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[RP] Chroniques de Stargard


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#21 Kiklan

Kiklan

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Posted 19 December 2017 - 09:18 PM

An de Grâce 1192

 

Pire encore que d'être surveillé jour et nuit par les colosses stargardiens, être surveillé par des gardes royaux. Apparemment on ne me faisait pas plus confiance à Biella qu'à Spezia ou encore à Stargard. Pour une fois, je me rendais à l'entrainement en courant et surtout avec une double détermination. Le duel secret l'autre soir m'a quand même blessé dans mon égo je l'avoue et il me tarde de rebattre le fer avec Elle, néanmoins je dois devenir plus fort encore. Le loytnant m'a donné raison quant à mon choix d'arme et s'est incliné un jour avec un semblant d'air respectueux. Nous avons écumé les tavernes par la suite en bons compagnons d'arme, lui, Nils et moi. Je crois qu'il reconnaissait ainsi notre statut d'homme d'arme à part entière.

 

Entre-temps, une obligation avait été décrétée non substituable, les rencontres galantes. Même arrangé politiquement, il semblerait qu'il soit de coutume de se courtiser entre promis. Vous m'avez vu moi? Courtiser une femme? J'aurais préféré dévaler la montagne en luge... Cela aurait été plus facile. Mais soit, je me suis également plié à cela sous les regards des chaperons barbus. Sur les conseils de Nils bien plus avisé que moi sur le sujet, j'ai fréquenté son Altesse durant de longues promenades sur l'ile royale ou lors des soirées organisées en notre honneur. J'eut même l'occasion d'être observé par la princesse lors d'une déculottée plutôt sévère à la hache de combat par le Loytnant tout sourire aux vues de sa victoire.

 

Le mariage se déroula le six novembre de cette année. Que dire de plus sinon somptueux? Le gratin de ce monde, dont Bestefar en personne qui m'accorda un regard que j’interprétai comme touchant, un repas digne d'une divinité et une salle ressemblant à une fourmilière au sens propre. Les serviteurs couraient entre les tables, apportant vin, nourriture et autres mets. On frappait sur les tables du poing, on riait, on grognait et nombre d'accord politico-commercial se sont sans doute liés à cet instant.

Concernant la cérémonie religieuse à proprement parlé, ce fut..... d'une extrême solennité. Le sabre authentique offert par le Loytnant accroché à mon côté gauche, tranchant vers le haut dans son fourreau et vêtu de l'uniforme Stargardien complet comprenant mes armes, je me tenait pas vraiment fièrement devant l'autel. Ressassant tout ce que je liait à ceci, je ne vit qu'à moitié ma promise aux cheveux de blés dorés remonter l'allée, sous les regards de ces personnes influentes du monde, au bras de son père régnant légitime d'Italie.

 

Je ne détaillerais pas plus cependant, l'évêque nous maria puis la fête débuta. Elle dura trois jours et trois nuits durant lesquels je finit rond comme une queue de pelle. S'il y avait bien un jour c'était celui ci non? Et je dois dire que plus jamais je n'abuserais de vin d’Italie. Non mais ça se boit comme du petit lait ça!

Au matin du quatrième jour, nous fumes convoqués ma femme et moi dans l'étude privée du couple royal. On nous somma de fournir une descendance multiple et de respecter l'accord entre nos aïeux et Maisons respectives. Enfin, on nous attribua le Duché de Toscane en présent de mariage.

 

Vous savez cet effet que l'on a lorsqu'on a l'impression que tout s'accélère et qu'on arrive plus à suivre la musique de notre propre vie? Et bien là... c'était encore pire. Tout juste fait Duc et Duchesse consorts de Toscane, nous fumes embarqués peu après dans une voiture attelée en direction de Rome, la clique habituelle nous suivant évidement. Car oui, il fallait bénir l'union devant le Pape en personne et personellement, je commençait à douter de revoir un jour l'antre à Spezia. Que dire de plus? Mon envie de trouver un cadavre me ressemblant pour me faire passer pour mort et vivre ma vie libre n'en était que plus grande chaque seconde suivant la précédente.

 

Le voyage jusqu'à Rome dura six longues semaines. Laps de temps durant lequel, j'apprit publiquement à connaitre mon épouse. Ses gouts, son caractère publique ainsi que ses obligations et autres éventements publics de son passé. Néanmoins j'ai comme le sentiment qu'elle me cache quelque chose, en effet même si les réponses semblaient personnelles, le ton montrait une certaine image, un genre de façade offert à tout un chacun. J'ajoutai à la liste des choses à faire, mon devoir de le découvrir.

 

Arrivés au Saint-Siège, nous fumes tous reçus par la délégation papale, même Nils, le Loytnant et chacun des colosses. Si ces derniers eurent droit à des évêques pour laver leurs pêchers et procurer une bénédiction, Magod et moi fument interrogés par le Saint-Père comme ils l'appellent ici. Etrange non de se faire questionner sur les valeurs du mariage, l'amour relatif ou encore la fidélité pour quelqu'un trop vieux et trop religieux pour avoir connu cela... Remarque, il a sans doute put observer la durée des mariages plus longtemps que moi.

Quoiqu'il en soit, on nous confessa et notre union fut bénie, par ailleurs le vieux Monsieur nous somma de toujours porter attention à l'autre sans quoi, Dieu lui même ne pourrai nous venir en aide. Face à ces paroles énigmatiques, on nous invita chaleureusement à la messe de Noel avant de repartir vers Spezia. Je termine ici alors que le convoi attend ma présence, dans quatre semaines environs nous serons en notre cité et cet ouvrage de retour dans l'antre pour de nouvelles pages.

 

Samzun



#22 Kiklan

Kiklan

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Posted 20 December 2017 - 09:35 PM

An de Grâce 1193

 

Le retour fut tout aussi... monotone sur bien des manières. J'ai continué à apprendre les choses animant ma désormais femme. J'ai sut qu'elle préférait les gros chiens à tout autre animal, qu'elle appréciait le vin d'Italie ou encore qu'elle savait forger d'une manière exceptionnelle. Je suis presque jaloux de tous les savoirs qu'elle possède mais satisfait qu'elle n'ait jamais tenté l'alchimie. Bête comme réaction hein? En tous cas, cela prouvait que je n'avait pas perdu mon temps à expérimenter tout un tas de choses par le passé.

 

De retour à Spezia, nous fumes accueillis par une foule en liesse et une fête fut donnée. Une cérémonie, encore une, fut réalisée afin de rendre hommage en tant que Seigneur de la cité, à la Duchesse de Toscane. Dans le genre bidon il n'y avait pas mieux mais puisque c'est symbolique... J'ai présenté, non sans une petite fierté, le Castel et ses environs proches à Magod et pour la première fois j'ai put apercevoir une once de sourire sur ses lèvres tandis qu'elle observait la campagne dorée par le soleil depuis la terrasse de nos appartements. Ces derniers, réaménagés durant notre absence, comportaient divers meubles contenants cependant la vie commune n'est pas forcément compatible avec un objet que l'on cherche à cacher. C'est pourquoi j'ai préféré revenir à l'antre pour y écrire ces lignes.

 

Il est vrai que je n'ai pas forcément à rougir de ces écrits mais je ne souhaite simplement pas que tout un chacun y ai accès et encore moins la femme glaciale épousée l'année passée. Je ne doute pas réussir à l'amadouer avec le temps, mais en ai-je vraiment le désir? D'autant qu'il me reste de moins en moins de temps libre.

Et oui, Duc Consort de Toscane implique de répondre également aux doléances de tout un duché. Spezia étant notre logis, nous en avons fait la Capitale de Toscane tout en espérant que cela attirera le commerce en plus grande importance. A cela s'ajoute tout les devoirs inhérents à la fonction de Duc et la journée passe à une allure... j'ai à peine le temps de venir une à deux fois par semaine dans la tanière...

Samzun

 

 

Un bruit soudain fit tressaillir le jeune homme tandis qu'il signait rapidement la page qu'il était en train de noircir de mots avant de fermer précipitamment l'ouvrage et de se retourner. Des pas bottés frappèrent la corniche rocheuse tandis que les mains de l'inconnu lâchaient la discrète échelle de corde fixée à la falaise. Sazun souffla la bougie vacillante et la pénombre s'installa uniquement brisée par un éclat de lune en arrière plan. La lame du sabre n'émit aucun son non plus en se découvrant et en une seconde à peine, le Stargardien fut prêt à combattre.

