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[RP] Chroniques de Stargard


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32 réponses à ce sujet

#1 Kiklan

Kiklan

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Posté 20 septembre 2017 - 09:01

Seigneurie de Stargard, 1101
 
 
Une nuit ordinaire parmi tant d'autre. Outre le fait que pas un seul rayon de lune ne passait, les loups hurlaient toujours, les brigands tuaient et les paysans dormaient. Nous pourrions suivre le vol d'une chouette, hululant de ci et de là à la recherche d'un mulot égaré. Ses ailes utilisant la bise à son avantage, elle planait sans fatigue, scrutant les environs. La nuit ne lui posait pas de soucis particulier, l'animal était fait pour elle. La forêt défilait sous le rapace, quelques étendues d'eau, des champs et quelques hameau dont subsistait quelques lumières. Puis il apparut.
 
Juché sur la butte dicte de l'ours, l'édifice formé d'un assemblage encore disparate de bois et de pierre s'érigeait fièrement, jetant un oeil à la mer tout en conservant le regard sur la terre. Les quelques lumières aux rares fenêtres indiquaient encore une présence tardive tandis que les lanternes mouvantes à l'extérieur indiquaient l'assiduité des gardes.
Dans son étude privée, Patry s'affairait. Le Seigneur des lieux se tenait assis à son bureau, plume à la main et chandelle presque mourante au côté. L'homme d'une soixantaine d'année préparait quelques ordres de missions en réponse à un rapport matinal inquiétant.
 
-Bien. Alors nous doublerons la garde sur la côte.
Ces pirates ne doivent pas être bien loin, nous serons prêt à les accueillir.
 
Alors qu'il signait de son nom, l'homme repensa brièvement au chemin parcouru. Qu'il était loin le temps ou il arpentait les champs et les villages, ou il passait des soirées entières assorties du matin en taverne. Convaincre. Il avait réussit l'exploit au fil du temps, par les mots et parfois les armes, à unir chaque village et chaque hameau en une seigneurie digne de ce nom. S'imposer par les poings parmi une population qui réglait chaque différent à qui gueulerait le plus fort était chose peu aisée. Il fallait dire la botte secrète des Stargard côtoyait désormais la légende dans ces villages.
 
Chef de la Maison de Stargard
 
Patry de Stargard ( -1112)
Jaoua de Stargard (1112-1148); Fils de du précédent
Pleury de Stargard (1148-1157); Petit-fils du précédent
Maho de Stargard (1157-1203); Fils du précédent
Tangi de Stargard (1203- ); Fils du précédent


#2 Kiklan

Kiklan

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Posté 22 septembre 2017 - 10:23

377418merwen.jpg

 

Septembre 1104, Nord de la Seigneurie de Stargard

 

 

La nuit n'était pas si fraîche que cela. Bon, elle n'était pas chaude non plus mais il tenait. Le jeune garçon de douze ans n'en était pas à son coup d'essai et monter la garde semblait monotone. Heureusement, son binôme et accessoirement ami Rün était lui aussi affecté à la garde de la côte nord. Marcher, hache ou épée à la main, jeter un oeil sur les plages et monter en haut de la tour de guet. Cela se répétait inlassablement de tour en tour, jusqu'au lever du jour. Alors pour tromper l'ennui, les deux jeunes hommes parlaient.

 

-Il parait que le Seigneur a pleins de projets pour notre peuple... J'espère au moins qu'il y aura de quoi se battre! annonçait Rün d'un ton badin.

 

Merwen observait l'horizon de la mer embrumée. La nuit ne laissait pas beaucoup de place à la patrouille à vue. Il fallait se fier à son instinct... Il n'y avait pas forcément eut de raid les dernières semaines mais ça ne faisait qu'annoncer la tempête à venir. Douze ans... mais des hommes. Les habitants de Stargard ne regardaient pas à l'âge mais plutôt aux capacités ce qui amenait parfois dans ce genre de situation. Finalement, il avisa son collègue et répondit d'un haussement d'épaule.

 

-Quoi? Non mais on parle de ton Grand-Père là! Tu dois bien savoir ce qui se trame au Trelleborg non?

 

Le jeune homme, certes de la famille proche du Seigneur, jaugea son ami. Il le connaissait depuis quelques années déjà et avait put mesurer leur combativité respective maintes fois. Plus qu'un ami, c'était un frère pour Merwen, de coeur comme d'arme. Cela permettait une certaine proximité surajoutée à une complicité lors des combats.

 

-Et même si je l'entendais, je ne m'y intéresse pas vraiment. C'est le Jarl comme on dit, et c'est lui qui décide. Nous, nous ne sommes que de simples guerriers comme d'autres. rétorqua Merwen.

 

Soudain, leur regard convergèrent vers un petit point luminescent au large de ce liquide noir qu'était la mer. Une lampe? A force de patience et en obligeant leurs paupières à se plisser à outrance, ils finirent par distinguer la proue d'un navire oscillant entre les vagues, silencieusement. Le ton était donné, le raid était débuté. Sans plus attendre, les deux gardes croisèrent leur regards avant de partir donner l'alerte.

Quelques dizaines de minutes plus tard, ils étaient face à l'océan, arme en main, visage sérieux et dur. La baston commençait, et pour rien au monde ils ne l'auraient raté. Tout en s'élançant avec la dizaine d'hommes présent ce soir, ils criaient la devise devenue emblème de Stargard:

 

-On cogne d’abord, on discute après ! Puis on cognera à nouveau.



#3 Kiklan

Kiklan

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Posté 01 octobre 2017 - 02:15

Septembre 1112, Campagne de Güstrow

 

https://www.youtube....h?v=ugoCMKXblP4

 

Les campagnes multiples pour l'expansion de l'influence Stargardienne avaient quelque peu modifié l'organisation du camp. La stratégie avait supplanté la violence pure sur les sièges. Les villageois de Stargard s'étaient rendu à l'évidence, en effet, les défenseurs des cités ne décidaient presque jamais à des combats frontaux. C'est ainsi que Patry le Jarl avait initié un virage dans ses plans. Plutôt que de tout détruire, les assaillants installaient leur camp tout autour du village pour l'intégrer complètement et le dissoudre dans la masse.

 

Face à la fraîcheur des hivers et à la neige les accompagnant, une énorme tente au toit percé faisait office de pièce commune, d'office et de mess, un grand feu brûlant presque perpétuellement en son centre. Un tissage grossier de jonc de mer, petite plante aquatique très solide, recouvrait les sols ainsi que les allées tracées au dehors. Ces allées desservaient les différents quartiers de tente abritant les soldats.

Dans le quartier réservé aux officiers, la tente de Jaoua recevait Merwen. Tout deux portaient le visage des mauvais jours et ce n'était pas dû à la campagne ou aux combats éclatant parfois. Assis devant son bureau, Jaoua scrutait son fils. Ce dernier resté debout, avait la désagréable impression d'être jaugé jusqu'aux tréfonds de son âme.

 

-Comme tu dois t'en douter, notre Jarl a rejoint les Dieux paisiblement.

Son corps sera veillé selon la coutume et la cérémonie prononcée demain à l'aube.

Je rejoindrais par la suite Stargard pour y reprendre les rênes et renforcer notre légitimité. annonça t-il devant son fils qui hochait gravement la tête.

 

Tu resteras ici.

A la tête de nos guerriers, tu organiseras les campagnes. J'attendrais un rapport complet chaque mois. Soit digne, victorieux et valeureux, alors nous serons en bons termes. Revient à la tête d'une compagnie franche, dénuée de discipline et sans courage alors nous pourrons voir ta tête au bout d'une pique sur la place du marché.

 

Ainsi le nouveau Jarl avait parlé. Merwen et ses vingt ans, se retira après les salutations d'usage et prit la direction de l'office. Il avait besoin de digérer toutes es informations et quoi de mieux que de manger un morceau pour cela. De plus, il y trouverait certainement Rün, celui qui ne manquerait pas de lui faire reconsidérer la chose sous un angle nouveau.

 

Le Lendemain

 

L'alcool avait coulé à flot. Loin de pleurer le défunt, on le célébrait. Lui, sa vie, son accomplissement. Un grand guerrier, un chef valeureux et intègre. On se souvenait de sa botte secrète, de son crâne aussi dur que l'acier le plus trempé mais également de son jugement acéré bien souvent tranchant. Ce dernier point amenait quelques réticences à le requérir et les conflits se réglaient plus familièrement.

 

A quelques encablures du camp, se trouvaient les guerriers rassemblés autour d'un autel de bois. Le corps du défunt y reposait, dans son armure étincelante, les mains jointes et une expression sereine sur le visage. Malgré ses traits amaigris, on pouvait deviner que l'homme avait conservé sa force jusqu'au dernier souffle. Son arme était posée à son côté, ainsi que quelques vivres réputées nourrir l'âme pour le voyage.

