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[Drogon]

Été 1125, au sein de ce que l'on peut appeler un donjon, qui n'est en fait qu'à ce jour, une grande tour de bois et de pailles entourée par une palissade qu'un simple coup de pied aurait fait valsé aux quatre coins de l'Europe.

 

Le chef de famille, Rio, était assis, siégeant la maigre assemblée tout en dévorant un repas qui aurait pu nourrir un régiment des rares soldats de Horn.

Il était vêtu d'une simple tunique, ne reflétant absolument pas son rang de Comte, titre obtenu lors de l'explosion du Royaume de Bohême Moravie.

A sa table se tenait ses fils qui lui servaient de conseillers, vu l'étendu des terres de Horn, ils n'étaient pas spécialement doués dans un domaine particulier.

 

« Mes fils ! » Rugit-il comme à son habitude

« Les Hongrois nous ont débarrassé de la vermine Polonaise mais de ce fait, ils ont annexé certains territoires limitrophes de nos terres. Je veux que vous constituez une armée digne de ce nom pour les repousser et ... »

 

« Mais Père ! » l'interrompit Gurvand ,son aîné, « Les Hongrois sont bien plus nombreux et puissants que nous, notre peuple est dans la misère et nous ne possédons pas de véritables soldats. Je suis d'avis qu'il faut nous concentrer sur le développement économique et sur l'agriculture avant de penser nous étendre... »

 

« Tu oses interrompre, ton seigneur et maître ! »

« Non Père, j'essaye juste de protéger notre peuple. Le temps de la guerre arrivera bien assez tôt. »

« Soit ! Mais je te préviens ! Si les Hongrois reviennent ou les Polonais, je leur offrirai ta tête ! »

« Qu'il en soit ainsi »

 

Cela fait cinq ans que le Comté de Horn prospère, le vieux comte commençait à perdre la raison ainsi ses fils avaient pris les affaires en main.

Gurvand, qui maintenant siéger la fratrie, faisait un bilan des années écoulées

« Salutations mes frères !

J'ai de bonnes nouvelles, la paix est revenue dans les Duchés de Moravie et de Bohême, même si les Hongrois ont encore des terres qu'ils s'attribuent comme juste récompenses.
Pour notre comté, la population mange globalement à sa faim, nos élevages suffisent à soutenir des distributions régulières, même en Hiver.

D'un point de vue démographique, nous en sommes revenus avant le siège par les Hongrois. Dans leur désir de « protéger » la Moravie, ils ont tué nombre de nos paysans par mégarde. La situation s'améliore à tout point de vue, les marchands sont revenus, le comté prospère.

Pour finir les affaires courantes, le duché de Bohême renait de ses cendres grâce à la maison Besenov, des amis de la famille et nouveaux alliés.

 

De plus, j'ai l'immense honneur de vous faire part que les Hongrois et les Comtes de Moravie ont accepté notre requête d'être élu Vicomte de Zjnovmo, comté qui devrait être généreusement cédé par la maison de Brno. Cela enrichit le commerce local, attirant de nombreux marchands étrangers.

 

Goulven répondit à son frère, de sa voix sombre et grave, rendant ses discours toujours empreint d'une certaine morosité

 

« Bravo, cher frère, quand père sera mort, tu hériteras de splendides terres, et nous, tes frères que deviendrons-nous ? Je te le demande car tu nous as pas demandé notre avis sur ce titre de Vicomte, hormis les richesses apportées, tu as mis notre famille en avant et nous serons fortement surveillés par nos voisins ! »

 

« Goulven... Tu sais bien que j'attache énormément d'importance à vos avis, mais j'ai du prendre les devants pour cette charge. De plus, vous êtes mes frères, vous pourrez rester ici avec vos familles en continuant de m'aider à protéger notre peuple, notre famille et notre nom »

 

Goulven, furieux, sortit sans prévenir de la salle, laissant le plus jeune des frères, Aelig, seul avec Gurvand.

