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La Campagne de Castille et ses conséquences inespérées


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#1 Edoras

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Posted 28 May 2014 - 09:56 PM

Au beau milieu des Pyrénées, une citadelle se dresse sur une colline aux courbes douces, comme un mamelon sur un sein généreux. Et généreux, il l'a été pour la famille du seigneur Eutrope, cinquante-trois ans, qui regarde sa vieille épouse tisser une grande bannière de guerre rouge sang. Les hérauts se chargeront, plus tard, d'en faire le nouveau blason de sa famille, songe-t-il.

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Dix années plus tard... à Madrid.

Il se souvient, le vieil Eutrope, lui qui dû envoyer son fils au monastère pour ne pas fâcher son frère aîné et renonça à plusieurs beaux mariages pour sa fille adorée, afin de ne pas diviser les terres de la Maison, réparties de part et d'autre des Pyrénées. Et dernièrement, l'une des parts était devenu plus grande que l'autre...

Vers l'an 1028, au sortir de la Guerre de la Marche, qui avait vu naître une esquisse de royaume français, Eutrope retourne avec son frère aîné Roparz dans ses terres pyrénéenne. Cette guerre l'avait forcé à vassaliser Tafalla, seigneur basque appréciant son indépendance. Ayant promis à Castres et d'autres de ses vassaux de leur offrir des terres en Espagne, à la mesure de leur valeur, il battit Tauste et celui-lui lui jura fidélité, cédant quelques terres. Puis, en 1034, les choses s'accélérèrent brutalement...

Burgos, qui aspirait au duché de Castille, se fit trahir par six de ses vassaux et alliés. Saisissant l'occasion d'unifier enfin l'Espagne, dont le chaos permanent l'effrayait, Aspet envoya ses hommes. Attaquant Tudela avec ses vassaux Castres, Tafalla et Tauste, ainsi que l'appuis d'Andorra-Vella, comte d'Aragon, il le força à se rallier à eux et demanda à Rodez de venir se joindre à la fête.

Hélas, Tudela émit une fin de non recevoir aux demandes de libre passage du puissant Comte de Rodez, dit l'Empaleur. Ainsi, la guerre qu'Aspet voulait déclarer à Siguenza, l'un des deux plus puissants adversaires de Burgos, fut retardée de trois ans. Il devint clair que Tudela, comme la plupart des seigneurs hispaniques, avait élevé la perfidie et le mensonge au rang d'art de vivre. Ces allégeances creuses étaient totalement incompatibles avec la façon de faire des Pyrénées, pour qui la fidélité était le ciment de leur civilisation.

Tudela fut déclaré félon. Et la campagne d'Hispanie débuta. En l'an 1039, des milliers d'hommes se ruèrent sur les villes de Tudela. Celui-ci offrit alors certaines d'entre-elles au seigneur Segovie, neutre dans ce confit. Celui-ci refusa de céder à Aspet et lui déclara la guerre. Six mois plus tard, à peine, la tête du seigneur de Ségovie était accrochée sur une pique aux portes de Bejar, battant le macabre record détenu par Ventadour de la plus rapide extermination pour cause de trahison dans une campagne de grande ampleur.

Sa chute avait été hâtée par la bataille de Siguenza, le 26 juillet 1040, qui vit s'affronter des cavaliers de Segovie et Tudela contre des troupes de Rodez et Aspet constituées essentiellement de miliciens et fantassins, ainsi que de 150 cavaliers légers d'éclairage. En trois jours, 258 Pyrénéens tombèrent, contre 850 morts chez les insurgés castillans. Une victoire totale, écrasante. Les 850 cadavres adverses sont tous empalés aux portes de Siguenza, près des tertres funéraires où reposent les Rodéziens et Aspétans. Les chevaux tombés, découpés et salés, nourrirent les Pyrénéens jusqu'en hiver.

