Automne 11XX, Seigneurie de Fano, domaine de la famille de Aquila.
« La guerre est une maîtresse sauvage, elle n'en est pas moins une femme puissante pouvant infliger des dégâts à l'âme d'un homme. »
Jili de Aquila, se tient sur les murs de Fano regardant les camps des hommes de leurs seigneuries et de leurs troupes alliées. Il était arrivé quelques mois plus tôt, accompagné de son petit neveu Jestin, menant la cavalerie cavalerie d'Aquila jusqu'à ces terres. Le petit-fils de son frère dormait à présent et le Seigneur d'Aquila patrouille seul le long des remparts. Autour de lui, il y avait des sentinelles et des soldats de l'ensemble des seigneuries alliés, mais l'aigle noir demeurait solitaire. La missive reçut quelques heures plus tôt lui avait apporté un coup, rude. Son épouse, Azenor avait rejoint le très haut. La tristesse est là, il a besoin de ce moment de recueillement, il s'y attendait mais... La présence rassurante et l'esprit avisé de sa femme lui manquerait. Dans son malheur, Jili pourtant trouve un réconfort sachant que chacun des membres de sa famille sont présent pour lui. Jestin particulièrement, ce jeune homme, dont le sang des aigles coule dans les veines, possède les vertus essentielles à la famille.
Jili secoue la tête, chassant ses pensées sombres. Le temps n'est pas à s'attrister, malgré la perte. Ils sont en guerre et son devoir est envers ses alliés et leurs peuples. C'est pour cela qu'il a emmené Jestin avec lui, lui apprendre a être fort, à avoir le discernement, la bonté, l'écoute... Le cœur et le courage face a l'adversité... Toutes ces choses qu'on lui a enseigné et qu'il enseignera à son tour à chacun des siens. La guerre durait maintenant depuis de nombreuses années, les batailles étaient furieuses sur certains fronts, de nombreuses vies avaient été prises et données mais pourtant ils ne baisseraient pas les bras.
« Ne pas avoir peur n'est pas un signe de courage, mais la preuve que tu a déjà quitté le monde des vivants. »
Dans sa chambre, au sommet du donjon de pierre, Jestin dormait, rêvant d'Aquila. Cette nuit n'est pas douce, le chagrin de son grand oncle le perturbe et se mêle au sien. Pour certains, cela ne serait pas compréhensible, Azenor n’était que sa tante. Pourtant, chez les Aquila, cela revêtait une toute autre importance, la famille est la famille, unie par des liens au delà de ceux du sang. La dernière bougie vacille et s'éteint sous la brise automnale agitant les lourdes tentures. Justin dormait toujours, la tête entre ses bras, dans le lit ou quelques heures plus tôt il s'est endormi accablé de chagrin. Son sommeil maintenant était léger et sans rêves. Un frisson parcourt le jeune aigle tandis que la température baisse et il s'éveil en sursaut dans les ténèbres. Un instant, la panique le saisit puis, il prend une inspiration profonde, ferme les yeux puis les ré-ouvrent. Sourire sur les lèvres du roux, la tristesse déjà s'envole, comme la peur. Jamais il ne serait seul.
Automne 11XX, Seigneurie de Padoue, domaine de la famille de Aquila.
Un mois plus tard environ…
"La folie est une question de point de vue... Si vous pensez que je suis fou, sachez que pour moi le monde entier est fou"
L'aube s'était levée sur une terre détrempée des pluies de la nuit, la matinée ne s’annonçait pas moins humide sur le domaine de Padoue. Pourtant, pas de nostalgie, pas de mal être ni de cœur ou pensées tristes. Certes, la guerre était présente, à la fois proche et lointaine, elle fait partie du quotidien de chacun. Certes, nombreux étaient ceux à perdre la vie quelle qu'en soit la cause, tellement de choses font paraître le monde si peu clément, si peu hospitalier, si dure des obligations, de devoirs... Mais pourquoi s'attarder sur ces choses qui vous mène encore plus sûrement vers la tombe et loin de Dieu ? Oui il y a des instants ou tout vous semble noir, ou plus rien ne vous semble beau et bon, ou l'espoir semble déserter... La vie est une guerre perpétuelle contre le mal, une quête de chaque instant, un long chemin tortueux ou il est si simple de se laisser accabler par le malheur, par ce sentiment d'impuissance face à l'adversité ou à ses devoir. Oui cela est si simple et pourtant... Tout comme la devise de la famille le dit si bien : La folie est une question de point de vue, le bonheur l'est tout autant. Il suffit de regarder autrement, de ressentir le monde... Simplement. Oui ... Pour de nombreux pairs, les maîtres d'Aquila passaient pour fous, mais leurs valeurs, leurs visions sont différentes. Les fous sont bénis de Dieu, apprenez à voir par leurs yeux.
