritimes. Il s'inventait des possibilités, pouvait-il les inviter au Castel? Les revoir ou repartir en mer? Les navires étaient conçus en Lombardie, et bâtis en Vérone ou ils commerçaient, défendaient et servaient en démonstration de puissance face aux pirates éventuels. Du haut de ses 46 ans, il songeait repartir, vers d'autres terres ou d'autres aventures... Mais ses pensées furent interrompues par une puissante tape à l'arrière de son crâne.

 

-Cesse immédiatement cela, occupe toi plutôt de répondre à ce pauvre page qui frappe à cette maudite porte depuis plus de vingts minutes! sermonna Turbo le dos légèrement voûté et les bras croisés sur sa poitrine. Il ajouta d'une voix calme mais un peu plus supérieure pour couvrir les grognements de Brieg.

 

Ton père veux te voir Sire, il a également mandé l’Écossais et ta fille. Cela semble important, mais évidement tu ne peux rien en savoir perché là à réfléchir pour rien!

 

Le temps de se relever difficilement, et le vieux avait disparu comme il était venu, sans un bruit ni souffle d'air. Sans s'en soucier, notre homme saisit sa canne et contrairement à son père, dû s'y appuyer pour marcher et rejoindre l'anti-chambre du Duc convenablement. Quel déshonneur, marcher comme un homme âgé du double tandis que son paternel faisait fi des convenances et dansait presque sur les tables lors des festins.

 

Le page qui l'accompagnait ouvrit la porte et d'une voix fluette, annonça le visiteur presque en retard. Jaoven, une jambe par dessus l'accoudoir de son fauteuil l'observait sans mot dire tandis que sa fille Moranen et son gendre Mahé d'Ecosse allèrent vers lui dans l'intention de les aider. Ils n'allèrent cependant pas jusqu'à lui, dissuadés par son regard et quelques grognements de colère, il n'était pas infirme non plus!

Une fois tout ce petit monde bien installé, les verres servis et après avoir longtemps sourit de la réaction de Brieg face à l’Écossais préférant une tasse d'eau chaude, Jaoven prit la parole en digne doyen de la famille, Duc et vénérable de la famille.

 

-Bien, mon âge me permet de sauter les convenances. Cela fait maintenant presque cinq ans que Como a été rasée, deux d'entre nous s'en souviennent plus que d'autre et je le regrette. fit-il en posant son regard tour à tour sur Brieg et Mahé à l’horrible cicatrice à droite de son visage. Il se laissa quelques temps, la tristesse le ravageant encore puis il continua ses explications.

 

-Le peuple est reconnaissant, il a vu les prouesses dont vous avez fait preuve, et je doit dire que j'en suis aussi fier qu'eux. Aussi, j'ai pris quelques décisions que je me doit de vous annoncer. Premièrement, je viens de créer l'ordre de l'Etoile Ardente dont je vous fait tout trois Chevaliers d'honneur, soyez en digne, cet ordre servira le peuple et obéira à ce dernier exclusivement.

 

Il examina les réactions brièvement et sourit intérieurement avant de continuer.

 

En second, les trois enfants sauvés n'ont plus de famille. Les derniers membres connus, ont rejoint Dieu il y a une semaine à Bergamo. Aussi, ils sont pupilles de Lombardie et sous la responsabilité de l'Etoile Ardente.

 

Pour finir, la Lombardie vous remercie et reconnait vos qualités en tant que régnant. Moranen et Mahé, vous voici Vicomte et Vicomtesse consort de Como, gage de ma confiance en vous.

Et toi Brieg, ta mère n'étant plus de ce monde, je n'ai plus le cœur de porter son titre, je te fait Comte de Milan, tu as désormais un droit d'opposition à mes décisions selon la situation.

 

Ses annonces faites, il se tut et vida son verre d'un trait. Il plaça les traités officiels devant eux et les scella de son sceau en donnant quelques détails sur l'avenir proche de leurs nouvelles fonctions. S'en suivit les débats d'usages avant de les congédier d'un bref mouvement de tête.

 

-Ces annonces seront faites demain à la première heure et affichées dans chaque seigneurie. La cérémonie d'adoubement et d'intronisation sera organisée dans la semaine. Leur rappela t-il en fermant la porte de son antre.

 

Une fois seul, le Duc se laissa choir dans un soupir avant de sortir son vin préféré et de relire les traités d'un oeil expert. Sans se retourner il demanda à l'homme qui se trouvait derrière lui et qui observait sans mot dire depuis le début.

 

-Qu'en penses-tu? Ils sont à même de remplir la tache non? Surtout l'Ecossais, malgré son gout affreux en matière de liquide il saura y faire.

 

Un sourire se peignit sur le visage du cabaliere Turbo et avec plus de difficulté que Jaoven, il s'installa à la table et prit le verre que le Duc lui tendait.



#43 Kyeran

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Posted 01 April 2015 - 09:48 PM

Como, matin de décembre 1292

 

Jaoven était une fois de plus sur son trône Ducal, inébranlable à rendre justice et à écouter les doléances du peuple. Comme à son habitude, il recevait tout sujet désireux de le rencontrer, assis droit et sans maintien il semblait aussi jeune que 50 ans auparavant. Mais depuis trois ans certaines choses avaient changées. Primo, Brieg occupait l'autre siège à sa gauche et remplissait de son mieux son rôle de Comte de Milan,  consort de Lombardie et de Vérone.

Le secondo allait très bientôt naître ce qui clouait Moranen au lit, l'Ecossais Mahé à son chevet et le peuple aux aguets d'un nouveau membre de la lignée ducale. et le tertio, et bien il arrivait en courant dans la Grand'Salle.

 

Morvan de Como, arrière petit fils du Restaurateur, poussait les nobles et les badauds qui lui barraient le chemin faisant fi des cri d'offense et de colère. Du haut de ses trois années de vie, il imposait tant par son aura que par sa personnalité fluctuante. Certains parmi les plus agés, en eux même n'osent se l'admettre mais ont un respect instinctif pour ce gamin.

Déboulant à une vitesse folle et glissant habilement jusqu'aux représentants du Duché il fut bientôt devant ses aïeux et inclina légèrement la tête comme on avait maintes fois tenté de lui apprendre.

 

-Ne t'occupe pas de cela pour le moment, viens donc conter tes aventures à tes Grands-père Morvan! lança subitement Jaoven alors que son fils donnait raison à l'un des fermiers au sujet d'une frontière de champ.

 

-J'arrive Noninio!!! Fais moi une place sur ton siège!

 

Avec un rire caractéristique de la jeunesse, l'enfant se rua vers les... oserai-je le dire? Nan, il y a du respect quand même! ... vénérables. Ces derniers se préparèrent à recevoir la boule d’énergie qui le constituait, mais c'est alors que tout bascula. Aussi soudainement qu'un loup mord, l'enfant se figea les yeux grands ouverts et exorbités. La bouche grande ouverte, il chercha à aspirer de l'air tandis que son corps se contractait et chutait au sol.

 

L'effroi des gens autours fut palpable mais en rien comparable à l'émotion des deux régnants. Coupant court à toute conversation, Jaoven bondit de son siège tandis que Brieg saisissait sa canne et manquait de tomber en se dépêchant. Tout deux furent près de Morvan, agenouillés sur le pavage de la salle.

 

-Par Iael lui même! Qu'a t-il donc? demanda Jaoven en élevant la voix rendue tremblante par la peur. Entre ses mains, il tenait la tête de l'enfant qui convulsait de tout son corps.

 

-Cela ne ressemble à rien de ce que j'ai vu. C'est... c'est trop soudain pour faire quelque chose père! Il faut... il faut déjà le laisser respirer. répondit l'héritier qui d'une main experte, examinait son petit-fils. Il colla son oreille contre la poitrine du jeune garçon mais ne put en tirer des informations tant le corps semblait animé du démon lui même.

 

-Tu as raison, qu'on fasse mander ce satané médicastre! Qu'il lui soit plus utile qu'à moi par Dieu!! beugla Jaoven.

