Tugdual, comme on l'avait apellé vingt deux ans auparavant venait d'hériter de la malingre seigneurie de Wigtown. Ses aieuils n'étaient en rien prestigieux. Ils n'avaient pour ainsi dire aucun mérite, si ce n'est celui de se préserver, et d'offrir héritage convenable à leurs enfants. Ce n'était pas une mince affaire, ses voisins étant particulièrement belliqueux.
Mais ils avaient su, de père en fils, et parfois de mère en fille, s'organiser, et s'entourer des meilleurs. D'ailleurs, leur devise leur siaient d'ailleurs particulièrement: "Avec mon Roy". Mais qu'importait le roy. Ils étaient toujours du côté des meilleurs. Stratégie lâche? Peut être. Mais c'était une stratégie comme une autre. Ils pouvaient ainsi se plier, mais jamais ne rompaient. Ils étaient forts et puissants. dans leurs têtes.
Tugdual était assis là, dans le bureau à la lueur d'une bougie à moitié consumée. On l'avait fait épousé une Irlandaise native de leur amis de toujours. Il ne l'aimait guère, mais ne trouvait aucune maitresse. Il ne l'aimait pas d'avantage pour les enfants qu'elle lui offrait, car celle ci avait accouché d'un robuste garçon, qui était mort quelques mois plus tard. Siècle dur et intransigeant.
Il réfléchissait.
Dans peu de temps, il aurait le choix de marier ses nièces et neveux. Cependant, il était tout à fait hors de question de les voir partir de Wigtown, ou contre une rente conséquente. Les filles étaient délicieuses. Elle brodaient, elles chassaient avec leur paternel, elles montaient à cheval, et nul gueux aurait leur main. Et si l'on ne proposait rien de décent, alors elles resteraient, à jamais dans leur province. Soit mariée avec une noblesse locale, qui s'avère parfois bien plus productive que les voisins, soit célibataire à jamais, et, pourquoi pas, devenir prêtresse de l'unique Dieu Pyré. Les garçons étaientt promis à un avenir de général. Ils étaient déjà fort. Il passaientt leurs journées à broder, à monter à cheval, à chasser avec leur maternelle.
Il envoya donc les portraits des pupilles aux voisins et alliés, ainsi qu'à d'autres, plus ou moins lointain, vantant les mérites d'une éducation écossaise de choix, dans le nid douiller bordé de la mer.
Il y avait dans le lot une fille et un fils de l'héritière. Les autres étaient des neveux. Mais chez les Wigtown, l'on prend soin des progénitures.