 

Au signal, Jaoua et les plus éminents guerriers prirent une torche et tout en prononçant quelques mots sur Patry de Stargard, enflammèrent tour à tour leur partie du bûcher. L'embrasement fut quasiment immédiat et bientôt, une épaisse fumée s'éleva dans les cieux. Chaque personne présente regardait le bois, la chair, les os et les objets se dissoudre dans le mur du brasier. 

La crémation serait veillée par deux gardes en permanence puis à la dernière flammèche, les cendres recueillies et enfermées dans un coffret scellé. Jaoua se chargerait de le convoyer jusqu'au Trelleborge ou le défunt recevrait un dernier hommage.



#4 Kiklan

Kiklan

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Posté 05 octobre 2017 - 03:06

369752bjorn.jpg

 

Campagne de Butow, Mai 1117

 

https://www.youtube....h?v=9kSf8w28Fs4

 

L'obscurité était totale. Dans les champs et jusque dans les forêts, la nuit avait crut bon de ne pas réveiller la lune. Pas un rayon ne venait percer le noir régnant. De temps à autre, on pouvait entendre un loup hurler sa solitude, un cerf chercher ses femelles en bramant ou encore les feuilles des arbres échangeant leurs secrets au vent. Au beau milieu de tout cela, si on marchait assez longtemps vers la cité de Bütow, on pouvait tomber sur le camp Stargardien. Cet amoncellement de tentes de taille différentes et régies par une organisation propre semblait jaillir étrangement de l'environnement ambiant.

 

Des torches illuminaient les allées, la tente commune et les entrées du campement. Des rires fusaient parfois, des bruits de plats et de casserole résonnaient au même titre que les armes tintant aux côtés des malheureux de faction ce soir là. Merwen, comme de coutume et malgré son statut de Chef d'armée, se tenait autour du feu centrale de la tente commune. Une assiette plate devant lui aux trois quart entamée ainsi qu'une énorme chope de bière. Rün à ses côtés le questionnait, il avait apprit il y a longtemps que cela aidait son ami à réfléchir.

 

-Sa lettre est porteuse de bonnes nouvelles, c'est même un grand pas pour l'histoire de notre peuple non? disait-il avec un grand sourire.

 

-Sans aucuns doutes. Nous ne nous laissons pas faire et nous sommes bien décidés à démontrer la puissance Stargardienne.

Mais dit moi plutôt, tu n'aurais pas entendu parlé de choses étranges au camp toi?

 

-Etranges? répéta Rün qui ne semblait pas savoir ou son ami voulait en venir.

 

-Comme je te le dit. Des disparitions, des animaux qu'on ne revoit plus, des hommes comme changés?

 

 

Trelleborg de Stargard à peu près aux mêmes jours.

 

 

La forteresse s'était inscrite dans le monde elle aussi. Fort à l'aspect petit mais solide. Récemment bâtit en lieu et place du fort en bois, il montrait encore quelques signes de "temporaire qui dure". Pour faire simple, une Grand'Salle aussi vaste que haute de plafond percée de rares fenêtres et de quelques énormes cheminées. Un hall et d'autres pièces inintéressantes à décrire composaient ce niveau. A l'étage, les appartements desservis par de solides escaliers et les accès aux chemins de ronde permettant de se rendre aux deux tours, Nord et Sud, surplombant la vallée.

 

C'était jour de fête dans la Grand'Salle. Le Seigneur de Cammin tout juste vaincu venait prêter serment d’allégeance au maistre des lieux, le Seigneur Jaoua de Stargard. Cependant, il n'y avait pas que cela qui animait la foule pressée dans le Castel, les guerriers venaient également acclamer leur Chef. Étaient présents les différents dignitaires des villages composant le nord. Tandis que le Seigneur de Cammin terminait par l'accolade vassalique son serment, il se plaça dans le groupe avant que le plus vieux d'entre eux prenne la parole.

 

-Ce jour, en l'an 1117, nous avons beaucoup discuté entre chefs des clans du nord. Tout ceci a abouti à une décision lourde de conséquence mais non moins importante. Ce jour, un document a été signé et scellé par chaque personne se trouvant présente en cette salle. continua le vieux devant les regards surpris et interrogateurs.

 

Ce jour nous reconnaissons Jaoua, fils de Patry de Stargard, comme Jarl de toute la contrée du nord. Par voie de conséquence, nous le faisons Duc de Poméranie.



#5 LESTAT21

LESTAT21

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Posté 06 octobre 2017 - 08:40

Entre Joinville et Barr 

 

le jeune comte Jova d' Auxerre était en pleine campagne avec ses fiers soldats de la capitale dijonnaise, quand il appris par un messager de son lieutenant que la ville de Joinville était tombée après un assaut furieux, les pertes étaient conséquentes .

 

Soudain un porte oriflamme, s'approcha avec une certaine déférence et parla avec douceur

 

"mon seigneur , votre flis géténok a trouvé une noble dame Nevenez de stargard, et a convole en juste noce "

 

" une germaine, quel joie !!!!, faite parvenir un courrier de félicitation a mon fils " 

 

" et faite parvenir des cadeaux a messire le duc de Poméranie , ainsi qu'une invitation a chasser en nos terres , et je veux une escorte conséquente pour notre ami de germanie "



#6 Kiklan

Kiklan

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Posté 08 octobre 2017 - 02:01

369752bjorn.jpg

https://www.youtube....h?v=xv01ZdrnJZI

 

 

Toujours à Bütow, toujours en 1117 durant le siège

 

Merwen était intrigué. Voila maintenant quelques semaines que Jaoua son père était devenu Duc et quelques semaines également que d'étranges choses arrivaient. Le camp organisé selon la méthode Stargardienne subissait étrangement quelques manquement. Des vivres disparaissaient, des soldats, le genre guerrier d'honneur et de valeur, s'absentaient et encore plus fou, des tentes entières sombraient dans l'oubli. Personne ne pouvait dire ce qu'elles faisaient là ou à qui elles appartenaient.

 

Un soir, alors que Merwen rejoignait sa couche passablement épuisé par la journée précédente, il croisa son compère Rün qui se dirigeait vers la sortie du camp, un sac sur l'épaule. Le jeune homme ne lui répondit pas lorsqu'il l'interpella et son regard paraissait dénué de sens. Pire encore, il marchait d'un pas exactement cadencé et précis, le jeune chef en aurait mis sa main à brûler. Respectant le silence imposé mais tout de même inquiet, Merwen suivit son ami jusque la sortie du camp et bien plus encore. La marche les conduisit bientôt dans la forêt d'ou un sentier les mena à une grotte étroite.

Rün, sous la surveillance de Merwen, déposa le sac à terre tout en s'agenouillant devant une sorte de créature immense. De deux fois la taille d'un homme, aux plaques de ce qui ressemblait à de l'os et dotée d'une gueule aux larges crocs dépassant des lèvres d'un bon décimètre.

 

Tandis que la bête s'approchait lentement du jeune homme, ce dernier ne fit rien. Il offrait sa vie à cette chose sous le regard incrédule de Merwen. La gueule s'ouvrit, les crocs dégoulinants s'élevèrent et... se refermèrent dans le vide pour la plupart. Le descendant de Patry s'était élancé et avec la force de cet élan, il s'était jeté sur Rün avant le funeste sort. L'endroit étant très étroit, la hache ne fut d'aucunes utilité, mais il ne manquait pas de ressource pour autant. Une lame se tira de sa botte, une autre un peu plus longue du fourreau accroché à son bras droit. L'affrontement fut terrible. Ce ne fut que lorsque le corps du monstre fut gisant sur la roche que Merwen prit conscience du croc planté profondément dans son épaule droite. Alors qu'il s'écroulait de fatigue et de douleur, son corps fut parcourut de quelques soubresauts avant qu'il ne sombre. Retombée d'excitation? Poison? A dire vrai il avait d'autres chats à fouetter. Des voix se firent entendre à la lisière de sa conscience, des voix fines et s'apparentant au cristal.

Liberté! Nous sommes libres! Par delà les frontières nous savons le devenir. Reconnaissance! Nous en avons le devoir. Loyauté! Nous en sommes constitués.

 

 

Retour au présent Août 1120, Trelleborg de Stargard

 

 

Les portes étaient en vue. L'armée toute entière se réjouissait de revoir les terres familières quittées quelques vingt ans plus tôt. Le logis du Jarl s'était métamorphosé depuis le début de ce qu'on appellera plus tard "La Conquête". La ville s'était dotée de palissades et les maisons avaient fleuri telles des roses piquées d'épines. L'activité semblait florissante alors que les régiments passaient la porte. Merwen observait les villageois et surtout leur réaction quant à leur retour et à ce qu'ils rapportaient. La paix, l'unité, la prospérité... et Sjel*.