 

Mais il se tut aussitôt car Morvan avait retrouvé un semblant de calme, son corps s'arquant un peu moins à chaque respiration encore lente et difficile. Puis ce fut terminé, le tout n'ayant duré à peine plus de cinq minutes. Dans une dernière contraction de tout son petit corps, le môme expira bruyamment et ferma les yeux en relâchant tout ses muscles, tombant dans l'inconscience. Vérifiant que la vie l'habitait encore, et encore ahuri de ce qui venait de se passer, Jaoven le souleva tendrement du sol froid et le prit dans ses bras malgré son âge.

 

-Continue ce que l'on faisait mon fils, je m'occupe de ce garçon, il a besoin de repos. annonça t-il d'une voix extraordinairement calme.

 

Et sans un mot, le Duc amena son arrière-petit-fils dans sa chambre en donnant des ordres secs et strictes quant à l'entrée et la sortie de ses appartements. Il n'avait presque jamais été aussi autoritaire qu'à ce moment, le démon de la jeunesse et du pouvoir sans doute.

 

Une bonne douzaine d'heures plus tard

 

Un rêve, du soleil, un lac et une forêt. Lui flottant dans le tout et poursuivant un animal, ignorant la race de ce dernier. Puis un "PLOP" et le voila tombant dans le vide. C'est ainsi que Morvan se réveilla en sursaut, assis dans les couvertures, le corps trempé, avalant goulûment l'air dans de grandes respirations sifflantes. La nuit était tombée mais il remarqua aussitôt qu'il n'était pas dans son lit, celui ci était énorme et beaucoup plus large que le sien, il vit aussi que la décoration était plus... inexistante. Les rares effets à visée décoratives étaient de facture ancienne et d'un autre âge. Pourtant il sut sans avoir besoin de lumière qui se tenait assis dans le fauteuil plaqué contre le lit, il regarda Noninio et attendit poliment qu'il parle en premier.

 

-Te voila réveillé, enfin! Par tous les Ducs, tu nous as fais une frayeur pas possible mon garçon! dit Jaoven toujours dans le noir, pas besoin de lumière de toute manière, tout deux savaient qu'un mal de crâne guettait le meilleur moment pour attaquer. Mais alors que ce dernier ne disait rien, le Duc prit subitement peur et posa sa main fraiche sur le front du malade et soupira bruyamment.

 

Je craint que tu ne doive rester alité pendant quelques temps. Tu as besoin de repos, cela se voit encore à ta tête, et oui je peut te voir malgré cette obscurité. Je vois que tu n'as pas perdu tes esprits, très jolie la grimace. finit-il dans un sourire. D'une main ridée mais pas dénuée de force, il fit s'allonger le gamin et remit les draps sur le petit corps. D'un geste sûr, il passa la main dans les cheveux du garçon et le rassura sans pour autant l'être lui même.

 

Il faut que je retourne voir ce médicastre, tssssss. Bon, ton père devrait venir te voir ainsi que Brieg et dans quelques jours ta mère. Tu es désormais l'ainé de Kristen, soit à la hauteur, je ne t'en demande pas moins. Mais pour le moment, dors!

Ah oui, j’enverrais un de mes amis te surveiller. Il est vieux mais beaucoup plus résistant que moi alors n'essaie pas de le berner, le Cabaliere ne se laisse jamais avoir.

 

Alors qu'il refermait la porte, Turbo apparut subitement à coté les bras croisés et la mine grave mais attendit lui aussi que Jaoven parle.

 

-De quoi s'agit-il, et parle franchement s'il te plait. demanda le Duc arrivé au bout de ses limites. Tout en parlant, il s'engagea vers les appartements de l'homme médecine, obligeant Turbo à le suivre s'il voulait participer. Ce dernier ne fit pas de protocole et répliqua dans le même ton calme et dangereux son diagnostic.

 

-Il s'agit du Mal De Saint-Jean, d'après mes archives, des cas précédents se sont fait connaitre, certains grands de l'histoire en étaient atteints.

 

-Je n'ai pas besoin de leçons d'histoire! Que peut-on faire pour endiguer cela? Peut-il guérir?

 

L'homme de science mit du temps à répondre, en marchant, il voulait laisser un peu d'espoir au Duc mais savait que la nouvelle l'anéantirait. Aussi après avoir éprouvé la patience de l'homme à ses côtés durant une minute, il répondit.

 

-On ne peut rien faire. Et je craint qu'il n'en guérisse jamais, il est même probable que cela soit fatal pour lui un jour.



#44 Kyeran

Kyeran

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Posted 06 April 2015 - 08:19 PM

Como, 13 octobre 1298

 

 

https://www.youtube....h?v=2nSvaqKcwSc

 

Au Castel des Ducs de Lombardie, en plus des légendaires caves et de la bibliothèque aussi grande qu'une chaumine se trouvaient des greniers s'étalant sur tout le dernier étage de l'ancien édifice. Dans le calme poussiéreux, de nombreux objets y étaient entreposés aussi hétéroclites les uns que les autres et bien évidement, personne ne se souvenait d'avoir déposé l'un ou l'autre de ces objets.

Venus troubler le calme ambiant, Morvan et son frère Kristen fouillaient dans chaque recoin intéressant espérant y trouver quelques trésors oubliés qu'ils pourraient utiliser dans leurs jeux d'aventure.

 

-Tu as trouvé quelque chose? Tu sais qu'on doit partager hein, c'est ce qu'à dit Noninio! annonça Kristen en retrouvant son frère au point de rendez vous qu'ils s'étaient fixés.

 

-Ne t'inquiète pas, j'ai promis, je tiendrais parole. Allez, mettons en commun ces objets! répliqua Morvan les bras chargés.

 

Il déposa le tout sur le vieux plancher poussiéreux tandis que son petit frère faisait de même. Ce dernier était devenu au fil du temps son gardien, même si Morvan ne le savait pas, Jaoven avait chargé Kristen de surveiller et de prendre soin de son grand frère sujet à ses crises. Alors que le petit blond peinait à rassembler les objets faisant le double de son poids, ils finirent par faire la liste de leurs trouvailles. En tout, de menus bijoux, une vieille tenue d'apparat ayant appartenu à un enfant, un blason ancien et une épée rouillée ou tachée de sang, à déterminer.

 

-Bien, et si on descendait le tout dans nos appartements et on pourra... Mais Morvan fut coupé dans sa phrase par les cloches du bourg et les trompettes, aussitôt les deux frères se figèrent en reconnaissant la mélodie du deuil.

 

Oubliant momentanément leurs recherches, ils se ruèrent à la petite fenêtre pour observer le convoi annoncé puis se regardèrent avant d'entamer une folle descente dans les escaliers jusqu'à l'entrée. Bousculant les badauds d'un air déterminé, glissant même sur la rampe pour aller plus vite, ils furent en bas en un rien de temps, le petit en tête.

 

A leur arrivée, ils furent stoppés par Mahé l’Écossais tout de noir vêtu, signe évident d'une situation moins évidente. Il plaça un doigt sur ses lèvres d'un air sérieux puis les prit doucement par l'épaule avant de les accompagner à l'entrée.

Jaoven se trouvait là, toujours droit sans maintiens, Brieg à sa gauche et Moranen, observant la nouvelle arrivée et sa suite.

 

-Bienvenue en Como ma fille, en ces temps durs je te présente toutes mes condoléances, Perig était un grand homme. J'ai fait parvenir une lettre au nouveau Duc ton fils. disait le Chef des Lombards.

 

Les minutes suivantes furent utilisées pour annoncer les nouvelles de Schwyz et de Lombardie, Enorig fut surprise de constater la robustesse de son père, et peinée des blessures des héros de Como. De même, elle fit la connaissance de ses petits-neveux italiens mais ne put manifester autant de joie qu'en tant normal, son visage ne contenait que tristesse et Brieg ne put que constater la perte à tout jamais d'une partie de l'âme de sa soeur.

Le soir dans le lit de Morvan se tenait un petit conseil de famille, les vieilles choses formant un tas sur le sol, au pied du lit.

