DECRYPTAGE CONFLIT (VERSION FRANCAISE)
11 mai 1222, la Maison Tauste déclare la guerre aux Morlaàs
Le point de non-retour entre la France et l’Espagne est atteint. Pointant du doigt une barbarie que la Sainte Eglise elle-même ne saurait nous reconnaitre, les armées royales d’Espagne déclarent la guerre au paisible bourg des Morlààs.
4 décembre 1222 - La maison de Huesca assiège Morlaàs et lance l’assaut
Consacrant l’automne à une progression prudente, l’avant-garde espagnole se tient devant les murs de Morlààs pour début décembre. Les échelles se dressèrent plus vite que les tentes et assaut fut donné, une population civile et désarmée, livrée à la tuerie d’une armée égale en nombre.
Les dépêches Bordelaises suivirent et annoncèrent qu’un pavillon espagnol battait le vent contre les remparts de la cité Française. Mais pas n’importe lequel, celui des Huesca, attaché à la diplomatie étrangère espagnole. Prenant la chose pour ultime offense, les troupes royales présentes au Sud partirent en ordre de marche pour le duché aquitain. Un détachement d’éclaireurs montés parti le premier pour confirmer la présence de troupes espagnoles au sein de la cité. Les habitants locaux, annoncèrent même la venue du commandant d’armée de la famille Huesca, un noble espagnol de même sang que le comte lui-même.
La ville fut prise par l’ennemi et la population contrainte à l’exode. Devant cet exil, les troupes royales furent contraintes d’attendre un an à ses frontières pour assurer la protection des populations meurtries qui la traversaient, harcelées par les brigandages où argent, nourriture et même futilités faisaient office de butin. Un an pendant lequel Jugon de Bourgogne caressait des yeux l’armure du « Diable Rouge », figure emblématique des Gardiens Bourguignons. Le dernier à l’avoir portée était un lointain aïeul, Lug de Dijon, Oncle du Duc de Bourgogne de l’époque qui partit affronter les auvergnats de Le Puy dans des combats acharnés pour le contrôle de Nevers et Montpensier. Des éraflures témoignaient encore de la violence des combats et surtout de la nécessité qu’il y a pour un Diable Rouge, d’y participer… Une armure noire, anthracite où des reliures grisâtres laissaient transparaitre une écriture latine, dans son dos une cape lourde et souple qui épousait sa carrure malgré le vent alors qu’un heaume à visière agrémenté de deux ailettes rouges donnait un point à l’effroyable spectacle.
1 janvier 1224 – Les troupes Royales lèvent le camp
Enfin ! Bravant le froid et les détachements espagnols, un messager en provenance de Dijon finit d’embraser les rêves du jeune prince. La levée de Ban est consommée, et il lui est demandé de châtier les Huesca qui se sont vus adossés un rôle de médiateur et bourreau. Quel comble, fulminait le jeune homme, demander au Diable Rouge de régner un hiver.
Les chevaliers bourguignons commençaient à dégourdir leurs montures lorsque l’aide de camp finit de réveiller tout le monde. Ce qui fut jadis la compagnie des Diables rouges avait rétréci de moitié depuis la guerre Bourgo-Auvergnate pour devenir une garde restreinte mais plus élitiste encore. Leur progression était ponctuée par les flots encore nombreux de paysans en exode et cela les conforta à maintenir une avancée régulière malgré le froid, la neige. Ils n’étaient plus les bagarreurs de taverne et les soudards des plaines ou encore les remparts de Bourgogne. Ils étaient les troupes royales et à travers l’étendard qui les guidait dans la glace et en territoire ennemi, ceux qui incarnaient le Royaume dans la victoire ou la défaite. Après les conscrits de Morlààs, ils étaient les premières troupes françaises a engagé le combat aux espagnols, aussi un échec militaire pour cet hiver 1224 aurait tôt fait de castrer le bellicisme français.
Les premières oriflammes princières rouges approchèrent la cité aquitaine le 3 janvier, présentant un cordon de cavalerie pour intimider tout détachement espagnol hors de la ville. Mais le renseignement était bon, et d’autres habitants de la région confièrent que plus de 250 cavaliers espagnols résidaient encore au sein de la ville et cela en plus de sa garnison.