 

Ce dernier être au nom si étrange était en fait une espèce de félin couleur crème aux longues pattes, une courte queue et une face aux oreilles pointues de noir. D'une vingtaine de kilos pour 70 centimètre au garrot, il s'agissait d'une chasseuse pouvant se révéler mortelle pour qui n'y prenait garde. Le Chef Guerrier l'avait ramené un soir sans qu'on en sache plus. Elle inspirait la crainte à la plupart des soldats mais également le respect, l'ordre régnait dès lors. C'est également ce que pensa Jaoua lorsqu'il rencontra pour la première fois l'animal ne quittant pas les talons de son fils d'une semelle.

L'entrevue dans la Grand'Salle fut mémorable en ces termes:

 

-Je t'avais sommé d'être victorieux et valeureux, pas d'organiser un cirque ou quelque chose du genre!

Mais soit, j'ai comme l'impression que cette... chose... ne saurait qu'être bénéfique à Stargard. avait-il dit avant de se lever.

 

Je dois me rendre sur les terres des Auxerre. J'en aurais pour quelques semaines, durant ce temps, tache de ne pas perdre l'unité de la Poméranie.

 

Le ton était clair et sans requête possible. Néanmoins, Merwen pouvait apercevoir brièvement et à la manière du paternel bourru, un éclair de respect. Aurait-il enfin prit conscience que son fils n'était plus le gamin insouciant et querelleur de sa jeunesse?

 

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#7 Kiklan

Kiklan

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Posté 13 octobre 2017 - 07:37

369752bjorn.jpg

https://www.youtube....h?v=QpHVdruWNbw

 

Trelleborg de Stargard, printemps 1124

 

L'activité régnait en maître dans la petite seigneurie. Outre la foire faisant son office avec marchands venus du bout du monde, la fête du renouveau du printemps se préparait. Par ailleurs, les remparts se montaient. Une cité forte se devait d'avoir une défense appropriée selon Merwen qui en avait soumis l'idée à son Jarl de père. Au bout de quelques années, il avait finalement eut gain de cause. Alors que le Jarl se trouvait à Cammin visiter son frère de cœur, il avait chargé Merwen d'activer le chantier.

 

L'homme avait donc mis la main à la pâte et en profitait pour enseigner à sa descendance l’intérêt des savoirs artisanaux. Merwen et ses deux plus vieux enfants se trouvaient devant le fossé creusé par l'usure du bois de l'ancienne palissade préalablement découpée. Les gros blocs de fer des marais uniquement à teneur élevée en métal étaient répartis autour d'eux. Le mortier semblait prêt à l'emploi, il n'y avait plus qu'à continuer l'oeuvre de la veille.

 

-Fais bien attention avec le mortier Tudalen! lui rappelait son père. Si tu en met de trop, il se craquellera et il y aura une faille par la suite... disait-il en portant un bloc et en le déposant dans le fossé.

 

Les murs s'élevaient assez rapidement et bientôt, la cité s'abriterait derrière de solides défenses atteignables uniquement par les hautes portes commandées aux charpentiers stargardiens. Couché sur un tas de bloc de pierre, le félin Sjel observait le ballet des ouvriers, des guerriers et de chaque homme volontaire. Il gardait son double du coin de l'oeil tandis que ses iris sombres balayaient l'endroit à la recherche de choses intéressantes. Ce gamin...

 

Devant la taverne, imaginez vous un petit garçon se cachant derrière un mur et ne laissant voir qu'un oeil et une toute petite partie de son visage dépassant du linteau de la porte. Ben là c'était pareil, sauf... qu'il s'était pris à l'envers. Seule un oeil et une toute petite partie du visage étaient cachés, le reste du corps était grossièrement visible. La bête fixa donc son regard noir sur le môme qui tressauta et cria. Son père vint presque immédiatement à la rescousse et rassura son fils qui lui exposa l'objet de sa terreur.

 

-C'est c'monstre là bas!! Il faut le chasser! Il n'arrête pas de me fixer, il veut m'manger!!

 

-Que quoi?

Tu parles du gros chat là bas? Sais-tu ce que c'est au moins, et la raison de sa présence ici? demanda le père en jetant un oeil à l'animal qui continuait de les fixer.

 

Sous l'expression perdue de son très jeune fils, le taulier s’agenouilla à hauteur de morveux et se lança dans les explications adaptées à un enfant. Pour sûr, c'était la journée des apprentissages.

 

-Bon.

On les appelle des Følges. Ce sont des sortes de compagnons qui naissent le même jour que leur "double". Ils sont créés pour se rencontrer un jour et former ce duo, cependant il arrive que la rencontre ne se fasse qu'au bout de très longues années comme ce lynx et le fils du Jarl.

Ça ne fait que quatre ans qu'ils se sont rencontrés et que notre Jarl les as présentés aussi il y a beaucoup de fausses idées qui sont colportées dessus. On ne sait quasiment rien d'eux. Cependant, nous sommes certains de deux choses. Ils ne se montrent que lorsqu'il est temps. Et ils ont un caractère identique à leur double.

 

Comprends-tu enfin pourquoi ce Følges ne viendra pas te dévorer Kiklan? Notre Jarl et sa famille sont ici pour diriger et protéger la cité, pas pour assassiner leur peuple.

Maintenant va jouer! J'ai encore le jambonneau à faire retourner sur la broche...

 

Jour des enfants? Toujours est-il que certains se coucheraient moins bête ce soir là. Les remparts se termineraient dans le courant du mois tandis que Sjel continuait son petit effet de terreur de moins en moins efficace cependant.



#8 Kiklan

Kiklan

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Posté 22 octobre 2017 - 06:55

904403Navire.jpg

 

https://www.youtube....19A6F4FF615ED6D
 
Quelque part sur la mer entre Starard et Ronne

 

Dans la quiètude de la mer du nord on trouvait beaucoup de choses. De gros prédateurs aux petits alevins, des mammifères maistres du ciel ou encore d'autres guettant le plancton au fond de l'eau. A la surface, sur la ligne séparant tout juste l'air de l'eau, se trouvait un assemblage de bois, de corde, de lyn et de métal. Il fallait s'imaginer un navire, petit et rapide, fendant les vagues creuses. Grimpant les murs d'eau pour s'écraser sur leur dos quelques secondes après, projettant des gerbes d'eau iodée, en une cadence rythmée par la houle.

 

A bord de l'Increvable, quelques hommes d'équipage, un Capitaine ainsi que Pleury de Stargard. L'homme se sentait libre ainsi à braver le vent et filer sur les rouleaux. D'une curiosité absolue, il avait bien vite observé l'équipage et prit un bout afin de carguer les voiles. Les chansons de marin raisonnaient et le bâtiment avançait bien le tout avec un peu de rhum. Loin de toute préoccupation de domination politique, d'embrouilles d'héritiers ou de trame seigneuriale, Pleury profitait de ce moment tout relatif.

 

-Bientôt nous serons en vue de Ronne et nous débarquerons. disait le Capitaine alors que l'équipage hormis le quart, dînait en cale.

 

Maho, le fils de Pleury se tenait là lui aussi, et pour ses deux ans, on pouvait dire qu'il tenait assez bien la marée. Peut-être la légende maritime disait vrai, on naissait marin, on ne le devenait pas... L'enfant, qui venait de se remplir de tout ce qu'il pouvait à table, jouait à tanguer contre le roulis naturel du navire. Des rires ponctuaient ses chutes desquelles il se relevait sans mal pour retomber de plus belle. Son père Pleury en grande conversation ne le vit pas remonter sur le pont et grimper à l’extrémité de la proue.

 

Les hommes ne s’aperçurent de l'absence de bruit que bien plus tard. Un électrochoc. Ils se ruèrent sur le pont ballotés par les vents et s’arrêtèrent net. Le petit blond se tenait debout et sans flancher. Face à lui, un Balbuzard perché sur un tonneau le regardait dans le fond des yeux. Le rapace le dominait ainsi perché et ses serres acérées n'auguraient rien de bon. Mais rien ne se passa. Le moment se déroula et l'enfant et l'oiseau semblaient figés dans le temps. Puis, le Balbuzard déploya ses ailes et sembla sauter dans le vent, ouvrant son envergure d'un bon mètre vingt.

 

-Ben ça... dit juste Pleury en s’apercevant que sa mâchoire pendait.

 

-T'as vu l'oiseau P'pa? Il s'appelle Griske, c'est mon nouvel ami! criait l'enfant d'excitation.