Toujours aussi effacé, Aelig essaya de calmer les choses « Tu connais notre frère, il ressemble de plus en plus à Père, il craint que tu nous écartes à la mort de Père. Je pense que pour les prochains conseils, tu devrais nous consulter plus, de plus ni moi, ni lui n'aurions été contre ton idée. »

 

« Je le sais bien, j'espère juste qu'il comprendra que je suis coincé entre toutes ces puissances qui nous entourent et qui pourraient nous écraser comme de vulgaires insectes. »

 

Sentant que son frère voulait rester seul, Aelig sortit discrètement, heureux de ne pas être l'héritier de la maison de Horn. Il jeta un dernier regard dans la pièce et vit que l'épouse de Gurvand l'avait rejoint pour l'apaiser. La mort de leur fille et leur difficulté à concevoir un enfant étaient les sujets de discussions du simple roturier jusqu'aux nobles de la Maison.

[Kiklan]

Campagnes de Bavière, 1129.

 

 

Wiomarc'h tira les rênes de sa monture, faisant ainsi stopper son écuyer voyageant à ses côtés. Les différents massifs de montagne avaient été pénibles à passer, cependant le paysage était magnifique. Et lui qui n'avait fait que rester au Castel et ses environs presque toute sa vie était ravi de pouvoir voir autre chose que les campagnes subissant le vent infernal de Plauen.

Le temps ici semblait très agréable en comparaison, il faisait plus doux, le vent caressait la peau et le soleil plus présent réchauffait le tout. A tel point que les deux hommes n'y avaient pas pris garde, leur visage avait brûlé avec la réverbération des rayons sur la neige environnante. Mais qu'à cela ne tienne, au moins ils voyageaient!

 

-Nous sommes un peu plus au nord de Hausenberg Sire. annonça Gourmelon, une carte tirée de ses sacoches entre les mains.

 

-Bien, nous n'avons plus qu'à traverser Zwettl et nous arriverons à Horn, encore un peu de courage... et profite donc de ce paysage gamin, on ne voit pas cela tous les jours! Le réprimanda gentiment son maître en armes.

 

Wio' sonna la fin de l'arrêt et les deux chevaux s'élancèrent sur la piste serpentant dans les campagnes. Encore un peu de route, aussi le neveu du Duc en profita pour mettre de l'ordre dans ses esprits. Gourmelon, trop occupé à rédiger son carnet de voyage était courbé sur sa selle, son ouvrage plaqué sur sa cuisse tandis qu'il écrivait tant bien que mal.

 

Dire que ce gosse serait dans l'avenir le futur Duc de Misnie.... Un petit sourire étira les traits de Wio' alors qu'il pensait à Tudin, le père du gamin, il retrouvait le même caractère et la même détermination dans ce qu'ils faisaient.

Le neveu avait dû délaisser un moment sa famille lorsque Jestin son oncle avait décidé de tâter et d'affirmer les bonnes relations des voisins pas si voisins finalement. Il en avait été ravi juste avant d'aviser la carte puis avait repris sa contenance lorsqu'il avait apprit la présence de Gourmelon dans l'aventure. Son devoir était de former le jeune aux voyages, aux armes et à la diplomatie... à la vie finalement.

Il se disait que l'avenir même du duché par l'entremise de la personnalité du Duc lui incombait par l'éducation du gamin, grande tache que cela.

 

 

En vue du Donjon de Horn, quelques jours plus tard.

 

 

-Cela m'a tout l'air d'être assez paisible par ici... commentait Gourmelon

 

-Ne t'y trompe pas, certains seigneurs connus en Germanie font de même mais leurs terres sont arides et les paysans aussi pauvres et affamés que des animaux. Cependant, ça a l'air différent par ici comme tu le dis...

 

Alors que les chevaux cheminaient sur les routes un peu mieux faites et entretenues que les cols écharpés en Bavière, les deux hommes évaluaient la seigneurie par la qualité des bâtiments, les dires des paysans et la vie globale du bourg dans lequel ils passaient.

 

Chacun se faisant sa propre opinion, de toute manière ils étaient certains que le Duc, avant de les amener ici savait exactement à quoi s'en tenir. Il s'agissait quand même d'un héritier potentiel qu'il amenait à des lieues du Castel sécurisé de Plauen.

