Été 1125, au sein de ce que l'on peut appeler un donjon, qui n'est en fait qu'à ce jour, une grande tour de bois et de pailles entourée par une palissade qu'un simple coup de pied aurait fait valsé aux quatre coins de l'Europe.
Le chef de famille, Rio, était assis, siégeant la maigre assemblée tout en dévorant un repas qui aurait pu nourrir un régiment des rares soldats de Horn.
Il était vêtu d'une simple tunique, ne reflétant absolument pas son rang de Comte, titre obtenu lors de l'explosion du Royaume de Bohême Moravie.
A sa table se tenait ses fils qui lui servaient de conseillers, vu l'étendu des terres de Horn, ils n'étaient pas spécialement doués dans un domaine particulier.
« Mes fils ! » Rugit-il comme à son habitude
« Les Hongrois nous ont débarrassé de la vermine Polonaise mais de ce fait, ils ont annexé certains territoires limitrophes de nos terres. Je veux que vous constituez une armée digne de ce nom pour les repousser et ... »
« Mais Père ! » l'interrompit Gurvand ,son aîné, « Les Hongrois sont bien plus nombreux et puissants que nous, notre peuple est dans la misère et nous ne possédons pas de véritables soldats. Je suis d'avis qu'il faut nous concentrer sur le développement économique et sur l'agriculture avant de penser nous étendre... »
« Tu oses interrompre, ton seigneur et maître ! »
« Non Père, j'essaye juste de protéger notre peuple. Le temps de la guerre arrivera bien assez tôt. »
« Soit ! Mais je te préviens ! Si les Hongrois reviennent ou les Polonais, je leur offrirai ta tête ! »
« Qu'il en soit ainsi »
Cela fait cinq ans que le Comté de Horn prospère, le vieux comte commençait à perdre la raison ainsi ses fils avaient pris les affaires en main.
Gurvand, qui maintenant siéger la fratrie, faisait un bilan des années écoulées
« Salutations mes frères !
J'ai de bonnes nouvelles, la paix est revenue dans les Duchés de Moravie et de Bohême, même si les Hongrois ont encore des terres qu'ils s'attribuent comme juste récompenses.
Pour notre comté, la population mange globalement à sa faim, nos élevages suffisent à soutenir des distributions régulières, même en Hiver.
D'un point de vue démographique, nous en sommes revenus avant le siège par les Hongrois. Dans leur désir de « protéger » la Moravie, ils ont tué nombre de nos paysans par mégarde. La situation s'améliore à tout point de vue, les marchands sont revenus, le comté prospère.
Pour finir les affaires courantes, le duché de Bohême renait de ses cendres grâce à la maison Besenov, des amis de la famille et nouveaux alliés.
De plus, j'ai l'immense honneur de vous faire part que les Hongrois et les Comtes de Moravie ont accepté notre requête d'être élu Vicomte de Zjnovmo, comté qui devrait être généreusement cédé par la maison de Brno. Cela enrichit le commerce local, attirant de nombreux marchands étrangers.
Goulven répondit à son frère, de sa voix sombre et grave, rendant ses discours toujours empreint d'une certaine morosité
« Bravo, cher frère, quand père sera mort, tu hériteras de splendides terres, et nous, tes frères que deviendrons-nous ? Je te le demande car tu nous as pas demandé notre avis sur ce titre de Vicomte, hormis les richesses apportées, tu as mis notre famille en avant et nous serons fortement surveillés par nos voisins ! »
« Goulven... Tu sais bien que j'attache énormément d'importance à vos avis, mais j'ai du prendre les devants pour cette charge. De plus, vous êtes mes frères, vous pourrez rester ici avec vos familles en continuant de m'aider à protéger notre peuple, notre famille et notre nom »
Goulven, furieux, sortit sans prévenir de la salle, laissant le plus jeune des frères, Aelig, seul avec Gurvand.
Toujours aussi effacé, Aelig essaya de calmer les choses « Tu connais notre frère, il ressemble de plus en plus à Père, il craint que tu nous écartes à la mort de Père. Je pense que pour les prochains conseils, tu devrais nous consulter plus, de plus ni moi, ni lui n'aurions été contre ton idée. »
« Je le sais bien, j'espère juste qu'il comprendra que je suis coincé entre toutes ces puissances qui nous entourent et qui pourraient nous écraser comme de vulgaires insectes. »
Sentant que son frère voulait rester seul, Aelig sortit discrètement, heureux de ne pas être l'héritier de la maison de Horn. Il jeta un dernier regard dans la pièce et vit que l'épouse de Gurvand l'avait rejoint pour l'apaiser. La mort de leur fille et leur difficulté à concevoir un enfant étaient les sujets de discussions du simple roturier jusqu'aux nobles de la Maison.