An de Grâce 1192
Pire encore que d'être surveillé jour et nuit par les colosses stargardiens, être surveillé par des gardes royaux. Apparemment on ne me faisait pas plus confiance à Biella qu'à Spezia ou encore à Stargard. Pour une fois, je me rendais à l'entrainement en courant et surtout avec une double détermination. Le duel secret l'autre soir m'a quand même blessé dans mon égo je l'avoue et il me tarde de rebattre le fer avec Elle, néanmoins je dois devenir plus fort encore. Le loytnant m'a donné raison quant à mon choix d'arme et s'est incliné un jour avec un semblant d'air respectueux. Nous avons écumé les tavernes par la suite en bons compagnons d'arme, lui, Nils et moi. Je crois qu'il reconnaissait ainsi notre statut d'homme d'arme à part entière.
Entre-temps, une obligation avait été décrétée non substituable, les rencontres galantes. Même arrangé politiquement, il semblerait qu'il soit de coutume de se courtiser entre promis. Vous m'avez vu moi? Courtiser une femme? J'aurais préféré dévaler la montagne en luge... Cela aurait été plus facile. Mais soit, je me suis également plié à cela sous les regards des chaperons barbus. Sur les conseils de Nils bien plus avisé que moi sur le sujet, j'ai fréquenté son Altesse durant de longues promenades sur l'ile royale ou lors des soirées organisées en notre honneur. J'eut même l'occasion d'être observé par la princesse lors d'une déculottée plutôt sévère à la hache de combat par le Loytnant tout sourire aux vues de sa victoire.
Le mariage se déroula le six novembre de cette année. Que dire de plus sinon somptueux? Le gratin de ce monde, dont Bestefar en personne qui m'accorda un regard que j’interprétai comme touchant, un repas digne d'une divinité et une salle ressemblant à une fourmilière au sens propre. Les serviteurs couraient entre les tables, apportant vin, nourriture et autres mets. On frappait sur les tables du poing, on riait, on grognait et nombre d'accord politico-commercial se sont sans doute liés à cet instant.
Concernant la cérémonie religieuse à proprement parlé, ce fut..... d'une extrême solennité. Le sabre authentique offert par le Loytnant accroché à mon côté gauche, tranchant vers le haut dans son fourreau et vêtu de l'uniforme Stargardien complet comprenant mes armes, je me tenait pas vraiment fièrement devant l'autel. Ressassant tout ce que je liait à ceci, je ne vit qu'à moitié ma promise aux cheveux de blés dorés remonter l'allée, sous les regards de ces personnes influentes du monde, au bras de son père régnant légitime d'Italie.
Je ne détaillerais pas plus cependant, l'évêque nous maria puis la fête débuta. Elle dura trois jours et trois nuits durant lesquels je finit rond comme une queue de pelle. S'il y avait bien un jour c'était celui ci non? Et je dois dire que plus jamais je n'abuserais de vin d’Italie. Non mais ça se boit comme du petit lait ça!
Au matin du quatrième jour, nous fumes convoqués ma femme et moi dans l'étude privée du couple royal. On nous somma de fournir une descendance multiple et de respecter l'accord entre nos aïeux et Maisons respectives. Enfin, on nous attribua le Duché de Toscane en présent de mariage.
Vous savez cet effet que l'on a lorsqu'on a l'impression que tout s'accélère et qu'on arrive plus à suivre la musique de notre propre vie? Et bien là... c'était encore pire. Tout juste fait Duc et Duchesse consorts de Toscane, nous fumes embarqués peu après dans une voiture attelée en direction de Rome, la clique habituelle nous suivant évidement. Car oui, il fallait bénir l'union devant le Pape en personne et personellement, je commençait à douter de revoir un jour l'antre à Spezia. Que dire de plus? Mon envie de trouver un cadavre me ressemblant pour me faire passer pour mort et vivre ma vie libre n'en était que plus grande chaque seconde suivant la précédente.
Le voyage jusqu'à Rome dura six longues semaines. Laps de temps durant lequel, j'apprit publiquement à connaitre mon épouse. Ses gouts, son caractère publique ainsi que ses obligations et autres éventements publics de son passé. Néanmoins j'ai comme le sentiment qu'elle me cache quelque chose, en effet même si les réponses semblaient personnelles, le ton montrait une certaine image, un genre de façade offert à tout un chacun. J'ajoutai à la liste des choses à faire, mon devoir de le découvrir.
Arrivés au Saint-Siège, nous fumes tous reçus par la délégation papale, même Nils, le Loytnant et chacun des colosses. Si ces derniers eurent droit à des évêques pour laver leurs pêchers et procurer une bénédiction, Magod et moi fument interrogés par le Saint-Père comme ils l'appellent ici. Etrange non de se faire questionner sur les valeurs du mariage, l'amour relatif ou encore la fidélité pour quelqu'un trop vieux et trop religieux pour avoir connu cela... Remarque, il a sans doute put observer la durée des mariages plus longtemps que moi.
Quoiqu'il en soit, on nous confessa et notre union fut bénie, par ailleurs le vieux Monsieur nous somma de toujours porter attention à l'autre sans quoi, Dieu lui même ne pourrai nous venir en aide. Face à ces paroles énigmatiques, on nous invita chaleureusement à la messe de Noel avant de repartir vers Spezia. Je termine ici alors que le convoi attend ma présence, dans quatre semaines environs nous serons en notre cité et cet ouvrage de retour dans l'antre pour de nouvelles pages.
Samzun