Lorsque le petit, tout petit convoi arriva aux portes de ce qui s’avérait être le siège du pouvoir, Wio' resta en selle tandis que son ecuyer tout noble qu'il soit descendait pour les annoncer.

 

-Ouvrez aux représentants de Misnie, par Dieu nous sommes venus en paix et le resteront jusqu'à preuve du contraire.

 

Revenant aux chevaux sans pour autant remonter sur le sien, Gourmelon et son visage commençant à guérir des brûlures jeta un œil au cousin de son père. Son maître avait les traits caractéristiques des Plauen, un nez fort, un front plutôt large et des yeux bruns presque noirs. La seule différence consistait en une large cicatrise lui barrant l'oeil, courant la joue et s’arrêtant à l'oreille droite, lui donnant un air guerrier. En apparence, il n'y avait pas besoin de négocier avec lui, ce qui était tout le contraire en vérité. Wio' était tout à fait capable de discourir en diplomatie comme n'importe qui de sensé...

[Drogon]

-Ouvrez aux représentants de Misnie, par Dieu nous sommes venus en paix et le resteront jusqu'à preuve du contraire.

 

C'est par ces mots, que le convoi s'annonça. Les Gardes en faction envoyèrent rapidement l'un des leurs prévenir les fils du Comte.

 

Donjon de Horn.

 

Le garde essoufflé, ayant traversé la ville à pied, arriva enfin au donjon.

 

"Laissez passer ! J'ai un message pour le Comte, des représentants de Misnie souhaiteraient rentrer dans la Cité !"

 

Gurvand était en train d'éplucher les derniers rapports de l'Intendant, quand il s'interrompit et sans lever les yeux : "Préparez mon cheval, Aelig tu viens avec moi, il ne faut pas les laisser dehors. Préparez un bon feu ainsi que de quoi restaurer ces braves gens."

 

Portes de la Cité.

 

Le petit groupe se mit en route et arriva aux portes de la petite Cité. "Ouvrez les portes, et faites en sorte que l'on ne soit pas importuner par la foule."

 

Ils s'étaient habillés proprement et de façon convenable pour cette occasion, mais la maison de Horn n'est pas bien riche, préférant sacrifier une bonne part des revenus pour que son peuple puisse manger à sa faim et vivre de façon décente.

Les fils du comte étaient vêtu de tuniques venant d'un couturier local, doué mais dont les étoffes ne sont pas luxueuses. Les quelques gardes présents possédaient une simple côte de maille avec une épée et un bouclier, en parfait état.

 

Gurvand pris la tête du groupe et s'annonça à la troupe qui siégeait non loin de là :

 

"Salutations Messires, veuillez excuser l'attente dans ce froid, mes serviteurs vous préparent un bon feu et un bon repas pour chacun de vos hommes. Je suis Gurvand de Horn, héritier du Comté de Horn et de la Vicomté de Znojmo, soyez les bienvenus ! Je vous invite à rentrer pour que vous puissiez me dire ce qui vous amène dans ces terres"

[Kiklan]

Après un temps d'attente tout à fait respectable durant lequel les deux voyageurs étaient restés silencieux, l'un examinant les environs, l'autre écrivant à nouveau dans son carnet, les portes s'ouvrirent. A la vue des trois hommes s'avançant devant eux, Gourmelon rangea ses notes et se rapella immédiatement ce qu'en avait dit Wio' tenant lui même ces informations de Tudin.

"Le père est toujours en vie mais perd le lien avec la réalité, ce sont ses trois fils qui pour le moment tiennent le pouvoir réel. Ne fait cependant pas d'impairs, et ne néglige aucun des frères."

 

De son côté, Wio' avisait discrètement de ce qu'il pouvait voir derrière les portes puis son regard vint se poser sur les frères. En guise de respect pour ceux qui les accueillaient à pied, il descendit lui aussi de son cheval. Les vêtements locaux étaient fonctionnels et semblait resistant comme une bonne tenue de voyage et non un apparat de cour. Cela le fit sourire intérieurement et prit bonne note des priorités imposées à la seigneurie, ils avaient beau partager le pouvoirs, ils n'en gardaient pas moins la tête sur les épaules.

