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[Vinvella]

Hiver 1400….

Une belle année pour reconstruire le royaume d’Espagne… La Reyne andalouse avait traversé ce pays de long en large, moult fois, parfois pour rejoindre des alliés en Bourgogne ou en royaume d’Angleterre, d’autres fois pour aider les hidalgos à récupérer leurs terres… Depuis toujours, comme avec le Portugal, les relations andalo-espagnoles avaient été fortes et amicales, voire même tellement  imbriquées que les royaumes ennemis ne pouvaient s’en prendre à l’autre sans l’assurance que le deuxième interviendrait de façon naturelle et irrémédiable.

 

Cette année fleurait bon le renouveau , et l’hiver ne gâchait rien à tout cela, bien au contraire, respirer cet air si revigorant et pur  donnait envie d’aller de l’avant..

 

Donc,Vinvella de Huelva ne pouvait ne pas aller à ce grand rassemblement des grands d’Espagne…

 

Reyne des Andalous, duchesse de Galles, duchesse des Burgondes et maintenant duchesse d’Adradas, elle était par la force des choses l’alliée mais aussi réciproquement la vassale de la future reyne d’Espagne, celle qu’elle aimait à appeler « hermanita »… La duchesse de Léon, dont l’amitié remontait à des temps maintenant immémoriaux.

 

Arrivée la veille sur la place forte de Madrid, reconstruite sur les restes d’une tour d’origine arabe, la Reyne d’Or s’étaient aisément installée et se trouvait maintenant dans les jardins de l’arrière château en train de plaisanter avec ses princesses du charme nonchalant du roy du Portugal, à qui elle était promise depuis sa presque naissance.

 

 

Le grand repas de bienvenue serait servi dans la soirée, mais avant, l’allégeance des ducs à la Reyne d’Espagne et les traités de paix et d’alliance seraient faits sous les yeux des centaines de grands d’Espagne et d’ailleurs venus de toutes parts pour célébrer cet instant historique.

 

-          Et bien ! Mes chères damoiselles, pensez-vous que le seigneur de Mertola m’invitera à la première danse ? Je l’espère bien, car autrement, je pourrai souffrir des grands pieds du duc de Barcelone, ou pire encore, de la brusquerie de notre cher duc d’Almeria !!!

 

Sa petite cour gloussa avec éclat et une partie de colin-maillard fut décidée sans toutefois oublier de passer en revue l’élégance et le charme  des grands seigneurs hispaniques  les plus méritants…

[Bourgneuf]

L'annonce du couronnement de la nouvelle reine d'Espagne avait été accueillie avec beaucoup d'enthousiasme au royaume de Saint Pierre. Ce fut l'une des meilleures nouvelles que reçu Nouela de Cesena, Reine de Saint Pierre durant cet hiver de l'an 1400. Néanmoins, très âgée et déjà fort affaiblie par une mauvaise bronchite, elle ne se sentait plus le courage d'entreprendre ce long voyage depuis la capitale romaine vers les contrées andalouses.

 

Il fut donc décidé que son fils, héritier de la couronne, et son épouse, petite-fille de la reine d'Andalousie viendraient y présenter la sainte famille. Le voyage par voie de mer dura quelques jours et se déroula sans encombre. Des présents avaient été embarqués : verres en cristal de Venise, tapisseries murales de Toscane et bien entendu, quelques excellentes bouteilles des meilleurs vins italiens. Tels étaient quelques uns des objets emportés. 

 

Accompagnés et protégés par une solide escouade de gardes suisses, le prince héritier, Tudal de Cesena, son épouse, Uriel de Huelva, et leur suite se firent annoncer aux portes du château où doit se dérouler la cérémonie. 

[Angella]

En cette année 1400, Angella Duchesse de Léon, sera couron­née en la cathédrale de Madrid. Plusieurs centaines milliers de gens se pressent dans une jeune capitale en ébullition.

 

Dans ses appartements, Angella est encore dans les derniers préparatifs...  On lui apporte sa robe de cérémonie, auquel on ajoute encore des brode­ries de couleur figu­rant les emblèmes des duchés d'Espagne. Les créa­teurs l'ont conçue comme autant de joyaux, avec de la soies blanche incrus­tées de diamants, de perles et de verre.

C’est à sa première dame d’ori­gine française, " une Pari­sienne ", que sont confiée les derniers ajustements du précieux vête­ment. 

 

Angella remarque sur le côté gauche de la robe qu'est discrè­te­ment brodé un minus­cule trèfle à quatre feuilles en guise de porte-bonheur. Elle fait un clin d’œil à sa suivante et néanmoins amie, puis lui dit en plaisantant :

 

"J'ai le cœur qui semble vouloir s'échapper de ma poitrine !"