4 janvier 1224 - La maison de Bourgogne assiège Morlaàs contrôlée par la maison de Huesca
Les troupes françaises s’étalèrent sur l’horizon, à la manière d’une palie saignante qui s’ouvre.
-« Pieds à terre ! » hurla l’apprenti monarque. Alors que son aide de camp jouait des épaules pour passer dans son champ de vision.
-« Vous voulez un assaut mon seigneur ? »
-« Je veux… que les prochains espagnols qui passent la frontière du Royaume de France aient chacun cents cadavres de leurs compatriotes espagnols à décrocher… » Le prince détourna alors la tête pour porter le regard sur les troupes qui l’environnaient. « Je veux, entendre le rugissement fauve d’une armée française combattant la perfidie ! » L’écho de sa voix porta sur les sentinelles de faction qui élevèrent une longue clameur. L’aide de camp extirpa alors de son carquois plusieurs fanions colorés, les agitant aussi longtemps qu’un naufragé sur son radeau. Alors, dépassant les trébuchets et leurs ingénieurs qui n’avaient pas terminé l’assemblage de leurs machines, une équipée de roublards sveltes et athlétiques tirait à bout de bras plusieurs échelles en direction des remparts de Morlààs. Leurs pas sitôt emboités par une troupe de piquiers stoïques, se déplaçant comme un seul être.
Un péan retentit parmi la marée humaine qui montait contre les remparts, pas de doute les Diables Rouges s’étaient immiscés en son sein. Arborant les étoffes écarlates qui faisaient leur nom, ils couraient au-devant de leurs compagnons pour leur insuffler force et volonté, agrippant au passage les échelles d’assaut qui tardaient encore trop à leurs goûts.
L’un d’eux criblé de trois flèches qui se partageaient son dos et la jambe, grimaçait de douleur après avoir vociféré plusieurs jurons à ses camarades qui avançaient au plus près des remparts. D’autres plus hargneux encore, poursuivaient leur inexorable marche à cadence semblable aux autres, ne laissant deviner leurs blessures qu’à la queue de flèche qui dépassait de leur tunique.
Puis lorsque l’ombre des murailles se dessinait sur le sol durci par le gel, le millier de tuniques rouges progressa d’un trot soutenu. Depuis une mine désaffectée qui trônait à flanc de colline, le prince de France regardait ses hommes dessiner des zébrures sur les murailles ennemies à mesure que les échelles s’y apposaient. Pour certaines d’entre elles, on y distinguait déjà des silhouettes accrochées et arborant la tunique des diables rouges, prêtes à se hisser sur les remparts sitôt le contact engagé. Puis chacun de ses sens se mit en alerte, d’abord l’odeur de brûlée qui gagnait ses narines après que dans son dos une douzaine de trébuchets affichaient leur disponibilité au combat. Puis ce fut l’ouïe après qu’un grondement sourd remonta jusqu’à l’état-major, les premiers bourguignons montaient à l’assaut des remparts, chargeant le cordon espagnol qui s’y était formé. Certains français était si vite refoulé qu’ils tombaient immédiatement dans le vide alors que des espagnols connaissaient le même sort depuis l’intérieur des murailles. Un grand bourguignon portant les armoiries du Diable, moulinait à travers la foule dense des ennemis, libérant un passage délimité par des sillons sanglants et invitant trois ibères à redescendre les escaliers qu’ils venaient de monter prestement. D’autres fantassins, plus légèrement équipés, se faufiler parmi les deux cordons humains qui s’affrontaient pour joindre le corps de garde et entamer l’inexorable ouverture des portes. Le Prince Jugon vit un halo blanchâtre émerger des portes de la ville alors qu’elles entamaient leur ouverture. Le son strident de sa garde montée tirant l’épée s’en suivit alors qu’il levait son poing pour en prendre le commandement.