 

"Salutations Messires, veuillez excuser l'attente dans ce froid, mes serviteurs vous préparent un bon feu et un bon repas pour chacun de vos hommes. Je suis Gurvand de Horn, héritier du Comté de Horn et de la Vicomté de Znojmo, soyez les bienvenus ! Je vous invite à rentrer pour que vous puissiez me dire ce qui vous amène dans ces terres"

 

Ainsi le premier était Gurvan, le plus vieux donc... Le second aux cheveux plus clairs devait être Goulven quant au plus jeune, Aelig. Mémorisant une nouvelle fois les noms, c'est uniquement à ce moment précis qu'il se rendit compte de son état. Pour y remédier, il passa sa main vigoureusement sur ses vêtements pleins de poussière pour se donner bonne mesure.

 

Excusez ces saletés, nous préférons voyager à notre aise que passer notre temps à nettoyer toute pièce blanche qui ne saurait être éclatante hem... Une fois le tissu un peu débarrassé de sa crasse, il reprit calmement.

 

Il ne sera pas nécessaire de prévoir un grand repas, nous ne sommes que deux ainsi nous avançons plus rapidement. Je suis Wiomarc'h De Plauen et voici mon escuyer Gourmelon De Plauen, petit-fils de sa Grâce Jestin.

Je dois dire que c'est un plaisir de vous rencontrer, un bon feu comme vous l'avez prévu ne serait pas être de refus.

 

 

Donjon de Horn

 

 

Ils avaient été conduits dans une grande salle aménagée avec simplicité mais fonctionnalité d'ailleurs Wio voyait maintenant l'ensemble du Castel comme une machine bien huilée et ne souffrant d'aucun grain de sable pour enrayer le tout. Lui et Gourmelon s'étaient lavés sobrement puis s'étaient installés dans de grands fauteuils près du feu promis.

Le bien procuré par de simples flammes était exquis et une fois de plus, l’aîné se félicita de la leçon donné à Gourmelon sur les bonnes choses de la vie.

 

-Bien, nous vous devons explications sur notre venue.

En premier lieu, nous désirons connaitre nos voisins proches et la Bohème-Moravie en fait partie aussi cela fait partie d'une visite de courtoisie mais ce n'est pas la principale raison.

 

Maîtrisant l'art de faire des micro-pause dans ses discours afin de capter l'entière attention de ses interlocuteurs, Wio' l'utilisait à la perfection pour marquer l'importance de ses paroles. Le gamin toujours muet à son côté en prenait de la graine, il en était sûr.

 

-Egalement car notre famille est assez grande et prospère pour marier plus loin que le bout de son nez. De jeunes gens seront bientôt en âge de se marier et nous sommes porteurs de promesses de mariage à examiner.

 

Enfin et il s'agit presque du plus important. Mon oncle, Sa Grâce Jestin de Plauen a eut vent d'enseignement d'armes assez novateurs et originaux. Mon bref examen de votre seigneurie suffit à lui donner raison, vous savez être simples et efficaces.

C'est pourquoi, notre Duc souhaiterai que son petit-fils ait une éducation d'armes complète en votre sein, si vous l'acceptez évidement.

 

En lachant ces mots, son regard se planta dans ceux des frères tour à tour. Ils n'en perdaient pas une miette et Wio savait que chacun avait déjà prit sa décision. Il ne restait plus pour eux, qu'à se concerter et à s'unifier en une seule et unique réponse.

[Drogon]

La salle de banquet avait été aménagée pour accueillir une plus grande assemblée, et était fonctionnelle pour l'arrivée des invités du jeune Seigneur.
Les invités furent conduits dans une chambre prévue à cet effet où une bassine d'eau chaude les attendaient ainsi que des vêtements propres.