 

Mais pas le temps de se relâcher, les répé­ti­tions ont commencé un peu plus de deux semaines avant la céré­mo­nie, et s’en­chaînent depuis à un rythme quoti­dien à la cathédrale. Angella a trouvé le temps d’as­sis­ter à 3 ou 4 d’entre elles, mais pour l’es­sen­tiel, sa prépa­ra­tion se déroule au palais.

Sur le sol de la salle de bal a été instal­lée toute une série de repères évoquant la confi­gu­ra­tion de l’in­té­rieur de la cathédrale.

 

Des pièces de drap accro­chées aux épaules à la manière d’une traîne, la future souve­raine s’ap­plique à repro­duire les gestes que l’on atten­dra d’elle le jour j, elle s’en­traîne égale­ment à porter la couronne, un spec­ta­cu­laire bijou fait de plus de 2 kilos de pierres incom­pa­rables et d’or.

[Vinvella]

Un de ses gardes royaux vint la chercher comme elle l'avait demandé... La Reyne du sud voulait assister à chaque arrivée. Depuis toute petite déjà, elle n'avait jamais pu rester en place et avait le démon de la bougeotte et voulait tout savoir...

Ainsi donc, l'héritier de Saint Pierre arrivait. Elle se souvint que le roy lui avait demandé pour sa descendance une dame d'Andalousie, ou un gentilhomme célibataire... ceci afin de renforcer les liens latins qui désormais unissaient l'Andalousie et le Royaume de Saint Pierre. On lui avait parlé d'un jeune hidalgo , Gweltaz de Huelva, dont la famille fort économe avait fait fortune de leur province... Elle comptait donc le présenter Don Tudal. Peut-être alors le jeune homme repartirait-il avec l'escorte du prince.

 

Tout en marchant vers le chemin de garde qui menait au-dessus de l'herse, elle demande à son fier gardien...

 

- Des nouvelles de la reyne d'Espagne ? Elle se fait désirer... Je vais en être jalouse ! Sa robe va être magnifique, je n'en doute pas !

 

Elle éclata d'un rire cristallin qui fit sourire le vétéran et pressa le pas : elle adorait les arrivées clinquantes, accompagnées du son des cors et des trompettes, avec leurs foisonnements d'étendards qui lui rappelaient les mêlées de bataille...

[Adar]

Le vieux duc de Barcelone, ronflé déjà devant ça cheminée. L'hiver était long et de plus en plus froid. Il avait de plus en plus de mal a tenir les nuits trop froides. Ce soir même, sa fille ainé l'apporta la lettre communicant le couronnement de la nouvelle Reine des Espagnes.

 

-Père, réveillez vous, une lettre de la Reyne d'Aldalous - dit Edernez de Saragosse.

 

Le vieillard se réveilla, encore a moitié endormit et lit la missive.

 

-Ah! Enfin on a une Reine, depuis le temps qu'on attend un suzerain en Espagne... Depuis que la ligné royal de Coimbra s'est éteinte chacun a fait un peut ce qu'il voulait. J’espère que maintenant les Espagne et toute la péninsule ibérique pourront enfin conquérir le monde! - Jukondin fit une pause et conclut - Edernez appelle mon messager et envoie le dans la cour de la Duchesse de Léon. La maison de Saragosse se rendra a Madrid le plus rapidement possible! Que tout mes vassaux soient présent dans 3 jours a Aranda Moncayo.

 

Edernez quitta la pièce et le Duc s'endormit a nouveau.

[Vinvella]

L'hiver était bien là, la reyne du Sud s'en aperçut bien vite lorsqu'elle avait franchi avec partie de ses troupes les montagnes pyrénéennes. Elle avait voulu en profiter pour voir la garnison d'Isaba et se présenter personnellement à tous les seigneurs basques, car elle avait aussi invité à un joyeux festin tous les grands noms de cette partie de l'Hispanie, certains venant de Pamplona voire même de la région sauvage de Mitriku.

Ces gens savaient faire la fête et cela lui donnerait un avant-goût truculent de ce qui allait sans aucun doute suivre le couronnement de son "hermanita" de Léon.

 

Un mois plus tard, elle était maintenant dans la capitale du royaume de sa chère soeur de coeur, cousine de noblesse et confidente de courrier. Et le temps passant, son impatience la faisait trépigner d'excitation à chaque son de cor qui annonçait l'arrivée des grands d'Espagne et du Portugal.  D'autres arriveraient du Royaume de France et certains annonçaient même la présence de grands seigneurs italiens et sardes...

 

- " Bien ! Il est temps de se préparer ! Doña Asuncion, faire apporter ma robe et assurez-vous que ma couronne est bien là où elle doit être ! Ah, et faites vérifier l'éclat de mes chevaux andalous ! je veux que les yeux de notre reyne d'Espagne brillent de ravissement en voyant son cadeau !

