Posted 19 June 2014 - 08:48 PM
An 1060. Le Duc de Toulouse, après avoir fédéré l'Espagne, était entré en guerre contre le nord de l'Italie, sous un motif fallacieux. En réalité, il s'agissait pour lui d'unir les Provençaux sous son égide. De plus, le chagrin causé par la mort de ses deux filles, uniques héritières, avait rendu le roi, déjà d'une intelligence moyenne et sujet aux coups de sang, fou d'une douleur qu'il entendait épancher par la guerre.
Les Siciliens, rusés, attaquèrent par les Baléares après avoir fait croire à une possible alliance. Sans le savoir, ils tombèrent dans un piège tendu de longue date. Par chance pour eux, le piège n'était pas totalement préparé à leur arrivé. Ils s'emparèrent de Ciutadella et infligèrent de terribles pertes aux seigneurs d'Espagne. Mais alors, toute route leur fut coupée vers la péninsule. Une formidable flotte, mise en chantier depuis une décennie sur ordre d'Eutrope d'Aspet, sortit de tous les ports d'Espagne et vint faire le blocus des Baléares.
En l'an 1061, un terrible brouillard, que certains attribuèrent à une explosion volcanique lointaine et d'autres à une comète, ou encore à la fin des temps, s'abattit sur l'Europe entière. Les mouvements furent bloqués. Les flottes ne purent plus naviguer, incapables de voir les récifs. Les batailles furent maigres. Aux pieds des Alpes, Brignoles et Ancona commencèrent à s'épuiser contre les forces des Pyrénéens, sans cesse renouvelées. Le Roi d'Espagne accusa officiellement Brignoles d'user d'une pierre philosophale pour changer le plomb en or et ainsi recruter tout ce que l'Europe comptait de mercenaires.
Les mouvements reprirent en l'an 1062. Les renforts Espagnols arrivèrent peu à peu, tandis que de petits contingents de "jinetes" étaient envoyés en éclaireurs pour estimer les forces ennemies, qui les massacrèrent. Le piège se referma et boucla totalement les Baléares. Brignoles, menacé des pires tourments s'il venait à être capturé, et alors que plusieurs batailles avaient réduits ses forces de façon drastiques, de même que celles d'Ancona, choisit de se retirer dans un monastère. Il céda ses terres à un cousin éloigné qui, par d'habiles stratagèmes politiques et une famille recomposée, finit par transmettre les terres au Duc de Léon, Toro. La pierre philosophale fut apportée au Roi Conwoion Ier qui, poussé par le clergé, la fit détruire par le pilon. L'or tiré de cette pierre fut déclaré impie et maudit.
En l'an 1063, les seigneurs des Pyrénées s'étaient assemblés en la vaste salle de la citadelle de Nîmes. Le Duc-Roi Conwoion prit les mains de Nevenou de Nîmes et lui fit jurer de défendre les vassaux qu'il lui confierait en Provence. Puis, il posa ses lèvres sur les siennes sous les vivats des comtes et ducs Pyrénéens. Il lui tendit ensuite une boursette remplie de terre, symbolisant la Provence. On passa la soirée du vingt novembre à boire, manger et rire. Ciutadella avait été reconquise par les Espagnols et les défaites d'Ancona annonçaient une Provence libérée et un Piémont espagnol.
Fatigué, le roi d'Espagne sortit un instant et s'appuya sur le rebord du muret surplombant la cour du donjon. Il avait fait mourir des milliers d'hommes, amis et ennemis, juste pour soulager sa peine et satisfaire son ambition d'égaler les exploits de son oncle Eutrope, le Conquérant. Aujourd'hui âgé de quarante-six ans, il s'était laissé pousser la barbe et était devenu un peu plus réfléchi, après avoir perdu deux batailles où il avait vu la mort de près, à Alessandria et Montpellier.
Dans la cour, sept enfants, âgés de trois à six ans, jouaient. Parmi eux, les deux fils d'Aspet, nés durant la guerre. L'aîné, Tudi, six ans, serait probablement roi d'une Espagne à présent bel et bien construite, et qui devenait un empire. Conwoion d'Aspet regarda les étoiles et pria pour que Tudi reçoive la sagesse de son grand-oncle et l'intelligence vive de sa mère.
Serveur Descartes, Maison de Fuentenovilla.
"Nous tenons nos promesses ! Lo que prometimos lo hacemos !"