 

Vêtue de noir des bottes jusqu'au foulard cachant ses cheveux en passant par les braies, la silhouette s'approchait avec prudence, sans hâte. L'endroit ne lui semblait pas inconnu d'après l'aisance de ses mouvements. Néanmoins, elle s’arrêta lorsque la lame lui colla à la gorge, tranchant contre peau. C'est alors qu'il reconnu l’intrus ou plutôt l'intruse. Ces cheveux, ces yeux donnant des frissons glacés ou encore ces courbes plutôt reconnaissables.

 

-Que fais-tu ici? Dans cette tenue? Qui t'a indiqué cet endroit? demanda t-il d'une voix se voulant tout aussi froide que Madog.

 

-Hum? J'ai le droit de passage sur les terres de mon duché non?

Nils s'est montré plutôt.... loquace quand il a finit enchaîné à son cheval, un couteau sous la gorge. répondit-elle en repoussant le sabre d'une main.

 

Samzun resta interdit un instant puis décida de ranger sa lame. Son cœur ayant repris un rythme normal, il observa son épouse examiner les lieux en lâchant un "pas si mal finalement". Pour une fille de reine, elle semblait à l'aise avec la roche à nue, les poutres de bois à peine vernies et les vieux meubles récupérés ici et là. Preuve en était lorsqu'elle saisit un tabouret à trois pieds, le quatrième ayant décidé d'apprendre à nager un beau jour.

 

-Pour terminer sur ma tenue, j'estime être reconnue à peu près partout dans ce pays, aussi utiliser un vêtement plus discret et utile me semblait une bonne idée. Idée dont tu n'as pas vraiment voix au chapitre par ailleurs.

 

Glaciale comme toujours... Il commençait à croire que c'était son caractère d'origine finalement. Samzun décida qu'il était temps de fermer la bouche dans un premier temps et de parler des choses potentiellement fâcheuses ou inentendables. Rassemblant son courage, il resta debout mais se plaça devant elle et ficha son regard dans le sien.

 

-Une envie de fuite hein? Le devoir avant tout et quand le soir arrive, le besoin de liberté totale? Je comprends pourquoi tu sembles si stoïque, il y a un masque à assurer.

 

-Pardon? ton brusque, sec mais avec une pointe de trémolo sur la fin. Bingo! songea Samzun, avant qu'elle croise les bras, il saisit sa main et s'assit juste en face d'elle.

 

-Une virée nocturne à voile vous irait-elle Miladie?

Concernant l'insouciance, j'en suis le Roi, laissez m'en me charger de cela.

 

Sur ces mots, il ne lui laissa pas vraiment le choix et tira doucement sur la main qu'il avait conquise sans trop qu'elle n'ai l'occasion de s'en rendre compte. Surprise par ses paroles, elle se laissa entraîner sans trop savoir pourquoi ni comment. Ce soir là, ils mirent à l'eau le petit voilier "emprunté" à un pêcheur et profitèrent de la liberté offerte par la nuit. Loin des devoirs, loin des apparences et loin de tout oeil indiscret. Ce moment était à graver dans les chroniques à venir comme celui ou deux êtres opposés mais mariés, se rapprochèrent significativement.



#23 Kiklan

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Posted 21 December 2017 - 08:48 PM

An de Grâce 1194

 

Depuis la fois du navire, je crois bien avoir percé à jour le caractère de ma femme. Il suffisait finalement de l'intriguer plus que de l'irriter afin de s'attirer quelques bons sentiments. Chaque soir nous sortions par un souterrain du Castel tenu secret et nous arpentions les campagnes environnantes, se targuant chacun de choses et d'autres que nous savions faire. C'est ainsi que j'ai put l'observer faire le poirier sur la selle de son cheval et que j'ai dû prouver que je savais casser un bloc de pierre avec ma tête comme tout bon manieur de sabre.

 

Concernant mon arme de prédilection, j'ai réussit à convaincre mon épouse de m'enseigner les rudiments de la forge. Je suis conscient que cela prendra énormément de temps mais je ne compte pas garder la lame du Loytnant toute ma vie. "Un sabreur créée son arme, il prend conscience qu'elle doit être de qualité s'il veut garder sa vie au combat. Et pour cela quoi de mieux que de la forger soi même?". Je n'en suis qu'aux débuts, je ne suis même pas certain d'y arriver totalement un jour. Mais quoiqu'il en soit, Madog m'accorde de son temps et je suis bien résolut à ne pas le gâcher.

 

Je crois que cet état de fait me rendait la vie supportable sous toutes ses coutures. La journée nous remplissions nos devoirs respectifs, Duché, entrainement, représentation, et la nuit nous laissions les masques tomber pour nous évader. Espérons que cela reste discret, pour le moment seul NIls mon camarade de toujours est dans la confidence. J'en profite pour noter que ce dernier est de moins en moins présent au Castel, je ne me fait pas de soucis, on m'a dit l'avoir aperçut auprès d'une jeune femme...

 

Dans tout cela, les aventures se font moins nombreuses... quoique. Le mariage me réussit peut-être finalement, je pense avoir trouvé une personne de la même trempe que moi. Tout est partit d'une phrase malencontreusement lancée à mon encore dans le but de me provoquer. J'ai immédiatement avalé cette épice en question et finit la soirée et la matinée suivante la tête dans un baquet d'eau glacée. Madog a eut droit de goûter aux fameuses panses de brebis farcies venues des terres celtiques. J'ai par la suite dirigé, durant une semaine, les doléances ducales et le Conseil affublé d'un énorme chapeau à larges bords en prétextant que le soleil menaçait de me griller l'esprit. Ma chère épouse se mit à la mode de mon Nord natal et arbora ses cheveux longs nattés en couronne sur le dessus de ses tempes rasées.

 

Cela aurait put s'arrêter là... mais nous étions bien lancés et nous devions prouver à chacun notre détermination. A cela, les armes de Stargard et de Nagyszalonta furent entrelacés dans un motif tribal, le tout gravé sur mon omoplate droite par le tatouage. Un cadeau ne se refusant jamais, j'ai honoré mon épouse en lui offrant un magnifique bracelet orné de fines pointes acérées. Un de ces soirs d'évasion, vêtu d'un masque nacré et d'une cape noire j'ai été sommé par Madog, d'aller demander de la farine à un meunier du village.

 

L'homme a prit peur et avant que nous puissions nous expliquer, il nous mettait en joue respectablement avec son arc bandé. Sous ses cris, nous avons prit la fuite non sans renverser inopinément un étal et arraché les buissons décoratifs en nous vautrant lamentablement dessus. La légende du Figlio di Croque* était née et dans les semaines qui suivirent, tout le Castel ne parlait que de cela ce qui nous fit décider de ralentir sur l'ampleur de nos défis respectifs.

Samzun

 

 

C'était un de ces soirs, la lune était pleine et la chaleur environnante n'incitait pas à dormir convenablement. Les deux jeunes gens avaient quitté le Castel silencieusement et sans se faire remarquer avant d'embarquer dans le navire de nouveau emprunté au même pécheur. Après avoir navigué quelques minutes jusqu'au large, ils avaient jeté l'ancre et s'étaient allongés au fond de la coque, tête bêche. Les étoiles leurs tenaient lieu de spectacle ancestral et laissait place à une contemplation doublée d'une occasion de philosopher.

 

-Cela donne envie de s'évader bien plus loin pas vrai Miladie? disait Samzun les bras croisés sous sa tête.

 

-Si tu le dis... répliqua t-elle dans un souffle. J'imagine que cela ne serait pas impossible...

 

-Autrefois je n'aspirait qu'à laisser libre cours à ma vie... Mais Bestefar en a décidé autrement. Je n'imaginait pas être responsable d'autant de gens. se confiait le jeune homme.