 

-Vraiment tu es un trouillard Kris'! C'est la dernière fois que tu viens dormir avec moi je te préviens! râla Morvan alors que le blondinet se collait à lui, tremblant de peur.

 

-Mais c'est pas ma faute! Les éclairs peuvent frapper le castel tu le sais hein! répliquait Kristen.

 

Poussant un grand soupir Morvan n'arrivait pas à trouver le sommeil lui non plus tant le tonnerre grondait dans la campagne. Il pouvait entendre la pluie battre la toiture et les fenêtres tandis que la lumière des éclairs arrivait à percer les lourds rideaux de la pièce. Sur le dos, les bras derrière la tête il regardait le plafond en réfléchissant tout en parlant.

 

-Je crois que Noninio n'est pas dans son assiette. Grand-père non plus d'ailleurs et on ne peut pas les blâmer. marmonna doucement Morvan.

 

-Oui... Perig et oncle Patry... Cela fait beaucoup durant la même année. C'est triste. répondit son frère.

 

Un long silence s'en suivit durant lequel le plus vieux réfléchissait activement à une solution pour remonter leurs aïeux alors que le plus jeune se collait encore plus à son frère sous un grondement plus puissant que les autres du tonnerre. C'est cependant ce dernier qui se raisonna et frappa doucement son frère dans les côtes. Il le regarda fixement tout en s'exclamant.

 

-Alors faisons un pacte! Si l'un d'entre nous est touché par quelque chose, on doit promettre d'en parler à l'autre sans aucuns secrets!

 

C'est ainsi que selon le rite très ancien de la confrérie de l'enfance, le serment de la griffe scella ces dires et uni le destin des deux frères déjà bien entremêlés. Dans la grandiose musique de la nature, l'avenir de la Lombardie se dessinait un soir d'octobre.



#45 Kyeran

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Posted 07 April 2015 - 08:48 PM

Como, 2 février 1299

 

 

https://www.youtube....h?v=d27gTrPPAyk

 

A peine quelques jours après le retour de Enorig au Castel, la santé du Duc changea. Les banquets cessèrent, ses apparitions furent plus rares et pour la première fois de sa vie, il dû s'appuyer à quelques soutiens pour marcher, tenir droit et s'asseoir sur son trône.

Jaoven restait le plus clair de son temps dans son antre personnelle à écrire et selon les rares ayant eut le droit d'y entrer, à ressasser le passer avec le Sire Turbo. Ce dernier faisait tout pour restaurer la santé de son Duc, par l'alimentation, l'humour ou la colère mais rien n'y faisait et les rumeurs faisaient de plus en plus de chemin.

 

-Cela te fait mal si on appuie ici? demandait Kristen à son grand père tout en touchant sa jambe jadis trouée mais cicatrisée.

 

Morvan à son côté ils s'amusaient avec leur Grand-père dans la tour du nord, de bon matin. Depuis quelques temps, Brieg était moins renfermé en compagnie de ces gamins et arrivait même à sourire sans grogner par la suite.

Soudainement, une voix venue de nul part, puissante et forte, se fit entendre juste derrière leurs dos. Les enfants sursautèrent mais Brieg soupira avant de se retourner tous les trois.

 

-Jaoven demande chacun d'entres vous dans ses appartements. Dépêchez vous, l'Ecossais et Moranen sont déjà présents. annonça le Cabaliere qui n'apparut pas cette fois ci.

 

Les marches vite dévalées, Brieg assisté des enfants frappèrent à la porte qui s'ouvrit aussitôt. Ils apprirent en rejoignant le chevet du Duc que celui ci était tombé subitement dans son antre, Turbo l'avait ramené au lit et il ne l'avait point quitté depuis, il se tenait assis mais avachis contre les oreillers.

 

-Mon fils, approche veux-tu? murmura le Duc affaiblit et au visage émacié. L'héritier s'empressa d'exaucer le souhait de son père et s'agenouilla afin d'être à sa hauteur.

Brieg, malgré ton caractère tu as changé et j'en suis fier. Je te fais... Duc de Lombardie et de Vérone.

 

Après un long silence il ajouta plus doucement.

 

-Maintenant, j'attend que tu graves cette image de moi dans ton esprit et que tu me tourne le dos pour reprendre les rênes de ce fardeau de titre. Va Brieg, et n'oublie en rien l'amour que je te porte! exigea Jaoven.

 

L'infortuné homme dû se résigner à un baiser sur le front de son père et exécuta sans mot dire le dernier ordre du Duc. Ses enfants et petits-enfants le regardèrent sans comprendre. Moranen et l'Ecossais eurent bientôt le même genre de chose à faire, après ses recommandations, Jaoven les congédia également avant de poser son regard sur Morvan et Kristen qui fait rare, n'avaient pas bougé d'un pouce.

 

-Je crois qu'il ne reste plus que vous deux. Approchez, à votre tour.

 

-On ne partira pas, c'est déjà décidé Noninio! disait Morvan aussitôt répété par son frère. Oui! On restera!

 

Une sorte de rire sortit de la bouche du mourant mais cela ressemblait plutôt à deux pierres qui se frottaient l'une contre l'autre. Chacun à l'un des côtés du lit, les enfants se campèrent tout deux sur leurs jambes pour illustrer leurs propos. Avec un autre rire rocailleux, Jaoven posa ses mains sur l'épaule des jeunes et prit une grande inspiration.

 

-La fraternité est quelque chose de puissant, Roparz était comme toi Kristen toujours à me soutenir et à m'embarquer dans les pires bêtises. Et toi Morvan, reste toi même, c'est l'action qui m'a le mieux réussit.

Je crois que vous avez un grand avenir devant vous mes enfants, maintenant ne le gâcher point en vous apitoyant sur mon sort, j'ai vécu, à vous de le faire. Kristen, prend soin de ton frère, Morvan mène ton destin.

 

Maintenant, sortez.

 

Ce que firent les enfants, sans trop savoir pourquoi ni comment leur aïeul avait réussit à les décider. En refermant la porte, les deux jeunes prirent le chemin de leurs appartements la tête pleine de respect et d’inquiétudes.

Dans son lit, Jaoven s'autorisa le premier grognement de son règne et relâcha ses épaules. Il sourit en retrouvant Turbo qui était une nouvelle fois apparut sans crier gare. Il ne prit pas la peine d'attendre qu'il parle, c'était une tradition, Turbo ne parlait que lorsqu'il avait envie.

 

-Je crois avoir trouvé la solution de la détente mon cher ami, c'est étrangement relaxant que de ne plus rien avoir sur les épaules, plus de titres, de fardeau ni d'obligations.

 

-Il me semble bon de te rappeler que cela te coûtera ta vie Sire. répondit le Cabaliere assit à l'envers sur la chaise, regardant le mourant droit dans les yeux.

 

-Bah, Brieg fera des merveilles j'en suis sûr. Il est temps pour moi de revoir Roparz, il va râler c'est certain... Je lui ai emprunté son règne il faut dire. Mon seul regret est de ne pas encore avoir vu l'Ecossais à l'oeuvre, il va falloir le surveiller de près Turbo, de très près...

 

Le Duc refusa qu'on entre ne serait-ce que pour manger ou recevoir qui que ce soit, toute la journée il parla avec son homme médecine et savant. Puis le soir venu, il prit la main de Turbo et la serra en le saluant à la manière des chevaliers.

 

-Je te salue bien bas Cabaliere Kyeran, on se retrouvera un de ces jours mais je crois bien appercevoir Roparz et Père qui viennent me chercher...

 

C'est de cette manière que s'éteignit Jaoven De Como, le Restaurateur. Le peuple le pleura longuement et il eut droit à des funérailles dignes de celle d'Iael jadis, pourtant on est presque sûr qu'il n'aurait pas apprécié la moindre de ces cérémoniels, préférant une bonne fête, un banquet garni et un bon vin bien de chez lui.