La chaleur de l'âtre ravivait les convives envers le froid de l'hiver.
Les serviteurs s'affairaient sur les derniers préparatifs du repas, et avaient amené du bon vin local pour faire patienter tout ce beau monde.

Gurvand fut le premier à prendre la parole, en tant qu'ainé et au vu de l'incapacité du Comte à assurer ses fonctions, c'était là lui que revenait la lourde tâche de décider de l'avanir de la famille de Horn.

"Messieurs, nous sommes honorés et flattés que notre Seigneurie vous plaise. Mes frères et moi-même avons reçu une éducation mais sommes proches du peuple et essayons de le servir du mieux possible dans l'intérêt de tous.

Votre proposition nous encense, mais avant tout, je souhaiterais en discuter avec mes frères. Tant que notre Père sera en vie, nous devons agir et décider à trois. Veuillez nous excuser"

A ces mots, Gurvand fit un geste rapide pour que les verres des invités soient remplis tandis qu'il s'éloignait un peu à part avec Aelig et Goulven.

Goulven ne se fait pas attendre et parla le premier pour exprimer son avis.

"Je suis circonspect, des Germains qui viendraient d'aussi loin pour visiter le... Royaume... de Bohême-Moravie ? Qui plus est, nous avons quelques bons bretteurs, toi et moi en faisons partis mais ils doivent bien avoir de meilleurs maitres d'armes dans leur contrée ?"

Gurvand leva les yeux au ciel, se disant que ça allait prendre plus de temps que prévu pour se mettre d'accord.

"Goulven, je sais que tu aimerais que nous restions dans l'ombre, que les puissances voisines nous ignorent, mais on ne peut pas rester isolés à jamais. Il faut nous ouvrir aux autres et qui sait, peut-être arrivons-nous à signer des alliances intéressantes permettant la sauvegarde de notre Seigneurie. De plus, je dois te rappeler que nous sommes en négociation avec la Maison de Brno pour obtenir la Seigneurie de Znojmo.
Ils me semblent honnêtes, le plus vieux est un homme de terrain, je doute qu'ils soit venus ici avec de sinistres intentions.

Et, la maison de Plauen n'est pas si éloignée de nous que ça, si le petit fils du Duc de Misnie est formé chez nous, il n'en sera que plus favorable envers notre famille en cas de guerres difficiles."

Le frêle Aelig acquiesa en silence et Goulven réfléchit un instant.

"Tu marques un point, Frère. Soit ! J'accepte ton idée, on verra bien ce qui en découlera !"

Les trois frères retournèrent auprès de leurs invités, se resservant en vin, nota avec amusement Sieur Wio'

"Sieur, veuillez excuser l'attente, mais nous devions en discuter entre nous, et nous sommes arrivés à un consensus." Gurvand fit une courte pause, voulant évaluer la réaction de son interlocuteur.

"Nous acceptons d'accueillir le petit fils du Duc Jestin de Plauen. Sachez qu'il sera traité avec tout les honneurs dûs à son rang et sera formé par moi-même et mon frère Goulven ainsi que d'autres bretteurs maitrisant des armes plus spécifiques.

De plus, Aelig sera son Mestre pour son éducation intellectuelle, il est très doué pour apprendre et enseigner. Bien entendu si le Duc accepte que nous nous occupions de lui ou s'il a des exigences particulières envers son petit-fils."

[Kiklan]

Novembre 1132

 

 

Dans le froid de la montagne il était passé, sa monture avançant de son pas infatigable sur les routes, entres les cols aménagés et les campagnes environnantes. Sur une voie qu'il n'avait pas prise depuis plusieurs mois, il contemplait pour la seconde fois les paysages de Bavière puis de Bohème une fois la frontière passée.

Lorsqu'il arriva aux portes de la seigneurie de Horn, il ne put que constater les changements par rapport à la dernière fois. Le bourg semblait plus développé et animé qu'alors, les murs avaient étés poussés et la cité apparemment plus prospère.