Madrid fut assiégée le neuf octobre 1041. Le 2 novembre, des cavaliers de Tudela survivants de la bataille de Siguenza voulurent lever le siège de force. Aucun mort ne fut déploré chez Aspet, qui fit décapiter les cavaliers et catapulter leurs têtes dans l'enceinte de la ville. Le moral des défenseurs de la cité chuta aussitôt de manière impressionnante et fut réduit à néant lorsque la nouvelle fut connue de tous.
Le lendemain au soir, l'assaut fut donné. Les défenseurs furent tous capturés, puis exécutés entre le quatre et le six. Le 7 novembre 1041, à l'aube, Eutrope d'Aspet chevauche triomphalement dans les rues de Madrid et fait hisser sa bannière sur la plus haute tour du castel.

Simultanément, Siguenza se fit dépecer par Burgos, les Pyrénéens et Toro, prétendant au duché de Léon. À l'annonce de la bataille de Siguenza, Toro avait rapidement fait allégeance à Aspet, n'ayant aucune envie de lutter à trois contre un et appréciant son discours portant sur l'unification de l'Espagne. Les armées d'Aspet en Espagne dépassèrent alors, en quelques années, les 5000 hommes.

A Madrid, Toro rencontra Aspet et lui céda les seigneuries de Segovie et Medinaceli de Aragón en échange de Bejar, terre du Léon. Toro offrit d'échanger toutes ses possessions en Castille contre des terres en Léon et le titre de Duc.

La Castille fut pacifiée en trois ans. Dans le même temps, pour remplacer les nombreuses Maisons exterminées et, le plus souvent, empalées par Rodez ou décapitées par Aspet, ce dernier envoya des annonces faisant savoir qu'il accepterait les nobles déchus en exil, et qu'il leur donnerait des terres en échange de leur soutien dans l'administration de ses vastes domaines. La guerre se poursuivit en Léon, puis ralentit sur ordre d'Aspet, malgré les protestations des vassaux batailleurs.

Sahagun, l'un des plus féroces adversaires de Burgos, demanda grâce et Toro prit sa défense. L'affaire devrait être décidée prochainement. Mais c'était là le début des choses politiques, ennuyeuse pour tout le monde.
Aspet regarda sa femme tendrement, puis se tourna vers son clerc et lui dicta cette missive :


De nous, Eutrope d'Aspet, Duc de Toulouse et Seigneur de Madrid, aux nobles d'Ibérie :

Ayant étendu mon influence, par le glaive ou la lettre, sur près de quatre-vingt seigneuries des cent-quinze que compte le royaume d'Espagne, par moi-même, l'aide de mes vassaux et le secours de mes alliés,

Je prétend officiellement au titre de Roi d'Espagne pour ma Maison. Titre qui sera officialisé dès la paix revenue en mes terres par une cérémonie à laquelle j'invite la très sainte Église à donner son approbation afin que la parole de Dieu fasse loi en Espagne.

Que quiconque me conteste ce titre le fasse savoir haut et clair et ose s'opposer à mes armées. J'appelle mes voisins à la paix et leur prie d'accepter de rendre à Espagne ce qui appartient à Espagne, en échange de mon aide et soutien. Le sang doit cesser de couler pour que nous puissions vivre en paix et belle harmonie sous la paix de Dieu.


Fait le 25 décembre 1042 à Madrid


[traducción llegara...]

De nosotros, Eutrope de Aspeta, Duque de Tolosa y Señor de Madrid, para los nobles ibericos :

Con la espada o la parola, mi influencia se ha extendida sobre mas o menos 80 señorias de las 115 que constituen el realme de España, por yo solo o con l'ayuda de mis vasalles y aleados.

Aspiro al titulo de Rey de España para mi Casa. Ese titulo sara uficializado con una ceremonia grande cuando la paz regresara en mis tierras. Por aquesta ceremonia invite la muy Santa Esglesia romana a llegar a Madrid y darme su apruebación, por que el verbo divino hace leyes en España.

