Dix années plus tard... à Madrid.
Il se souvient, le vieil Eutrope, lui qui dû envoyer son fils au monastère pour ne pas fâcher son frère aîné et renonça à plusieurs beaux mariages pour sa fille adorée, afin de ne pas diviser les terres de la Maison, réparties de part et d'autre des Pyrénées. Et dernièrement, l'une des parts était devenu plus grande que l'autre...
Vers l'an 1028, au sortir de la Guerre de la Marche, qui avait vu naître une esquisse de royaume français, Eutrope retourne avec son frère aîné Roparz dans ses terres pyrénéenne. Cette guerre l'avait forcé à vassaliser Tafalla, seigneur basque appréciant son indépendance. Ayant promis à Castres et d'autres de ses vassaux de leur offrir des terres en Espagne, à la mesure de leur valeur, il battit Tauste et celui-lui lui jura fidélité, cédant quelques terres. Puis, en 1034, les choses s'accélérèrent brutalement...
Burgos, qui aspirait au duché de Castille, se fit trahir par six de ses vassaux et alliés. Saisissant l'occasion d'unifier enfin l'Espagne, dont le chaos permanent l'effrayait, Aspet envoya ses hommes. Attaquant Tudela avec ses vassaux Castres, Tafalla et Tauste, ainsi que l'appuis d'Andorra-Vella, comte d'Aragon, il le força à se rallier à eux et demanda à Rodez de venir se joindre à la fête.
Hélas, Tudela émit une fin de non recevoir aux demandes de libre passage du puissant Comte de Rodez, dit l'Empaleur. Ainsi, la guerre qu'Aspet voulait déclarer à Siguenza, l'un des deux plus puissants adversaires de Burgos, fut retardée de trois ans. Il devint clair que Tudela, comme la plupart des seigneurs hispaniques, avait élevé la perfidie et le mensonge au rang d'art de vivre. Ces allégeances creuses étaient totalement incompatibles avec la façon de faire des Pyrénées, pour qui la fidélité était le ciment de leur civilisation.
Tudela fut déclaré félon. Et la campagne d'Hispanie débuta. En l'an 1039, des milliers d'hommes se ruèrent sur les villes de Tudela. Celui-ci offrit alors certaines d'entre-elles au seigneur Segovie, neutre dans ce confit. Celui-ci refusa de céder à Aspet et lui déclara la guerre. Six mois plus tard, à peine, la tête du seigneur de Ségovie était accrochée sur une pique aux portes de Bejar, battant le macabre record détenu par Ventadour de la plus rapide extermination pour cause de trahison dans une campagne de grande ampleur.
Sa chute avait été hâtée par la bataille de Siguenza, le 26 juillet 1040, qui vit s'affronter des cavaliers de Segovie et Tudela contre des troupes de Rodez et Aspet constituées essentiellement de miliciens et fantassins, ainsi que de 150 cavaliers légers d'éclairage. En trois jours, 258 Pyrénéens tombèrent, contre 850 morts chez les insurgés castillans. Une victoire totale, écrasante. Les 850 cadavres adverses sont tous empalés aux portes de Siguenza, près des tertres funéraires où reposent les Rodéziens et Aspétans. Les chevaux tombés, découpés et salés, nourrirent les Pyrénéens jusqu'en hiver.
Madrid fut assiégée le neuf octobre 1041. Le 2 novembre, des cavaliers de Tudela survivants de la bataille de Siguenza voulurent lever le siège de force. Aucun mort ne fut déploré chez Aspet, qui fit décapiter les cavaliers et catapulter leurs têtes dans l'enceinte de la ville. Le moral des défenseurs de la cité chuta aussitôt de manière impressionnante et fut réduit à néant lorsque la nouvelle fut connue de tous.