 

Sans gêne, il savait que Madog n'était pas du genre à se payer sa tête sur un sujet apparemment si important pour lui. De plus, elle ne répétait quasiment jamais rien à personne ce qui était ici un avantage. Scrutant toujours les étoiles, il se tut, laissant le silence s'emparer de l'instant un moment. Lui dire qu'il craignait de ne pas être à la hauteur? C'était bien autre chose et pourtant des sujets si entrelacés.

 

-Il m'arrive parfois de ne pas me sentir à ma place. annonça distinctement Madog après un long moment. Je veux dire, membre de famille royale, Duchesse, épouse... Des devoirs importants, une image et un caractère à démontrer à n'importe quel homme doutant de notre prestance... D'un sens je te comprend Samzun.

 

Subitement, il se redressa, plongea son regard dans celui de son épouse et s'autorisa à l'enlacer délicatement. Ensembles, ils aperçurent une étoile filante dans ce ciel constellé. Une autre promesse fut prononcée ce soir là, s'ajoutant à celles du mariage. Tant que l'un tiendrait, l'autre assurerait son devoir quoiqu'il lui en coûte.

 

 

* Figlio di Croque => Croqueur d'enfant en italien


#24 Kiklan

Kiklan

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Posted 22 December 2017 - 09:54 PM

An de Grâce 1195

 

La forge avance bien. Après avoir envahi la forge du Castel presque chaque après midi, j'ai put apprendre comment choisir le minerais idéal, de quelle manière l'amalgamer et découvert une façon de frapper le métal sans en éparpiller les morceaux. Cela avance mais ce n'est pas encore ça. Je peux former quelques petits objets singuliers mais de la à forger une lame très tendre pour la solidité mais également très dure pour un tranchant des plus mortels...

 

Dans un autre registre, le Castel évolue avec le temps. Nous recevons de plus en plus d'érudits et notre port semble attirer de nombreuses transactions prometteuses. Le précepteur en mal d'action a reçut la charge d'enseigner la lecture et les mathématiques rudimentaires aux jeunes de la capitale. Après tout, un peuple instruit attire également les regards et donne envie de s'installer non? Le Loytnant continue de m’entraîner mais d'égal à égal désormais. Il a également l'ordre de s'occuper des maréchaux. Nils quant à lui, s'est marié et s'est installé en ville. Il a apprit à travailler le bois et s'est fait charpentier, un homme doué de ses mains d'après ce qu'on en dit.

 

J'ai eut récemment des nouvelles de Germanie et notamment de Poméranie. D'après ce que j'ai put lire sur cette missive, Bestefar semble avoir uni un grand nombre de Seigneurs et nobles. Ses alliés les Maisons de *mot illisible suivit de ratures et d'une tache d'encre sur le reste de la page*

 

 

 

L'encrier s'était renversé, la table s'était ébrouée et le pilier central avait choisit de se desceller pour s'étendre un peu sur le sol rocheux. Samzun s'était relevé de l'endroit ou il s'était écroulé, sa chaise ayant rendu l'âme. Tout dans la tanière menaçait de s'effondrer en l'enterrant vivant tant la terre tremblait. Courant d'un pas rendu bancal par le manque d'équilibre, il sortit bientôt de l'endroit et remonta la falaise sur l'échelle de corde. Ce qu'il vit plus haut l'effraya plus encore.

 

Avec la nuit pour toile de fond, la Cité de Spezia éventrée en deux, un tiers gisant en décombres dans la faille créée par le séisme. Le port, aux navires en grande partie disloqués, ne ressemblait plus à rien et la brèche causée par la faille laissait s'engouffrer quantité d'eau en peu de temps. Ses pensées filèrent à toute allure, tant et si bien qu'il ne se rendit pas compte que les secousses avaient cessé et encore moins qu'il courrait, à peine plus avant d'arriver à ce qui avait été la place du marché. Les villageois affluaient, s'extirpaient des ruines ou apportait de quoi éclairer ce qu'ils pouvaient. Partout des pleurs, des lamentations, des cris dont les siens.

 

-Qu'on aille mander les gardes du Castel! Tous!

Que ceux qui sont encore en état engagent les recherches dans les décombres. Forward* ! Heu, Avanti* ! ajouta t-il en se souvenant du bon mot en italien.

 

Il ne dormit pas cette nuit là. La ville avait certainement été bâtie en des dizaines d'années et en extraire chaque pierre mettait également du temps. Chaque poutre ôtée, chaque mur écroulé fut fouillé et les débuts de flamme dues à des bougies renversées furent traquées et annihilées. Il ne se soucia pas des dégâts éventuels au Castel, certain que son épouse saurait y faire face et engager les moyens nécessaires.

Avant de s'octroyer un répit de deux heures dans la matinée pour une sieste, il avait extrait personnellement 24 corps sans vie et secouru 11 villageois. Lorsqu'il s'allongea sur la couche posée à même le sol d'une masure ayant résisté à la catastrophe, il sombra dans un sommeil sans rêve. Le réveil fut semblable à ce moment ou l'on doute de la réalité, comme une sensation de déphasage ou de déconnexion.

Il était onze heure lorsqu'il se remit au travail, côte à côte avec les gens de labeur. Il avait aperçut Nils un bras engourdi mais vivant, avec son épouse.

 

En milieu d'après midi, un héraut d'arme vint à sa rencontre alors qu'il repoussait une poutre avec deux autres hommes. Sa présence était requise sans aucune autre forme de procès au Castel et pour appuyer ses propos, le messager l'incita par sa posture à se mettre en marche. C'est le visage grave qu'il monta à cheval jusqu'à l'édifice qui, lui aussi, avait relativement morflé pour ainsi dire. Les écuries n'étaient plus ce qu'elles étaient et la forge s'était littéralement disséminée au gré de l'explosion l'ayant certainement secouée. Le Castel en lui même restait toujours inébranlable et malgré la porte détachée de ses gongs, le hall prouvait que son logis tenait.

 

Conduit par le héraut, il fit bientôt irruption dans son étude privée... occupée. Bien qu'assez vaste, l'endroit semblait étriqué par le monde présent. Madog s'était assise sur l'un des fauteuils collés au mur. Les gardes à la livrée reconnue étaient postés autour du bureau alors que derrière ce dernier, installée dans son siège, trônait Wembrit, Reine de Bohème Moravie.

Le corps et les habits recouverts d'une épaisse couche de poussière, les cheveux emmêlés et les mains ensanglantées, telle était l'apparence de Samzun de Stargard. Le jeune homme était si surpris et troublé par la présence de la royale personne qu'il ne lâcha qu'un mot, un seul.

 

-Oh...

 

Le visage de la Reine se figea une seconde. Vêtue de mauve et presque recouverte d'or, elle semblait façonnée d'autorité si bien que les gardes se mirent en alerte, sentant le revirement de caractère. La réplique fut cinglante, à l'image de Madog lorsqu'elle portait le masque officiel.

 

-Est-ce là tout ce dont une Reine a le droit en tant que salutations? Et que signifie cette tenue de manant?

Vous êtes peut-être le possesseur de ce Château mais vous êtes priez de ne pas perdre la mémoire de celle qui vous l'a octroyé! ajouta t-elle avec un calme à faire frémir une statue.

 

La mâchoire de Samzun se crispa, ses dents menacèrent de sauter tant il les serrait avec la rage qu'il tentait de retenir. Du coin de l'oeil il observa Madog brièvement puis les gardes tendus et prêt à combattre. Tous retenaient leur souffle comme pour mieux encaisser ce qui allait suivre. Attribuons ceci au manque de sommeil, à la situation traumatisante, aux corps sans vie qui revenaient en boucle dans son esprit... Ajoutez ce qui vous semble le mieux, vous obtiendrez l'état dans lequel se trouvait l'héritier de Stargard.

 

-Gud navn skit* ! s'exclama t-il dans sa langue natale, excédé.

 

Se fichant de toute cette situation désormais, Samzun se retourna avec rapidité, ouvrit la porte et asséna un puissant coup de tête au Héraut tentant de le retenir. Ayant tourné le dos aux gardes, il laissait libre cours au destin. La vie ou la mort lui convenait tout autant à cet instant, les disparus de la nuit avaient-ils pensé la même chose? Alors que son pas claquait sur les pierres des couloirs, on pouvait entendre distinctement dans son sillage, une langue nordique vociférant des phrases vindicatives.