Si alguno quiere contestar a mis justas intenciones, ay que decirlo sin embargo y claramente y prepararse a luchar contra todos mis ejercitos. Quiero vivir en buén inteligencia con mis vecinos y mando a ellos de render a España lo que partene a España. En cambio prometí a todos ellos paz, ayuda y protección. La sangre tiene que dejar de fluir para que podamos vivir en paz y armonía en la hermosa paz de Dios.

Escribido a Madrid, el 25 deciembre de 1042


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#2 Edoras

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Posted 01 June 2014 - 05:53 PM

Lorsqu'il intervint en Castille, Eutrope d'Aspet pensait s'emparer du comté de Navarre pour offrir une marche protectrice au duché de Toulouse. Il envisagea ensuite de prendre le duché de Castille puis, rapidement, se rendit compte qu'il était devenu roi de facto, sans avoir cherché à l'être. Durant les années qui suivirent, Eutrope d'Aspet tâcha d'unifier le royaume conquis. Les Galiciens furent les derniers à se rebeller, ils furent soumis par Ferrol et Castoverde. Le Duc de Léon, Toro, reçut la tâche de nouer des liens avec le Portugal.

De leurs côtés, le Duc de Castille, Burgos, ainsi que Rodez l'Empaleur et les autres nobles d'Espagne ne rêvaient que de relancer la guerre. Or, le premier juin 1046, Roparz d'Aspet, dit le Sot, mourut. Son frère Eutrope, dit le Conquérant, avait beaucoup moins d'infuence sur son jeune neveu que sur son frère. Conwoion Ier se proclama Roy d'Espagne. Il entendait bien gouverner seul, malgré son incapacité manifeste pour la diplomatie. La guerre reprit à la fin de l'été. Les seigneurs du sud de la Castille, majoritairement des Andalous, n'avaient pas répondu aux messages du roi, pourtant envoyés en plusieurs langues. Conwoion décida donc de leur apprendre la politesse.

Il commença par Valence, dont l'excessive neutralité l'agaçait, et par Segura qui, depuis Villatobas, détenait une terre andalouse profondément ancrée en Castille. Les seigneurs d'Espagne répondirent pratiquement tous à l'appel dans le mois.

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Villatobas allait prendre cher...

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#3 Edoras

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Posted 04 June 2014 - 09:52 AM

- Madrid, courant printemps 1050 -


Le vieil Eutrope frissonna dans la fraicheur matinale. L'humidité glacait ses os, relancant ses rhumatismes.
On l'appelait Eutrope le Conquerant, Unificateur de l'Espagne. Pour lui, il n'téait que le fils du seigneur d'un petit bourg perdu dans les montagnes, Mickael de Aspet, qui lui apprenait a monter a cheval en lui disant qu'il devait avancer avec ses soldats et parler la langue de son peuple pour etre respectable. Mickael lui avait appris la patience, l'avait fait déuquer par des clercs, l'avait fait sieger au tribunal seigneurial a ses cotes, pour qu'il apprenne la nature des hommes. Eutrope avait toujours été beau garcon. Il avait eu du succes aupres des filles, puis avait suscité l'admiration de ses hommes.

Son pere était devenu vicomte de Tarbes peu avant de mourir. Eutrope, fin diplomate et stratege, avait fédéré autour de lui le duché de Toulouse, participé a la guerre de la Marche, puis avancé en Espagne. A la mort de Roparz, son aine peu capable de diriger, Conwoion avait pris la direction de la famille. Conwoion n'etait pas la brute que son pere avait été. Il avait le charisme de son grand-pere... mais n'en était pas moins un homme borné, tétu, arrogant. Un temps, Eutrope avait voulu le marier a sa propre fille, Awena, qui semblait pouvoir le controler, mais le mariage n'avait pas pu se faire. Conwoion en avait été décu et semblait négliger sa nouvelle épouse : aucun héritier n'était encore né.