 

A son annonce, il fut amené comme la fois précédente dans une chambre accueillante puis invités à s'installer dans la salle des banquets. D'après les informations fournies par son Duc et les lettres envoyées par Gourmelon, la mort de Rio n'avait fait que resserrer les frères autour du pouvoir, dans la bonne façon. Si l'on croyait les dires, en seulement trois ans, ils avaient élevé leurs possessions en un Comté fort et assez connu de ses voisins, tout comme Jikel de Plauen l'avait fait autrefois.

 

 

Dehors, au même moment.

 

L'héritier de Misnie depuis la mort de son père terminait sa course matinale quotidienne. L'entrainement avait été rude, dans un climat plus froid et moins sec que son pays natal, il avait fallut s'adapter. Ses formateurs, certes donnant des comptes à son grand-père, n'en retenaient pas pour autant leurs coups et il soupçonnait même les instances Misniennes d'alourdir ses tâches et de permettre plus d'initiatives aux frères de Horn.

Les arts de la diplomatie et du pouvoir avaient étés enseignés avec fougue par le plus jeune des frères et Gourmelon avait dorénavant presque tout apprit des savoirs potentiels.

 

-Il est temps garçon! On est venu te chercher pour remonter dans ton pays! annonça Goulven en surgissant comme à son habitude derrière l'héritier.

 

L'homme avait été son mentor, par sa rudesse et son exigence beaucoup plus élevée que celle de ses frères, il avait été une source de détermination inépuisable, le surpasser et lui montrer ce qu'il pouvait faire, voila ce qu'avait été les sentiments de l'escuyer d'y il avait trois ans.

Il décida de rentrer immédiatement et de revoir quelqu'un de chez lui. C'est donc avec ses cheveux roux, portés longs et couverts de flocons de neige et ses vêtements dans le même état qu'il se posta devant Wiomarc'h.

 

-Le bonjour Sire. dit Wio' en inclinant la tête brièvement alors que le Comte retrouvait ses frères au même moment. Et bonjour à mes hôtes également.

 

Le jeune Gourmelon aperçut aussitôt la peine qu’éprouvait Wio' depuis la mort de Tudin son cousin. Il avait perdu du poids, des muscles et de la tonicité. Ce qu'il ignorait, c'est que ce dernier sentait un regain de vitalité en voyant les traits communs que le fils partageait avec le père. Le marmot avait grandi, s'était étoffée autant en muscle qu'en esprit certainement et tout indiquait qu'au retour, on distinguerait moins la différence d'âge.

 

-Je suis porteur de plusieurs bonnes nouvelles Sires.

Notre Duc de Misnie vous félicite de l'exploit dont vous êtes dépositaire, votre Comté est solide et fort, il salue le mérite des trois frères comme on vous appelle par chez nous.

 

D'autre part, il est très satisfait de l'éducation fournie à son héritier, d'après ce qu'il en sait, l'humilité la valeur la plus importante d'après lui est bien ancrée chez notre jeune.

Il aimerait en faire de même avec Arzhur, le jeune frère de Gourmelon contre la même rente mensuelle évidement.

 

Laissant de petites pauses pour marquer les phrases aussi différentes les unes que les autres puis repris avec le plus important pour la famille de Horn, enfin lui semblait-il.

 

Je suis également porteur d'une demande de mariage entre Gwenaela de notre maison et Enor de la votre, si cela vous convient. Ce serait pour nous une joie et un privilège que de marier l'une des descendantes de Jikel à votre famille...

[Drogon]

Ce fût avec grand plaisir que Goulven aperçut un visage amical.

Le Sieur Wiomarc'h arriva à Horn afin de raccompagner le jeune garçon, qui était en phase de devenir un homme, au duc de Misnie.

 

Goulven ne put s'empêcher qu'il s'était grandement attaché à ce garçon, courageux et intelligent. Il était un bon bretteur et saurait largement se défendre sur un champ de bataille, ses armes de prédilections étant l'épée, arme noble, et la hache. Aelig, le plus frêle des trois frères, lui avaient appris quelques techniques de combats à mains nues, il était fier de ce jeune homme qui était devenu une personne loyale, juste et ô combien éduquée maintenant.