#46 Kyeran

Kyeran

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Posted 11 April 2015 - 01:12 PM

Bellinzana, début 1302

 

 

Ils avaient quitté le Castel familial depuis quelques semaines déjà, Brieg, et ses descendants ainsi que l’Écossais, les conseillers et quelques serviteurs s'était installés plus au nord, à Bellinzana. L'endroit était tout aussi grand et l'intendant en charge des biens de la seigneurie jouait son rôle à merveille, tout semblait à sa place et rien n'avait dû être changé à leur arrivée.

Le Duc en fonction s'enfermait toutes les journées qui passaient dans son cabinet de travail, sa fille était restée à Como pour rendre les doléances et poursuivre les affaires internes.

 

Mis à part lui même et Dieu, personne dans ce monde ne savait ce que préparait Brieg ou ce qui lui arrivait. Morvan et Kristen désormais au dessus de la dizaine d'année étudiaient avec leur précepteur, l'infatigable Turbo et l’Écossais faisait tapisserie dans tout ce beau monde.

Un jour, les plus jeunes occupaient la Grand'Salle en compagnie de leur père, l'un comme l'autre tenait une arme de bois dans les mains et tentait de prendre le dessus sur les deux restant.

 

-Avanti mio Fratello! Allons découper ce buveur d'eau! rugissait Kristen en chargeant, épée droit devant.

 

-Heu, oui! Mais il est italien aussi hein, c'est Père tout de même. répondait Morvan en tentant cependant un coup d'estoc.

 

Mahé le buveur d'eau souriait devant ses fils mais n'oubliait pas le duel et après une esquive asséna une frappe sur les fesse de Kristen qui perdit l'équilibre et chuta de tout son long à plat ventre. Il laissa l'arme de son ainé pointer dans le vide entre sa poitrine et son bras et la coinça ensuite avant de la prendre des mains de Morvan ainsi désarmé. Une épée dans chaque main, l'Ecossais les dirigeait vers la gorge de son fils lui indiquant qu'il avait perdu.

 

-Fais un estoc oui, mais pour tuer pas pour blesser. Les sentiments n'ont pas leur place dans la guerre mon fils, oncle, frère ou père s'il veut ta mort alors tu veux la sienne ou tu es perdu.

Quant à toi Kristen, crois-tu vraiment que ça marcherait? Ta force est peut-être un atout mais point utilisée ainsi, tu as du progrès à faire.

 

Les regardant, il partit d'un grand éclat de rire et finit par s'asseoir à terre en posant les épées de bois. Les garçons ne faisaient plus cas de son horrible cicatrice au visage, ils étaient bien les seuls, sa femme l'aimait tel qu'il était mais il pouvait sentir un petit regret, et Brieg, n'en parlons pas, il était presque dégoûté par la vue même de ce qui lui rappelait la destruction de Como.

 

C'est ce moment que choisit le Duc pour entrer soudainement dans la Grand'Salle, une carte à la main, deux personnes derrière lui et Turbo qui fermait la marche. Sous les yeux ronds des trois autres, Brieg posa la carte sur la table près de la fenêtre, alors que ses deux suivants ramenait ladite table au centre de la pièce. Il regarda Mahé, Morvan et Kristen et d'un regard leur demanda de venir écouter ce qu'il avait à dire.

 

-Il est temps maintenant de vous expliquer la raison de notre présence ici. Voici le Commandant Coraggio, à la tête du Phénix du Cavalier, et son intendant. Coraggio, vous connaissez déjà mes descendants, nul besoin de vous les présenter.

 

Les présentations faites, Brieg pointa un doigt, un seul, sur la carte en scrutant les réactions des hommes autour de lui. Lorsqu'ils relevèrent la tête, il eut la satisfaction de voir la surprise, l'incompréhension et l’inquiétude de la folie. C'est l'Ecossais qui parla le premier, un mot un seul.

 

-Vraiment?

 

-Oui, cher Gendre, et en tant que membre effectif de l'Etoile Ardente, je vous nomme Commandant en chef, vous dirigerez la campagne et m'enverrez vos rapports régulièrement. Je l'aurait fait volontiers, mais ma jambe n'est pas d'accord. Par ailleurs, je vous conseillerais de passer ici, revenir par ici et poursuivre vers là. disait-il en pointant chaque endroit de son doigts sur le plan des environs. Coraggio sera sous vos ordres mais vous conseillera également. Pour le reste, vous avez carte blanche et j'attend de vous l'improbable comme le pensait Feu mon père.

 

Le buveur d'eau tiède restait pensif et examinait de plus en plus la carte et l'état des armées inscrit sur un parchemin annexe donné par le Duc. Avec le commandant à ses côtés, il laissait parfois quelques mots s'échapper de sa bouche tels que "C'est possible" ou "non, ils iraient s’assoiffer" ou encore "bàs" avec un fort accent gaélique. Brieg le laissait faire et observait les plus jeunes qui imitaient leur père.

 

-Morvan, Kristen, vous n'êtes pas là par hasard non plus. Cette guerre sera l'occasion idéale de faire vos armes, puisque vous n'êtes pas chevaliers, vous servirez dans l'Etoile Ardente en tant qu'escuyer et comme Archer lors des combats. J'attend de vous une tenue parfaite et une discipline exemplaire, vous aurez comme frère d'arme vos futurs sujets.

 

A ces mots, une tenaille enserra le coeur de Morvan qui prit une grande inspiration en ouvrant de grands yeux. Son frère posa sa main sur son dos et le rassura sans rien faire de plus qu'un hochement de tête envers leur Grand-Père. Ce dernier fit semblant de ne pas avoir vu la réaction de l’aîné et se redressa avec sa canne. Avant de les laisser encaisser le choc et de sortir, il ajouta.

 

-Le départ est prévu dans quatre jours.



#47 Kyeran

Kyeran

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Posted 13 April 2015 - 12:27 PM

Bellinzana, Juin 1305

 

https://www.youtube....h?v=7wqciVUB5Z0

 

Chez les Lombards, tout était calme, le soleil brillait, les oiseaux chantaient et la campagne se teignait du doré des blés et des récoltes qui semblaient prometteuses. Au nord, au Castel de Bellinzana, Brieg observait sur le balcon terrasse, la formation d'un nouveau régiment dans la court intérieure. L'instructeur beuglait des ordres exécutés de plus en plus habilement par les engagés alors que plus loin, dans le bourg les charpentiers terminaient la dernière arme de siège du moment.

 

Lorsque le Duc revint dans sa salle d'étude, il aperçut les quelques missives nouvellement arrivées et machinalement, il s'assit pour les lires, Turbo se tenait là lui aussi dans le silence le plus absolu, contre le mur les bras croisés. Il observait sans mot dire, Brieg l'ignora et revint à son courriers, qu'il se fondre dans la masse si tel était son désir. La vue de la première lui tira un sourire crispé, le sceau de l’Écossais y était appliqué.

 

 

Votre Grâce, j'ai l'honneur de vous rendre compte des fait suivants.

 

Genêve et Annecy sont désormais nôtres de Facto, le temps aidant, elle seront gagnées à notre cause. Tout se passe comme nous l'avions prévu. Nos armées sont exemplaires, je m'inquiète cependant de l'arrivée du Coucou et de la montée des Fromagers.

 

Votre dévoué Commandant,

Mahé D’Écosse

 

 

 

Les noms donnés étaient explicites et Brieg en sourit, le buveur d'eau avait quand même un peu de jugeote et prévoyait même l'interception des messages. Il abandonna le papier sur un côté de la table d'où Turbo pouvait le lire et prit le second parchemin.

 

 

Cher Duc,

 

Ceci sera court et précis, votre Gendre est très compétent dans les métiers de guerre, cela s'est vu dès sa prise de commandement, pas de soucis à se faire à son sujet. Je continue de le conseiller comme vous me l'avez demandé.

Vos petit-enfants tiennent également de l’Écossais, si l’aîné a une excellente visée chez les archers, son frère cadet a eut la bonne idée de sauver la mise d'un cavalier. Il n'est plus escuyer mais bel et bien cavalier à part entière! Je continue de le surveiller de loin, je vous en dirais plus dans quelques semaines.