 

Avant même l'arrivée à Ronne, le rapace avait planté ses serres dans le bois du mat. Pour le reste du voyage, il se plaçait de telle sorte à surveiller l'enfant en toute circonstances. Bien mal aurait prit à un homme de désirer du mal à l'enfant. L'oiseau voyait tout, et claquait du bec dès que l'on s'approchait de trop près du gamin.



#9 Lena01

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Posté 08 novembre 2017 - 10:56

La maladie de Stargardt (parfois appelée dégénérescence maculaire juvénile) est une maladie oculaire génétique qui affecte la macula, située au centre de la rétine. Elle survient chez les enfants et les adolescents, généralement entre 6 et 15 ans. Elle se caractérise par une perte de la vision progressive et bilatérale (les deux yeux). La maladie altère la vision centrale mais les patients conservent leur vision périphérique. Les examens révèlent la présence de taches jaunes sur le fond de l'oeil. Il n'existe aucun traitement spécifique. Néanmoins, il est conseillé de se protéger contre la lumière du soleil.

 
 
 

:wub:


#10 Kiklan

Kiklan

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Posté 11 novembre 2017 - 01:32

Rønne, Hiver 1152
 
 
C'était la fête sur la petite île au large de Poméranie et des côtes danoises, c'est que la Maison Stargard recevait. Pleury le Duc Poméranien avait décidé de recevoir son invité en terrain plus neutre qu'à Stargard. En effet, l’île était de juridiction Danoise mais appartenait à la maison germaine depuis des dizaines d'années. La Seigneurie attribuée par Jaoua autrefois à sa fille aînée Tudalen, avait été approvisionnée en victuailles et son Castel préparé pour recevoir la famille royale.
 
-Sa Majesté appréciera sans doute le Kohlwurst*. C'est un plat traditionnel de Poméranie. disait Pleury en levant son verre tout en indiquant le plat venant d'être servit.
 
Tout autour d'eux, des danseurs, des jongleurs et des buveurs... L'instant était au repas et à la boisson, la bière coulait à flot et les chants retentissaient. Il n'était pour le moment pas question de politique ni d'armée, l'objectif consistait surtout à passer un bon moment. Les deux grosses cheminées portaient les énormes feux rassurant chaleureusement les occupants sur leur nuit future. L'hiver était rude plus au nord, et l’île n'y faisait pas exception.
 
Les verres se remplissaient à mesure que les hommes et les femmes s'attelait à les vider. Les cuisines débitaient les plats et les gueux recrutés pour l'occasion servaient à ces nobles Messires les victuailles. Cela dura une bonne partie de la nuit et le Duc Stargardien comptait bien s'entretenir avec la royale personne plus tard. Il espérait juste que les conditions seraient réunies, difficile de parler avec un peu d'alcool fleurant l'esprit. L'art de doser consistait à écarter les murs empêchant les paroles franches mais ne pas effacer la justesse d'esprit non plus.
 
Haut de la tour sud du Castel
 
 
-Tu vas te tuer ainsi! criait la jeune femme pour couvrir le vent et raisonner son époux.
 
La vingtaine à peine atteinte, elle s'échinait déjà à contrer les folie de son mari Maho, fils du Duc. Du plus loin qu'elle le connaisse, elle l'avait toujours trouvé énergique, intrigant, inadapté? Il était du genre à tout vouloir expérimenter et à tout tenter d'apprendre même si sa vie en dépendait. Combien de fois l'avait-elle entendu rire comme un tordu tandis que sa petite expérience explosait dans l'une des caves du Castel, détruisant les bons crus de son grand père? Elle comprenait désormais pourquoi à l'époque, ils avaient été envoyés vivre sur cette île, loin du duché. Mais même si cette vie îlienne était plutôt plaisante pour la jeune Sarlat, elle devait quotidiennement craindre pour la vie de Maho, et ça, c'était pas forcément des plus reposant.
 
-Ne t'en fait pas mon aimée, il n'y a rien à craindre. Si cela venait à mal tourner, Griske fera le nécéssaire. répliqua le jeune homme.
 
Occupé à attacher les voilures à son complexe assemblage de bois, de métal et de ficelle, l'héritier Stargardien ne prêta pas attention à l’inquiétude de son épouse derrière lui. A l'évocation du volatile, la femme ne put s'empêcher de douter encore plus. Certes il était assez grand et imposant mais de là à soulever un homme de plusieurs fois son poids... Cet oiseau avait toujours fait partie de sa vie d'aussi longtemps qu'elle se souvenait. Si parfois il était difficile à supporter, elle reconnaissait qu'il avait quelque chose de rassurant. Disons qu'elle se persuadait qu'il dissuadait de temps à autres Maho de se tuer.
 
-Bon. Je suis prêt. disait Maho en enfilant son mic-mac par dessus ses épaules. Quand tu veux Griske.
 
Juchés sur un créneau, l'homme et l'oiseau se tenaient côte à côte. Le visage et le regard pointé à l'horizon sombre de la nuit, Maho ne semblait pas avoir peur, plutôt déterminé même. D'un geste ample, il étira ses bras ce qui eut pour effet de détendre son attirail qui se déploya en de longues ailes de voiles composées de draps divers. Songeant que les servantes allaient râler, la jeune femme esquissa un léger sourire amusé avant de se rendre compte qu'il allait se laisser tomber des remparts! Un frisson la parcourue et elle se mit à courir vers lui en criant.
 
-Attend! Maho! Je suis enc.....
 
Elle ne put terminer sa phrase, il avait plongé. Un cri de bonheur déchira le vent, les voiles se carguèrent et les ailes plièrent un peu avant de se stabiliser. Le Balbuzard suivait la course de l'homme en planant avec grâce de ses longues plumes. Constant qu'il ne s'était pas rompu la nuque et que ça allait finalement plutôt bien se passer, elle décida de le rejoindre en bas pour lui tordre le cou personnellement face à ses actions inconsidérées.

 

 

 

*Saucisse sèche, fumée composée de poumons et graisse de porc, de choux, d'oignons, 
 piment de la Jamaïque, graines de moutarde, de marjolaine et de thym.

 



#11 Kiklan

Kiklan

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Posté 09 décembre 2017 - 07:02

An de Grâce 1182

 

Voila ce qui arrive quand on vient à peine d'apprendre à écrire. On se voit for encouragé à s’entraîner encore et encore pour perfectionner la calligraphie, l'orthograf l'orthographe. Mais il faut en avoir envie! Alors pour avoir l'envie d'avoir envie d'écrire, j'ai décidé de faire ce journal qui devrait m'aider à comprendre ce monde.

 

Je me nomme Samzun de Stargard, fils de l'unique fils de Maho, Duc de Poméranie en Germanie. La famille dont je descend est une de celles que l'on respecte, soit par le charisme et l'amitié, soit par les armes et la guerre. C'est pourquoi mon père dirige les armées dans le sud tandis que je suis avec mon ainée Loeiza et notre grand-père. Ma mère et nos autres frères et sœurs un peu jeunes, sont à Rønne.

 

Mis à part les enseignements obligatoires, je passe mes journées à jouer et à arpenter ce château de pierre. C'est étrange, j'ai l'impression que chaque jour, de nouveaux couloirs et de nouvelles pièces s'y ajoutent. Peut-être qu'un jour je m'y perdrais et qu'on ne me retrouvera jamais...

Ainsi se termine mon entrainement pour la journée... et pour l'année tiens! Une entrée par an est amplement suffisant.

Samzun



#12 Kiklan

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Posté 11 décembre 2017 - 06:35

An de Grâce 1183

 

Ecrire de la main gauche n'est pas quelque chose de facile, surtout lorsque cela fait à peine un an que l'on sait à proprement parler tracer des lignes en des mots. Sur cette introduction, j'annonce avoir débuté l’apprentissage des armes. Le maïtre en ce domaine, mais également mon précepteur n'est pas du genre à faire dans la demie mesure. Garçon de sept ans ou pas, lignée directe du Duc ou non, il est là pour enseigner et se battre. Cela, je l'ai bien compris. Mon poignet droit brisé ne fait que s'en remettre depuis la semaine dernière et cette passe extraordinaire à l'épée.

 

A côté, on travaille le monde avec mon ainée. On mémorise des cités aux pays en passant par leurs dirigeants et les coutumes. Je ne sais si je serais apte à mémoriser tout cela... il y en a tellement! En parallèle et plus centré sur notre contrée, notre grand oncle Breval a eut l'autorisation de constituer sa propre famille. Munich lui a été donnée avec l'ordre de la développer comme il se devait. Pour l'un des petits fils de Patry l'ancien, il semble bien y faire avec le Duc.

 

Pour le reste, la guerre règne en ce bas monde. La maison Lüneburg n'est semble t-il plus. Tous se déchaînent pour obtenir une part de village, de couronne ou encore de titre. Je trouve cela pathétique mais qui irait écouter un gamin de mon âge? D'autres maisons sont dans ce cas mais sans doute moindre par rapport au trône de Dannemark.