 

Il aperçut au loin son pupille en train d'affronter d'égal à égal son frère Gurvand, le jeune homme mettait à rude épreuve son maitre d'armes. Ils s'échangèrent quelques passes avant que Gurvand le fit rouler dans la neige en utilisant une technique, lâche, mais tellement efficace en combat pour faire chuter son adversaire. Le jeune homme se releva sans broncher, prêt à remettre ça quand une main lui attrape le poignet.

 

-Il est temps garçon! On est venu te chercher pour remonter dans ton pays ! annonça Goulven en surgissant comme à son habitude derrière l'héritier.

 

La surprise du jeune Gourmelon ne dura qu'un bref instant après avoir reconnu son ancien mentir, Sieur Wio'.

 

Goulven nota que le seul moment où son ami Wio' était heureux et qu'il retrouvait son regard vif et plein de vigueur, était lorsque Gourmelon était dans les parages. Il était rassuré, le sieur Wio' le protégerait.

 

« Ce petit a vraiment un énorme potentiel » pensa Goulven.

 

« Merci, Sieur Wio', nous sommes enchantés d'apprendre que le Duc est satisfait de notre enseignement auprès de son fils.

Au vu des résultats obtenus chez le jeune Gourmelon, nous serions enchantés d’accueillir son petit frère !

Tout ce que nous souhaitons, est qu'il fasse honneur à nos enseignements mais aussi honneur à votre Maison.

 

Pour le mariage, entre nos jeunes gens, je ne vois aucunement d'inconvénient et bien au contraire, cela renforcera le rapprochement de nos deux maisons. » réplique Goulven à son interlocuteur.

 

Il n'avait nul besoin de consulter ses frères pour ces deux points, ils avaient envisagés bon nombre de possibilités, dont celles-ci, afin de pérenniser cette amitié.

 

« Pour ce mariage, préférez-vous un mariage classique ou matrilinéaire ? Le jeune Enor est fort éloigné de tout droit de succession, cela représenterait un avantage pour vous, nous avons assez de jeunes garçons pour sauvegarder l'avenir de notre nom et maison. »

 

La question de l'héritage de la maison de Horn était sur toutes les lèvres, Goulven était le seul des trois frères à n'avoir aucun enfant, il eut une fille qui mourut en bas âge.

Heureusement les deux autres frères avait pléthore d'enfants mais il était plus convenable que l'aîné d'une famille hérite et ait des enfants.

 

L'épouse de Goulven prenait un traitement à base d'herbes pour faciliter la fécondation. Peut-être faisait-il effet ? Elle était tombé deux fois enceintes en l'année 1132, soit plus de fois que les deux années précédentes, même si ces deux grossesses se sont soldées en fausse couche. Goulven ne perdait pas espoir, sa femme lui donnerait un enfant en temps et en heure.

[Kiklan]

Horn, Hiver 1138

 

 

Le climat était rude à Horn, au plus fort de l'hiver, mais ça n'empêchait pas Arzhur de pratiquer l'entrainement quotidien des trois frères. Tout comme son ainé Gourmelon, il avait suivit l'intégralité des enseignements prévus mais n'était pas rentré en Misnie. Wiomarc'h, très présent dans les affaires du Duché, avait rejoint le Très Haut quelques mois plus tôt, le jeune avait profité de ce moment d'instabilité afin qu'on l'oublie momentanément.

 

Seulement, le temps avait passé et presque deux après la fin effective de son entrainement, il recevait tous les mois une lettre de son grand-père le Duc le sommant de rentrer au plus tôt. Ignorant totalement ces missives, il restait à Horn, offrant ses services d'armes aux frères ou simplement le travail de ses mains au plus offrant, qui dans les champs ou dans les construction des bâtiments.

C'est donc par ce matin brumeux et un peu froid qu'il s'activait avec d'autres gardes pour les exercices matinaux, il n'aurait jamais eut l'idée de ce qui allait suivre.

 

-Allons Patry, voulez vous nous annoncer à nos amis de Horn. demanda une voix bien connue.