 

Commandant Coraggio

 

 

 

Un sourcil qui se hausse, mais rien d'autre qui ne trahisse ses émotions. Kristen savait se débrouiller apparemment, voila une autre chose intéressante. Mais la surprise se trouvait dans la dernière lettre Belfortaine. Aux vues du sceau, Brieg l'ouvrit d'un geste brusque et dévora les lignes de son neveu, le Duc de Schwyz. Lorsqu'il eut terminé, il regarda Turbo et se plongea dans une réflexion intense.

 

-Voila les nouvelles du jour. Ces gosses me surprendrons tout le temps quant à cet Écossais, il est doué certes, mais il n'a pas encore réalisé cette chose grandiose que père avait promis. disait-il en parlant tout haut.

 

-Sire Duc, je t'annonce mon départ en voyage. J'ai quelques vacances à prendre si tu le permet, ou non d'ailleurs. Je sais que tu te débrouillera sans moi, ta fille également, elle a vraiment la tête sur les épaules.

 

Alors que Brieg levait la tête pour la seconde surprise de la journée, il remarqua la tenue de voyage du vieux et le sac lourdement chargé à ses pieds. Il avait déjà tout préparé le fourbe! Il ne put qu'incliner la tête et donner sa bénédiction à l’ancêtre intemporel.

 

 

Bourgogne, même jour, après le Tea-Time

 

 

Le camp installé quelques jours plus tôt s'activait de part et d'autres. On réparait des selles, une pièce de trébuchet ou on fabriquait des flèches. Certains jouaient aux dès ou buvaient autour d'un petit feu. On râlait contre le temps trop humide, les vallées trop peu fertiles ou le vin trop mauvais... Il faut dire que lorsqu'on a goûté le vin italien, on ne peut pas se contenter de plus bas.

Parmi tout cela, marchait Mahé, le commandant en chef accompagné de Coraggio et quelques autres grands officiers. Passant les troupes en revue, il s'arrêta devant les cavaliers puis repartit l'air satisfait.

 

-Hey Kris', il parait qu'on lève le camp bientôt! Il faut profiter de l’accalmie dès ce soir, qu'en dis-tu? demandait Drew, un frère d'arme du blond.

 

Quelques pas à côté, l’intéressé releva la tête sans pour autant quitter son travail des yeux. Brossant son cheval de toute la boue accumulée dans l'exercice de la matinée, il n'avait pas encore son propre équipement, estimant que sa monture devait être propre et rassasiée avant lui. Kristen répondit donc dans son dos.

 

-C'est certain qu'il faut en profiter, mais je ne pourrais pas. Je suis de quart ce soir et je ne me suis pas reposé depuis la première heure de ce matin. Désolé Drew, ce sera une autre fois.

 

-Tsssss, tu as toujours de bonnes excuses! Il faut se souder un peu plus à la compagnie des cavaliers tu sais, la solidarité est la première des valeurs! répliqua Drew un peu déçu.

 

Son brossage terminé ainsi que toutes les autres techniques de nettoyage chevalin, le jeune prit la bride de sa monture et regarda enfin Drew. Il lui fit un sourire avant de le mettre dans la confidence en s'approchant de lui et en chuchotant le plus bas possible.

 

-J'ai un plan, mais personne ne doit savoir! Il s'agit de partir ce soir et de..........

 

Une fois ses messes basses achevées, un clin d'oeil et l'héritier futur d'un duché en italie repartit avec sa monture. Drew le regardait s'éloigner sans vraiment y croire, son ami était fou, bien sûr, il ne savait pas qui était Kristen en réalité et ne pouvait deviner qu'il tenait son impétuosité de son grand-père. "La folie est une question de point de vue... Si vous pensez que je suis fou, sachez que pour moi le monde entier est fou."



#48 Kyeran

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Posted 16 April 2015 - 03:05 PM

Bourgogne, janvier 1307

 

 

La guerre s'éternisait depuis déjà cinq années et avait pris une étrange tournure ces derniers temps. Morvan et ses devoirs d'héritier avait été sommé l'an dernier de se marier, la dame d'Aquilla semblait lui plaire et il avait quitté l'armée et les combats pour honorer son mariage et apprendre les usages du duché. Kristen lui, avait put choisir de rester auprès des combattants et continuait à monter son cheval Grant pour l’intérêt des lombards.

 

Même pour son jeune âge, il avait réussit à gagner le respect inébranlable de ses pairs par la force de la lame et de la camaraderie. Ses dernières batailles, il avait acquis un certain surnom et les rumeurs disaient qu'un adoubement à l'Etoile Ardente arriverait bientôt.

Le principal intéressé n'en avait cure et s'occupait avec Drew  sous leur tente de nettoyer son armure. Son ami ne le quittant plus depuis une malencontreuse bourde impliquant une patrouille adverse dans un bois un soir sans lune. Quelle idée de s'approcher si prêt d'une sentinelle et du camp Lombard? Ces Francais étonneront toujours par leur manque de logique...

 

-Dis moi Kris', tu n'as jamais revu ta famille depuis le début... Tu n'en parle jamais, certains croient même que tu n'es pas d'ici. demanda son ami en huilant le cuir de sa selle.

 

-C'est probablement parce que je ne désire pas m'éloigner de l'endroit où on a besoin de moi. répondit Kristen en évitant d'être trop précis.

 

Miracle ou pas, le jeune garçon avait réussit à ne pas révéler ses liens avec les dirigeants de Lombardie à la fois pour jouir d'une sincérité chez ses frères d'armes mais également pour ne pas être la cible privilégiée des troupes ennemies. De plus et il devait se l'avouer, il redoutait le regard de Drew s'il apprenait la vérité.

Ce dernier n'eut pas le temps de poser d'autres questions, en moins de temps qu'il n'en faut pour le dire, ils s'étaient tout deux redressés, les pieds collés et le regard droit vers l'entrée de la tente.

 

-Au repos Soldats. dit Coraggio en guise de salut avant d'entrer dans la modeste chambre de toiles. Il regarda fixement Drew et lui fit comprendre qu'il était de trop, cependant c'était sans compter sur Kristen.

 

-Mon Commandant, sa présence est toute aussi légitime que la mienne, il s'agit de notre tente. De plus, je n'ai pas d'objection à ce que cette conversation lui soit ouverte.

 

-Bien! répliqua aussitôt l'officier à la carrure imposante. J'ai quelques nouvelles pour toi, tu es en permission... disons imposée.

Ton neveu vient de naître, il se nomme Aelig et d'après la missive que je viens de recevoir, se porte comme un charme il devrait passer l'âge adulte selon le médicastre.

Par ailleurs, ta famille organise un mariage, tu en es l'heureux marié. C'est la seconde raison de ta pause dans ces combats, tu dois rentrer de ce pas, dès ce soir sans attendre, ordre express de ton Grand-père, et tu sais comme moi qu'en ces cas là, c'est incompressible.

 

Ceci est donc un ordre, va! ajouta t-il en repartant aussi vite qu'il était venu.

 

Drew restait planté là et ne cessait de parler tout haut. Aelig, naissance... Grand-père? Un mariage? Encore un instant perdu dans ses pensées et il releva la tête fixant étrangement Kristen. Mais attend voir.....

 

-J'ai à te parler d'une chose importante Drew. dit-il en soupirant et en prenant son courage à deux mains.

 

 

 

Como, appartements privés de Morvan, quelques jours auparavant.

 

 

Brieg assit dans un large fauteuil consultait ses lettres à peine reçue en début d'après midi. Les temps troublés avaient triplé la masse de son courrier et il y consacrait désormais un temps considérable. Même invité chez son petit-fils, il ne pouvait en aucuns cas se défaire de la liasse de papier le suivant partout ou il allait, comme une malédiction.

De son côté, Morvan était nerveux et sans son frère, manquait inexorablement de faire une crise de son mal, pour l'éviter il faisait les cents pas et évacuait ainsi la mauvaise énergie.

 

-Calme toi donc! Elle est robuste et ne s'en ira pas ainsi, les Aquilla sont connus pour cela non? s'exclama Brieg agacé, par dessus la missive qu'il lisait.