Le lendemain au soir, l'assaut fut donné. Les défenseurs furent tous capturés, puis exécutés entre le quatre et le six. Le 7 novembre 1041, à l'aube, Eutrope d'Aspet chevauche triomphalement dans les rues de Madrid et fait hisser sa bannière sur la plus haute tour du castel.
Simultanément, Siguenza se fit dépecer par Burgos, les Pyrénéens et Toro, prétendant au duché de Léon. À l'annonce de la bataille de Siguenza, Toro avait rapidement fait allégeance à Aspet, n'ayant aucune envie de lutter à trois contre un et appréciant son discours portant sur l'unification de l'Espagne. Les armées d'Aspet en Espagne dépassèrent alors, en quelques années, les 5000 hommes.
A Madrid, Toro rencontra Aspet et lui céda les seigneuries de Segovie et Medinaceli de Aragón en échange de Bejar, terre du Léon. Toro offrit d'échanger toutes ses possessions en Castille contre des terres en Léon et le titre de Duc.
La Castille fut pacifiée en trois ans. Dans le même temps, pour remplacer les nombreuses Maisons exterminées et, le plus souvent, empalées par Rodez ou décapitées par Aspet, ce dernier envoya des annonces faisant savoir qu'il accepterait les nobles déchus en exil, et qu'il leur donnerait des terres en échange de leur soutien dans l'administration de ses vastes domaines. La guerre se poursuivit en Léon, puis ralentit sur ordre d'Aspet, malgré les protestations des vassaux batailleurs.
Sahagun, l'un des plus féroces adversaires de Burgos, demanda grâce et Toro prit sa défense. L'affaire devrait être décidée prochainement. Mais c'était là le début des choses politiques, ennuyeuse pour tout le monde.
Aspet regarda sa femme tendrement, puis se tourna vers son clerc et lui dicta cette missive :
De nous, Eutrope d'Aspet, Duc de Toulouse et Seigneur de Madrid, aux nobles d'Ibérie :
Ayant étendu mon influence, par le glaive ou la lettre, sur près de quatre-vingt seigneuries des cent-quinze que compte le royaume d'Espagne, par moi-même, l'aide de mes vassaux et le secours de mes alliés,
Je prétend officiellement au titre de Roi d'Espagne pour ma Maison. Titre qui sera officialisé dès la paix revenue en mes terres par une cérémonie à laquelle j'invite la très sainte Église à donner son approbation afin que la parole de Dieu fasse loi en Espagne.
Que quiconque me conteste ce titre le fasse savoir haut et clair et ose s'opposer à mes armées. J'appelle mes voisins à la paix et leur prie d'accepter de rendre à Espagne ce qui appartient à Espagne, en échange de mon aide et soutien. Le sang doit cesser de couler pour que nous puissions vivre en paix et belle harmonie sous la paix de Dieu.
Fait le 25 décembre 1042 à Madrid
[traducción llegara...]
De nosotros, Eutrope de Aspeta, Duque de Tolosa y Señor de Madrid, para los nobles ibericos :
Con la espada o la parola, mi influencia se ha extendida sobre mas o menos 80 señorias de las 115 que constituen el realme de España, por yo solo o con l'ayuda de mis vasalles y aleados.
Aspiro al titulo de Rey de España para mi Casa. Ese titulo sara uficializado con una ceremonia grande cuando la paz regresara en mis tierras. Por aquesta ceremonia invite la muy Santa Esglesia romana a llegar a Madrid y darme su apruebación, por que el verbo divino hace leyes en España.
Si alguno quiere contestar a mis justas intenciones, ay que decirlo sin embargo y claramente y prepararse a luchar contra todos mis ejercitos. Quiero vivir en buén inteligencia con mis vecinos y mando a ellos de render a España lo que partene a España. En cambio prometí a todos ellos paz, ayuda y protección. La sangre tiene que dejar de fluir para que podamos vivir en paz y armonía en la hermosa paz de Dios.
Escribido a Madrid, el 25 deciembre de 1042