Sur ces entrefaites, je dois laisser la plume et enfiler mon plastron de cuir, l'entrainement recommence sous peu. Main droite dans le pâté, main gauche à l'épée! Ou à la hache tiens... Cela pourrait donner quelque chose de sympathique.

Samzun



#13 Kiklan

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Posté 11 décembre 2017 - 08:04

An de Grâce 1184

 

La guerre n'est pas chose simple à réaliser d'après Bestefar. Je le voit souvent dans la "salle du monde" à consulter les cartes et établir des plans. Pour ceux qui ne sont jamais venus à Stargard, il s'agit d'une salle de taille plutôt moyenne composée d'une table prenant presque toute la place, au centre. Une carte y est étendue et fixée par des rivets de cuivre. Elle représente la Germanie de manière détaillée mais également les alentours avec les terres nommées. Il me dit souvent de sa voix rauque à remuer du gravier, qu'un jour ce sera mon rôle que de diriger une armée et d'en décider les stratégies.

 

Mais depuis que je réfléchit pour écrire ces lignes chaque fin d'année je me pose certaines questions. On attend d'un Duc qu'il sache user des différents leviers à sa disposition afin de régler les doléances. On attend de lui protection, sagesse et noblesse. Par ailleurs, même s'il semble libre, sa vie est dirigée par l'Etat de son Duché et par le peuple qui le compose.

Ce n'est pas que l'ingratitude m'envahisse... Mais je me demande je suis assez à la hauteur d'une position telle que celle de Bestefar. Qu'a t-il à envier? Il ne peut pas sortir de Stargard sans une escorte ou sans annoncer ou il se rend. Sans doute que cela lui plait.

 

La liberté? Qu'est-ce donc que cela?

Et bien, une chose grisante, apportant du plaisir et surtout à la recherche d'aucunes contraintes! L'autre jour, nous étions en train de nous lancer des défis avec Nils le garçon qui me suit partout. C'est ainsi que nous nous sommes retrouvés à chevaucher de petits chevaux venus de l'ouest, dans les couloirs du Castel. Evidemment une course s'en est suivie et ce n'est qu'après avoir déboulé dans la Grand'Salle en pleines séance officielle puis s'être éclipser pour mettre à sac la cuisine toujours à dos d'équidé que nous avons posé pied à terre. L'annonce des vainqueurs ne s'est pas faite hélas, nous avons été pris devant Justice maternelle et par le précepteur. C'est ainsi que je me dois, en plus de rédiger ces lignes, composer un texte en l'honneur de notre noble famille.... quelle barbe tiens!

Samzun

 

*Bestefar => Grand-Père en Norvégien



#14 Kiklan

Kiklan

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Posté 12 décembre 2017 - 09:14

An de Grâce 1185

 

Les doléances sont un moment parfois intéressant mais souvent répétitif dans le quotidien. Deux séances sont prévues habituellement chaque semaine dans la Grand'Salle. Bestefar le Duc y est présent personnellement et s'arrange pour y rendre la Justice et écouter les plaintes et requêtes des gens. A tout juste neuf ans, je me suis vu embarqué au moins une fois par semaine dans ces matinées sans fin. Quelle barbe! "Samzun! Etre dirigeant d'un peuple aussi petit soit-il implique de le respecter et de se poser à son service. Puisqu'on ne travaille pas pour se nourrir, on vit pour servir du mieux que l'on peut." m'a t-il dit.

C'est donc ainsi que j'ai apprit à donner raison à une femme de Rostock ayant arraché la gorge de son mari volage invétéré... Drôle de vie n'est ce pas?

 

Autre devoir de représentation, la diplomatie. Bestefar a lié notre maison avec les De Galles et de bien forte façon. Ma petite sœur Lezou âgée d'à peine 7 ans est fiancée! Le gamin nommé Envel de Galles a la moitié de son âge mais ça ne semble pas si grave selon les hérauts. D'après eux, ça renforcera le commerce et les relations avec les anglais. Moi tout ce que je vois c'est qu'un gamin va enlever ma sœur! Mais Bestefar a rajouté une clause dans le contrat. L'anglais va venir vivre sept mois complets tous les deux ans en Germanie. On va bien voir s'il est de la trempe qu'on lui rapporte. Qu'il s'attende à passer quelques tests de bravoure maison.

 

Mais finalement, malgré ces obligations s'ajoutant encore à mon temps de travail, je trouve encore le moyen de m'amuser et de vivre ce frisson apportant le bonheur. Les petits équidés ont laissé la place aux carrioles bringuebalantes tirées par un coursier "emprunté" dans les écuries. Nils et moi dans la voiture, l'un fouettant l'animal, l'autre dirigeant les rennes. Nous avons atteint la côte nord en moins de temps qu'il n'en faut pour le dire... avant de croiser les gardes effectuant leur patrouille. Ne sachant pas comment stopper l'engin, nous nous sommes fracassés contre le mur d'une chaumine. Juste après cela, je ne me souviens de rien hormis le rire tordu que nous échangions Nils et moi.

 

Nous ne riions plus lorsque Azilis de Moulins, bru du Duc et accessoirement ma mère, est venue nous chercher dans les geôles rudimentaires du village. Je crois que jamais je n'oublierais les flammes sortant de ses yeux, ni sa voix énumérant chaque syllabe de chacun de mes prénoms ponctué par mon patronyme. Voici ce qu'était une mère en colère, on ressentait sa fureur à deux mètres de distance et notre coeur se recroquevillait beaucoup plus à ses mots que lorsqu'un père gronde.

J'ai passé la semaine à lire puis apprendre des passages des textes relatant la jeunesse de Patry le Fondateur.

Samzun



#15 Kiklan

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Posté 13 décembre 2017 - 09:03

La nuit avait finit par tomber sur les tours du Trelleborg à Stargard. Une convocation exceptionnelle est sur le point de se terminer dans l'étude du Duc, ses traits sont d'un habile mélange de colère et de profonde inquiétude marquant encore un peu plus les signes de ses cinquante quatre années de vie. Le chef de la garde personnelle hoche gravement la tête tout comme le précepteur alors que Tangui de Stargard restait les bras croisés le regard perdu dans le vide.
Apercevant le regard de son père au travers l'huis de la porte entrouverte, Loeiza se figea un instant avant de détaler. A vrai dire, espionner aux portes n'était pas monnaie courante dans la famille.

 

Dans les appartements familiaux, la jeune fille se faufila habilement dans l'obscurité jusqu'au lit quasiment collé à un imposant bureau ravagé par diverses expériences, colère ou tentative d'invention. Son frère était toujours étendu là sur le dos, voué au repos prescrit par les médicastres incapables de faire plus que de prier. La main fraîche de l’aînée se posa sur le front brûlant de son frère avant de prendre un linge humide pour tenter de combattre la fièvre rongeant l'état du jeune garçon. Loin de céder à la panique ou à l’inquiétude, Loeiza alluma une bougie et toujours aux côtés de Samzun elle glissa le papier dérobé aux maréchaux plus tôt dans la journée, à l'année en cours du journal.

 

An de Grâce 1186

 

Selon les dires de Loeiza de Stargard, petite fille en droite ligne de Sa Grâce, elle et son frère le dénommé Samzun se rendaient au marché de la capitale. Il semblerait qu'au bout de quelques dizaines de minutes, les deux jeunes gens se soient arrêtés. C'est alors qu'un brigand de bas étage les as larçonnés de manière discrète.

Cependant, cela n'a pas échappé aux yeux du jeune Samzun qui a décidé d'après les témoins de poursuivre le scélérat afin de récupérer sa bourse, en distançant son aînée. Cette dernière est allée requérir les gardes les accompagnant occupés plus avant.

 

Durant un certain temps indéterminable, il fut impossible de retrouver ni le jeune, ni le voleur si bien qu'on crut même à un enlèvement. Finalement, dans une ruelle étroite en impasse, on retrouva trois corps. L'un planté au poteau, l'épée enchâssant le cœur avant de fixer le corps au bois. Le second avait la gorge de sectionnée proprement et nageait dans une marre de sang. Le dernier, encore reconnaissable comme le gamin Samzun, gisait à terre, les membres dans une drôle de position et le crâne couvert de sang séché. Un souffle s’échappait encore de lui à notre arrivée.

 

Il fut aussitôt transporté et soigné en urgence. Ses membres remis en place et ses blessures inventoriées. Sa conscience n'a pas reparut aussi nous ne savons pas vraiment ce qu'il s'est réellement passé. Il semblerait cependant selon certains riverains que deux autres hommes seraient sortis de cette ruelle précipitamment, nous les recherchons à ce jour, avec la plus vive des volontés.