 

-Je ne le sais que trop bien. Mais cela ne m'empêche pas d'être inquiet Noninio!

 

Le Duc ne répondit pas, il n'y avait rien à dire. Il fut seulement surpris par les rapports qu'il avait sous les yeux. Devant les actions qu'on lui contait par ces lignes, il ne put s'empêcher de soupirer et de parler à voix haute, un peu trop fort.

 

-On se demande si les Fromagers puants ont quelque chose dans leur tête. Ou bien ils sont couards à ce point, ou bien ils n'ont pas les forces qu'ils prétendent... Mais Grand Dieu! Déclarer la guerre puis signer la reddition de suite tssss. Autant ne rien faire en ce cas!

 

La lettre du dessous était encore pleines de surprise et il ne se maîtrisa pas plus que pour la première.

 

-Et ce Corse! On se demande combien il possède de chemise tant il la retourne! Dire que Mère était de Corse... Peut-être a t-elle été adoptée, qu'en savons nous?

 

Il finit par se taire et un long moment passa, les cris furent moins réguliers puis s'estompèrent d'un coup. La porte s'ouvrit et cogna contre le mur, dans l'embrasure se trouvait la sage-femme à la carrure de guerrier, une boule de tissus dans les bras. Même Brieg détourna ses yeux de sa lecture et observa la boule que la femme tenait. Elle s'avança présenter l'héritier à Morvan en annonçant d'une voix qui se voulait joyeuse mais qui était grave et brutale:

 

-Il s'agit d'un garcon vos Grâces.

 

-Alors par l'avenir et devant Dieu, il se fera appeler Aelig de Como.



#49 Aloys

Aloys

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Posted 17 April 2015 - 08:00 PM

Ira Germanica

 

 

La scène se passe dans l'austère chateau de Belfort, berceau de la famille du même nom. Un retour aux fondamentaux qu'avait voulu le régnant Kadou, qui laissait ses soeurs habiles au maniement des écus dans le castel de Schwyz qu'il trouvait trop somptueux à son gout.

 

Kadou de Belfort. Soldat jusqu'au fond des tripes, il avait parcouru à lui seul plus de lieues et versé plus de sang que bien des ducs précédents. Une fougue, une impétuosité, un art de retourner l'âme et le corps de ses soldats qui auraient été prêts à conquérir l'enfer pour lui. Un gout et une compétence pour la diplomatie comparables à celle d'un ours atteint de psychose paranoïaque, cependant. La rude écorce de Kadou rappelait celle du légendaire Louarn. A ceci près que Louarn avait ses bons moments, et était plus en gueule. Ses légendaires colères pouvaient retomber. Tandis que sous la rude écorce de Kadou, il y avait une âme de feu et de métal.

 

On imagine donc la réaction du Duc de Schwyz quand il apprit que Como s'était entiché de reprendre le Royaume de Bourgogne, laissé quelque peu à l'abandon par la famille de Clérieux. 

 

- Ainsi donc, les italiens se mettent en tête d'envahir la Bourgogne ? 

 

Oanez, admirable épouse du régnant, et malheureusement chargée des affaires diplomatiques du Duché, tenta de nuancer le propos

 

- Mon Cher, la situation est plus complexe....en fait....

 

Le fracas de la bibliothèque qui s'écroulait sous le coup de masse donné par le régnant (il était peu adepte de l'épée, trop stylée, "une arme de pucelle" comme il aimait à dire, et préférait écraser plutôt que trancher.) fit sursauter la Duchesse, qui garda le silence, tout en jetant un oeil inquiet, successivement vers Aloys, intendant antédiluvien du Duché, sur le Capitaine de la garde Suisse (il ne ferait pas le poids si Kadou s'enervait vraiment, mais elle pourrait peut être temporiser) et sur la porte de sortie.

 

- Nous allons bien rire. Capitaine, rapatriez toutes nos troupes en opération au Nord du Royaume. Direction Neuchatel. Dans quelque temps cette ville sera à nous. En attendant la suite.

 

Il sortit sans même saluer, suivi de son Capitaine, laissant la Duchesse et l'Intendant seuls

 

- Aloys, qu'allons nous faire ? Comment allons nous le convaincre de ne pas tout ravager sur son passage ? Les italiens sont puissants, et leurs alliés sont puissants aussi. Et je doute que l'Empire suive Kadou s'il se mettait en tête de....

- Rassurez vous, répondit l'intendant de sa voix sépulcrale. Je vais trouver un moyen de le raisonner.Une fois ceci fait, je devrais vous laisser quelques jours. Je dois rencontrer quelqu'un. Quelqu'un de particulièrement important. En cette rencontre se jouera peut être l'issue de cette affaire....voire le destin de deux Familles....

 

Il disparut alors, laissant Oanez baignant dans l'inquiétude.

 

 

 

Que va-t-il se passer ? Kadou va-t-il semer la mort et la désolation parmi les Pasta ? Va-t-on assister à une guerre fratricide entre Como et Belfort ? Pourquoi tant de haine ? 

 

Vous le saurez en lisant le prochain épisode : Schwyz, le retour



#50 Kyeran

Kyeran

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Posted 18 April 2015 - 10:00 AM

Bourgogne, 1310, bien des heures après le Tea-Time

 

 

A l'aube, à l'heure ou blanchit la campagne.... le camp des Lombards était déjà bien réveillé. L'Ecossais savait organiser de façon optimale les troupes, chacun dormait tandis que d'autres s'exerçaient ou montaient la garde, ainsi le camp ne dormait jamais vraiment.

Dans une des tentes, Pacifique De Taglia, épouse du petit-fils du Duc, qu'on surnommait également le Lion Roux, s'apprêtait à sortir. Son époux dormait après être rentré en milieu de nuit, d'une patrouille de garde. Équipée des pieds à la tête, celle qui, au contraire de son prénom, avait suivit son époux dans les armes, se pencha et déposa un baiser sur le front de Kristen.

 

-Ne sois pas imprudente. lui dit-il dans son sommeil avant de se retourner et de ronfler de plus belle.

 

Un sourire teinta son visage et la Dame partit harnacher sa monture pour l'entrainement du matin.

Du côté de la tente de commandement, il se passait des choses bien différentes. Mahé ne se souvenait plus de la dernière fois qu'il avait dormi, mais c'était peut-être à force de boire cette hideuse boisson à l'eau chaude non? 

 

-Quelles sont les nouvelles Sire? demandait l’Écossais à son intendant personnel.

 

-Et bien, les troupes sont de plus en plus entraînées, ce vide de batailles ne fait qu’attiser leur désir d'en découdre, c'est un vrai bénéfice en somme. Les nouvelles de Lombardie sont rassurante, tout se passe bien là bas. Votre petit-fils se porte à merveille. Mais il y a une ombre au tableau mon très cher Sire...

 

-Hum? Parlez sans attendre, on ne vous paie pas pour garder le silence. répliqua le Connétable Ecossais-Lombard.

 

-Il semblerait d'après nos réseaux que le Duc... de Schwyz n'aurait pas été très favorable à nos campagnes. Des meubles sont changés quotidiennement et il ne se sépare jamais de sa masse d'arme dit-on. Et hem... Ils ont prit Neuchatel depuis quelques temps déjà, on ne sait pour quel partit les Belfort penchent. dit-il en se raidissant immédiatement après la fin de sa tirade.

 

-Et bien nous allons peut-être aller voir si le nord est joli... Il faut que j'y réfléchisse, mais cette ardeur au combat et à la technique m’intéresse. Un de ces jours, je veux croiser le fer avec ce Kadou, amicalement ou non. annonça solennellement Mahé, les deux mains posées à plat sur la table et son regard perdu dans les vallées de Schwyz dessinées sur la carte.

 

 

Frontière Nord de Lombardie, un matin

 

 

Le Cabaliere entiché de son baudet et de ses sacs avait remonté tout le Duché jusqu'à la frontière Italie-Germaine. Là, des hauts pics montagneux délimitaient le territoire et seule une vallée était praticable à ce moment de l'année. Il s'y était installé, avec une technique ancienne et précise, du bois sec et mort, une toile solide, le tout fixé contre une falaise et au sol formait un abri de grande taille laissant un trou au centre de la toile pour le feu.