[Adar]

30 Décembre 1400

 

La maisonnée de Saragosse venait d'arriver après un longue route jusqu’à Aranda de Moncayo. Le Duc remarqua même avant de rentrer dans l'enceinte de la ville qu'elle débordé de vie. L'arrivé du Duc et de sa maison y était forcement pour quelque chose. Ils se dirigeraient en direction du donjon, les rues étaient remplie de paysans, marchands, soldats, artisans, c’était une grande confusion, tout le monde se basculaient. Mais a l'approche du Duc de Barcelone, tous le salué et l'acclamé. Celui qui avait écrasé la rébellion et libéré la ville ne serais pas oublié par ces habitants et ceci le prouvé même 25 ans après.

La rue qui l'emmenais jusqu’à donjon, était décorée avec les étendards de toutes les maisons de Barcelone et Aragon. Mais c’était les couleurs des Saragosse, le lion d'or couronné sur un fond rouge à coté de l'étendard du Duché de Barcelone qui dominaient la ville et qui flottaient dans le donjon et dans chaque tour de guet. Dans quelques jours l'étendard de la maison royale espagnole y serais aussi.

 

2 Janvier 1401

 

Après des fêtes un peu trop arrosées, le Duc convoqua touts ses vassaux a la grande place de la ville.

 

-Je pense que vous avez tous entendu les nouvelles. Le royaume d'Espagne va a nouveau devenir une réalité. Des décennies ce sont écoulés après la disparition des Coimbra. Même moi, je ne me souvient plus de quelqu'un a la tête du royaume, car j’étais tout petit quand la maison de Cacéres a prix la couronne et la emmené a sa perte. Depuis 50 ans que chacun fait ce qu'il veut. Dans quelques jours cela fera partie du passé. Et une nouvelle maison prendra la relève et nous conduira de nouveau a la gloire. Les grands seigneurs d'Espagne on donc accepter la maison de Léon, comme légitime héritière de ce grand royaume. Ceci est notre volonté, et le sera aussi pour vous mes chères vassaux. En 400 ans d'histoire, la quatrième maison a régner sur l'Espagne sera couronné a Madrid dans moins de deux semaines. Vous êtes donc tous convoqué a venir au couronnement. On partira dans 2 jours.

 

Finit son petit discours, le Duc demanda a son frère cadet Envel de rassembler ses vassaux et de préparer toute la logistique. Ils avaient encore un long chemin jusqu’à Madrid.

[Angella]

Un Sacre et pas un couronnement... la nuance était faible, inexistante peut être aux yeux de certains, pourtant, un jour ou l'autre, cet affaiblissement officialisé de la Monarchie se paierait chèrement, la Reine en était persuadée. Comme elle l'était en cet instant, que le page ayant la charge de la conduire s'était mal orienté à la sortie de l'escalier principal. Un Palais qu'elle connaissait si bien... Foulé d'abord, en tant que Duchesse de Léon, fonction officielle permettant de jouir d'un appartement et d'y loger une suite conséquente conforme au rang et dignité de la Haut Noblesse d'Espagne.

 

Angella de Léon avait lancé des grands travaux de restauration dans ce Palais, dès lors qu'elle avait choisi Madrid comme capitale du Royaume. A l'époque, selon les "on dit" tout ceci avait couté la vie d'un Surintendant aux Finances... En vérité, la chose était hautement exagérée, le dit Surintendant aux Finances avait seulement fait une toute petite syncope de rien du tout, suivi d'une crise de nerfs pratiquement insignifiante et d'une cuite parfaitement légitime...

Il était donc évident pour Angella, que l'itinéraire emprunté n'était pas le mieux indiqué, en tout cas, pas le plus rapide, mais peut être était-ce lié aux nécessités de sécurité, en ce jour particulier, aussi garda-t-elle le silence, son visage hermétique à toute manifestation d'impatience ou de joie... Elle était venue faire son devoir en présence de ses Amis et des Grands de ce monde, mettre à l'honneur l'Espagne pour qui elle offrirait sa vie sans la moindre hésitation.

Servir et faire son devoir, rien d'autre ne comptait, rien d'autre n'avait compté, rien d'autre ne compterait jamais désormais et, puisque les années passant se chargeaient de vider son cœur de toute autre destinée, au moins se pourrait elle consoler en sachant avoir assurer, la tête haute et avec excellence, à ne pas déchoir et prendre la digne suite du Puissant Roi Coimbra.

D'un pas à l'autre, elle était arrivée à destination, puisque son escorte saluait et se retirait dans les méandres des couloirs secrets du Palais, la laissant prête à faire son entrée, calme et digne, droite dans sa robe majestueuse, étincelante sous les diamants et les saphirs ornant sa gorge généreusement dévoilée pour l'occasion... si elle dépérissait de l'intérieur, l'extérieur serait conforme à la formalité du jour... une Duchesse telle qu'on la concevait, une Reine puisqu'il le fallait, une Reine à jamais.