 

Rapport de Garde, Stargard le 24 Aoûst 1186

Maréchal Earnan

 

Sa lecture faite, Loeiza soupira et referma le livre sans se préoccuper du reste. Qui aurait l'idée d'aller lire ça précisément ici? Veillant la vie fragile de celui qui avait juré de se mettre en danger chaque secondes, l’aînée préféra songer à ce qu'elle avait entendu plus tôt. Oubliant le décompte des fractures et des traumatismes énumérés par les hommes de santé, elle privilégia les paroles de son grand-père puis de son père lorsqu'elle les écoutait à travers la porte. Foi de Maho, on retrouvera ces scélérats et ils seront éviscérés puis pendus haut et court.



#16 Kiklan

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Posté 14 décembre 2017 - 08:31

 

https://www.youtube....h?v=x-64CaD8GXw

 

An de Grâce 1187

 

Ma tête résonne encore de ces chants de marin. Voila ce qui arrive quand on passe plus d'un mois sur un navire en compagnie d'un équipage tout aussi énergique et mélomane. En tout temps et par tout temps, la musique a fait partie intégrante de notre quotidien. Sous la pluie, la grêle ou encore sous les rafales à décorner un bœuf ces hommes tiraient sur des boots, grimpaient sur les mats et carguaient les voiles. Et même s'ils ne sont pas de quart, ces hommes animent le mess ou les cales, l'un d'eux m'a dit un jour; "Tant qu'il y a du bruit, on est pas mort!".

 

Loeiza, notre Précepteur, le Løytnant Sæther* Maître d'arme de son état et Nils m'ont accompagnés jusque Spezia ou nous devons nous installer. D'après Bestefar*  il y a tout à faire et ça permettra de faire nos preuves en administrant une Seigneurie ma sœur et moi. Je crois plutôt qu'il cherche à m'éloigner du Trelleborg* après le dernier événement. A peine remis de cette mauvaise passe au marché, Nils et moi avions mis au point un système rudimentaire permettant de relier le village voisin pleins pots. Malheureusement, cela s'est enflammé trop tôt et nous avons finit par faire exploser ma chambre et ce qui s'y trouvait.

 

Dans cette promotion doublée d'exil voilé nous avons donc pris une nef pour remonter le Rhin puis pris la route à cheval jusqu'au Rhone que nous avons descendu. Arrivé sur le bord de mer, nous avons emprunté une cogue nommée Disiplin* pour affronter les creux d'eau salée pour atteindre Spezia. Je revoie encore Bestefar nous expliquer en long en large et en travers, nos devoirs et nos objectifs concernant la cité. "C'est une charge, non un honneur. Ayez toujours à coeur la réputation et l'honneur de Stargard. Soyez reconnaissant du don de Sa Majesté de Nagyszalonta... Samzun Guds navn!* cesse d'afficher cet air de défi! Cela n'en ai pas un!"

 

A notre arrivée, c'était mémorable. Alors que Loeiza faisait l'état des lieux avec le Maistre d'arme je parcourais la campagne alentour avec Nils. C'était ça la liberté! Galoper dans les champs de blé, humer la forêt verdoyante durant l'été ou encore plonger dans les ruisseaux délicieusement glacés par cette atmosphère lourde de chaleur. Néanmoins j'ai put constater que Bestefar avait prévu cela et organisé ma venue ici comme il se devait.

 

A peine revenu de cette petite escapade, mon camarade et moi commencions l'entrainement avec le Løytnant qui nous attendait. Il nous a mis immédiatement dans l'ambiance à grand coup de "Ici pas de noblesse qui tienne!", de "Vous êtes un merdeux comme tous ceux de votre âge!", ou encore "Si votre mésaventure de l'année dernière n'a pas suffit, je me charge de vous occuper.". Je crois n'avoir jamais pris de raclée aussi brutale que celle ci, mes muscles et ceux de Nils s'en souviennent encore. Le pire dans tout ceci, n'est pas que le Løytnant remette ça chaque jour, mais bien qu'il épargne sciemment ma main de plume afin de ne pas m'empêcher de réaliser les chroniques de Spezia tout spécialement demandée par Bestefar en personne...

 

Samzun

 

 

Traduit du Norvegien:

 

* Løytnant Sæther => Lieutenant Sæther
* Bestefar => Grand-Père
* Trelleborg => Chateau
* Disiplin => Discipline
* Guds navn => Nom de Dieu


#17 Kiklan

Kiklan

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Posté 15 décembre 2017 - 08:07

An de Grâce 1188

 

Cette année sera sans doute la plus triste jamais passée. Lezou ma petite soeur, celle qui devait épouser l'anglais, a quitté ce monde. D'après Bestefar, son cœur semble s'être arrêté de battre dans son sommeil sans qu'elle ne se doute de rien. Belle mort mais d'une enfant cela laisse toujours une pointe de regret. Par exemple, j'aurais aimé la revoir une dernière fois, tenir sa petite main dans la mienne et lui raconter des histoires à dormir debout qu'elle seule croirait...

Durant tout un mois, le Castel de Spezia connu une rare période de tranquillité. Retranché dans la pièce servant à nous loger Nils et moi, je n'en sortais que très rarement ce qui inquiéta certains et réjouit d'autres. Pas une seule explosion, commotion, traumatisme d'aucune sorte. Puis, après des jours de compassion de la part de Loeiza, je suis enfin sorti de ce calme mortel.

 

La vie poursuit son cours dit-on. Une petite sœur est née également cette année, nommée Erwanez elle semble être la preuve définitive que les petits pieds poussent les grands. Ne me demandez pas d'ou vient cette expression, un petit vieux du village ne fait qu'en proférer de manière énigmatique.

Autre nouvelle, Loeiza est en âge de se marier et en femme assurant la Co-Seigneurie avec moi, elle sait ce qu'elle ne veut pas. C'est ainsi que le Castel est le théâtre ces jours derniers d'un ballet incessant de potentiels prétendants. On recense au tableau actuellement un espagnol, un Écossais et même un Danois. Tous n'ont pas été loin de s'enfuir en découvrant quel type de beau frère je représentait. Disons simplement qu'ils sont partis assez précipitamment.

 

Du côté de l'entrainement, ce dernier se perpétue par des séances de deux heures chaque levé et couché de soleil. Il est rude évidement, mais c'est d'une aide extrême lorsqu'on a une énergie à évacuer. Je crois que cela plait au Loytnant, d'autant plus que Nils est lui même un garçon actif dans cet enseignement. Cependant, loin s'en faut le Maîstre d'arme n'est pas tendre pour autant. Après des passes à l'épée, le maniement de la hache de guerre ou de lancé, l'apprentissage des techniques à l'arc et à l'arquebuse, nous en sommes venus à combattre à main nues.

Saviez vous qu'il y avait une multitude de façon de donner un simple coup de poing et que ce dernier avait une multitude d'issue de la plus bénigne à la plus mortelle? Bon, je fait le malin mais je ne compte plus les hématomes sur mon visage, les milliers d'étoiles tournant régulièrement autour de moi ou encore mon amour propre en miette.

 

Pour terminer cette année, je ne peux m'empêcher de conter cette anecdote.

Imaginez le Castel juché au centre de la capitale, la campagne s'étalant au second plan selon une pente légère à modérée jusqu'à la côte. Ajoutez y une route directe de cailloux disparates, deux garçons et leur nouvelle trouvaille. Saupoudrez le tout d'intrépidité ou d'inconscience selon les goûts. Il faut savoir que sur Spezia souffle souvent un vent puissant et continu, qu'une voile est bien vite fixée sur une planche munie de deux roues à l'arrière et une directrice à l'avant.

 

Nous avons dévalé la pente à une belle vitesse de croisière dans le rire tordu nous caractérisant bien désormais. Les gens de labeur et autres artisans saisissant ce qu'il se tramait et nous connaissant un tantinet maintenant s'écartaient presque à un cheveu du moyeu des roues. Sans mentir nous filions à telle allure qu'on se demandait furtivement si nous n'allions pas prendre la voie des airs...

La dite voie des airs arriva finalement plus rapidement que prévue et selon une suite de mots simples: Au bout de la pente, un virage. En face, la plage une vingtaine de mètre plus bas en raison de la falaise à pic. Sur le chemin plus en arrière, un morceau de roue arrière brisée par un pavé mal positionné. Sur la planche filant à toute berzingue... deux garçons sans commande de frein.

 

Le décollage fut spectaculaire, tout autant que l'émotion nous gagnant à ce moment. Puis vint l’atterrissage. On ne sait comment, mais notre engin se disloqua littéralement en s'écrasant sur les frondaisons d'un chêne. Retenus par les branches, nous pûmes nous rendre compte qu'on l'avait de nouveau échappé belle, en riant aux éclats.