-« Soldats, aujourd’hui vous arrivez à la croisée de deux mondes. Le premier est celui qui vous a vu naitre, chérit, qui a donné aux français de nobles armes pour s’exposer fièrement aux yeux du monde et ne pas rougir de leur condition. Le second qui vous fait face est celui des pécheurs, nous avons choisi d’en être pour permettre aux autres sujets de la Reine de prétendre à une place auprès de notre Seigneur. Vous êtes les instruments de la justice divine, et ces instruments ne sauraient être propres. Une fois que nous terminerons notre charge dans la cité, nulle issue ne sera possible pour qui y pénétrera. Il vous faudra alors combattre, car je ne vous propose pas de vivre mieux, je vous propose de vivre éternellement ! Et comme César, Achille, Alexandre, pour être immortel, sachez qu’il vous faut d’abord mourir ! Défenseurs ? » Soudain le calme approbateur laissa place à un tohu bohu de passion adoratrice.
-« Jamaaais ! » Et quatre cents diables rouges mirent leurs chevaux au trot pour joindre l’étroit corridor du corps de garde de Morlààs…
Sur les murailles, les premiers étendards rouges de Bourgognes allaient trouver ceux de la royauté dans une danse frénétique pour galvaniser tous français les apercevant. En plus de la porte, les contingents espagnols venaient de perdre la foi.
La cavalerie Française approchait dangereusement, soulevant un nuage de poussières qui rivalisait de taille avec celui des premiers incendies de la ville. La cavalerie de Huesca comprenant son malheur, entama une sortie pour profiter de la plaine avant que des tirailleurs ne viennent les harceler depuis les remparts. Une échappée de tuniques bleues commença à suinter de la porte, voulant protéger les trébuchets en arrière garde, Jugon ordonna d’étirer la ligne de charge puisqu’il y avait 2 français pour un espagnol. La sortie des espagnols se fit de suite moins abondante, et la cavalerie de Huesca sembla chercher ses officiers supérieurs dans un climat de tension palpable. Poursuivant son déplacement sous le corps de garde pour entamer une sortie, la cavalerie espagnole perdit tout élan pour contre attaquer les français qui acculaient leurs positions. Le choc fut rude et comprimés entre la cavalerie française ainsi que les remparts de la ville, les hommes de Huesca vidèrent les étriers avec facilité, certains s’écroulant en même temps que leurs montures pour y suffoquer en dessous.
A vingt mètres tout au plus, un noble espagnol arbore les armoiries de Huesca visible au gré des coups qu’il porte à ses assaillants. Jugon fit faire volte-face à sa monture pour galoper à sa rencontre. Intercepté avant cela par un cavalier espagnol, une épée vint frôler la crinière rougeoyante de son casque à cornes, le délestant d’un bon nombre de poils après que le prince eut baissé la tête. Le bourguignon porta un coup d’épée à l’horizontal qui alla saigner le cuissot du cheval espagnol. Celui –ci s’affaissa moins de dix mètres plus loin. Jugon réclama une lance qu’on lui passa à mi-parcours du général espagnol qui avait maintenant remarqué sa présence. Les deux nobles convergèrent l’un contre l’autre, alors que bouffi d’arrogance, le prince se délesta de son bouclier.
5 janvier 1224 – Rio de Huesca (61 ans) est mort
La lance de Rio de Huesca frôla le jeune français qui put néanmoins l’esquiver après avoir réduit la surface exposée de son corps. La lance princière elle, alla trouver le bouclier ennemi qui bien que résistant au choc, désarçonna son cavalier qui roula au sol. Jugon tira les rênes de sa monture pour la stopper nettement surplombant l’espagnol au corps meurtri qui se déplaçait avec peine au sol. Jugon descendit de selle à son tour, tirant l’épée pour aller souffler la lance partielle sur laquelle s’appuie l’espagnol. Rio de Huesca ne trouva la force de se relever, roulant sur le dos pour fixer une dernièrement son bourreau.
-« Tu voulais rester à Morlààs ? Exaucé… » L’épée du français s’abattit sur le poitrail de Rio, qui libérait un filet de bave et de sang par la bouche à mesure que l’épée fendait sa chair. Lorsque Jugon releva la tête, il remarqua que le tintement des lames s’était tut. Les espagnols étaient morts ou en déroute, les français à leur trousse ou affairés à achever les blessés et les mourants trahis par une haleine chaude qui s’échappaient de leurs bouches dans le froid hivernal.
6 janvier 1224 - La maison de Bourgogne prend Morlaàs qui était contrôlée par la maison de Huesca