 

*Forward => En avant en Norvégien

*Avanti => En avant en Italien

*Gud navn skit => Nom de Dieu de merde en Norvégien



#25 Kiklan

Kiklan

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Posted 24 December 2017 - 09:14 PM

An de Grâce 1197

 

Je n'aurait vraiment pas crut pouvoir réécrire sur ce livre un jour. L'antre s'est totalement effondrée sur elle même, enfermant avec elle tout ses secrets, nos expériences et inventions. La corniche a cédé en même temps, condamnant encore plus l'accès. Comment ai-je put récupérer l'objet de mon enfance me direz vous alors? Un marchand me l'a vendu. Oui, vous avez bien lut. L'ouvrage a dut tomber au dehors lors de ma fuite précipitée et on l'aura ramassé. Je viens tout juste de l'acquérir et pas pour des prunes... Désormais il ne sortira plus de mes appartements même si Madog risque de le lire. Après tout, il s'agit de mon épouse, elle est garante de notre réputation autant que moi.

 

Le séisme a fait énormément de dégâts en ville mais également dans les campagnes. De profondes failles se sont creusées en plein champ si bien qu'il a fallut refaire des tracés de terres cultivables. Dans les villages, deux tiers des maisons ont été reconstruites quant au port, il fut remis sur pied en priorité. Néanmoins le commerce en a salement pâtit et de nombreuses denrées furent apportées de contrées étrangères à prix d'or. Stargard envoya bien plus que cela.

 

Ma dernière bravade à l'autorité et au bon sens face à la Reine de Bohème a eut quelques conséquences. Non seulement la cohorte de colosse à la barbe longue est revenue squatter la Castel sans ordre de retour de la part de Bestefar, mais un manant venu de Bretagne est venu offrir ses services de Héraut personnel. Comme si je n'était pas assez intelligent pour reconnaître un espion quand j'en voyait un. Mais soit, j'ai grand plaisir à critiquer Bestefar auprès de cet homme chaque jour qui passe.

 

Je termine ces lignes par annoncer la naissance l'année passée de Envel de Stargard. Jeune fils de Loeiza et de l'Italien, il semble tout aussi énergique que moi. Sa façon de rire est semblable à la mienne et mieux encore, il est curieux de tout cet enfant. Je songe à lui apprendre quelques tours dès que ma soeur aura le dos tourné. Oui parce qu'elle le couve comme le lait sur le feu et je fait semble t-il partie de la liste de choses dangereuses.

Samzun

 

https://www.youtube....h?v=QAOMIH7cgh0

 

Alors qu'il rangeait son journal dans le tiroir de son étude, il inspira puis expira à pleins poumons avant d'aller contempler le paysage par l'unique fenêtre de la pièce. La neige recouvrait toute la campagne, malgré le climat clément la Toscane vivait l'un de ses hivers les plus rudes. Il entendit les pas feutrés de Madog avant qu'elle ne pousse la porte et, lorsqu'elle se tint dans l'encadrement il lui faisait face.

 

-Mio marito*, il va être l'heure. dit-elle simplement.

 

Vêtue d'une robe magnifique, fête oblige, elle semblait éblouissante pour qui ne connaissait pas son sale caractère. D'un naturel froid et hautaine elle avait ce qu'on pouvait appeler un masque appliqué le jour. Seuls quelques rares à avoir encore la vie, l'avaient vue autrement. Il en faisait partie, et depuis leur mariage avait tendance à se resserrer, brisant la glace petit à petit.

Il acquiesça avant de la suivre jusqu'au grand escalier. Lui aussi dans sa tenue de fête, bleue marine d'une sobriété remarquée, il respecta le protocole à la lettre en offrant son bras à son épouse. Le couple descendit le marbre sous les regards pour se diriger vers la Grand'Salle et y ouvrir le bal.

 

Les musiciens officiaient leur art avec délicatesse sur ce morceau rythmé en offensant certains, en ravissant d'autres. Les époux dansèrent, observés de toute part et démontrant leur unité ainsi que celle du duché lui même. Lorsque ce fut finit, ce fut au tour des invités de profiter de ces festivités de fin d'année. Le couple s'installa à leurs fauteuils dédiés afin de déguster leur part du banquet.

 

-Ton indifférence sélective pour les protocoles commence à sérieusement m'exaspérer snørret. annonça une voix trop connue de Samzun.

Ne fait pas cet air de benet, ai au moins l'air d'être Duc consort...

 

Bestefar se tenait assis au côté gauche du jeune homme qui n'en croyait pas ses yeux. Que faisait son Grand-père à plus de sept semaines de voyage de Stagard? Afin de ne pas céder à la pression ou à la terreur d'enfance, Samzun s'empara de son verre de vin et en but la moitié sans le reposer. Ses yeux se plantèrent dans ceux de son aïeul dans un air de bravade qui ne trompa personne.

 

-J'imagine que tu n'as pas fait toute cette route pour célébrer Noël.

 

-Tu n'as pas idée de ce que Stargard a dût payer à la Reine en or et en présents pour apaiser sa colère! s'exclama l'ancien.

Duc! Gamin, tu es Duc et dans un avenir certain tu le seras par deux fois et sans doute plus encore. Ton caractère d'enfant ne peut continuer à perdurer. Je croyais que ce mariage allait t'assagir mais il n'en est rien! Ces guerriers ne semblent pas te faire plus d'effet que cela non plus! Et comble de joie, tu me critiques à longueur de journée!

 

Qu'en est-il de ce mariage d'ailleurs? reprit-il. Un héritier est-il à venir?

Ecoute moi quand je te parle svekling*!

 

Bestefar se leva brusquement sans pour autant que cela ne soit remarqué dans les festivités. Il jeta un regard sévère à son petit fils en marmonnant une phrase fine de sens. "Noel je m'en contre-fout, mais j'étais intéressé par te revoir." Alors que le Stargardien s'en allait, Madog posa une main réconfortant sur celle de son époux assaillit par le doute et le chagrin. Son aïeul venait-il réellement de rompre ses liens avec lui?

 

 

*Mio marito => Cher époux en Italien

*Snørret => Morveux en Norvégien

*Svekling => Gringalet en Norvégien



#26 Kiklan

Kiklan

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Posted 30 December 2017 - 09:19 PM

An de Grâce 1203, Spezia

 

https://www.youtube....F09n5WK&index=1

 

L'émissaire avait reçut l'autorisation de se sustenter et d'utiliser l'une des chambres réservées aux gens d'arme. L'endroit bien que spartiate l'avait agréablement convenu après sept semaines de voyage à cheval. Après avoir profité de trois bonnes heures de sommeil, il s'était rendu aux cuisines avant de se trouver un morceau de lard accompagné de fromage et de vin. Alors qu'il croquait à pleines dents dans une pomme délicieusement acide, une ombre se glissa dans le coin de son oeil ce qui le fit sursauter puis tirer son épée courte. Il se ravisa rapidement en reconnaissant l'homme et rengaina la lame non sans rester un tantinet méfiant.

 

- Bonsoir Monseigneur, je... je ne m'attendait pas à trouver quelqu'un de votre rang en cette cuisine... Je.. vous prie de bien vouloir excuser ce mouvement d'arme.

 

- Ce n'est là qu'une marque de défense, nul besoin de s'excuser pour cela.

Non, si je viens ici ce n'est pas pour manger du lard mais bien pour obtenir quelques nouvelles de Stargard. Vous qui côtoyez la cours du Nord, je viens m'informer. annonça Nicolaz d'un ton horriblement neutre.

 

Le beau-frère du Duc Consort de Toscane possédait cette aura empreinte de méfiance et de pouvoir extrêmement bien dissimulée. Les rumeurs allaient bon train sur lui, certains disaient qu'il s'agissait d'un fantôme du passé intriguant les nobles autour de lui. Ce qui était sûr, c'est qu'il possédait une certaine influence sur les décisions prises dans le Duché de Toscane. Ses cheveux, ses vêtements, son allure... tout se rapportait à l'obscurité et son caractère d'un calme olympien et d'une détermination sans borne ajoutait encore plus à cela. Respecté, et craint par tout un chacun l’émissaire n'y faisant pas exception.