Après quelques instants, nous découvrîmes l'endroit avec plus d'attention. En réalité, nous étions sur une corniche en forme de terrasse étroite d'ou poussait le chêne en enfonçant je présume, ses énormes racines dans la roche. La falaise s'étalait au loin sans permettre l'accès à cet endroit mais un creux dû à l’érosion formait une petite caverne. Je n'eut pas à parler, Nils avait le même regard et le même sourire sur le visage que moi. Après avoir héler un gamin qui passait par là, on nous apporta une corde et nous purent bientôt rejoindre le Castel avec l'intention de faire de notre découverte, notre future tanière.

Samzun

 

 

Traduit du Norvegien:

 

* Løytnant Sæther => Lieutenant Sæther
* Bestefar => Grand-Père


#18 Kiklan

Kiklan

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Posté 16 décembre 2017 - 09:20

An de Grâce 1189

 

Après de multiples hommes peu ou pas à la hauteur, Loeiza a enfin trouvé celui qui m'a tenu tête! Il n'est rien d'autre qu'Italien, de taille moyenne et au visage commun mais lorsque j'ai surgit des escaliers tout sabre dehors dans sa direction et celle de Nils caché plus en arrière, il n'a pas bronché. Au contraire, il a levé lui même la lame et démontré ses talents au combat. Nikolas de Milan, c'est son nom, semble s'intégrer assez facilement à notre culture et pour preuve les poumons mijotés dans de la graisse de porc ne l'effraient pas plus que cela.

 

Ce cher Nikolas a eut l'occasion de se frotter au Loytnant qui l'a mis au jus dès la première minute. Un combat très surprenant à observer et d'autant plus inoubliable qu'on fut sommé de s'y frotter également par la suite avec Nils. C'est alors que le Maîstre initia mon camarade de toujours et moi, au maniement des sabres. Il était de notoriété publique que l'homme enseignant les armes avait énormément voyagé pour affiner son style et ses techniques. On disait qu'il avait rapporté nombre d'armes étranges de ses pérégrinations.

 

Après avoir sortit deux de ces armes en bois nommées Bokken*, nous nous sommes joyeusement fait poutrés par le Loytnant. Le bois n'offrait presque pas de prise et il était difficile de maîtriser la courbe qu'il prenait ou son équilibrage différent de celui d'une épée. Il me fallut deux semaines d'entrainement intensif pour enfin le tenir correctement sans qu'il ne puisse être dégagé de ma main par un coup. Par la suite, je pris cinq mois à apprendre les enchaînements de base sans pour autant y exceller. Le loytnant semble encore plus dur et exigeant au maniement de cette arme que des autres. "Le manieur de sabre n'est pas comparable à tout crétin agitant une épée!" disait-il. "Jouer du sabre est un art et pour ça, il faut considérer la lame comme une personne." ajoutait-il après m'avoir fait chuté pour la dix-neuvième fois en une heure. "Soit conscient de tout ton corps et de ton arme, ne dors pas sans elle, mange avec, qu'elle t'accompagne partout."

 

Deux mois plus tard, le Maîstre estima que le bois ne suffisait plus et on passa la vitesse supérieure. On nous donna un Iaitō, sorte de réplique de sabre non aiguisé. Remarque, ça peut quand même tuer un homme suivant ou l'on frappe. Mais une chose était certaine, l'entrainement redoubla d'effort. Ce n'était plus deux heure au levé du soleil et à son couché mais également une heure avant le repas de midi et une heure après. Personnellement, je ne protestait pas tant qu'il s'agissait de manier le sabre. Aussi étrange fut-il, j'avais trouvé mon arme et j'était bien déterminé à devenir mortellement redoutable avec ce type de lame. Mes mains furent bientôt couvertes de marques sanglante et pas très belle mais cela m'importait peu.

 

Dans tout ça il me restait encore un peu de temps pour vaquer à mes occupations. Hormis les devoirs de représentation aux cérémonies et les doléances obligatoire rendues sur le modèle Stargardien, Nils et moi nous retrouvions dans l'Antre. Aménagée depuis sa découverte, elle ressemblait à une sorte de repaire avec une vieille table, un banc et quelques tabourets, deux coffres et ce qui ressemblait à un lit déglingué. C'est d'ailleurs ici que je laisse ce journal désormais, non par crainte de sa lecture quoique, mais par son usage plus pratique. En effet, nous occupons tout notre temps libre dans cette tanière.

 

D'autant plus que nous y avons installé une sorte de laboratoire. Un homme de science est venu un jour au Castel et nous a parlé toute la soirée de l'alchimie. Aussitôt, nous voulions essayer et tandis que nous lui offrions à boire, nous lui soutirions quelques informations vitales. Peut-être pourrons nous changer l'eau en vin, ou le plomb en or? Bon, tout ce que nous avons réussit à obtenir pour l'instant c'est un liquide limpide hautement sujet aux flammes, débouchant les narines et arrachant la gorge quand on le boit... Je doute que cela soit populaire dans le temps cette eau de la mort.

 

Samzun

 

 

Traduit du Norvegien:

 

* Løytnant Sæther => Lieutenant Sæther
*Bokken => Sabre de bois utilisé pour l'entrainement
*Iaitō => Réplique de sabre en aluminium ou zinc


#19 Kiklan

Kiklan

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Posté 17 décembre 2017 - 08:27

An de Grâce 1190

 

Par le nom de la Dame Loeiza et du Seigneur Samzun de Stargard, je rédige ce rapport de garde pour le moins étrange. En effet lors de ma patrouille peu après la fermeture des portes alors que les lumières aux fenêtres s'éteignaient, retentit une explosion soudaine et assourdissante. J'ai littéralement crut que le Castel juché sur la butte s'était écroulé tant le bruit saisissait mon cœur.

Remis de ma stupeur, j'ai aussitôt avertit mes compagnons de garde et nous avons quadrillé la zone sans pour autant trouver l'origine de ce bruit. Après avoir déterminé que cela ne s'était pas déroulé en ville, nous avons dépêché des coursiers pour avertir les cités et hameaux environnants. Pour ne pas servir de déjeuner aux loups, nous attendrons le levé du jour pour pousser les recherches en dehors des murs.

Kyeran, Maréchal de Spezia

 

Ce rapport emprunté dans les registres me fait toujours sourire lorsque je le relit. De manière amusante en premier puis je me rappelle l'explosion de la moitié de notre tanière et l'anéantissement de nos espoirs concernant la métamorphose du plomb en or. De toutes les façons, que pouvions nous faire de table, de chaises ou de couverts en or? Cela donne mauvais gout au vin dit-on. Il fallut quand même deux bonnes semaines pour remettre en état l'endroit et évacuer l'horrible odeur de cheveux brûlés. On fut d'ailleurs amputés d'au moins les deux tiers de nos chevelures respectives tandis qu'une cicatrice, sillon sanglant, témoin de la trajectoire d'un morceau de métal s'est apposée du coin de ma bouche jusqu'au bord de mon oreille droite.

 

Arrivé directement au Castlel, sans passer par la casse départ et sans toucher les 200 pièces d'or, Nils et moi avons écopé d'une heure d'entrainement en plus le matin et le soir ainsi que l'obligation d'aider les gens de labeur dans leur travail. "Il faut te responsabiliser et cesser d'agir en pensant que tout t'es dû." disait Loeiza alors que mon crâne sentait encore le brûlé. "Pour que tu t'en rende compte, tu iras aider ces braves. Nous mangeons ce qu'ils récoltent et vivons grâce à eux. Il est normal de leur apporter notre soutien politique comme physique. Je te laisse deviner qui de nous deux se charge de la politique. " avait-elle terminé avec un sourire. Il n'y avait pas à dire, la grande soeur savait parler avec l'assurance de Bestefar mais puisque c'était ma soeur.... c'est bête à dire, je l'écoutait un tantinet plus.

 

De plus, la réponse du Sacro-saint Siège du pouvoir Stargardien ne s'est pas fait attendre. Un coursier portant la livrée du Nord s'est présenté moins de trois semaines plus tard, l'air grave, portant un cylindre de cuir qu'il remis à Loeiza le jour des doléances. Alors qu'elle le lisait tandis que je l'observais, elle eut un bref sourire avant de me tendre le message. On me mariait!! Bestefar m'informait en avoir assez de mon caractère insouciant et se permettait de m'imposer une femme en mariage! Il disait avoir prévu une alliance de taille et me sommait, de représenter la Famille comme il se devait. La seule différence concrète avec une menace, c'est qu'il appelait ça une proposition de mariage.