 

Aussitôt le regard d'Arzhur se fixa sur l'origine du bruit tandis que son corps pivotait lui aussi. Que diable faisait-il donc ici? Profitant de la hauteur de son cheval, Jestin se tenait droit malgré les soixante décennies de sa vie. Sa suite de garde et d'hommes de confiance à ses côtés, il avait le même regard que Wio' quelques années plus tôt, examinant les lieux avec satisfaction.

De là ou il se trouvait, le jeune était à l'abri du regard inopportun des visiteurs, mais il savait que la confrontation allait être inévitable. Aussi, il s'en alla par un chemin détourné jusqu'à sa chambre afin de se préparer au mieux tout en attendant qu'on requiert sa présence.

 

 

Grand'Salle du donjon de Horn

 

 

Jestin avait été accueillis comme un roy et se remémorait les dires de son neveu en souriant. Wio avait bien évalué les lieux et n'avait pas exagéré les qualités des autochtones. Assis dans un large fauteuil, ses compagnons de voyage ayant reçut le même traitement, il conversait avec Goulven, Gurvand et Aelig tantôt sur les nouvelles technologies tantôt sur les temps qui courraient et les jeunes qui gâchaient leur génération.

Tout allait pour le mieux jusqu'à l'arrivée de la raison même de la présence du Duc...

 

-On ne salue pas son Duc, Arzhur? lança Jestin désirant imposer le respect et l'autorité dès le départ. Ce qui était sans compter sur son petit-fils tenant invariablement des pires caractères de Misnie.

 

-Ma résidence étant Horn depuis mes 8 ans, c'est à la Duchesse de Moravie que va mon salut Sire... répliqua t-il.

 

https://www.youtube....h?v=UPNLfP0zbxY

 

Rien qu'à ces mots, les voyageurs frémirent et ouvrirent des yeux grands comme des soucoupes, tous sauf Jestin qui maintenant son calme. Il avait remarqué le placement discret du rebelle, plus près des frères que des Misniens, ce qui, il en était sûr n'était pas dénué d'intentions.

Mais le Duc en avait vu d'autres et ne perdrait pas son calme au moindre petit conflit de pacotille fut-il au sein même de sa famille.

 

-Bien... Tu dois te douter de la raison de ma venue. Malgré mes lettres insistantes, tu ne daigne me répondre aussi je vais vers toi. Je t'ai personnellement arrangé un mariage, tes obligations son universelles, à toi de voir si tu veux y assister les fers aux pieds ou en homme libre.

 

-Mais... Je ne la connais même p.....

 

-Il suffit!!! Tu l'aurais sut si tu lisais mes lettres! Ainsi tu aurais eut plus de temps pour faire sa connaissance! continua Jestin d'une voix calme mais sans réplique possible.

 

Arzhur lança un regard aux trois frères puis croisa les bras, maintenant ainsi son mécontentement même s'il était conscient qu'il ne pouvait s'opposer au Duc. Mais il allait exiger des conditions, Enor devait bientôt avoir l'âge de voyager selon les coutumes de Horn, et alors, ils partiraient à l'aventure comme ils en rêvaient comme souvent entre deux entraînements intensifs. Se ravisant sur sa conduite, il joua sur les mots et utilisa les enseignements de Aelig à bon escient.

 

-J’honorerais ma famille comme on me l'a enseigné, mon devoir ainsi que mes valeurs ne seront pas remis en question. annonça t-il en inclinant légèrement la tête. Cependant, le mariage aura lieu ici même, dans deux mois exactement.

 

-Tu oses poser tes conditions à un Duc? A un aieul? tempêta Jestin soudain devenu tigre.

Je vais t'apprendre marmot! Tu vas tâter des fers si tu continue et je te traînerai derrière mon cheval s'il le faut!!

 

Devant l'explosion de son grand-père, Arzhur savait comment faire et ne fit absolument rien. Le Duc lisait dans les yeux, et y verrait la flamme de détermination gravée à jamais dans les siens. Jamais Arzhur ne plierai, au besoin il savait comment s'échapper des geôles de Misnie.