 

- Oh, Stargard pleure son Duc avec la plus grande sincérité. Régner 45 ans, cela laisse une certaine empreinte et tout un chacun dans notre Nord perd une part de lui en ce moment même si ce n'est....

 

- Oui? demanda simplement l'italien appuyé contre le mur, les bras croisés. Parlez sans craintes.

 

- Heu... et bien... Il m'a semblé que Sa Grâce Samzun n'était pas très peiné d'apprendre la disparition de notre Duc. Il se murmure qu'ils ne se sont jamais entendus lâcha l'homme.

 

Un sourire bref mais glacial s'étira sur le visage de Nicolaz à mesure qu'il en mesurait les tenants et les aboutissants. Ce brin d'émotion quoique tout maitrisé ficha la chair de poule au voyageur qui se trémoussa discrètement. L'italien n'avait pas bougé d'un pouce, comment pouvait-on rester aussi longtemps sans changer de position? De plus, quelques dizaines de secondes s’échappèrent avant qu'il ne réponde.

 

- Détrompez vous.

Depuis ces fêtes il y a cinq ans, lorsque le Duc Maho eut rendu visité à son petit fils, rien ne fut plus comme avant. L'homme que nous connaissions tel que Samzun de Stargard est mort. A vrai dire, je crois qu'il ne reste plus qu'une infime partie de lui exprimant encore quelques émotions d'antan mais son extinction ne saurait tarder. Même la naissance de ses deux héritiers ne l'on pas plus réjouit que cela, voyez vous même.

 

- Que peut-on faire pour remédier à cela? Il ne peut rester ainsi toute sa vie!

 

- Estimer s'il le peut ou nous oblige à connaitre la durée de sa vie. murmura audiblement Nicolaz.

Il n'y a pas grand chose à faire si ce n'est attendre je le craint. Attendre une occasion de se trahir.

 

Sur ces derniers mots, Nicolaz se redressa et tourna les talons sans faire de bruit. L'émissaire douta d'avoir rêvé sa présence et se frotta les yeux par deux fois. Finalement il se rendit à l'évidence et médita les paroles de l'étrange homme. Il décida de prendre encore quelques heures de repos et de repartir au petit matin vers Stargard. Les murs icelieu semblaient empester le complot, les ressentiments et le meurtre.

 

Stargard, quelques semaines plus tard

 

Tangui se tenait sur la coursive de pierre offrant une vue sur la cour extérieure du Trelleborg en contre bas. Les bras croisés dans son dos, le nouveau Duc de Poméranie observait ses troupes défiler en rangs serrés pour leur entrainement nocturne. La guerre approchait, cela se sentait dans l'air de toute salle de diplomatie, la création du royaume tendait encore plus la corde de la bienséance. La défense était primordiale aussi aucun homme n'était ménagé tandis que les séances d'entrainement ainsi que les avantages de gens d'armes.

 

- Le rapport  Reun. demanda le Duc à son cousin apparut à ses côtés.

 

- Les cavaliers sont prêt. Bütow a envoyé des maitres d'arme dans chaque village et d'autres fantassins devraient arriver. répondit le Seigneur de Bütow, Reun de Stargard.

 

Le jeune Seigneur n'osa pas parler du fils et héritier au Duc, ce dernier lui avait déjà signifié plutôt violemment que cela lui déplaisait. Parmi tous les fils que Tangi possédait, c'est Samzun qui avait posé le plus de problèmes à la famille, tant diplomatique que financier. On murmurait que certains esprits du diable priaient même pour la perte de l'héritier afin d'éviter la perte du Duché...



#27 Kiklan

Kiklan

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Posted 31 December 2017 - 08:49 PM

An de Grâce 1204, Spezia

 

https://www.youtube....h?v=PHjFIwbvzo8

 

Les couloirs avaient quelque chose de lugubre en pleine nuit. La fraîcheur nocturne s'insinuait par les ouvertures de verre pour glisser sur la pierre au sol. Les lueurs faiblardes des chandelles mourantes n'éclairaient plus vraiment grand chose et le silence imposait une angoisse presque tangible. L'individu circulant le plus rapidement possible tentait de ne pas penser à cela. Sa bougie à la main, il paraissait courir si sa longue tunique ne montrait pas ses pieds habillés de chausses pointues.

 

Soudain les pieds décolèrent tandis que le corps était projeté et maintenu contre le mur glacé. Nicolaz fichait son regard aiguisé dans celui de l'homme. Ses poings serrés autour de la tunique de l'individu plaquaient ce dernier solidement tout démontrant la détermination du noble. Un couinement apeuré s’échappa mais n'eut pour unique conséquence que l'agacement de Nicolaz qui libéra sa main droite pour la plaquer sur la bouche du froussard.

 

- Impressionnant n'est ce pas? Je veux que vous ne cessiez d'imaginer ma lame remplaçant mon point, quel effet agréable hum? murmura t-il en gardant son visage d'une neutralité exemplaire.

Vous vous êtes mis dans une bien fâcheuse situation mon ami. Il ne vous reste plus qu'à réfléchir et répondre à une question simple. Qui de lui ou de moi, craignez vous plus le courroux? Choisissez bien.

 

D'un coup d'un seul, l'homme ne fut plus collé au mur et glissa jusqu'à s'asseoir contre la cloison. Celui qu'on avait finit par surnommer avec crainte "Orso Nero, avait déjà déserté les lieux. Le pas agile et silencieux, Nicolaz glissait tel un messager de la mort ou encore la mort elle même. Il avait eut connaissance de son surnom par des biais détournés, personne ne voulait l'avouer devant lui. Cela ne lui déplaisait pas, la crainte était énormément plus aisée à appliquer et apportait les mêmes gains dans la diplomatie.

 

A un moment certain, il disparu derrière une épaisse tenture et actionna un levier qui ouvrit une porte dérobée. Déambulant dans le passage qu'il avait découvert plus tôt dans l'année, il déboucha après quelques minutes dans la minuscule pièce accolée à sa chambre et qui lui servait d'étude. Il soupira et fit craquer ses phalanges avant de pénétrer dans son appartement ou l'y attendait son épouse.

 

-Te voila? Que faisais-tu à cette heure à travailler? demanda t-elle.

 

- Rien de bien important, je rédigeais une missive à mon frère Melear, à Milan.

Comment vas-tu me Loeiza? Et Samzun?

 

- Je l'ai veillé comme lorsque nous étions enfants... Madog a prit le relais et le médecin pense qu'il a mangé quelque chose qui ne lui reste pas. D'après les symptômes, il ne sait quel pronostic donner... répondit la sœur du Duc dans un sanglot presque contenu.

 

- Allons, rien n'est perdu. Je te garanti sur ma vie qu'il ne lui arrivera rien dans les prochaines semaines. la rassura t-il en l'enlaçant de ses bras forts.

 

Il mit plus d'une heure à calmer son épouse avec ses trésors de patience limités, il n'y avait qu'elle qui avait le droit d'épuiser ce trait de caractère si rare chez lui. Il déposa un baiser sur le front de Loeiza et se releva avec douceur.  Déposant son lourd mantel sur ses épaules et vérifiant la position de son épée, il se dirigea vers la porte alors que les servante entraient pour préparer son épouse pour la nuit.

 

- Ne m'en veut pas, je revient sous peu, je vais faire expédier cette missive en main propre.

 

Alors qu'il refermait l'huis de bois, il sortit par la coursive réservée aux maréchaux et aux gardes. Le logis du Prévot local n'était pas vraiment loin mais les voies pour y accéder n'étaient pas des plus discrètes, il se devait alors d'utiliser une ruse vieille comme le monde. Son plastron fixé, la capuche cachant ses cheveux et son visage en place et on le confondait à s'y méprendre avec un garde en patrouille. Tant que la crainte fonctionnait dans les Hautes Décisions l'affaire était simplement réglée cependant le jour viendrait ou cela ne suffirait plus. Aussi, Nicolaz souhaitait mettre le plus de chances de son côté et la chance dont il était question à cet instant était constituée des forces armées du Castel de Spezia. Oui, car "Qui dit révolution dit aussi armée" *.