 

Et le moins que l'on pouvait dire, c'est que le Vieux du Nord avait réellement tout prévu. Quelques jours après le coursier, une escouade de vingt cavaliers armés jusqu'aux dents, et dieux qu'elles étaient longues ces dents, a fait son arrivée au Castel. A partir de cet instant, je fut surveillé, épié, observé jusque dans mon sommeil. Aucun moyen de se sortir de ce mauvais pas jusqu'à la cérémonie prévue à la majorité de ma future. En parlant de promise, cette dernière est venue au Castel un jour de juin. Occupé à faucher les blés d'hiver avec les paysans j'ai bien aperçut le convoi doré s'annonçant sur les routes et écartant les badauds et les autres voyageurs moins prestigieux. Une dizaine de minute plus tard, on venait me chercher et un cheval m'était donné pour rejoindre ce simulacre de présentation.

 

Un bref passage dans un baquet d'eau volontairement glacée, la poussière en grande partie retirée de ma peau et mes cheveux blonds coiffés par mes doigts, je fut prêt et débarqua dans la Grand'Salle. Quasiment tout le monde se tenait agenouillé et la tête baissé, même Loeiza... J'avoue avoir sourit une petite seconde avant de me figer en entendant toussoter derrière moi. La fille de la Reine de Bohème Moravie se tenait derrière moi et son regard, alors que je me retournai, me transperça.

 

"Son Altesse Magod de Nagyszalonta!" annonça le type en frappant son bâton sur le sol de pierre. J'aurais bien aimé qu'il le brise tiens, ça aurait fait détendu tout le monde dans cette atmosphère de pet en fleur. Pour faire simple et résumer cette journée bien longue à faire des ronds de flan; la fille n'a pas été épargnée par la beauté, des cheveux d'or, un visage bien proportionné et un regard comme je le disais... lisant jusqu'à l'âme. Même Bestefar n'arrive pas à faire ça de manière aussi innée. A peu près ma taille, pas grosse, musclée je dirais même et d'ailleurs je me suis promis de voir ce qu'elle valait à l'épée à l'occasion. Pour le reste, intelligente et semblant cultivée. Je n'ai pas aperçut grand chose de son caractère, les hommes qui l'accompagnait ont géré la majorité des cérémonials avec Loeiza.

 

En tous les cas, la surprise fut de taille pour tous. Pour ceux qui découvraient la lignée royale de Bohème mais également pour ceux qui s’apercevaient de mon calme. Bien obligé quand on voyait les colosses tout droit venus de Stargard, avec leurs habits rivetés d'acier laissant dépasser un peu de fourrure et leurs monstrueuses haches ou épées semblant pendre à leur barbe rousse, blonde ou brune, longue d'au moins vingt centimètres. J'apprit plus tard que cette garde avait un autre rôle.

En effet, ce calme dura les quelques semaines de présence de la délégation royale, puis on m'informa du départ. Oui, vous avez bien lut.

 

Sur la ligne de départ, sans Satanas et Diabolo, on retrouvera demain le convoi doré et.... Nils et moi, sur nos chevaux aux couleurs de la Maison, entourés de cette terrifiante escorte. Il semblerait que je doivent également rencontrer la famille royale et faire montre de bienséance afin de prouver notre valeur et notre gratitude familiale. Évidement, le Loytnant sera du voyage pour je cite "ne pas rompre ce que je m'emmerde à t'inculquer depuis toutes ces années!". Notez qu'il est plus familier avec moi, je pense qu'il commence à bien m'aimer. Quoiqu'il en soit, je termine ces lignes dans cette antre. Le prochain passage sera rédigé à Biella au palais.

 

Samzun



#20 Kiklan

Kiklan

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Posté 18 décembre 2017 - 08:14

An de Grâce 1191

 

Le trajet dura à peu près deux semaines durant lequel nous eurent l'occasion de mieux faire connaissance avec nos camarades de chemin. Les colosses s'étaient vite liés avec les soldats dorés même si les débuts furent plus ou moins empreints de malaise. Les ambassadeurs par contre, faisaient chambre ou du moins, tronc d'arbre à part autour du feu. L'Altesse elle, ne côtoyait pas les gens d'armes et par la même Nils et moi. Non, Elle préférait rester dans la tente dressée à son usage personnel, tente qu'il fallait monter et démonter à chaque fois ce qui prenait évidement quelques temps précieux.

 

Un soir cependant, très tard ou tôt c'était selon, alors que je parlais avec mon camarade de toujours devant le feu, cela changea. Observer les flammes nous rendaient bavard et nous ne nous soucions en aucune façon des oreilles indiscrètes, après tout nous étions du genre à assumer... du moins en des termes réalisables. C'est ainsi que je m’interrogeait, sur le destin du mariage décidé pour moi, comme chaque soir. Nils me répondait en souriant que j'était plutôt pas mal loti et je lui rétorquait qu'il avait la chance de son côté de ne pas avoir à épouser une liseuse d'âme.

 

Je n'avais pas prévu un seul instant qu'Elle se trouve par derrière moi, la pointe d'une lame pressant le tissu épais de ma tenue de voyage d'une pression suffisante à piquer ma peau. Je me souviens encore de ses propos d'une froideur indiscutable, plus forte encore que Loeiza ou Bestefar: "Puisque vous mettez tant d'ardeur à me décrire, Seigneur Samzun, je me doit de parfaire vos avis. Et votre larbin nous servira de témoin.". Je pris le temps de lui présenter Nils avant de me lever sans geste brusque et de sortir le sabre d'entrainement de son fourreau. Même non aiguisé, il pouvait faire mal, très mal et puis le but n'était pas non plus de blesser un membre de famille royale car pour le coup, je n'aurais pas donné cher de ma peau.

 

Notre affrontement se déroula devant un seul témoin. Les ambassadeurs dormaient tout comme les gardes qui n'étaient pas de quart. Pour ceux qui patrouillaient, ils étaient trop loin pour se rendre compte de ce qui se déroulait au camp. Le métal s'entrechoqua, se frotta en des bruits feutrés ou encore trancha l'air d'un son caractéristique que l'on a tous déjà entendu. Cela ne dura que quelques minutes mais qui me parurent d'une longueur extrême. J'eut quand même la satisfaction d'un coup du plat de ma lame sur les fesse de son Altesse. Elle par contre, officiant l'art des armes en robe, m'a tout de même refait l'épaule au carré sans la trancher puis après mon attaque au fondement, faillit me trancher le bras de rage.

 

Nils nous informa que les gardes s'approchaient et résolution fut prise de stopper l'escarmouche. Pas un mot, pas un sourire, uniquement un hochement de tête mutuel saluant l'adversaire. Un passage dans le ruisseau glacé afin de retirer la pellicule de sueur et je me couchai presque ahurit de ce qui venait de se passer.

Le lendemain, nous atteignons Biella sous les acclamations du peuple fêtant le retour de sa princesse puis la délégation fut bientôt conduite vers le Palais royal.

 

Plus qu'un Palais, il s'agissait plutôt d'une cité royale dans la capitale même, attendez je m'explique. Le palais, sa chapelle, les maisons des officiers royaux ainsi que les différents jardins et vergers étaient bâtis sur une île non loin de la cité de Biella. Sans mentir, l'endroit est réellement de toute beauté n'en déplaise à Stargard, ses montagnes froides et ses pierres austères. Cité royale oblige, l'or dominait et les signes de richesse également. les livrées impeccables, les serviteurs en nombre tout comme les types aux manches enfoncés dans le derrière placés à chaque porte. Un garde? Ça? Certes nous faisions un peu tache avec nos colosses ornés de fourrures, d'armes barbares et aux barbes touffues mais au moins nous montrions qu'on ne rigolait pas avec les gens du Nord.

 

Nous avons donc rencontré en grande pompe la Reyne et son époux. Prestance, solennité et prestige. Trois mots qui me sont venus juste après leur étiquetage "à pas emmerder" par mon esprit. Ce ne fut que présentations et badinage sur des sujets géo-politiques destinés à me tester. A vrai dire, je ne me savais pas si apte à restituer ce qu'on m'a apprit alors que je n'était qu'un gamin. Il fut convenu d'attendre la majorité de la promise, d'effectuer la cérémonie ici même avant de revenir vivre à Spezia. j'ajoute sans doute pour rien, mais je tiens à préciser que rien de tout ceci ne fut décidé de mon chef.

 

Pour terminer sur la cité royale, nous fument assez bien logés. Les gardes Stargardiens eurent un logis à l’extérieur pour leur usage tandis que je partageais mes appartements avec Nils considéré comme mon second... Rien qu'à l'écrire cela me fait sourire. Le loytnant quant à lui, eut également droit à une des meilleures chambres de la caserne. D'ailleurs, il sera, selon lui, bientôt question de monter en puissance d'entrainement concernant l'art du sabre. Il semblerait que je soit enfin digne de confiance pour porter un sabre aiguisé.

 

Samzun






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