Par ailleurs, Conwoion appliquait une politique agressive. Toute offense ou prétendue offense était chatiée durement, implacablement. Négligent la diplomatie, Conwoion avait récemment fait publier un édit a la portée terrible :

De nous, Conwoion I d'Aspet, Duc de Toulouse et Souverain des duchés d'Espagne

Apres consultation de nos conseillers, il est apparu que le royaume d'Al-Andalus n'est qu'une hérésie, une spoliation des terres espagnoles par des envahisseurs venus d'outre-mer. Par conséquent, nous décretons que le dit royaume est partie de l'Empire espagnol. Nos ducs ont demandé notre permission pour marcher sur ses terres et les rattacher a notre Couronne, ce que nous avons accordé. Par conséquent, nous demandons au seigneurs d'Andalousie de se soumettre a notre souveraineté, en échange de quoi leurs terres et titres leur seront conservés. Les rebelles qui refuseront seront déclarés ennemis de la Couronne et pourchassés sans fin par nos vassaux espagnols.

Par cet acte commence la Reconquete du sud de l'Espagne.

Le premier juin 1049, a Olargues



Eutrope soupira. Bientot, la mort le cueillerait et il redoutait le jugement divin.
Mais pour l'heure, il devait gouverner Madrid et l'Espagne, tandis que Conwoion chevauchait avec sa garde royale aux marches toulousaines de son Empire.

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#4 Edoras

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Posted 06 June 2014 - 01:22 PM

Eutrope sortit du palais de Madrid, le front douloureux. A son age, il supportait moins bien les bruits. Or, du bruit, le palais en etait plein : aux vociférations et trépignements des vassaux reclamant tous un titre, les ducs et comtes réclamant l'allégeance des seigneurs avant qu'eux-meme n'aient pu faire allégeance a un vicomte, s'etaient depuis peu joint les hurlements de l'Infante des Espagnes. La grossesse de la reine s'était déclarée alors que le roi chevauchait avec ses troupes afin de s'en aller mater la Provence. La petite était née dans un contexte de grands chamboulements pour l'Espagne et sa naissance était presque passée innapercue.

Eutrope était soulagé : tous avaient craint un temps que l'un des membres du couple royal ne soit stérile. On avait meme du faire couper la langue d'un ivrogne qui clamaient un peu trop fort que Conwoion I était stérile. Heureusement, le nez de la petite rappelait tellement celui de son grand-pére que nul ne remettait en doute la paternité du roi.

Au Sud, tout l'ouest de l'Andalousie était pacifié, l'est se faisant lentement dépecer par le duc de Castille. Au Nord, le comte de Rodez menait l'avant-garde royale sur la Bourgogne et venait de remporter une victoire a Vivers, devenu un mouroir ; les armées du roy avaient gardé les terres du vicomté de Béziers, laissant au duc de Léon le temps d'amener l'arriere-garde royale. Les tambours de guerre faisaient un tintamare épouvantable.

L'Espagne vomissait des armées. La citadelle d'Aspet s'hérissait de tours nouvelles. L'Infante tétait le sein de la reine.

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#5 Edoras

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Posted 09 June 2014 - 08:53 AM

En un an, une deuxieme infante était née,
Puis les deux petites étaient mortes sans un son.
Inconsolable reine, pleure ton ventre infécond

Par le poids de tes ans, Maodanez Béziers.

A un cousin germain la couronne échoira
Car la Maison d'Aspet est bien dotée en fils
Et il ne se peut que le royaume ne faillise.
Mais cette transmission la douleur n'effacera.

Ton roi n'est plus que larmes et sa rage de pere
Contre l'Italie dirige toute entiere,
Par le bras de ses gens, il entend se venger
De la Mort elle-meme via le sang versé.

Serveur Descartes, Maison de Fuentenovilla.
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