 

* Orso Nero => Ours noir en italien

* Qui dit révolution dit aussi armée => Citation de Jean-Michel Wyl



#28 Kiklan

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Posted 01 January 2018 - 01:49 PM

An de Grâce 1205, Spezia

 

 

Jour de chasse oblige, tout noble était convié à l'exercice sur les terres du Duc Consort. Ce dernier, son frère Venou et plusieurs autres Hauts Seigneurs accompagnaient un invité de marque. Corentin de Wolfsburg, frère du Duc de Brandebourg dont la maison d'aussi loin qu'on s'en souvienne, restait la plus fraternelle des Stargard. A ce qu'on disait, l'homme venait visiter l'héritier de Stargard au nom de son frère afin de prolonger autant que possible les bonnes relations à la descendance.

Tout ce beau monde parcourait les bois et forêts alentours en guettant le gibier qui ne tarderait plus désormais. La tension était palpable, chacun rêvant de s'illustrer pour une journée, sur un tableau de chasse devant les courtisans.

 

On ne sut jamais qui fut l'auteur réel de ce mauvais coup tant cela se passa extrêmement rapidement. Toujours est-il que la flèche vint se planter par le derrière de l'épaule du dignitaire Wolfsburg. Celui ci cria mais par chance, il n'eut pas de grosses lésions par la suite. Aussitôt, le cortège s'est ébranlé et on fit demi tour pour convoyer le blessé aux hommes de médecine qui durent entailler la chair afin de faire ressortir la pointe. On chargea le frère du Duc, Venou d'enquêter et de trouver le coupable mais Nicolaz se greffa rapidement à ce dernier pour l'y aider. Il ne fallut pas un jour entier pour dénicher un veneur maladroit que l'on banni sur le champ, sans d'autre forme de procès.

 

- Ainsi vous repartez prochainement Monseigneur. énonça Nicolaz comme pour lui même.

 

- En effet, mon frère le Duc et qui plus est Sa Grâce Tangui m'ont invité à me rendre à Stargard dans les plus brefs délais. répondit tout aussi poliment Corentin de Wolfsburg.

 

Les deux hommes se tenaient dans les appartements mis à disposition de l'invité ce qui garantissait en théorie l'intégrité des paroles et le fait de ne pas être écouté par de potentiels espions. Nicolaz ne laissait jamais rien au hasard. Cependant, Wolfsburg ne se laissait pas démonter par l'aura dégagée naturellement par l'italien, il lui avait même semblé qu'il s'en riait aux vues de ses expressions. En fait l'Orso Nero se rendait compte qu'il avait devant lui le modèle de la sagesse acquise par six décennies de vie. Il n'y avait pas à dire, cela allait être difficile de se faire entendre avec ce type de personnage. Mais si c'était cela qui l'attendait prochainement, alors il fallait bien s'y risquer.

 

- Je sollicite votre permission afin de vous y accompagner Monseigneur.

 

- Vous? Et en quel honneur? Le Duc Samzun m'accompagne déjà ainsi que sa belle-soeur Aodrenez. Si eux, ont leurs bonnes raisons je doute des vôtres à l'avance.

 

Le ton était donné, les paroles étaient lancées, il ne restait plus qu'à attendre ce qui allait atterrir. Nicolaz joua la neutralité imperturbable même si cela ne fonctionnait qu'à moitié avec l'individu en face de lui. Il prit son verre de vin et en but deux gorgées tout en laissant planer le silence volontairement. Puis, ses yeux se fichèrent dans ceux de l'invité non sans respect.

 

- En effet, j'ai apprit que le Duc allait visiter son père afin de prendre conseil concernant l'incendie des plus gros entrepôts de la Seigneurie à Arcola. Pour ce qui est de l'épouse de Venou, j'imagine qu'elle désire revoir sa famille demeurée à Stargard. dit-il en ponctuant sa réplique par deux nouvelles gorgées de vin.

En ce qui me concerne, mon frère Melear est également présent dans le Nord sur ordre du Duc de Milan, notre lointain cousin. J'aimerais le revoir afin d'entretenir quelques affaires que nous avons en commun.

 

- Je vois. répondit Corentin pour seule parole.

 

- Ayez ma parole Monseigneur, que le voyage sera des plus tranquilles en ma présence, je le garanti sur ma vie.

 

Mentir... songea Nicolaz consistait à dissimuler la vérité ou bien carrément à l’omettre pour le bien des uns dans le malheur des autres. Mais en ce qui concernait sa parole, il n'en avait qu'une et se devait de la respecter ou bien il ne se nommait plus Nicolaz de Milan. Et dire que toute cette histoire découlait d'une parole donnée à un mort... Cependant il n'avait plus le choix désormais, le Duc Samzun voyageait, alors lui aussi.



#29 Kiklan

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Posted 02 January 2018 - 08:27 PM

9397611206.jpg
 
An de Grâce 1206, Stargard
 
Tangui de Stagard n'était pas ce qu'on pouvait appeler ici des plus avenants. Le visage fermé il était tout sauf appaisé. Assis sur son trône ducal dans la Grand'Salle du château ancestral, il observait l'homme d'arme agenouillé devant lui. Les poings serrés sur les accoudoirs du sièges, le Duc serrait les dents et menaçait presque de mordre le premier qui oserait parler.
 
- Comment est ce arrivé? rugit-il de sa voix puissante.
 
Le guerrier pourtant réputé robuste dans sa caserne d'origine, sembla hésiter puis prit son courage à deux mains. Il relata un bête accident de cheval ayant coûté la vie à Fracan de Stargard, second fils du Duc. D'après lui, personne ne savait comment exactement cela avait-il put arriver étant donné le talent du défunt dans l'art équestre cependant, il fut impossible de le soigner et il rendit l'âme quelques heures après.
Il annonça également que la veuve éplorée, Reunanen de Hollande s'était cloîtrée dans le manoir de Ronne ou ils résidaient. Par ailleurs, elle demandait à Tangui sa bénédiction afin de continuer de loger au Castel et conserver le privilège d'éduquer ses enfants.
 
- Jova était le seul fils de Fracan si je ne m'abuse. Ce dernier me rejoindra à Stargard, pour le reste ses soeurs et sa mère sont invitées à loger à Ronne le temps qu'il leur semblera bon. dicta le Duc au Chambellan.
 
Le garde hocha la tête et sortit de la salle lentement sous les yeux d'un Tangui furibond. L'un de ses fils décède dans des circonstances étranges et pour le moins inopportunes, dans la fleur de l'âge. L'homme n'était peut-être pas encore Roi mais il lui semblait que beaucoup de personnes semblaient intéressées par ce fait. Les intrigues s’entremêlaient et il lui incombait de faire les bons choix afin de ne pas mener sa tête, sa Maison et le Royaume à leur perte. Soudain, il avisa sa bru Aodrenez et un grondement remonta de sa gorge avant qu'il ne parle.
 
- Expliquez moi ce qu'il se passe de si important à Spezia.
 
L'épouse de Venou s’exécuta de suite et après s'être agenouillée à son tour. Durant son récit, elle osa par trois fois croiser le regard de Tangui mais baissa la tête presque aussitôt. Selon ses dires la Seigneurie partait totalement de travers sauf son respect pour le Duc Samzun. Les nobles et haut-fonctionnaires locaux étaient mécontents, les ambassadeurs craignaient de se prendre des flèches et la constitution du Maître des lieux semblait douteuse. Les yeux de Tangui s'ouvrirent un peu plus grand et ses poings se serrèrent un chouilla de plus.
 
- Ce que vous me dite est bien grave ma bru. Je vais envoyer une ambassade afin de tirer tout cela au clair. Cependant, vous resterez ici à Stargard un moment de plus. Si ce que vous me dite est vrai, Spezia n'est plus un endroit très sûr. annonça t-il sous les yeux extrêmement satisfaits de sa belle fille.
 
 
Spezia, à quelques semaines d'intervalle
 
Le village était dévasté, les corps jonchaient le sol tantôt égorgés, tantôt tranchés en deux ou encore occis. Partout cela sentait le feu, la sueur et le sang et tandis que les maisons se mourraient par les flammes, les survivants se tenaient devant la petite dizaine de gardes à cheval. Nicolaz balayait la zone du regard et ne put que constater la terrible efficacité de la bande de mercenaire sévissant depuis peu dans la région.
 
