Reims assiège Chalons en Champagne
An 1120, le bellicisme de la famille de Reims a raison de l’indifférence générale. S’invitant par la force à Joigny, Chatillon et Chalons. Les principaux frontaliers d’Artois et de Bourgogne échangent des missives. L’avenir de la France ? Un pot-pourri où l’on y mêle seigneurs de tous horizons en prônant le vivre ensemble. Un vassal de la famille de Saint Quentin est malmené et c’est la coalition suzeraine assurée.
Reims prend Joigny
Mars 1122, Joigny est tombée, Chalons sous le poids d’un siège. Chatillon se tâte… A Dijon c’est la mobilisation générale, au-delà des volontaires, c’est plusieurs compagnies de fantassins qui se mettent en branle. Après les épées, les plumes s’aiguisent aussi et des laissés passer sont échangés avec les seigneuries d’Artois.
Dijon assiège Chatillon
Octobre 1123, l’armée est prête, Reims aussi. Il lui faut entrer dans Chatillon avant que les partisans de Reims n’offrent les clés de la ville. Lug de Dijon, frère cadet des Dijon, prend la tête de la troupe. Avec lui deux cents, quatre échelles. D’un tempérament téméraire, l’homme avait refusé d’emporter des engins de sièges plus vindicatifs, prétextant s’être entouré de deux cents lions. Et ils y ont cru ! L’infanterie Dijonnaise devança les Reimois et alors qu’ils campaient aux frontières de Chatillon, Lug de Dijon lui, s’enfonçait promptement dans la Champagne pour camper aux abords de Chatillon. Son armée mouchetait l’horizon d’un vermillon pur. Mais la langue de l’ennemifut suffisamment râpeuse pour avoir accroché la noblesse Chatillonnaise et les portes restèrent closes malgré les démonstrations de force.
Dijon prend Chatillon
Novembre 1123, ce n’est plus le chant des cuistots qui réveillent les hommes mais le cor abrupt de l’état-major. Lug avait monté son alezan blanc et tout laisser à croire que le temps des rapports était passé. Les plus impétueux trainaient déjà les échelles hors du campement et tentait d’haranguer leurs compagnies respectives. Lug avait le choix, placer sa piétaille en première ligne pour essuyer les coups au risque que le moral des vétérans s’amenuise ou bien miser sur le moral de ces derniers pour emporter dans leur élan la milice. « Provoquez une abeille et elle foncera sur vous avec la fureur d’un dragon. » L’épée du noble Dijonnais fendit l’air et l’avant-garde se détacha de l‘armée avec des échelles en bout de bras. Les souffles haletant des hommes au trot lâchaient une fine vapeur buccale dans l’air matinal sous le poids des échelles. Alors que la force principale elle, suivait à pas cadencés, s’économisant avec insolence.
Quelques flèches fusèrent, rayant la brume avec la précision d’une patte d’éléphants. Les beuglements des quelques badauds atteints ne parvenaient à couvrir les chants de la troupe qui gonflaient les muscles et les cœurs. Progressant avec vélocité, les poutres des fortifications de la ville ne tardèrent pas à apparaitre. Les échelles en place, les hommes devaient essuyer le jet de pierres avoisinant la taille d’un tronc humain adulte, certains tombèrent au sol après le bruit sourd d’un crâne qui se fend, maculant de rouge une tunique qui n’en manquait pourtant pas. Mais au-delà des pertes subies avant de pénétrer la ville, la force était Dijonnaise. En combat singulier, la milice pro-Reimoise levée pour tenir la ville avant que Reims n’y entre était démantibulée. Une faux siffla la tête d’un Dijonnais alors qu’il enjambait un créneau. A l’autre bout de la palissade, un défenseur abattait sa hache en direction de son oppresseur. Manquant sa cible, des bras agrippèrent son arme et ses avants bras pour le tirer dans le vide. Sa dépouille s’échoua sur une barricade aux pieds des palissades. Après des rapides échanges de coups entre les défenseurs et Dijon, la pression sur les chemins de ronde devint insoutenable pour Chatillon. Les pierres qui étaient juchées sur les chemins de ronde étaient maintenant jetées sur les défenseurs à l’intérieur des murs, pressant leur retraite vers le cœur de la cité.
Cinquante fantassins avaient déjà franchi les palissades et formaient un schiltron devant la porte le temps que plusieurs d’entre eux l’ouvrent. Lorsque ce fut le cas, la garnison put ressentir l’effet d’une plaie qui s’ouvre et à défaut de sang, c’était les bannières et oriflammes rouges de Dijon qui rentraient en force. Les partisans de Reims jetèrent les pioches, faux et autres armes d’infortune, Chatillon était à nous.