"La grandeur d'un homme ne se mesure pas à ses possessions ni à ses titres mais en ce qu'il inspire."
Le cœur léger, Jestin s'avance dans la haute cour en direction de l'écurie. Il ne manque pas de répondre à chacun de ceux qui l'abordent, un simple sourire, un regard. Comme on le lui à enseigné depuis sa naissance, à lui et à chacun des siens, la plèbe est la force d'un seigneur, ce ne sont pas ses titres, pas ses terres qui font de lui un être d’exception mais le respect qu'il inspire, la foie que ses hommes, ses femmes qui le servent ont en lui et en sa famille. C'est cette foie et ce respect qui mène à une loyauté sans faille. Oui il pleut maintenant à verse mais c'est le cœur chaud qu'il va préparer sa monture, même preuve de respect et d'amour pour le destrier qui est le sien que pour le peuple, chaque geste est sure et doux a la fois.
Non... N'allez pas croire que cette douceur ferme est une faiblesse, pas plus que cette écoute et ce respect qu'on les seigneurs d'Aquila pour toute chose que Dieu a créé que ce soit leurs pairs, la plèbe, ou leurs ennemis...
"Sicut Aquila" - "Tel l'Aigle"
Vivres dans les besaces, armes à leurs places respectives, la sortie n'est en rien laissée au hasard. Les sabots d'Artack martèlent les pavés de manière lente et régulière, Jestin imprime un léger mouvement de poignet, ramenant la bride à lui. Prenons d’ailleurs le temps de nous attarder à l'harnachement du destrier, pas de mord... Et si on s'attarde aux autres montures des cavaliers de la seigneuries... Nous serons surpris de n'en voir … Aucun... Fait anodin ? Réfléchissez.... Et vous saurez qu'il est loin de l'être et parfaitement évocateur.
Bref... cessons un instant... Et suivont le jeune Jestin s’élançant maintenant au trot puis au galop à peine quelques pas fait hors de l'enceinte de la cité. Se moquant de la pluie battante, la capuche volant et libérant sa chevelure rousse parfaitement assortie à l'Alezan de sa monture. Dans cette courses, le temps n'a pas de prise, la guerre est toujours là, mais il joui de l'instant et de cette liberté. Profitant de ces instants de bonheur qui comme cette course sans but autre que de profiter de cette sensation.
L'aiglon a quitté le nid et s'élance. Cavalier et monture ne faisant plus qu'un, va … Sicut Aquila. Va tel l'aigle... Mais prend garde, en vol... L'aigle est toujours perdant face au faucon.
Automne 11XX, Seigneurie de XXX, domaine de la famille de XXX.
Quelque part en Terres Italiennes quoi…
« Le plus grand des trésors ne se trouve pas dans un coffre »
Les lieues se sont enchaînés, le regard de Jestin va au ciel, il est tard, trop tard pour penser à rentrer à Padoue. Son oncle le grondera de ne pas être rentré, mais cela ne durera pas. Malgré sa dizaine d'années, le petit roux est déjà avisé et il sait que de tenter de rentrer lui vaudrait bien plus de réprimande que de se trouver un abris pour la nuit. Maintenant, c'est l'heure qui, entre chiens et loups, seraient bien trop dangereuse pour parcourir la grande distance qu'il a mis entre lui et la seigneurie. Qu'a cela ne tienne, faisant contre mauvaise fortune bon cœur, le jeune cavalier tourne bride, prenant la direction de la cabane aperçue un peu plus tôt.. Si la pluie n'était pas aussi forte, il aurait dormi a la belle étoile, mais il doit se sécher et penser Artack.
- Tu ne te roule pas dans la boue Artack ! La dernière fois que tu l'a fait j'étais encore sur ton dos !
Le gamin qu'il est rit aux éclats, et rit encore en arrivant au abords de la chaumière, de se rappeler la scène et l'exaspération de sa tante Koulmen quant il était rentré « gaugé » de la tête au pied.