- Faite recenser les victimes et convoyez les avec quelques gardes de plus dans les villages voisins. demanda Nicolaz de son ton neutre.
 
Son cheval fit demi tour et il partit seul en direction de Spezia, son esprit tentant sans cesse de percer la logique de toute cette histoire. L'entrevue avec Tangui à Stargard n'avait rien donné, cependant il avait bien put revoir son frère et lui toucher deux mots de ce qui se tramait en Italie. Il avait au moins gagné quelques ressources supplémentaires qui justifiait les interminables semaines de voyages qu'il avait occupé en surveillant ses faits et gestes à longueur de temps.
 
Si Nicolaz arrivait sans mal à relier ses différents méfaits et à connaitre les soutiens dont il disposait à peu près à l'avance, il cherchait toujours la raison réelle de tout ceci. Certes ce que tout homme recherchait au fond consistait en une soif de pouvoir toujours plus grande. Cependant, y arriver par des moyens à peu près légitimes était une tout autre affaire. Et puis, il fallait supprimer énormément de gens et de manière naturelle en apparences.
 
A quelques lieues du Castel, il bifurqua par le bois et passa par le ruisseau avant de rejoindre un hameau comme planté là par hasard. Sa capuche relevée sur la tête, Nicolaz fut bientôt arrivé près d'une des cinq maisons du village. Tandis qu'il mettait pied à terre et attachait l'animal à l'unique barrière du lieu, il repensa à celui qu'il tenait depuis quelques temps comme son ennemi. Son regard brilla et sa détermination en fut renforcée avant de rencontrer le lieutenant envoyé de Lombardie par son frère. Avant de pousser la porte, comme une prière, il lança tout bas:
 
- A nous deux Venou, voyons qui de nous deux est le plus inventif.


#30 Kiklan

Kiklan

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Posted 05 January 2018 - 07:32 PM

An de Grâce 1208, La Révolte du frère partie I

 

https://www.youtube....h?v=9YEyuRlSieg

 

L'instant tant attendu n'en est que plus intense au moment ou il commence à poindre à l'horizon. Tel le premier rendez vous si souvent imaginé sous toutes ses coutures ou le début d'un voyage vers l’inconnu. A Spezia le dénouement était proche, tant et si bien que Nicolaz ne dormait plus que très peu afin d'être disponible au bon moment. L'italien décela le détail de la mort qui tue, celui qui lui avait fait penser "Deux jours maximum". C'était le matin de doléance au Castel, un jour de Septembre.

 

Le chef du village d'Ortonovo paraissait devant le Duc et la Duchesse afin de demander une aide en compensation des récoltes brûlées plus tôt dans le mois. Ces derniers temps, les compagnies redoublaient d'ardeur dans leur pillage et même l'armée de Spezia peinait à s'en défaire. Cependant, l'incendie en question avait été allumé volontairement par un des villageois mécontents. Ce dernier aussitôt pendu haut et court était responsable de la ruine du village et le Couple Ducal refusa d'accorder des ressources supplémentaires selon ces termes: "Si un villageois n'a pas une miche de pain à manger par jour, qu'il vienne au Castel. Pour le reste, que chacun se tourne vers les raisons du scélérat et sa famille.".

 

Le frère cadet du Duc, Venou de Stargard qui avait assisté à la scène s'était entretenu brièvement avec son aîné sur cette manière de faire pour le moins directe mais Samzun n'avait pas modifié sa ligne de conduite. Le jeune ainsi remis à sa place, s'était retiré dans ses appartements en ressassant les paroles de son épouse. Aodrenez de Stargard était toujours auprès de Tangui dans le Nord mais elle lui envoyait des missives régulières. Se laissant choir dans un grand fauteuil près de l'âtre, Venou remonta dans ses souvenirs jusqu'à cet échange qui avait tout précipité.

 

-Te rends-tu compte mon aimé? L'ancien est mort, tu es désormais le fils du Duc de Poméranie et mieux encore, tu seras bientôt Prince! s'était-elle exclamée au lendemain de la mort de Maho. Mais alors qu'il lui avait rétorqué que c'était à Samzun que revenait l'héritage des titres, elle avait poursuivi.

 

As-tu étudié un peu les anciennes Coutumes de notre Duché ou encore concernant notre famille? Certaines sont encore en vigueur dont une qui stipule que lorsque l'héritier n'est pas jugé de bonne constitution physique ou mentale, un autre héritier peut être nommé.

 

Ils avaient passé la nuit à imaginer ce qu'ils seraient dans quelques dizaines d'années, à la tête de deux duchés ou peut-être même d'un royaume. Son épouse avait déterminé les différents obstacles et plusieurs manières de rendre l'héritier "de mauvaise constitution". Six ans. Cela durait depuis six ans, à intriguer dans l'ombre, de manière imperceptible. Venou soupira et se leva pour s'installer à son bureau. Une dizaine de missives furent rédigées dans l'heure qui suivit et envoyées tantôt à des chefs de cohorte, tantôt à des notables ou encore à des guerriers. Massant sa main endolorie par l'exercice de la plume, le dernier fils de Tangui de Stargard se préparait à passer à l'action.

 

Plus tard, début de la nuit

 

 

Nicolaz se préparait en hâte. De grands coups se faisaient entendre contre l'énorme porte à l'entrée du Castel, par la vitre en scrutant l'horizon on pouvait apercevoir les différents villages alentours en proie aux flammes de la révolte. Enfilant son plastron de cuir renforcé et fixant son épée à son côté, il observa son épouse elle aussi prête à en découdre, une hache à la main. C'est ainsi qu'ils déboulèrent tous deux accompagnés de leurs enfants, dans les appartements ducaux.

 

- Que? Nicolaz!! Qu'est ce que tout cela signifie? demanda Madog surprise par cette apparition et par les sons se faisant entendre deux étages plus bas.

 

- Cela serait trop long à expliquer Votre Grâce. Pour faire simple, il s'agit d'une révolte bien organisée et qu'on ne pourra mâter que par le sang. Loeiza restera ici avec les enfants, et si vous y consentez vous défendrez tous cet appartement au péril de votre vie. Fuir n'est pas dans nos habitudes et ne servirait qu'à les divertir pour la nuit. Une dizaine de maréchaux vont venir vous prêter main forte, tuez toute personne ne portant pas mes armes au col. expliqua t-il en évaluant des yeux les objets pouvant servir à la défense.Habitude ancestrale ou simple précaution, toujours est-il que même les enfants tirèrent une arme potentiellement mortelle portée sur eux.

 

- Samzun, il est temps de montrer ta position plus que jamais. reprit-il à l'intention de son beau-frère.

 

A cet instant, les portes de chêne séculaire cédèrent et les assaillants envahirent le hall. Nicolaz et Samzun délaissèrent leur épouse et leurs enfants pour se diriger dans la Grand'Salle via un passage dissimulé dans le mur. Même derrière une épaisse cloison de pierre taillée, on pouvait entendre les armes s'entrechoquer, les cris et les hurlements provenant des deux camps. A mesure qu'ils avançaient dans l'obscurité, Nicolaz briefa le Duc sur les intentions de son frère avant de parvenir à leur destination. Les deux hommes prirent place face aux portes de la Salle accueillant le siège du pouvoir Ducal et ses deux trônes.

 

- Comment peux-tu être si sûr de toi Nicolaz? Sur lui, sur sa femme et ce qu'ils veulent faire ou encore sur sa venue dans cette pièce? demanda Samzun, la voix grave.

 

- Fait moi confiance. Quand il verra que tu n'es pas dans tes appartements, il te fera chercher et viendra ici. déclara l'italien posté un pas plus en arrière que le Duc, à sa gauche.

 

- Je te suis reconnaissant de penser à notre sécurité mais il va falloir plus que survivre pour mâter la révolte de tout un Duché...

 

- C'est une promesse que j'ai jadis faite à l'ancien Duc Maho.

Concernant la campagne, il n'y au maximum que la moitié des villages actuellement à se révolter. Je me suis assuré de maîtriser ce côté là avec ton ami charpentier, le dénommé Nils. Maintenant concentre toi, ils arrivent...