L'endroit était idéal, pas trop en altitude ni trop bas, on ne pouvait le voir qu'en passant le col et ceux qui s'y aventuraient avaient la bonne surprise de tomber sur lui et ses inventions.

 

-Voila, je crois avoir terminé, il ne reste plus qu'à attendre mon cher Kadoc! disait Turbo à son âne, oui il parlait aux animaux le pauvre, quand on est seul depuis si longtemps on peut lui pardonner. A notre gauche, Bellinzana et la Lombardie. A droite, Locarno et la Schwyz.

 

En parlant, il ajoutait de curieuses brindilles d'un jaune vif dans le feu, ce dernier crépitait et augmentait ses flammes d'un seul coup. Un chaudron posé sur les braises mijotait tranquillement et on pouvait dire que ce n'était en rien comparable à de la soupe. Le tout fumait et sifflait tout en changeant de couleur régulièrement, à chaque brindille rajoutée dans le feu.

 

-5... 6... 7... et ..... Hein? Qu'est ce donc ce bruit? murmura le vieux en se redressant puis se retournant d'un bloc.

 

Il y eut comme un electro-choc et le vieux Turbo qui n'avait d'ancien que l'apparence se mit à grimper la pente aussi vite qu'il le put. En quelques grandes enjambées, il fut bientôt à son poste d'observation, ses étranges bourses accrochées à sa ceinture.

Ce qu'il vit le surpris encore plus, un homme non, un squelette sur lequel on aurait appliqué une seule fine couche de peau. Des yeux à faire peur et des mains apparemment puissantes puisque tenant le bâton de marche fermement sans trembler.

 

-Par la barbe de Iael lui même! Qui est donc cet homme? Il ne ressemble pas à ceux que j'ai chassé... Il possède une étrange aura, à coup sûr, il ne doit pas être agréable à rencontrer la nuit!



#51 Kyeran

Kyeran

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Posted 22 April 2015 - 12:27 PM

Genève en Bourgogne, 1314

 

 

-Qui est donc cet homme dans tes bras mon amour? criait Kristen pour couvrir les cris et les bruits de ferraille s'entrechoquant.

 

-Tu ne le connais pas, je t'assure! D'ailleurs... moi non plus. répondit Pacifique en transperçant le corps de l'homme de son épée.

 

Les mots induisent en erreur, mais pas là. La situation était trop grave pour être drôle, l'armée reprenait lentement Genève aux Fromagers puants et le couple de soldat n'y était pas pour rien. Tantôt dos à dos, tantôt côte à côte, ils étaient complémentaires, leurs lames semblaient jumelle et tranchaient, coupaient lacéraient ceux qui venaient éprouver leur amour.

Leurs frères d'armes faisaient de même, mais avec moins de passion, c'était utile de ne faire qu'un avec son ou sa partenaire parfois. Dans la masse de combattant, ils purent apercevoir Drew qui désarçonné se mesurait à une masse et son propriétaire deux têtes plus grand que lui. Mahé était également entré dans les combats, tous les Lombards alliés aux armées d'Aosta s'y mettaient.

 

-Prends donc mon cadeau avec honneur! répliqua Kristen en lançant une hache de guerre sur sa femme qui l'esquiva aisément, l'arme se plantant dans le poitrail d'un ennemis derrière elle.

 

-Que de belles choses! Profites-en mon aimé, cela va bientôt se terminer! fit-elle en tranchant la gorge d'un autre qui chargeait sur lui.

 

Voila comment se déroulaient les combats avec ces soldats, pleins d'espoirs et de volonté. La seule chose pouvant les décourager au point d'y perdre la vie se déroulait à des lieues d'ici, néanmoins ils l'ignorait encore. Pour le moment, les glorieux Lombards criaient leur joie de reprendre Genève, ironiquement ville de paix dans quelques siècles.

 

 

Como, 1414 quelques mois plus tard.

 

 

Brieg devenu vieux était posté sur un trône qu'il n'avait jamais désiré. Sans d'autres bruits que sa respiration, il observait avec nostalgie les souvenirs de ses aventures posés sur ses genoux. Des lettres de Perig, un compas, une longue vue et quelques piécettes trouvés dans un temple d'un autre âge. Une longue expiration suivit d'une inspiration et d'un autre cycle.

 

-Peut-être ai-je vu trop grand ma fille... Ma folie des aventures emmurée par mon père a sans doute resurgit depuis, j'ai certainement été trop gâteux et fou...

 

La plus toute jeune Moranen, héritière et fière de l'être de l'empire Lombard-Véronais se tourna vers son père et le scruta quelques temps à la recherche d'un brin de raison chez l'homme qui avait passé sa vie à être enfermés en lui même. Elle le dévisagea encore un peu puis posa sa main sur la sienne en signe de confiance absolue.

 

-Non Père, vous êtes le Premier Chevalier du Duché, vous avez maintes fois prouvé votre bravoure et votre raison sur de nombreux sujets. Vous êtes encore plus apte qu'autrefois à régler cette affaire, j'en suis absolument certaine.

 

Mais elle n'eut pas le temps de continuer, un des gardes vint en courant dans la grand'salle et trébucha sur le dallage, glissant sur toute la longueur le séparant des trônes pour finir par se cogner le crâne sur les marches de l'estrade. Se relevant en deux fois, il plaqua les mains sur sa tête et cria avec un air qui se sérieux mais qui semblait tirée d'un spectacle de théâtre.

 

-On nous attaques!!! Sire, les remparts ne tiendr.....

 

Une flèche transperça le pauvre homme de part en part et alla termina sa course dans le bois de l'estrade. Le jeune garde s'écroula mort avant de toucher le sol sous les yeux incrédules des régnants et de leur fille.

Les regards allèrent des Ducs au garde, puis du garde à la flèche et de la flèche à l'arc. Enfin, on observa le possesseur de l'arme qui n'avait point bougé, sourire aux lèvres. 

 

-Sire Boréal! Vous avez perdu l'esprit Nom De Zeus!!!! hurla Brieg de sa voix pas si vieille que ça.

 

-Ce Castel va être pris Sire, point besoin de combattre, tout est perdu d'avance! Vive le Diable Rouge annonça le noble traître en plaquant son poing sur sa poitrine.

 

 

Frontière Germaine, près du front Francois-Italien, au même moment

 

 

Turbo sentait tout ses os et ses articulations craquer. Il ne faisait pas humide et il interpréta aussitôt et très justement la situation avec un long soupir de rage. Il avait vu les armées de Bourgogne dévaler la pente, mais seul il n'avait rien put faire contre ces milliers d'hommes, même avec ses potions. Et de toute manière, ce n'était pas le moment, pas encore.

Les p'tits comptaient encore sur lui, enfin sur ce qu'il représentait pour rétablir le tout. Il fallait qu'il prenne soin de ce qu'il faisait, cela aurait des répercussion affreuses au moindre faux pas.

 

-Bon, en premier lieu, il faut écrire quelques petites lettres... J'espère que le Sanguin Germain a laissé sa masse de côté et pourra lire sans s'enerver... disait-il en rédigeant sa missive en prenant l'écriture de Brieg.

 

Quelques minutes plus tard, le pigeon envoyé à l’abattoir, il vérifia ses pièges et aperçut une patrouille française prise dans l'un d'eux. Un arbre, des trous, un filet et quelques dizaines de mètres de hauteur, le tour était joué et bien camouflé cela faisait des merveilles.

Décidant de faire sa BA du jour, il prit quelques fioles, les brisa à terre en créant ainsi un épais nuage bleu vif. Une autre produisit de la lumière derrière lui et une dernière un mur de flamme autour des quatre plantons francois occupés à tirer leur camarade du piège.

 

-Quiconque défie la Lombardie aura affaire à moi. Et par la parole de Iael, l'âme de Aelig et le coeur de Jaoven, je vous fait une promesse à vous cinq: VOUS NE PASSEREZ PAS!!!!! hurla t-il sa barbe secouée par ses mots rapides...

 

Peur ou pas, les soldats eurent un beau spectacle et ne purent retrouver Turbo déjà partit vers son camp. Il avait fort à faire et devait se mettre au travail immédiatement.



#52 Serance

Serance

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Posted 23 April 2015 - 03:53 PM

An 1313 tel Hannibal franchissant les Alpes, sa majesté de France Meven de Bourgogne, pose pied au Royaume de Bourgogne. Jouissant d’une meilleure mobilité, d’une meilleure logistique et d’un élitisme important parmi les troupes, l’armée française permet la prise des villes Bourguignonnes  de façon aisée pour entamer une marchée forcée en direction de Como, capitale de l’ennemi où son aspirant Roy se refuge. Genêve, Sion, Goms, Bellinzana, autant de pavillons français qui claquaient au vent. Mais la marche forcée ne l’était pas tant que ça, probablement affairés à amasser une fortune personnelle sur le compte de Bellinzana, l’hiver les devança et la ville de Como demeura prostrée entre les montagnes, attendant son heure.

 

Un hiver pendant lequel le Roy de France correspondait avec sa Royale cousine d’Italie dont il était l’un des rares à pouvoir la qualifier de sulfureuse. Chaque hiver lui rappelait l’absence de sa méditerranéenne à peau d’or, griffonnant les premières ébauches de ses lettres plus par rage que par hésitation. Mais un fait le troubla, ses courriers envoyés finirent par trouver réponses une semaine après, témoignant de la proximité de la Reine en Italie du Nord tandis que les premiers croates proches des Aquilla se joignaient à la défense de la péninsule.

 

Juin 1314, le Roy de France rassemble ses troupes et part en campagne contre les armées croates déjà présentes au Royaume de Bourgogne. Ces hommes aux mœurs rudes et à la discipline fragile avaient tôt fait de vaquer à des occupations de scélérats après la chute de Goms et une attaque surprise s’organisa.

 

1550 croates, abandonnés par 900 italiens de l‘armée Royale qui avait peut-être senti l’étau venir, campaient dans les plaines de Goms. N’ayant pour seul uniforme qu’une peau de furet aux coloris douteux qui les coiffait d’exotisme pour la région.  Les zaporogues restèrent figés devant le rassemblement d’armures et de bannières françaises qui faisait étinceler l’horizon pour un total d’à peu près deux mille hommes. Désorganisés après le départ précipité des troupes royales d’Italie, les croates décochèrent quelques salves de flèches hésitantes qui passées cette portée, avaient un impact proche de nul.

 

Les fantassins françois entamèrent leur avancée à petits trots, profitant d’un terrain boueux et humide préjudiciable à la cavalerie. Les Kanisza, bien que plus légers, ne purent profiter de ces conditions devant le courage chancelant de leurs hommes. Puis les premiers cris stridents percèrent l’horizon. Une salve française avait pris son envol et venait s’abattre sur eux, avec la même détermination qu’un aigle sur un rongeur. Les flèches éclatèrent les rangs ennemis et lorsque celui-ci présenta des brèches suffisamment importantes, un cessez-le-feu fut imposé aux archers françois pour que les fantassins d’avant-garde puissent donnaient une charge pleine.

 

Ces derniers passèrent au travers de la ligne ennemie, comprimant la ligne de front croate qui n’aspirait plus à être soutenu par leurs réserves, mais à ce que celles-ci foutent le camp pour leur permettre une retraite rapide. Au premier jour, 1000 croates moururent pour un peu plus de 150 françois. Seul la tombée de la nuit permit un sursis aux survivants qui tombèrent le lendemain matin, happés par la cavalerie tandis que peut être quelques centaines étaient parvenus à fuir pour se mêler en province.

De nouvelles dépêches affluèrent, les troupes royales italiennes n’avaient remarqué la présence française mais concours de circonstances, celles-ci avaient fait le choix de joindre Bellinzana pour reprendre au plus tôt la ville. Un siège y étant dressé au moment même où le Roy de France lisait la lettre. Un sourire naquit sur ses lèvres, mélange de désir et d’admiration pour la Dame d’Aquilla, première du nom. Les troupes françaises redescendent à la frontière italienne pour se mettre en position mais finissent par être repérées en plein mois de Juillet. Les troupes royales d’Italie lèvent le siège de Bellinzana et fuit sur Como.

 

Néanmoins les armées françaises poursuivent leurs routes sous les Viva des défenseurs de Bellinzana. La Reine à leurs côtés, 600 hommes sont détachés pour ralentir la progression française, chacun se battant avec l‘énergie du désespoir, cela conforta l’écart entre la Reine d’Italie et le Roy de France. Mais ce jour Meven comprit qu’il était souvent nécessaire de laisser une échappatoire à ses adversaires, pour les vaincre totalement, divisés.

 

Arrivé dans la province de Como, le Diable Rouge renonça à capturer la Reine d’Italie, pour se livrer au saccage de la cité italienne. Loin de lui l’idée d’en finir vite, il dépêcha ses archers pour décocher une pluie de flèches incendiaires par-delà les remparts de la ville.

 

-« Tirez une flèche, vous laissez entendre à votre adversaire qu’il va mourir, incendiez la et il entendra que vous voulez détruire son foyer…  Amenez les engins en visuel, les premiers tirs pour un impact psychologique, Commandant. »

 

Un jeune blond fit alors trois pas en avant comme pour se convaincre qu’il était l’auteur de cette mission. Fraichement promu après l’achat de ses charges, le nobliau qui répondait au nom d’Ervand commença sa carrière militaire auprès de l’armée royale. Les trébuchets s’alignant un à un, un étrange cortège de soldats portant des sacs de toile de diverses tailles arriva pour charger les engins de siège.

 

 L’état-major guetta les premiers signes d’impatience du Roy alors qu’il demeurait stoïque, impassible sur son cheval de couleur bai. Sa main finit par surplomber ses officiers et il l’abattit rudement, fendant l’air d’un geste vif et décisif. Le vacarme des machines couvrit rapidement les vociférations de l’artilleur en chef, laissant s’échapper un essaim de ces pittoresques projectiles. Et alors que tous guettaient l’horizon pour connaitre le succès des tirs, rien. Pas les prémices d’un seul éboulis, l’éclatement d’une seule roche mais ce concert sourd. Les sacs de toile venant se fracasser contre tours, rempart et habitations, délivrèrent plusieurs centaines d’armures et étendards royaux aux couleurs des Aquilla.

 

-« Déployez les échelles… » Souffla le diable Rouge, semblant d'homme à l’écume en bouche et aux pupilles dilatées.

-« Majesté, devons-nous poursuivre les tirs d’artillerie ? » Mais le regard du jeune officier croisa celui de Meven et une force invisible le conjura de renoncer à tous pourparlers. Donnant le signal, l’avant-garde hurla d’une seule voix, trainant des échelles et grappins avec un degré d’encombrement proche de zéro par ceux qui formaient la garde personnelle du Diable Rouge. 


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Roi de France - Serveur 850
Commandeur des Diables Rouges

 


#53 Kyeran

Kyeran

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Posted 24 April 2015 - 11:16 AM

Les deux principaux protagonistes de ce rp alias Aloys et moi même avons quitté le jeu. Pour ne pas avoir trop de regrets et appréciant le travail terminé lorsqu'on le commence, nous mettons fin officiellement à ces chroniques.

 

En espérant que nos lecteurs aient eut autant de plaisir que nous, même s'ils n'avaient pas le temps ou le courage d'écrire avec nous, je sais que pas mal d'entres vous attendaient nos lignes.

 

Pour l’anecdote, les familles de Belfort et de Como sont unies à ce jour et le resterons quoiqu'il advienne, guerres, conflits et disputes, tout revient au point de départ. On ne sait si ils continuèrent de régner sur leurs duchés respectifs ou sur la couronne de Bourgogne qui sait... Toujours est-il que les exemplaires conservés de nos jours dans les archives Moyen-Ageuses s'arrête à cette page, à cette date, à ce moment là.

 

The End






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