 

L'instant était grave, la concentration était de mise et Samzun priait pour ne pas avoir trop rouillé ces quelques années en combat singulier. Parmi les cris et divers sons de bataille, un groupe d'hommes se dessina au bout du couloir bordé de colonnes. Ils marchaient d'un pas rapide faisant tinter leur armure, arme au poing et détermination dans le regard. Venou formait la tête de ce groupe, suivit de près par un homme, un certain pirate reçut à la cour ducale quelques trois ans plus tôt et demandant asile. Le dénouement était proche, la tension palpable. Chacun savait, la Mort planerait au dessus de tout cela au petit matin et tout un chacun priait en livrant bataille qu'Elle ne sévisse pas dans son camp.



#31 Thorgrin

Thorgrin

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Posted 06 January 2018 - 07:37 AM

:)



#32 Kiklan

Kiklan

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Posted 06 January 2018 - 07:18 PM

Grand'Salle du Castel, La Révolte du frère partie II

 

https://www.youtube....h?v=qYIJFxAzkIA

 

Les deux frères se faisaient face, le regard planté dans celui de l'autre avec la même détermination. Nicolaz en témoin de Samzun, le Pirate pour Venou tel un duel civilisé entre guerriers. Sauf que cela ne s'était pas arrêté à un duel, des villages ravagés, des entrepôts brûlés, des femmes et des enfants égorgés... Sans lâcher un seul mot, les deux frères portèrent la main jusqu'au pommeau de leur arme. Le bruit feutré des lames contre le fourreau précéda la mise en garde et le début de la fin.

 

- Sois conscient qu'il y aura des répercussions plus au Nord sur ces événements Venou. annonça son frère d'une voix calme.

 

- Père ne connaîtra les détails que de ce qu'il aura besoin de savoir. Ta piètre gestion du domaine, la déception diplomatique ou encore cette révolte de paille. rétorqua le cadet.

 

- Est-ce donc là ta seule parole justifiant ce duel?

 

Il n'y eut pas de réponse. Alors que Venou se retournait vers son second, le Pirate lui intima un regard empreint de détermination qui ne trompa personne. Le frère cadet brandit son épée en un cri et se jeta sur le Duc. Ce dernier para le coup et son sabre siffla dans l'air pour s'entrechoquer en une contre parade sur la lame de Venou. Loin d'être un profane dans le maniement des armes, le plus jeune avait eut le même entrainement intensif que Samzun ce qui empêchait de déterminer l'issue du combat avec précision.

 

Les coups se succédaient, parade, offensive, estoc, saisissement ou encore coup de pommeau dans les mâchoires tout y passait. Nicolaz observait le duel tout en surveillant le groupe de l'autre côté. Étonnamment, il n'y avait que très peu de mouvement ce qui prouvait tout de même la discipline imposée et le respect du combat mené par leur chef. Cependant Nicolaz n'était pas dupe, dès que l'issue serait connue de la plus heureuse à la plus défaitiste, ces hommes termineraient l'oeuvre de Venou. L'italien priait pour que sa contre-attaque personnelle arrive au bon moment.

 

Appartements ducaux

 

La famille ducale attendait le loup, bien retranchée derrière la porte de bois épais mais également derrière quelques meubles renversés de manière stratégique. Chaque membre avait la peur au ventre mais une arme bien serrée dans les poings. Une dizaine de gardes habituellement affectés à la surveillance et la protection du Castel les avait rejoint et attendait également la venue des révolutionnaires.

 

Soudain, des pas précipités se firent entendre. Des cris, des rires cruels et des coups de béliers furent donnés pour forcer la porte. Jukondin se tenait derrière sa mère un peu surélevé son arc en main. La peur lui trouait le ventre et menaçait de le faire vomir à mesure que la porte tremblait. Ses soeurs et la fratrie de cousin composaient également l'arrière garde et semblaient dans le même état que lui. Soudain, le bois se dégonda et s'écrasa au sol dans un bruit assourdissant, couvrant les cris des hommes surgissant de l'encadrement.

 

Le premier homme ne fit qu'un pas, abattu par une flèche bien placée. Le second gagna deux dagues respectivement dans la gorge et en plein cœur. Cela dura quelques dizaines de seconde néanmoins une fois l'effet de surprise passée, les assaillants s'organisèrent en front uni et l'assaut fut donné. Jukondin abandonna l'arc et tira une épée courte dont il fit bon usage. La Duchesse et sa belle soeur Loeiza en éliminèrent une bonne poignée tandis que les maréchaux de renforts ne déméritaient pas non plus. En une dizaine de minute, ce ne fut que sang et corps jonchant le sol. Alors que la première vague d'assaillants se tarissait, les comptes furent rapidement fait. Aucuns morts du côté Ducal néanmoins le bras gauche de Jukondin pendait, rebelle à tout ordre donné par son cerveau.

 

- Préparez vous à sortir de là et épurer le Castel de ces salopiauds! rugit Madog le front égratigné.

 

Retour dans la Grand'Salle

 

Les deux frères ferraillaient depuis plus de dix minutes désormais, tout deux en sueur, tremblant et soufflant par leurs efforts. Leur niveau sans faille n'avait pas encore permis de donner l'avantage à l'un ou à l'autre cependant Nicolaz ainsi que chaque personne présente dans la pièce pouvait percevoir la fin imminente de l'altercation. Les lames portaient le sang de l'adversaire, Samzun touché à l'épaule, Venou à l'avant bras droit. Alors que son frère semblait plus déterminé que jamais, Samzun tenta de le raisonner.

 

- Il ne sert à rien de tuer son frère alors que nous pourrions parlementer de manière plus pacifiste.

 

- *Hold kjeft! hurla Venou en multipliant les coups, augmentant la cadence tout en rugissant.

Tu n'as jamais subit le courroux paternel! Tu n'as jamais eut à assurer la réputation de la famille! On te pardonne tout! On te passe chaque affront fait à toute personne puissante! Tu n'es pas à la hauteur d'un Duc mais pas pour Bestef...

 

Le cadet ne vit pas le coup arriver. Le sabre siffla, l'air fut fendu en deux et la lame entailla le jarret de Venou. Prit de court, de surprise et de douleur, il chuta à genou alors que la lame du sabre se collait contre sa gorge. Personne n'osait encore trop bouger, le temps s'était suspendu et les spectateurs ne pipaient mot. Samzun, la respiration rendue sifflante par la fatigue tenait son frère par la lame et pouvait s'il le décidait, lui ôter la tête proprement. Au lieu de cela, il murmura quelques mots avant d’asséner un rapide coup de pommeau contre la tempe du jeune.

 

- Bestefar voyait avec une limpidité peu commune. J'ai confiance en son jugement et jamais je n'y dérogerait.

 

Nicolaz avait tiré sa propre épée afin de contrer la réaction du groupe dirigé par le perdant mais un sourire vint élargir son visage. Le reste des maréchaux était parvenu à sécuriser le reste du Castel se tenait derrière les assaillants et les mettait en garde avec des arcs longs bandés dans leur direction. Le groupe se rendit après quelques instants d'hésitation et s'en fut finit de la révolte au Castel.

 

En ce qui concernait la campagne, l'armée levée et mise à disposition par le frère de Nicolaz, Melear de Milan, s'était chargée de mâter les rebelles avec les villageois restés fidèles au Duc. Les jours qui suivirent, un tribunal spécialement créé pour l'occasion et dirigé par le Duc lui même se chargea de juger les implications de chaque homme fait prisonnier. Beaucoup furent pendus, certains bannis mais personne ne fut sans punition adéquat. Le pirate second du traître fut pendu haut et court tandis que Venou fut expédié pieds et mains enchaînés à Stargard sous bonne garde.

Enfin, Nicolaz fut remercié officiellement par le Duc. Ce dernier avait rapidement recouvré ses forces et cicatrisait ses blessures cependant son neveu Jukondin perdit l'usage de son bras gauche en raison d'une plaie profonde à l'épaule selon les médecins.

 

*Hold kjeft => Tais toi en norvégien

*Bestefar => Grand-Père en norvégien



#33 Thorgrin

Thorgrin

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Posted 24 January 2018 - 01:15 PM

la suite ? :)






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